Rise of the Ronin

Rise of the Ronin

Si vous êtes un connaisseur de la culture et de l’histoire du Japon, l’époque Edo n’a aucun secret pour vous. Même si vous êtes profane, vous avez bien dû tomber sur une œuvre (littérature, cinéma, …) qui aborde cette période charnière de l’Archipel. Dans un pays déjà en crise, le peuple japonais va osciller entre conservatisme et réformisme. C’était sans compter sur des nations comme les Etats-Unis, la Russie ou la Grande-Bretagne qui vinrent proposer certains accords diplomatiques et économiques tel un vendeur d’encyclopédies qui bloque votre porte avec son pied. Votre première vraie mission se déroulera d’ailleurs lors de l’arrivée des « Navires Noirs » américains dans la baie d’Edo (l’ancien nom de Tokyo) avec à leur commandement l’amiral Matthew Perry, le premier « boss » à combattre.

Team Ninja a décidé de mettre de côté le flashy et le fantastique d’anciennes productions comme Nioh ou Ninja Gaiden pour aborder l’Histoire nippone avec une bonne dose d’action. Vous croiserez donc des personnages qui ont vécu et joué un rôle à cette époque, même si je dois avouer que le passé de cette partie du globe n’est pas mon domaine d’expertise, donc j’aurais du mal à juger de l’authenticité de leurs interventions. Bon, en fait, je suis une buse en Histoire mais le jeu malgré tout invite à se renseigner sur la vérité derrière certains événements et rencontres. On est loin de l’aspect visite guidée d’un Assassin’s Creed mais on sent tout de suite le respect du contexte abordé.

Ronin vaut mieux que deux tu l’auras

Vous faites partie des Lames Jumelles, un duo de super assassins-justiciers qui va devoir s’intéresser à l’arrivée étrangère sur l’Archipel. Vous aurez pas mal de paramètres de personnalisation afin d’ajuster les avatars masculin et féminin à votre disposition même si ceux proposés de base sont déjà très acceptables. À l’image de Assassin’s Creed Odyssey, votre première mission se soldera par la séparation du duo vous laissant choisir le genre de votre personnage, l’autre devenant alors un personnage qui fera sa vie de son côté.

Vous aurez l’occasion aussi de définir les avantages de votre personnage, qu’il soit plutôt charismatique ou combattant, ce qui conditionnera le type d’arme qu’il pourra le mieux utiliser et progresser. Dans ce principe, on se rapproche beaucoup des poncifs des jeux try hard avec bizarrement peu d’armes différentes dont la variété se situera au niveau des techniques de combat, certaines rapides mais peu létales et d’autres plus bourrines que l’on peut rapprocher du système de posture d’un Ghost of Tsushima. Le personnage utilisera une jauge de ki (l’endurance) qui sera consommée à chaque coup, esquive ou parade. Cette dernière vous permettra de placer des contres mortels si vous avez le bon timing.

Comme dans beaucoup de jeux dont il s’inspire, le système de combat vous permettra de placer quelques attaques spéciales en fonction de votre arsenal (et de votre maîtrise de celui-ci), ainsi que de récupérer tout votre ki entre deux enchainements via le chiburi, cette action de chasser le sang de votre lame d’un geste vif et stylé. Déjà vu dans beaucoup de jeux mais intégré intelligemment dans ce cas. Vous disposerez d’un grappin pour vous propulser vers certains points élévés ou encore d’une aile rétractable pour planer en silence. L’approche furtive par les airs ou les buissons magiques qui vous rend indétectable est donc possible aussi.

Lâché rapidement dans un monde ouvert, votre aventure vous fera parcourir divers décors autant champêtres qu’urbains dont la qualité variera en fonction de l’importance de la mission qui vous y amène. Certains environnements sont riches et travaillés alors que d’autres manquent cruellement de texture et d’originalité. Vous chasserez des bandits pour restaurer l’ordre public, caresserez les chats que vous croisez, rendrez service à un PNJ qui a perdu quelque chose ou vous vous transformerez en vrai guide du routard en photographiant certains lieux. Il y a toujours quelque chose à faire ou à découvrir et la variété des missions ne rend pas l’exploration trop redondante. Les activités annexes ne sont certes pas des plus originales mais sauront vous proposer de quoi varier les plaisirs en fonction de vos envies ou besoins.

Samurai Shodown

Au gré de votre voyage, vous renforcerez toute une série de liens : des missions ou activités annexes se débloqueront dans les régions que vous aiderez, les membres de factions vous proposeront des rabais dans leurs boutiques, vous aurez accès à des récompenses auprès de certains PNJ (comme la dame aux chats ou l’inventeur) ou il vous sera possible de recruter un allié lors de certaines missions scénarisées. Ces quêtes vous proposeront de faire équipe avec un autre joueur en ligne ou un personnage avec qui vous aurez tissé suffisamment de liens, même si la plupart vous sont jetés au visage lors de l’histoire principale. Vous pourrez à tout moment prendre le contrôle de cet acolyte si d’aventure vous veniez à épuiser vos points de vie ou tout simplement pour utiliser une des ses techniques d’arme si vous n’avez pas de quoi faire pencher la balance en votre faveur pendant certains affrontements.

Très rapidement, vous serez amené à prendre position pour ou contre le shogunat en fonction du type de mission que vous accepterez ou du commanditaire que vous souhaitez satisfaire. Vos choix influeront sur le déroulement de certaines missions ou même aboutiront à la mort d’un de vos alliés.

Le gain de niveau est traditionnel mais se voit agrémenté du système de karma, des points que vous engrangez à chaque affrontement et que vous pouvez encaisser au « feu de camp ». Si vous mourez, vous perdez les points de karma accumulés et votre meurtrier est marqué d’une vendetta. Le vaincre vous fera récupérer les points perdus mais un second échec signifiera l’abandon définitif de ces précieux points d’expérience. Une mécanique classique dans les jeux du genre mais qui rajoute un peu de sel aux affrontements. Les compétences à débloquer se regroupent en quatre catégories : elles permettent autant de débloquer de nouveaux coups que d’employer certaines manœuvres pendant les discussions (intimider, persuader) ou même de crafter des éléments pour vous aider dans votre quête. Là aussi, on reste dans du très classique.

Le jeu propose trois niveaux de difficulté dont le plus facile permettra aux plus frileux de tâter du duel au sabre sans trop de prises de tête. Le cran au dessus vous donnera quelques sueurs dans les premiers affrontements, jusqu’à ce que vous appréhendiez le système de combat. Le plus élevé vous offrira un challenge à la hauteur des jeux dont il s’inspire, où la parade millimétrée ne sera pas toujours la meilleure option. En effet, il faudra jongler savamment entre coups d’initiative, blocages en mode tortue et parades pour trouver une ouverture. Le jeu pourra donc plaire à tout type de joueur.

Mais il y a un mais

Le jeu est parsemé de mécaniques bien huilées mais risque de perdre de sa superbe pour les joueurs plus exigeants. Les graphismes pâtissent du passage à l’open world et passent donc souvent du « pas mal » à « d’une ancienne génération de consoles ». L’arbre de compétences est vite déroutant avec son système de points génériques agrémenté d’autres points dépendant de la caractéristique correspondante (force, dextérité, charme et intelligence). Il faut donc jongler entre les ressources sachant que seules certaines des compétences nécessitent les points attitrés.

La mécanique de prise de position pro ou anti-shogunat s’avère anecdotique tant il est possible de faire l’agent double et seule la perte d’un allié fera la différence, les aboutissants restant souvent les mêmes peu importe votre intention de départ. L’IA des PNJ et des ennemis est particulièrement absurde, qu’ils restent bloqués contre un bête obstacle ou dans leurs manœuvres d’attaque. On sent une véritable volonté de proposer aux joueurs une expérience riche avec un background travaillé et fidèle au contexte historique, mais Rise of the Ronin souffrira très vite de la comparaison avec pas mal des jeux dont il se rapproche. Loin d’être un clone de Ghost of Tsushima (ce n’est de toute façon pas la même époque !), il s’écarte de son fun en voulant ressembler au mastodonte qu’est Elden Ring, bien plus beau et touffu. Il est certes moins linéaire qu’un jeu de couloir comme Nioh, mais au prix d’atmosphères souvent ratées, que ce soit graphiquement ou en termes de level design. Ne vous méprenez pas, le jeu reste très agréable à jouer quel que soit votre profil, mais à moins d’être sensible au passé du Japon, vous risquez d’être déçu par la superficialité de la plupart des idées et mécaniques du jeu qui se contentent d’un minimum syndical.

Comme à mon habitude, je vous envoie vers Youtube pour un extrait (18+) d’un live Twitch consacré à une mission secondaire du jeu : https://youtu.be/XteSeITCkN8

Note

14/20

Une expérience de jeu qui tente de fédérer un maximum de bonnes idées déjà utilisées dans les plus grands jeux de ces dernières années, mais qui s'avère vite superficielle dans son approche des choses. Si le contexte historique est respecté, les graphismes et l'influence forte de grands hits qui ont marqué les joueurs risquent de classer Rise of the Ronin dans la série de ces jeux excellents mais sous-cotés.

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