Spectra – un futur phénomène ?

Spectra – un futur phénomène ?

Parfois, notre flair ne nous trompe pas. Voici quelques mois, Spectra nous avait marqués dans une bande-annonce présentant les futurs projets du programme indé ID@Xbox. Au vu de son esthétique radicale et de son ambiance prometteuse, nous l’avions noté dans notre calepin sous la rubrique « à suivre ». Et nous avions vu juste…

Un jeu de course, ça ne demande habituellement pas beaucoup d’explications. Mais si Spectra se présente comme un jeu de course, il n’a rien d’ordinaire. Une précision s’impose même d’emblée : Spectra est un jeu de course dans lequel vous ne contrôlez pas la vitesse. Votre véhicule avance à son propre rythme, et vous n’avez qu’à le diriger. Ca vous semble peut-être nul, mais ne partez pas tout de suite.

Spectra art

L’objectif le plus clair de Spectra est de terminer la course. Sans concurrent, il n’y a donc personne à dépasser. Le défi est différent : ne pas chuter dans le vide qui s’étend au-delà des bords de la piste. D’une façon similaire à F-Zero, vous perdez sans sommation lorsque votre véhicule sort des limites. Il faut donc tout faire pour rester sur les pistes sinueuses en évitant les obstacles qui vous font rebondir comme un bumper de flipper.

L’autre objectif réside dans le scoring. Pour le faire monter, il faut rouler sur les nombreux blocs jaunes sans heurter un obstacle. Le principe se rapproche de celui de ma série de course préférée : Project Gotham Racing. Comme vous accumulez des « Kudoz » dans PGR en réalisant des figures, vous augmentez votre score dans Spectra en prenant des risques pour attraper les blocs jaunes.

Chaque bloc jaune ramassé vous octroie 10 points. Les dizaines de points s’additionnent sur un score « tampon » tant que vous écrasez des blocs jaunes. Si vous frappez un obstacle, votre tampon est perdu. Votre tampon est validé dans votre score définitif lorsque vous ne roulez sur aucun bloc jaune pendant quelques secondes. Une jauge symbolise ce délai et un bruitage de plus en plus aigu vous renseigne sur la progression de votre tampon. Ainsi, lorsque ce bruit se fera suraigu, vous saurez qu’il vaut mieux être prudent et éventuellement rater délibérément un bloc jaune pour valider votre score intermédiaire. Le tampon repart alors à zéro et plus personne ne pourra vous prendre les points transférés définitivement dans votre score global. Je m’excuse pour cette explication un peu longue, qui peine à retranscrire le génie du principe de scoring. Je continue ?

À certains endroits de la piste, vous apercevrez des flèches turbo (encore une fois comme dans F-Zero) qui vous donneront un coup de boost. Si ce genre de bonus est plutôt une bonne nouvelle dans les jeux de course, ici il représentera surtout un risque supplémentaire de se manger un obstacle (et de perdre son score intermédiaire) ou de rater un virage (et de perdre tout court). En contrepartie, chaque flèche turbo ajoute temporairement un point au multiplicateur. Le risque est donc récompensé, surtout quand vous roulerez sur plusieurs flèches turbo à la suite pour atteindre un multiplicateur de dix. Votre score tampon s’affolera et vous aurez d’autant plus peur de le voir s’envoler au moindre choc. Et la tentation du danger ne s’arrête pas là, car vous obtiendrez encore quelques points supplémentaires en frôlant les obstacles. Vous devrez donc trouver un équilibre dans votre façon de jouer et évaluer sans cesse la bonne prise de risque. Autant le dire sans détour, cet aspect est inépuisable et franchement sensationnel.

Spectra

Voilà, vous savez tout sur le jeu et pourtant vous ne savez encore rien. J’espère que ma vidéo ci-dessous parviendra à vous faire comprendre tout le sel de Spectra. Au cas où ce ne serait pas suffisant, sachez que comme dans tout bon jeu d’arcade, votre niveau de jeu va progresser et vous fera faire des folies que vous n’auriez jamais osées au départ. Par exemple, vous deviendrez tellement dingue du scoring que vous slalomerez comme un dératé entre les obstacles par appât du gain. Ou vous vous surprendrez à coller le bord de la piste pour reprendre une meilleure courbe par la suite. Si on envisage d’abord la piste selon une partie gauche et une partie droite, on saisira ensuite que toutes les zones sont exploitables. Comme une seconde nature, vous passerez alors dans des trous de souris, éventuellement en vous orientant vers le centre de la piste pour éviter que les bumpers ne vous envoient valser dans le vide en cas de mauvaise manœuvre. Parfois même, vous prendrez un risque insensé juste pour rouler sur une flèche turbo – surtout quand vous appréhenderez mieux le petit saut qui s’accompagne d’un turbo. De plus en plus, vous jouerez « ça passe ou ça casse » et ça cassera souvent, notamment quand vous abuserez du léger vol plané qui vous suspend un court instant dans le vide. Plus grisant que ça, tu meurs !

Hormis votre soif de score, le tracé et la position des obstacles seront vos plus grands ennemis. Par exemple, la route peut s’élever en resserrant le champ de vision ou se diviser en deux parties avec un gros trou au milieu. Enfin, les descentes accéléreront considérablement votre marche, vous plongeant dans un état de tension rarement vu dans un tel jeu (ou dans un jeu tout court). Plus vous avancerez dans le circuit, plus vous aurez une sensation de vitesse surtout si vous prenez attention à la musique qui s’emballe. Et prenez-y attention ! La musique tient une place centrale dans Spectra (que le studio qualifie même de « music racing game »). Ce n’est pas pour rien que le mot « track » en anglais désigne aussi bien un circuit qu’une piste musicale. Chacun des dix « tracks » (circuits) possède sa propre « track » (musique). Et c’est même elle, la musique, qui délimitera la course. Symboliquement, la course s’achève lorsque le morceau de musique arrive à son terme. Un circuit dure ainsi entre 3 et 4 minutes, comme une piste de CD.

Spectra 1

Cet accompagnement musical est digne des meilleures bandes originales de jeux vidéo. Il a été composé par une artiste de la scène « chiptune » surnommée Chipzel. Cette musicienne d’Irlande du Nord fait des merveilles. La BO de Spectra et ses autres œuvres sont disponibles en streaming ou à la vente en MP3 et CD. En ce qui concerne les développeurs, précisons que le casting comprend aussi un Belge, Brecht Lecluyse, cofondateur du studio Glowfish Interactive et « technical artist » sur Spectra.

Si l’enrobage musical est fantastique et la patte visuelle très marquée, c’est surtout sur le gameplay qu’on attendra Spectra. On rêve déjà de voir des superplayers s’emparer de cette pépite pour en tirer des scores fabuleux grâce aux techniques les plus inventives. Sur les dix circuits et surtout dans leur mode « hardcore », les meilleurs d’entre nous vont se régaler et se motiver les uns les autres (espérons d’ailleurs un classement en ligne lors d’une mise à jour du jeu). Pour exprimer plus clairement notre sentiment, disons que Spectra a ce qu’il faut dans le ventre pour devenir un phénomène ! Les mois et les années nous donneront peut-être raison…

La vidéo ci-dessous tourne sur Xbox One. Spectra est disponible à partir d’aujourd’hui sur le magasin dématérialisé Xbox, ainsi que sur Steam (PC, Mac et Linux), iOS, Android et Windows Phone.

Note

19/20

Spectra est un jeu de course atypique qui a l’étoffe d’un futur phénomène du jeu vidéo. Il ne plaira peut-être pas à tous, mais faites en sorte d’y jouer au moins une fois dans votre vie. Il serait tellement dommage de passer à côté d’un coup de cœur de cette intensité !

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