Celeste – How high can you get?

Celeste – How high can you get?

Le fond et la forme, n’est-ce pas le duo que chaque jeu vidéo rêve de concilier ? Un objectif suprême dont la poursuite conduit bien souvent à l’échec… Tantôt, c’est ce RPG pompeux et chevaleresque qui multiplie les quêtes à la portée du moindre facteur venu. Tantôt, c’est une action d’anthologie parfaitement exécutée que le jeu récompense d’un simple « point de contrôle » dans le bas de l’écran.

Dans Celeste, vous dirigez Madeline, une jeune femme qui se fixe un but clair : atteindre le sommet d’une montagne. On ne sait pas exactement d’où lui vient cette envie d’altitude ni comment elle a abouti au pied de son obstacle majestueux. Comme le joueur en fait. Vous qui êtes arrivé sur l’écran titre de Celeste sans raison particulière, vous êtes aussi directement obnubilé par le point culminant de cette montagne. Autrement dit, votre contexte et votre objectif sont les mêmes que ceux de l’héroïne. Voilà qui commence bien.

Celeste est un jeu exigeant, qui nécessite de la précision dans le chef du joueur. La progression dans les niveaux est donc rude, voire épuisante. À l’image de l’alpinisme. Gravir une montagne est une performance qui requiert agilité et persévérance. Quand le joueur s’acharne à réussir ce saut magistral, c’est l’effort fourni par Madeline qu’il ressent.

Ce défi insensé pour elle, Madeline se le fixe pour se prouver quelque chose à elle-même. Torturée, elle subit en effet un combat permanent avec ses démons intérieurs, avec sa face sombre qui lui coupe les jambes. Pendant tout le jeu quasiment, elle devra se défaire de l’idée qu’elle n’y arrivera pas, que cette performance est trop grande pour elle, qu’il vaut mieux abandonner tout de suite. Le joueur la comprend parfaitement. Il ne faut pas bien longtemps pour que Celeste impose des prouesses qui semblent surhumaines. Il serait intéressant de compter le nombre de fois qu’un joueur de Celeste se dit qu’il n’y arrivera jamais, que ce niveau est celui de trop pour lui, qu’il a atteint ses limites, qu’il est peut-être préférable de s’avouer vaincu.

Pourtant, contre toute attente, le joueur parvient toujours à trouver la solution : la petite astuce qu’on n’avait pas vue, le mécanisme qu’on apprend finalement à maîtriser ou tout simplement le coup de chance. La satisfaction est alors intense et le sentiment de dépassement se ressent nettement. Quant à Madeline, personne ne donne cher de sa peau au début de l’aventure. Impossible qu’elle surmonte les épreuves qui l’attendent, il faut la dissuader de poursuivre son ascension. Cependant, cette femme guère impressionnante réalise des merveilles, encore et encore. À chaque palier franchi, elle prend conscience de sa force et de ses capacités.

À la fin de son périple, Madeline en a tellement bavé que rien ne l’effraie plus. Réconciliée avec elle-même, elle atteint alors les dernières marches. Numérotées par ordre décroissant, ces ultimes étages ne la troublent plus : elle sait maintenant qu’elle va y arriver. C’est pareil pour le joueur qui parvient à ce stade. Clairement, il comprend qu’il est proche de la victoire et ses compétences affûtées lui font entrevoir la victoire finale avec sérénité.

Au sommet de la montagne Celeste, le joueur éprouve soudain une certaine émotion. Il a franchi toutes les étapes et profite désormais d’un repos bien mérité après quelques heures de jeu intenses. Madeline aussi est apaisée. Elle a parcouru le chemin escarpé vers sa paix intime et elle en profite. Entourée des protagonistes de l’aventure, elle se remémore les instants difficiles et savoure son triomphe avec humilité. Car il reste des exploits encore plus corsés à accomplir si le cœur lui en dit… et si le joueur accepte de s’y mesurer.

Combinaison parfaite entre fond et forme, Celeste est l’œuvre parfaite du Canadien Matt Thorson et de son équipe. Elle vous attend pour une vingtaine d’euros sur PS4, Switch, Xbox One et PC/Mac/Linux.

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