Anthem

Anthem

Un thème

Vous connaissez tous Bioware dans l’assemblée ? Ce célèbre développeur spécialisé dans le RPG, connu pour entre autres Baldur’s Gate et Star Wars Kotor mais aussi Dragon Age et Mass Effect depuis son rachat par Electronic Arts, nous a dévoilé une nouvelle licence à l’E3 2017 lors de la conférence Electronic Arts. Cette nouvelle licence est bien entendu Anthem, le jeu qui nous intéresse aujourd’hui. Je me souviens avoir été assez hypé par son annonce, voir ces personnages en armure très Starkienne évoluer librement dans des environnements à couper le souffle – que ce soit par leur beauté ou leur taille – avait vraiment de quoi éveiller la soif d’aventure des joueurs avides de science-fiction. N’ayons pas peur des mots, après un Mass Effect Andromeda en demi-teinte, le studio semblait avoir repris de sa superbe, en poussant le gameplay unanimement salué pour sa mobilité et sa nervosité de Andromeda dans ses derniers retranchements.

Anthem est donc un TPS en ligne où des escouades de quatre joueurs – appelés Lanciers – s’élanceront à bord de leurs armures de combat Javelin à l’assaut de nombreuses quêtes venant faire évoluer une intrigue dont Bioware a le secret. Le jeu est pensé pour être joué en escouade, avec quatre classes de Javelin bien distinctes venant compléter la versatilité des escouades. On y retrouve le Commando, classe « de base » assez polyvalente ; le Tempête qui fait pour ainsi dire office de mage dans l’équipe ; l’Intercepteur aussi fragile qu’agile, véritable canon de verre et enfin le Colosse, authentique tank à conseiller aux joueurs pour qui subtilité rime avec poing dans le nez. Ces armures de combat sont au cœur de l’expérience et seront personnalisables à l’envi – que ce soit esthétiquement ou au niveau de l’équipement offensif et défensif – afin que chaque joueur puisse y trouver son compte.

On t’aime

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on prend plaisir à partir au combat à bord de son Javelin, grâce à un gameplay rodé reprenant les bases posées par le Jump Pack de Andromeda. D’une simple pression sur le stick gauche en plein saut, notre Javelin va s’envoler façon Iron Man et la sensation de liberté offerte par les séquences de vol est particulièrement grisante. On s’amuse très rapidement à jouer avec l’altitude et la vitesse ou encore à traverser les cascades et faire du rase-mottes à la surface de l’eau pour gérer la surchauffe de notre réacteur dorsal jusqu’à ne plus faire qu’un avec notre environnement. Même rivée au plancher des vaches, notre armure de combat est très mobile et les affrontements dégagent un sentiment de puissance, décuplé par les armes secondaires : grenades à effets divers, roquettes au poignet, les rixes auraient tout à fait pu être dirigées par Michael Bay ! Chaque Javelin dispose également d’une capacité Ultime dévastatrice, dont l’utilisation remplira complètement les jauges de bouclier et d’armure (la barre de vie en somme) de notre personnage. À part les fusils à pompe faisant plus Nerf que Shotgun, la prise en main du jeu est assurément le meilleur point de Anthem et offre un feeling particulièrement grisant : nos personnages sont équipés d’armure de combat et cela se ressent !

Les phases de jeu sont divisées en deux segments principaux : les missions se jouant en escouade dans le monde ouvert du jeu – également visitable en expédition libre durant laquelle se déclencheront divers évènements – et les phases en solo dans Fort Tarsis, le Hub central de Anthem, en reprenant de fait le schéma adopté par Destiny avec un petit twist d’inversion : ici, les missions se joueront en TPS tandis que le Hub nous verra évoluer en vue à la première personne. Malheureusement, les déplacements dans Fort Tarsis pèchent un peu par un manque de dynamisme et ce même si un patch est rapidement venu permettre aux joueurs de courir dans ses couloirs. On a tendance à rapidement se perdre dans ses couloirs en cherchant les PNJ donneurs de quêtes afin d’avancer dans l’aventure – une errance d’autant plus renforcée par l’impossibilité de poser un marqueur sur la carte pour suivre une destination bien précise, que ce soit à Tarsis ou en exploration. Dans ce Hub, il est possible de taper la discussion avec plusieurs PNJ, ce qui ne manquera pas de nous rappeler les séquences sur le pont du Normandy dans Mass Effect. Hélas, les personnages sont globalement moins charismatiques que ceux rencontrés lors des aventures de Sheppard, et les dialogues sonneront bien souvent creux. Alors que les jeux Bioware sont réputés pour l’écriture de leur scénario et de leur lore, autant être sincère : Anthem sonne presque comme une caricature du studio.

Alterne

Et cela peut s’expliquer assez facilement : Anthem est un jeu posé le cul entre deux chaises. Comme la plupart des jeux connectés d’aujourd’hui, il se veut Game as Service et repose sur son noyau de jeu multi, au détriment de sa narration. Jouez-y avec des potes et ce sentiment sera d’autant plus fort : la hâte de retourner au combat avec ses frères d’armes fait que les retours à Fort Tarsis entre chaque mission deviennent rapidement pénibles et – chose pourtant impensable quand on évoque un jeu Bioware – on a vite fait de ne pas prêter attention aux dialogues et à les passer si possible. On y retrouve pourtant cette marque de fabrique propre au studio, avec un Codex fourni venant présenter le monde du jeu et les évènements l’ayant conduit jusqu’à la situation présentée dans l’intro de Anthem, et des PNJ avec leur propre histoire développée à travers des phases de dialogues à choix multiples sauf que contrairement à un Dragon Age ou à un Mass Effect, on comprend rapidement que ces choix sont purement anecdotiques et n’auront aucune influence sur le déroulement du jeu – la preuve, ils n’apparaissent la plupart du temps que dans des dialogues optionnels à côté desquels on peut tout à fait passer.

C’est vraiment déroutant de se dire que le jeu auquel on est en train de jouer nous vient des papas de Baldur’s Gate mais que le tout fonctionne bien mieux comme défouloir entre amis, et au diable la scénarisation épique dont Bioware a le secret : ici, l’épique, c’est au combat qu’on le ressentira ! Pas d’inquiétude si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure « seul » : un service de matchmaking assez efficace vous attribuera d’office des équipiers, et force est d’admettre que jouer avec des inconnus ne pose ici aucun problème. Effectivement, on peut remercier la communauté Anthem qui a tendance à jouer le jeu de l’escouade : nous ne sommes pas dans Apex Legends dieu merci ! (oui, ceci est un coup de gueule complètement hors sujet adressé aux mecs qui se la jouent solo dans un jeu pensé pour être joué en équipe, passons) Anthem encourage le jeu en équipe en allant jusqu’à téléporter les joueurs un peu trop en retrait pour les faire rejoindre leurs camarades, ce qui est une « fausse bonne idée » tant parfois il suffit d’être un mètre derrière les autres pour voir s’afficher un écran de chargement qui nous replacera au coeur de l’escouade, et les temps de chargement c’est assurément le principal point faible du jeu ! Ils sont assez conséquents (parfois jusqu’à cinq minutes montre en main) mais surtout ils sont particulièrement nombreux : imaginons que vous lancez le jeu pour vous faire une partie. Vous allez avoir un premier temps de chargement pour lancer le jeu, ensuite un temps de chargement pour vous connecter aux serveurs et arriver sur Fort Tarsis. Le temps de choisir une quête, un temps de chargement pour arriver à l’écran de Matchmaking, puis un dernier pour la route afin de lancer la mission et envoyer les joueurs dans la zone de jeu. Même simplement se rendre dans le menu Forge, consacré à l’équipement de votre Javelin, entraînera deux temps de chargement. Jouer à Anthem prend définitivement du temps, malheureusement pas toujours pour les bonnes raisons…

L’avis d’Aerticum

J’ai vu en Anthem, lors de sa présentation à l’E3, un jeu à la réalisation et à l’univers grandiose. Tout y était démesurément beau et le gameplay avait l’air fou et jouissif. Si ce dernier point ne nous a pas déçus, c’était seulement pendant les quelques premières heures de jeu, avant qu’énormément de défauts ne viennent nous gâcher le plaisir.

Comme il a déjà été souligné, Anthem est fun et nerveux, les explosions sont grisantes et la sensation de survivre à un raz-de-marée d’ennemis est satisfaisante grâce au maniement extrêmement fluide de notre javelin. Sauter, écraser, planer, voler… tout est dynamique et bien pensé jusqu’au système de combo. Certaines compétences affecteront l’état des ennemis qui, s’ils sont frappés avec le bon élément par vous-même ou un allié, lui infligera d’énormes dégâts en plus de remplir très vite la jauge d’ultime. Cependant, ces éléments sont fixes, et nous les retrouverons toujours sur les mêmes armes réduisant à peau de chagrin la variété de combinaisons d’armes possibles nous forçant souvent, pour rester un minimum efficace, à garder des équipements dont le niveau est dépassé.

Car c’est là le plus gros point faible d’Anthem. Comme Destiny ou The Division, nous nous trouvons face à un « shooter à loot« . Quand ses deux concurrents s’en sortent avec brio en nous inondant d’équipements, ne nous laissant que l’embarras du choix, Anthem nous frustre au plus haut point en ne nous fournissant que de l’inutile. Inutile soit par un niveau et des statistiques qui ne nous correspondent pas ou par son système d’équilibrage complètement cassé. Depuis le patch 1.03, les points de vie des ennemis et les dégâts que nous leur faisons sont calculés selon le niveau d’équipement. C’est ainsi qu’une arme niveau 1 faisant moins mal qu’une arme magistrale tuera plus vite un ennemi. Nous ne parlons pas non plus de certaines mécaniques liées à des bonus d’équipement qui sont tout simplement inactives.

Le tout reste cependant très amusant à jouer en équipe et comme il a déjà été souligné, le matchmaking remplit très bien son office et les joueurs jouent le jeu, en mission du moins. Les téléportations et les temps de chargement sont moins pénalisants sur PC, les temps de chargement étant relativement rapides (selon la puissance de votre monture). Toutefois, Anthem peut devenir très frustrant si vos amis progressent plus rapidement que vous. On se retrouve alors spectateur d’explosions avec une impression d’inutilité cuisante tant l’équilibrage ne sert à rien.

En bref, Anthem m’a très fortement déçu. Même si des patchs arrivent petit à petit, comme le 1.04 supprimant le temps de chargement vers la Forge, Anthem a perdu un joueur de plus. Avec un jeu sorti trop tôt et un manque cruel de contenu end-game, Bioware aurait dû écouter le développeur de Diablo 3 au sujet des loots et s’inspirer d’Ubisoft et The Division pour le end-game.

Note

13/20

Dommage, voilà tout ce qui me vient à l'esprit en pensant à Anthem. Car le jeu est plutôt bon, et agréable à parcourir que ce soit entre amis ou avec des inconnus commis d'office, grâce à un gameplay nerveux et jouissif. Malheureusement, trop Game as Service pour être un bon Bioware et trop Bioware pour être un excellent Game as Service, le petit dernier du studio - paradoxalement - ne décolle jamais vers l'excellence et se contente d'être un bon jeu, étouffé par ses ambitions.

Réactions

  • Gr0Bill le 29/03/2019

    J’ai pas été spécialement hypé par Anthem, et heureusement. Cette mode du Game As Service te rend toujours  » insatisfait  » tant que t’as pas tout acheté la plupart des skins. Si je paye un jeu le prix plein, j’ai pas envie de me sentir  » paysan  » face à ceux qui font chauffer la carte ble.

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  • acunetix le 01/04/2019

    Mr Mandale, thanks for the article post.Really thank you! Great.

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