The Legend of Heroes – Trails of Cold Steel: La légende des navetteurs

The Legend of Heroes – Trails of Cold Steel: La légende des navetteurs

Quoi de mieux que de commencer une nouvelle année avec un petit J-RPG à se mettre sous la dent. Et voici un nouvel opus d’une série finalement peu connue du public occidental : The Legend of Heroes. Ce nom doit dire quelque chose aux possesseurs de PSP de la première heure, avides de jeux de rôle et n’ayant pas peur d’en importer outre-Atlantique. Retracer l’historique de cette série, c’est un peu comme faire le décompte des Final Fantasy entre les versions japonaises et occidentales au début de la saga.

Sachez juste que la série a démarré en 1989 sur NEC PC comme un spin-off de la série Dragon Slayer. Elle compte actuellement douze épisodes et le premier épisode à avoir franchi le Pacifique est le 4ème, porté en 2005 sur PSP avec le titre The Legend of Heroes (pour nous compliquer la vie, sachez que le 4ème volet au Japon est devenu le premier en Occident tandis que le second épisode américain était le 3ème au Japon, tout à fait logique…).

Mais alors quel épisode est finalement The Legend of Heroes : Trails of Cold Steel, sorti sur PS3 et Vita en ce début 2016 ? Eh bien c’est le 11ème volet mais il est lui-même un spin-off de la série principale (donc un spin-off d’un spin-off, vous me suivez ?), qui amorce une trilogie propre, celle des Trails of Cold Steel (la deuxième partie est déjà sortie au Japon, elle aussi sur Vita et PS3), tout comme les episodes The Legend of Heroes : Trails in the Sky, capice ?

Bon, je vais m’arrêter là car si je continue, plus personne ne va rien comprendre et il est temps de mettre ce test sur de bons rails…

L’empire déraille

Rattachons rapidement les wagons pour démarrer et rassurez-vous si vous n’avez joué à aucun The Legend of Heroes, ce Trails of Cold Steel s’aborde comme une nouvelle histoire à part entière (même l’univers est différent de celui de la saga d’origine).

Nous voilà dans l’empire Erebonian qui a unifié son territoire et ses conquêtes grâce à un réseau de chemins de fer extrêmement dense, lui permettant de déplacer facilement ses troupes militaires tout en favorisant le commerce et les échanges culturels. C’est un univers J-RPG légèrement teinté de Steam Punk même si on est loin de la noirceur de Final Fantasy VII car l’industrialisation de ce monde n’est qu’à ses débuts. Les épées, arcs et lances côtoient les armes à feu, tanks et mechs tout en laissant une place aux sceptres et baguettes magiques.

Le héros que vous incarnez se prénomme Rean et incorpore l’académie militaire dudit empire. Cependant la rentrée scolaire ne se passe pas comme prévu et au lieu d’être affecté dans l’une des cinq classes traditionnelles, celui-ci incorpore la toute nouvelle 7ème classe (ne me demandez pas pourquoi ce n’est pas la 6ème, votre instructeur vous dira que c’est un projet secret et donc pour tromper l’ennemi, on saute un numéro, ingénieux, non ?). Mais qu’est-ce que cette classe a de particulier à part un uniforme rouge vermeille ? Eh bien officiellement, lutte des classes oblige, celle-ci est la première de l’histoire de l’empire à être mixte. Non pas la mixité homme-femme mais la mixité sociale noble-plébéien. En effet, trois classes à l’académie sont réservées aux nobles et deux seulement aux gens du peuple (ça m’a l’air très proportionnel et représentatif de la société tout ça…). Chaque classe sociale méprisant l’autre comme vous vous en doutez. Et donc vous voilà porte étendard de l’union nationale de l’Empire.

Legend-of-Heroes-Trail-of-Cold-Steel

Je vous laisse deviner qui a du sang bleu…

Comme vous pouvez le deviner, l’histoire tournera plus autour des tensions entre les deux factions que de la ponctualité des trains (ce qui n’est pas le cas en Belgique, car le fait que les trains roulent et arrivent à destination à l’heure tient encore de la science-fiction en ce 3ème millénaire,…), plaçant notre classe 7 au cœur d’un empire où le spectre d’une guerre civile rode…

L’académie des premiers baisers

Abordons rapidement l’aspect technique du jeu se présentant à la vue 3ème personne, vous suivez votre héros de dos dans un univers 3D découpé en petites zones ouvertes, ce qui est une première pour la licence quittant ainsi le nid douillet de la 2D vu de dessus pour entrer dans le 21ème siècle. Que ce soit sur Vita ou PS3, les graphismes sont corrects et variés (villes, campagnes, forêts, montagnes, industries, etc.…) mais jamais ils ne vous éblouiront. Ils ne marqueront pas votre esprit de par leur banalité apparente. Au niveau du son, c’est un peu la même chose, rien de rédhibitoire mais rien d’inoubliable. Précisons que les voix comme les textes sont en anglais, ce qui pourrait limiter l’accès à un certain public et décevoir les fans de J-RPG avides de sonorité nippone. Je profite de la tribune qui m’est offerte pour demander à l’éditeur d’éventuellement prendre en considération la possibilité de télécharger gratuitement les voix japonaises, comme pour certains jeux sur Vita et PS3.

Revenons à l’académie qui sera le cœur de l’aventure proposée. En effet, notre héros Rean a sept compagnons de classe et donc sept partenaires possibles (trois autres garçons et quatre filles, vive la parité). La trame du jeu se calque sur la vie scolaire alternant des quêtes à réaliser comme devoirs avec des moments de détente qui vous permettront de vous rapprocher de vos camarades.

pool

La piscine quoi de mieux pour se faire des copains et/ou copines.

 

Evidement vous quitterez l’académie pour aller en classe verte, euh pardon en opération de terrain, pour non seulement profiter des luxueux wagons tout en discutant avec vos compagnons et accessoirement taper le carton avec ceux-ci (un mini-jeu proche de la bataille est disponible) mais surtout pour faire d’autres quêtes et bien sûr faire avancer la trame du jeu.

Cold_Steel_Blade

Le jeu de cartes en question.

Comme je l’évoquais en amont, la fraternisation avec vos camarades est un volet important du jeu. En effet, vous devrez choisir avec qui faire équipe et avec qui passer du temps « libre » car vos échanges sociaux seront limités en fonction de vos résultats scolaires. Eh oui, aller à la bibliothèque et faire attention à ce que les gens vous racontent seront indispensables si vous désirez réussir les examens pour être à la fois le premier de l’école et la coqueluche de vos camarades. Tout cela n’est pas accessoire puisque outre d’éventuelles romances possibles, le degré d’affinités avec tels ou telles partenaires vous rendra plus performant lors des combats avec ceux-ci.

Tales of railways…

Mon expérience des RPG me dit que le cœur de tout bon jeu de rôle, c’est le système de combat (qui a répondu l’histoire ?). Et ici, on est face à un ersatz du modèle de combat de la série des Tales of et des combats au tour par tour. Votre équipe est dans une arène et vous devez valider pour chaque personnage son action. Celles-ci sont relativement classiques : l’attaque, la compétence technique (skills), la magie, les objets, se déplacer ou fuir. Et oui, pas moyen de se défendre (je trouve cela dommage) et si vous voulez éviter qu’un ou des personnages ne se fassent attaquer, vous devez le déplacer de l’autre côté de l’espace de combat. Dans la réalité, c’est finalement reporter l’attention du ou des ennemis sur un autre personnage. Cependant, il y a des idées sympathiques comme le fait que certaines attaques de compétence ou de magie affectent des zones entières (il n’y a pas de friendly fire) et que vous pouvez linker vos personnages pour enchainer les combos (qui sont plus forts et longs si vous avez une bonne affinité avec ledit personnage, voir supra). Enfin, vous voyez l’ordre des combattants et si vous êtes un peu stratégique, vous pouvez réussir à réaliser tout un combat sans que les ennemis vous attaquent.

23805954136_c08a0543f3_b

La clarté lors des phases de combat n’est pas toujours top.

En parlant d’ennemis, ceux-ci sont visibles sur la carte et réapparaissent assez rapidement. Vous pouvez avec votre personnage, les frapper soit de face ou de côté pour les immobiliser très brièvement ou bien carrément les assommer si vous parvenez à les frapper par derrière, vous donnant un avantage non négligeable lors des combats (des tours en plus, des adversaires sonnés et amputés d’une petite partie de leurs points de vie). La courbe de progression est correcte et parfois vous devrez vous adapter pour vaincre les boss (ceux-ci étant +/- sensibles à certains types de magie).

1080750485

Un petit coup de main serait le bienvenu.

Enfin terminons ce test en abordant deux aspects non négligeables et intrinsèquement liés : l’acquisition de compétences de combat (skill) et de magie ainsi que le système monétaire du jeu. Ici, gros clin d’œil à Final Fantasy VII car vous pouvez composer à la carte les sorts et les skills voulus tout simplement en obtenant des orbes (similaires aux materias) que vous placez sur un pendentif. Pour obtenir ces orbes, vous devrez les fabriquer et ici pas question d’argent mais de gemmes que vous ramasserez lors de vos combats et aventures. Là où ça coince, c’est qu’avec ces gemmes vous ne pouvez directement les utiliser pour acheter des items ou de l’équipement mais vous devez préalablement les échanger pour obtenir de la monnaie sonnante et trébuchante… Bref une idée originale mais qui s’avère alourdir l’aventure plus que d’offrir un vent de fraîcheur.

Note

14/20

Premier épisode de la série des Legend of Heroes en 3D, ce Trails of Cold Steel a pas mal d’arguments pour prétendre jouer dans la cour des grands : un système de combat sympathique et dynamique, la variété des situations, le système de link entre personnages et une durée de vie conséquente (il y a six chapitres et comptez dix heures par chapitre si vous êtes du genre consciencieux). Mais des petits défauts viennent ternir le tableau : l’absence de vrai système de défense dans les combats, le système monétaire du jeu, l’absence des voix japonaises et pour certains, le coté vie de collège japonais sont des éléments qui gâchent votre plaisir comme des arêtes dans un bon filet de poisson. De plus, la réalisation technique autant sur PS3 que Vita ne casse pas trois pattes à un canard. Pour information, il y a une fonction cross-save entre les deux versions (si vous aimez payer deux fois le même jeu sur deux supports différents, c’est votre choix). En résumé, ce premier opus de la trilogie Trails of Cold Steel vous amène à bon port mais le voyage est un peu sans saveur comme le trajet quotidien de nombreux navetteurs sur le rail belge.

Laisse un commentaire

* champs obligatoires