The Wonderful 101 – L’union fait la farce mais aussi le café

The Wonderful 101 – L’union fait la farce mais aussi le café

Alors que la Wii U est en train de vivre ses dernières heures de gloire (ou d’agonie, selon les points de vue) et avant l’arrivée sa remplaçante, la Switch, je me dois de réparer une injustice concernant un titre de sa maigre ludothèque qui est passé assez inaperçu au moment de sa sortie. Le titre est presque introuvable en magasin et j’ai dû me rabattre sur l’e-shop pour y jouer. Malgré des débuts difficiles, je n’ai pu le lâcher et après l’avoir fini, évoquer son nom fait remonter en moi des tonnes d’émotion comme j’en ai peu ressenties dans l’univers des jeux vidéo depuis que je joue. Ce jeu, c’est « The Wonderful 101 (lisez One O One) de Platinum Games, sorti en août 2013 dans la première année de vie de la Wii U. Ce titre a fait un four niveau ventes et a reçu une réception critique assez mitigée. Le jeu a des qualités incontestables si vous lisez les tests présents sur la toile mais tous mettent en avant des défauts qui viennent gâcher le plaisir de jeu. Je ne vais pas vous mentir, les difficultés que les autres testeurs ont éprouvées, je les ai connues.

Et voici tout le petit monde de Wonderful 101…

Pourtant plus j’ai passé des heures dessus, moins j’ai ressenti ces défauts et au contraire le plaisir de jeu s’intensifiait au point de ne plus pouvoir lâcher la manette. Le concept du jeu est un cross over improbable entre Pikmin, Viewtiful Joe et un univers mélangeant les super-héros américains (DC et Marvel) avec les codes du manga. Pour les néophytes, imaginez-vous un jeu de stratégie en temps réel avec des super-héros combattant une invasion extraterrestre planétaire comme dans un beat’em all. Ce mélange assez improbable des genres n’est pas si surprenant quand on sait que c’est Hideki Kamiya (Bayonetta, Okami et Viewtiful Joe) qui est aux manettes et la sauce prend de la saveur au fur et à mesure du scénario du jeu que je vais brièvement aborder dans le paragraphe ci-dessous.

La ressemblance est troublante, non ?

Force rouge, bleue, jaune, …

Sans trop dévoiler les joyaux de la couronne, car de nombreux rebondissements parsèment le jeu, l’histoire commence par une excursion scolaire avec le professeur Will Wedgewood qui emmène sa classe visiter Washington en train. Mais pas de chance, à défaut de rencontrer le locataire de la maison blanche, c’est un comité d’accueil d’un tout autre genre qui les attend puisque la The GEATHJERK Federation (qui est l’acronyme en français de la Guilde des méchants aliens terrorisant les humains avec des méga bombes, des boules énergétiques, des pistolets rayonnants et des lasers tueurs, excusez du peu) a décidé de lancer en cette belle journée la 3ème invasion mondiale de la terre (vous étiez où lors des deux premières ?). Toute la ville est à feu et à sang, le train est attaqué et face à la panique générale, notre professeur sort le grand jeu, dévoilant son identité secrète : il est Wonder Red, membre des services secrets planétaires des Centinelles. Evidemment il sauve ses élèves et part à la rescousse de la ville. Cependant aussi clinquant soit son titre comme son uniforme en latex moulant et rouge pimpant, que peut faire un homme dont le seul super-pouvoir est de générer un poing d’énergie face à une guilde intergalactique d’extraterrestres ?

Avant et après la wonderisation (je viens de l’inventer…).

Eh bien il peut transmettre une partie de ses super-pouvoirs aux personnes qu’il a sauvées et comme la devise de notre nation, l’union fait la force, l’uniformisation peut commencer. En résumé, plus il y a de personnes partageant son pouvoir, plus le point d’énergie devient grand et fort (au point de faire la taille d’un building). Et Wonder Red n’est pas le seul membre des Centinelles puisque ce service secret compte… 100 Wonder-héros (quelle surprise). Bon je vous préviens, vous ne jouerez pas avec tous, seuls sept héros avec les couleurs suivantes seront mis à vos ordres directs : Rouge, Bleu, Vert, Jaune, Rose, Blanc et Noir. Et comme dans une pub Benetton, chaque nationalité du monde est représentée : USA, Royaume-Uni, France, Allemagne, Russie, Japon et l’Afrique (pas de remarque sur la conception géopolitique du Japon). Bon les 93 autres collègues sont disséminés dans le niveau et vous pouvez les récupérer pour rendre votre tribu de plus en plus puissante. Au niveau du scénario l’interaction avec les sept principaux protagonistes est excellente et certains passages sont vraiment hilarants. De plus nos amis les aliens ont aussi leurs fortes têtes et le prince Vorkken ainsi que la princesse Viijounne cachent de lourds secrets qui ébranleront la cohésion du groupe.

Les sept stéréotypes, euh héros.

Mais attendez, vous allez me dire pourquoi dans le titre, le numéro 101 apparait ? Au début je pensais égoïstement que j’étais le 101ème membre (enfin le joueur) mais le personnage de Lucas, un petit enfant assez téméraire et qui ne porte pas dans son cœur le groupe des Centinelles est sans doute la clé de cette énigme…

Uniformisation pour tous, tous contre eux

Bon je vais pas tout vous raconter et j’espère vous avoir un peu mis l’eau à la bouche quant au contexte qui va entraîner nos héros à travers tout le globe terrestre, voire au-delà, ainsi que dans des combats titanesques. Le gameplay est assez basique : vous déplacez le leader du groupe (qui vous suit comme un mouton), vous pouvez sauter et frapper mais abordons tout de suite le nœud du problème au niveau du gameplay : le processus d’uniformisation. En utilisant le joystick droit ou l’écran tactile, vous pourrez ordonner à votre partenaire de faire réaliser un dessin basique pour qu’un super-pouvoir se matérialise. Compliqué à comprendre comme cela mais simplifions la tâche : si vous dessinez un cercle, un poing géant apparait ; vous tracez une ligne et c’est une épée (avec un autre leader qui apparaît). En résumé chacun des sept protagonistes a une arme qui apparaît lors du processus d’uniformisation :

  • Rouge – Cercle – Poing ;
  • Bleu – Ligne – Épée ;
  • Vert – Angle droit – Pistolet ;
  • Rose – Vague – Fouet ;
  • Jaune – Point d’interrogation – Marteau ;
  • Blanc – Zigzag – Griffes ;
  • Noir – Cercle ouvert – Bombe.

En lisant les formes à effectuer vous comprendrez que dans le feu de l’action, une erreur peut arriver durant le processus d’uniformisation qui est indispensable pour débloquer certains passages (par exemple les griffes vous permettent d’escalader certains endroits). De plus, plus la forme est grande, plus votre arme est puissante mais plus vous mettez du temps à la créer et plus vous êtes exposé aux ennemis, dont une attaque sur votre leader annule le processus d’uniformisation. Et maintenant vous comprenez pourquoi certains joueurs abandonnent assez vite car on est vite impatient et perfectionniste. Utiliser l’écran tactile en plein combat est suicidaire et le joystick droit n’est pas aussi précis que le stylet avec un risque d’erreur non négligeable. En réalité il faut combiner les deux, commencer petit avec des formes basiques et de taille raisonnable pour étourdir les adversaires et là vous aurez le temps de dessiner votre arme de destruction massive. Jongler entre les armes est aussi indispensable pour éliminer certains ennemis qui ne seront vulnérables que si vous les attendrissez correctement (comprenez qu’il faut utiliser la bonne arme contre le bon adversaire).

Uniformisation avec un peu, beaucoup ou énormément d’alliés.

Voilà mais outre les phases de jeu où vous dirigez votre troupeau, il y a aussi beaucoup de Quick Time Events (où il convient d’appuyer sur le bon bouton au bon moment), des phases de tir grâce au vaisseau des Centinelles (le Virgin Victory – leur base en l’occurrence), des combats de boxe titanesques et bien d’autres surprises…

Á la barre de la Victoire Vierge et pas l’inverse…

De plus, durant les niveaux vous débloquerez de nombreux bonus (outre les autres Wonder, artworks, morceaux de la bande-son, etc.) ainsi que de l’argent vous permettant d’améliorer les uniformisations, d’en acquérir de nouvelles ou d’avoir des objets boostant ou soignant vos héros. Bref une petite touche de RPG bienvenue dans ce mélange des genres.

Dans le panthéon du jeu vidéo

Techniquement parlant le jeu est beau, les couleurs sont chatoyantes et ça explose de partout. Rajoutez des musiques provenant de six compositeurs dont Rei Kondoh (Fire Emblem), Norihiko Hibino (Metal Gear et Bayonetta) et Masato Kohda (Monster Hunter et Devil May Cry) et vous avez l’un des titres les plus léchés de la Wii U niveau réalisation. Pas de ralentissements majeurs à constater durant le jeu malgré la présence de plus de 100 personnages à l’écran et des doublages du feu de Dieu (anglais comme japonais) très justes qui soulignent parfaitement l’excès des dialogues. Car tout est excessif dans ce jeu, mais dans le bon sens du terme, et je dirais même jouissif. Chaque héros ou méchant a un caractère bien trempé, caricatural mais drôle, l’auto-dérision est permanente, le quatrième mur est souvent percé et les scènes d’action sont dantesques. Parlons par exemple des Boss, qui ont plusieurs phases de combat toutes plus délirantes les unes que les autres… Citons un match de baseball improbable, un combat de boxe dans un volcan ou bien une plongée en sous-marin à l’accent de Boulder Dash… Et le combat final est épique (mais dure une petite heure quand même).

Les niveaux sont bien dessinés pour la progression du héros et son troupeau. Une exploitation de la mablette intéressante est aussi proposée : quand vous rentrez dans un bâtiment, vous voyez vos héros évoluer sur le Gamepad. Soulignons ici le seul point noir du jeu facilement évitable : la possibilité de jouer uniquement sur la mablette et pas avec les deux supports en même temps (TV + mablette). L’idée est louable mais elle vous empêche d’utiliser le contrôle tactile et quand vous vous retrouvez dans un bâtiment, la caméra s’affole littéralement. Donc quand on joue à The Wonderful 101, on le fait bien et on se consacre, de même que sa télévision, à la mission de défendre la Terre.

Un « petit » boss pour la route.

Voilà j’espère que vous avez pu ressentir tout au long de ce test la passion que je nourris pour ce jeu, qui est une perle oubliée d’une console moribonde mais qui mérite de siéger dans la ludothèque de tout amateur d’aventures épiques combinées à des pépites de gameplay. Pas encore convaincu ? Matez-moi ce trailer titanesque de sept minutes…

Note

18/20

Soyons franc. Selon moi, il y a deux types de possesseurs de Wii U : ceux qui ont fait The Wonderful 101 et les autres. Ce jeu, c’est une bouffée d’air et un pur plaisir de geek pour autant que vous soyez un peu sensible aux super-héros, manga et sentai (Bioman chez nous). La réalisation est aux petits oignons et le fun est omniprésent une fois que vous aurez appris à manipuler correctement le processus d’uniformisation. Les combats sont dantesques, les dialogues drôles et l’aventure vous tiendra en haleine jusqu’au bout. La durée de vie est colossale, l’aventure principale dure une trentaine d’heures et faire le jeu à 101% vous prendra le double. En plus j’oublie de signaler un petit mode multi-joueur sympathique en local, implémenté pour faire partager l’expérience de la coopération jusqu’à cinq joueurs dans trois missions exclusives. Si ce test et la bande annonce ne vous ont pas encore convaincu de l’adopter, essayez-le grâce à une démo sur l’e-shop de la Wii U, je pense que vous ne le regretterez pas...

Laisse un commentaire

* champs obligatoires