Test Drive Unlimited – Solar Crown
Voilà plus de dix ans qu’un des ténors de la simulation automobile n’avait plus fait parler de lui. Fort d’un héritage qui remonte à l’époque du Commodore 64 et autres Atari, le jeu permet de mettre la main sur les modèles emblématiques des constructeurs automobiles les plus réputés. Quoi de mieux qu’une nouvelle génération de consoles et une bonne série de concurrents féroces sur la ligne de départ (Forza, Gran Turismo et j’en passe) pour confirmer son statut d’hommage aux bagnoles rutilantes et aux moteurs vrombissants ? Habitué aux sports mécaniques avec la série WRC entre autres, Kylotonn reprend le flambeau pour tenter de raviver la passion des belles cylindrées. Eh bien, la tentative est manquée et même plombée par des défauts qu’on ne pensait plus devoir subir dans des jeux actuels. Attachez votre ceinture, la balade risque d’être mouvementée.
Quand JCVD démarre, il fout le contact
Le pitch de départ de ce Test Drive Unlimited ne cherchera pas à vous étonner. En tant que pilote chevronné et aux talents innés, vous êtes convié à participer à un événement luxueux qui aura lieu à Hong Kong Island, île qui s’inspire évidemment de la ville homonyme. Vous pourrez créer votre pilote avec un éditeur de personnage assez complet mais dont les réglages n’apportent que peu de variantes possibles. Soit pour éviter les petits malins qui engendreraient des monstruosités, soit parce qu’on joue avec des voitures et non aux Sims. Après une première course d’essai au volant d’un Lamborghini, vous serez héliporté vers le terrain de jeu afin d’acheter votre premier véhicule et entamer votre ascension dans les classements des meilleurs pilotes. Vous attend alors une série de courses afin de gagner l’accès à plus de courses, plus de voitures et plus d’améliorations. Il vous faudra aussi assez vite choisir un clan parmi deux partis très manichéens : le luxe des Sharp ou l’honneur des Street.
Votre base d’opération sera le luxueux hôtel Solar Crown où vous aurez votre propre appartement. Vous pourrez y consulter vos statistiques de course ou encore changer les vêtements de votre avatar, il n’y a pas que les voitures qui ont besoin de style ! Vous évoluerez parfois à pied lorsque vous visiterez certains lieux comme les concessions, les ateliers ou les lieux de clans. Heureusement, vous passerez le plus clair de votre temps au volant. À pied ou en voiture, il vous arrivera de croiser d’autres joueurs, puisque le jeu est en ligne. Ce qui ne va pas sans désagrément mais va me permettre de passer la seconde et d’aborder LA qualité et LES défauts de ce jeu.
Faux départ
Comme dit précédemment, le jeu fait absurdement le choix de ne pouvoir se jouer que connecté au réseau. Devinez ce qui ne fonctionne pas très bien ? Problème de serveur, tentative de connexion puis retour à l’écran d’accueil, déconnexions sauvages, … Dès les premières minutes de test, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander pourquoi ce choix aussi absurde et astreignant. Surtout que les déconnexions surviennent à tout moment et peuvent impacter votre état d’avancement ou même carrément votre sauvegarde ! Cette mauvaise idée pollue tous les aspects du jeu puisque chaque événement auquel vous participerez vous forcera à attendre plusieurs secondes que d’autres joueurs rejoignent la course, le jeu remplissant les places libres par des bots. Pourquoi ne pas proposer au joueur de lancer la partie directement si le multijoueur ne l’intéresse pas pour une fois ? Surtout qu’il n’est pas possible de mettre le jeu en pause ou même de recommencer directement une course quand les adversaires ne sont pas humain. À chaque fois, il faut relancer le matchmaking, un comble vu qu’il ne m’est jamais arrivé lors de mon test d’avoir d’autres joueurs dans l’événement que je lançais.
Dès les premières minutes, la couleur est annoncée, le seul soin graphique est apporté aux véhicules et leurs intérieurs, mais sans être à la hauteur de ce qui existe déjà. Les modèles de personnages, les décors et l’ambiance générale sont ratés et témoignent d’un manque de finesse ou peut-être d’expérience sur de la nouvelle génération. À part les concurrents, seuls quelque véhicules déambulent dans la ville sans même se rendre compte de votre présence. Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis fait emboutir par un véhicule qui n’appréciait pas que je ne roule pas à tombeau ouvert. Ce qui arrive aussi en pleine course avec des bots qui n’ont aucune conscience des autres obstacles de la route, ce qui finit donc souvent en Destruction Derby entre tous les concurrents à chaque tournant un peu technique.
Les personnalisations du véhicule sont extrêmement sommaires, ce qui est normal puisqu’on ne parle pas ici de tuning mais confine à l’absurde lorsqu’il s’agit de la mécanique. Il n’y a pas de logique dans les prix si ce n’est la rareté supposée d’un objet à installer. La présence de réglage plus précis est encore plus incompréhensible quand le texte du réglage course propose une meilleure accélération par rapport au réglage route alors que c’est tout le contraire qui arrive lorsque vous l’équipez. J’ai pu constater que le mode course rendait le 1 à 100 km/h moins performant alors que le mode route me l’améliorait !
60 secondes chrono d’amusement
Chaque événement vous rapportera de l’argent, quel que soit votre position finale. Le choix est judicieux et non punitif mais transforme vite le jeu en séance de grind. L’argent et l’XP gagnés permettent d’accéder à de nouveaux objets, ce qui permet d’accéder à plus d’épreuves qui exigent du meilleur matos. Rincez, répétez… Les activités annexes s’avèrent vite aussi inintéressantes puisque l’exploration n’est pas passionnante dans un environnement aussi pauvre ; la recherche d’épaves de véhicules pour en débloquer des originaux fait penser à une excuse pour forcer les joueurs à déambuler dans les rues sans vie de la ville et le système de réputation se mélange avec le système d’expérience générale. Sachant que les rares cinématiques sont aussi plates et inintéressantes que le reste, l’ennui pointe vite le bout de son nez entre mauvais jeu d’acteur, décors ridicules et retard technique du moteur graphique. Le tout essaie de jouer la carte du luxe et de la technologie mais vous inflige une petite scène où votre personnage met une lentille high tech pour expliquer qu’il y aura des indications en réalité augmentée à l’écran, alors que votre GPS continue à vous parler de sa voix hachée « Après… 100… mètres, tournez à… droite ».
Différents concessionnaires rassemblés par catégorie vous permettront d’acquérir de nouveaux véhicules. Vous pourrez vous y rendre et visiter à pied l’intérieur afin de tourner autour de chaque voiture avant de l’essayer ou de considérer son achat. Malheureusement, les endroits sont inutilement vastes et il arrive que certains modèles se retrouvent plusieurs fois à différents endroits du showroom. Les stations-service vous permettront de retaper votre véhicule même si les dégâts vont rarement au-delà de quelques froissures malgré certains impacts appuyés. Et vu que je conduis très bien, vous vous doutez que j’ai malmené beaucoup de tôle.
Le fun au point mort
Ainsi, le seul vrai point positif est de pouvoir parader au volant d’un de ses modèles préférés avec l’une des caméras disponibles. La vue intérieure permet de profiter de l’habitacle chic de votre véhicule mais est injouable sur beaucoup de voitures. Les autres vues se situent au niveau du tableau de bord, du capot, à l’avant, plus deux vues externes assez peu différentes. Il est possible de jouer avec les phares, les clignotants ou même les fenêtres du véhicule, mais cela n’a aucun effet si ce n’est votre propre plaisir. La sensation de conduite est convaincante et réaliste mais perd toute logique quand les conditions de la route changent. En cas de pluie ou hors-piste, le changement est drastique. Même l’ajout de pneumatiques adaptés ne gomme pas l’exagération du comportement glissant de votre véhicule. L’exercice devient même encore plus complexe sur PS5 puisque les gâchettes adaptatives sont mises à contribution ; mettons ça du côté de mon inexpérience mais leur comportement me paraissait fort extrême.
On se retrouve en présence d’un épisode d’une licence qui risque beaucoup de pâtir du manque d’attention et de soin apporté à ce volet. A-t-il été lancé trop tôt ? Avez-vous laissé des stagiaires de 40 ans faire ce jeu ? Ou était-ce un pied de nez à Atari ? Quoi qu’il en soit, ne perdez pas votre temps sur cet épisode qui ne possède aucun avantage qui compense ses défauts.
Note
10/20
Un parc automobile qui fait rêver dans un jeu qui ne tient pas la route. Une réalisation vieillotte et un contexte dispensable n'aident pas la technique à la ramasse qu'arbore ce titre. À moins d'être à la recherche du moindre titre sur les sports mécaniques, vous aurez mieux fait de vous tourner vers des productions plus abouties.
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