Blood Bowl 3
Jamais deux sans trois, Cyanide rempile pour un nouvel opus cette fois édité par Nacon (BigBen Interactive). En se basant sur le jeu de plateau à succès Blood Bowl, l’univers Warhammer se décline à la sauce football américain pour une bonne dose de violence pas si gratuite, car la gestion d’une équipe de créatures fantastiques nécessitera un bon paquet d’or. Qu’à cela ne tienne, vous voilà donc propulsé coach dans la ligue sportive la plus sanglante après l’élection de Miss Univers.
Du jeu de plateau à la manette
Warhammer oblige, Blood Bowl propose à la base l’utilisation de figurines et de gabarits gradués sur un plateau quadrillé permettant de donner vie à des matchs entre orcs, elfes, nains ou autres bêtes du chaos. Si l’utilisation d’une balle ovale reste nécessaire afin de garantir la victoire à leur équipe, les joueurs passent la plupart de leur temps à mettre leurs bottes sur le groin de l’adversaire. Les tacles sont rugueux voire mortels, les coups bas sont légion et les arbitres ne sont pas à l’abri d’une contestation douloureuse de leurs décisions.
La création de vos équipes se fera par un menu bien pensé et riche en options. Vous pourrez gérer la formation en fonction des rôles de vos recrues et même personnaliser les couleurs et motifs de leurs maillots. Les fans remarqueront l’absence de certaines de leurs races favorites mais faisons confiance aux futurs DLC pour combler ce manque, malheureusement. Le jeu vous proposera de faire évoluer vos équipes créées dans différentes ligues chapeautées par de nombreux sponsors. On notera cependant qu’à part une bonne série de spots publicitaires décalés, le jeu n’offrira que peu d’animations en dehors des matchs. Fini donc le délire Cabalvision ou encore les nombreuses interventions désopilantes de Bob et Jim, on est là pour le Blood Bowl. Nos présentateurs seront cantonnés aux commentaires sur le terrain, moins inspirés et nombreux que dans les épisodes précédents.
Dans la plus pure tradition du jeu dont il s’inspire, vos joueurs gagneront en expérience en fonction de leurs actions sur le terrain. Les points d’expérience ainsi acquis vous permettront d’acheter des compétences ou capacités qui rendront vos joueurs plus efficaces ou mortels, en fonction de votre façon de jouer. Vous ne serez pas à l’abri de la perte de l’un ou l’autre membre de votre effectif et certaines races plus fragiles vous obligeront à garder en tête que tout le monde est utile mais pas indispensable.
Sur le terrain
Le gameplay est toujours le même pour coller avec les règles du jeu sur plateau. Les mi-temps sont divisées en huit tours par équipe. Une fois par tour, chaque joueur peut effectuer un déplacement ou un plaquage s’il se trouve sur une case contigüe à un adversaire (sa zone mortelle) . Un seul joueur par tour peut effectuer un blitz qui combine ces deux actions, ou faire une passe s’il possède le ballon bien sûr. Le turnover survient si l’un de vos joueurs rate son action, mettant fin automatiquement à votre tour. La stratégie réside donc dans le choix des ordres de vos actions afin de ne pas perdre une occasion d’enrayer une attaque ou de placer un touchdown décisif. Le menu en jeu est très fourni et vous pouvez consulter un grand nombre d’informations avant de vous décider. Attention cependant à l’horloge de match qui, comme dans une partie d’échecs, vous obligera à être prompt dans vos décisions.
Maintenant que je vous ai prouvé à quel point je trouve ce jeu intéressant (le jeu de plateau), passons à ce qui fâche. En effet, toutes ces joyeusetés aptes à flatter les plus aguerris des rôlistes ne peuvent masquer les défauts de ce titre. Les consoles sont désormais capables d’afficher de magnifiques graphismes, mais à part certaines textures maîtrisées comme le métal ou le tissu, le tout manque de finition. Les animations des joueurs sont toujours aussi rigides et maladroites, même les cheerleaders et leurs danses désarticulées font peine à voir et semblent être repompées des épisodes précédents. J’en viens presque à regretter l’antique Battle Chess et ses affrontements désopilants entre les pièces du jeu, tant les animations de plaquage sont ridicules et minimalistes. Certaines textures tardent à charger et le tout fait plus penser à un remaster qu’à un véritable nouvel épisode.
En ce qui concerne l’IA de votre adversaire, elle est particulièrement à la ramasse et l’une de mes sessions de jeu a d’ailleurs été plombée par l’absence de réaction de celle-ci. Même le didacticiel comporte certains bugs de sélection de personnage qui affecteront votre expérience. Comme dit plus haut, l’absence de certaines races présage une profusion de DLC et la présence de Malepierre (même le nom annonce la couleur), monnaie disponible en échange de votre argent, ne prouve que l’intérêt réel de ce troisième épisode : ils ont besoin d’argent.
Carton rouge
Quoi de plus engageant que d’avoir une version d’un jeu de plateau qui calcule pour vous les probabilités de réussite de vos actions ou la gestion de votre équipe sans avoir à recourir à pléthore d’accessoires. Cependant, le gamer est en droit d’attendre une expérience vidéoludique intéressante, ce qui n’est plus le cas avec cet opus qui reste sur ses acquis de l’épisode précédent. Loin d’être une totale déception, Blood Bowl 3 est à l’image d’un jeu de société : inutile à jouer seul mais parfait pour s’amuser entre amis. Heureusement, le jeu en ligne est possible, mais il faudra passer outre le minimalisme des phases de jeu.
Note
12/20
Le joueur est en droit de se demander si un nouvel épisode était nécessaire tant celui-ci n'apporte rien de plus que les jeux précédents et ampute même certains aspects. Le mode solo n'est qu'une pâle excuse pour enchaîner les matchs avec des enjeux au final peu emballants. La force de ce titre ne résidera que dans le compétitif contre de vrais joueurs, que ce soit en ligne ou avec un ami à portée de main (ou de bottine !) si on arrive à passer au-dessus de la réalisation maladroite et datée. Un mauvais jeu vidéo qui adapte un excellent jeu de plateau, ce qui le sauve d'être remisé au placard directement.
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