The Dark Pictures Anthology: The Devil in Me

The Dark Pictures Anthology: The Devil in Me

Jamais deux sans trois ou plutôt jamais trois sans quatre ! Supermassive Games nous revient avec son dernier cauchemar « The Devil in me », quatrième et dernier volet de la saga horrifique « The Dark Pictures Anthology ». Fini les bateaux, les villes désertes et les temples souterrains, bienvenue dans un hôtel relié aux actions du premier tueur en série des États-Unis : H. H. Holmes.

Un documentaire en enfer

Après une séquence d’introduction (avec des personnages un peu perchés), nous rencontrons l’équipe de Lonnit Entertainment, spécialisée dans la réalisation de documentaires. En quête d’un nouveau souffle pour leur dernier documentaire sur H. H. Holmes, les membres de l’équipe acceptent l’invitation énigmatique de Granthem Du’Met, leur proposant de séjourner dans un hôtel isolé qui est la réplique exacte du château des meurtres. L’occasion est bien trop belle que pour être refusée, booster les audiences est une priorité. Cependant, doucement mais sûrement, une ombre plane, prête à rendre plus vrais que nature les meurtres sur lesquels les documentalistes travaillent.

Des personnages à la ramasse

Ce qui complique inévitablement la narration de « The Devil in me », ce sont les personnages. Très problématique me direz-vous, car ils sont au cœur du jeu, les liens les unissant influençant votre histoire. 

On retrouve ainsi Kate, présentatrice star, de prime abord arrogante et distante, elle se révèlera stressée après avoir vécu un traumatisme qui ne sera absolument pas développé ni exploité. Jamie, régisseur lumière, est la rebelle incontestée et sera mise à l’épreuve dans sa relation conflictuelle avec Kate. Erin, ingénieure du son, une jeune femme fragile et discrète qui sera sujette aux crises d’asthme… Un classique mais sans incidence au final sur sa destinée. Charlie, chef du groupe et de Lonnit Entertainment ; autoritaire, imbuvable et accro aux cigarettes, ce qui évidemment deviendra son talon d’Achille. Mark, caméraman du groupe et ancien compagnon de Kate. Alors avec lui, on atteint le sommet du ridicule. Je n’avais jamais fait face à un personnage souffrant de vertiges sélectifs. Lors de cinématiques, on constate sa peur du vide, tandis que lors des phases de jeu, notre ami Mark se déplace sur des hauteurs, réalise des sauts périlleux et se cale tranquille au bord du vide. On essaie de nous teaser un danger potentiel et finalement cette phobie n’aura aucun impact ou tension sur l’aventure. Un pétard mouillé.

En terrain connu

Comme dans les autres aventures, il faudra progresser avec nos cinq protagonistes en développant leurs relations et surtout en tentant de survivre, si tel est votre souhait évidemment. Explorer les différents environnements permettra de démêler le passé de votre hôte : le mystérieux et dérangé Granthem Du’Met. C’est d’ailleurs ce mystère et cette envie de relier toutes les pièces du puzzle qui tiennent en haleine. On veut comprendre. Un suspense très bien distillé et qui ne déçoit pas dans son dénouement.

Si la mécanique est rodée, une petite nouveauté pointe le bout de son nez : l’inventaire. Chaque personnage possède ses propres talents et donc ses propres outils. Par exemple, Mark pourra utiliser sa caméra pour prendre des photos. Pour atteindre des objets en hauteur, il utilisera le stick de son appareil. Charlie, quant à lui, sera capable d’ouvrir divers coffres et tiroirs, tandis qu’Erin pourra suivre des sons grâce à son équipement.

Côté technique, la mise en scène est toujours aussi soignée. Les plans choisis sont toujours au service d’un effet de surprise ou présents pour susciter le malaise. La lumière est bien gérée avec des effets très différents : on passe de la lumière d’une lampe de poche à celle de l’infrarouge de la caméra de Mark, de quoi varier notre peur du noir.

La bande son fait toujours son effet et promet de beaux sursauts. Attention lorsque vous inspectez l’environnement ! Néanmoins, le jeu est truffé de scènes non doublées, on passe donc d’un coup à de l’anglais, ce qui peut dérouter et contribuer à une cassure dans l’immersion. Ajoutons à cela des problèmes de synchronisation labiale et on s’avoue déçu du manque de finition dans la version française proposée.

Sur le plan du gameplay, les mouvements, toujours très rigides, sont cependant plus diversifiés : les personnages peuvent sauter, grimper et courir.

Une mécanique en perte de vitesse

Si Supermassive Games est seul au sommet dans sa catégorie, les mécaniques de son concept commencent à s’user. On ressent dans ce quatrième opus un sentiment de lassitude. On sait à quoi s’attendre et les légères nouveautés apportées ne changent rien : on n’est plus surpris. On sait que l’on sera face à des moments de QTE, que l’on devra gérer notre respiration et que l’on devra prendre des décisions. Tout cela dans un environnement fermé avec des actions limitées.

On aimerait ressentir une sensation de liberté dans nos déplacements et nos découvertes, on veut explorer. Par ailleurs, dans nos décisions, une fois n’est pas coutume, la retenue sera toujours synonyme de réponse positive pour la survie des personnages. Il est donc devenu trop facile d’anticiper les actions à poser pour obtenir le résultat souhaité. D’ailleurs, l’expérience « The Devil in me » a été la plus facile à appréhender. Trop prévisible.

Dans tous les cas, Supermassive ne compte pas en rester là, avec une nouvelle saison annoncée et 5 dépôts de noms et logos. Aucune date n’est encore fixée mais la prochaine aventure se fera dans l’espace, là où personne ne peut vous entendre crier. Un choix logique et qui s’annonce très différent des histoires précédentes. On a déjà hâte de découvrir « The Dark Pictures: Directive 8020 ». Surtout que le suspense reste entier au vu du teaser présenté à la fin de « The Devil in me ». Tout est possible.

Note

14/20

« The Dark Pictures - The Devil in me » ne déçoit pas et promet de jolis moments de frissons. L’ambiance visuelle et la réalisation digne des films du genre fonctionnent toujours autant. On a peur et l’impression d’être aux commandes de son propre film d’horreur est palpable. Malheureusement, les quelques nouveautés et le suspense lié au personnage de Granthen Du’Met ne suffisent pas pour terminer ce voyage horrifique en apothéose. Les animations rigides, les personnages très caricaturaux et les soucis de traduction nous empêchent de complètement adhérer à l’expérience. Le format de « The Dark Pictures Anthology » atteint ses limites et ne surprend plus. On espère pour la saison 2 un renouveau et un florilège de surprises tant au niveau de l’écriture que sur le plan du gameplay.

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