Mass effect Andromeda : Le spin-off facile

Mass effect Andromeda : Le spin-off facile

Note préalable : Nous diffusons ce test avec un petit peu de retard pour une bonne et simple raison. En effet, nous avons souhaité nous éloigner de la campagne nauséabonde et de la mode qui dictait presque qu’il était de bon ton de critiquer un jeu même pas encore sorti. Par respect pour vous, nous souhaitions vous livrer un test à tête reposée et donnant une vue d’ensemble de ce que le soft avait à proposer. Ce que vous lirez donc ici ne sera pas un avis rédigé à l’emporte-pièce dicté par le timing du « plus vite c’est fait » rempli de dénigrement à deux francs et ne sera pas d’une affligeante mauvaise foi. Ici, c’est un test à cœur ouvert les enfants.

MASS EFFECT, cette licence à elle seule est un pan entier du monde vidéoludique. Tant aimée que détestée, elle reste, malgré ses défauts évidents, l’un des meilleurs opéras spatiaux du jeu vidéo. Personnages charismatiques, actions héroïques et vrais morceaux de bravoure, cette série de trois titres a changé le domaine du RPG à sa manière.

C’est dans ce cadre où la barre est déjà haute qu’un spin-off voit le jour : Mass Effect : Andromeda. Le postulat du jeu est simple mais pourtant alléchant : envoyer une mission d’envergure pour coloniser la lointaine galaxie d’Andromède. Vous le savez et vous vous en doutez, rien ne se passe parfaitement quand un plan est pourtant bien huilé et c’est là que l’aventure commence, après une stase qui dura 634 ans…

Embarquez avec moi dans le Tempête pour en savoir plus…

Menu à la Kert

Après 5 ans de développement et une communication des plus laconiques (cela se résumait au début à “oui, le jeu existe”, sans plus de précisions), c’est peu dire que Bioware était attendu au tournant par les aficionados de la série – dont je suis – et a bien entendu créé une attente très forte. C’est donc le 23 mars 2017 que débarque le nouveau titre pour la globalité des joueurs. Je dis « globalité », car les abonnés Origin Access eurent le plaisir de découvrir le titre en avance.

Dés le début de l’aventure, nous avons le choix de prendre un personnage prédéfini (soit Sara ou Scott Ryder) ou d’en créer un de nos propres mains. Même si les possibilités de l’éditeur de personnages sont assez limitées, nous ne pouvons pas nier une évolution considérable dans le skin de ces derniers. D’ailleurs, point intéressant mais déjà vu dans Fallout 4, modifier l’apparence de notre protagoniste va créer une variation dans le physique de notre paternel, Alec Ryder. Après cette petite étape qui peut facilement durer plus d’une heure pour les plus chipoteurs d’entre nous, nous nous réveillons de notre stase qui aura duré 634 ans. Arrivé dans cette fameuse galaxie d’Andromède, nouveau foyer pour les races humaines, Asaris, Galariennes et Turiennes, nous nous dirigeons vers l’Habitat 7, la zone de villégiature dédiée aux humains.

Hélas, ces “mondes en or” (autrement dit, parfaits pour subvenir aux besoins d’une colonisation) ne sont pas exactement ce qu’ils auraient dû être ; la plupart sont en effet inhabitables et la mission subit un échec majeur. À peine arrivé dans cette nouvelle galaxie, nous découvrons que le Nexus – sorte de Citadelle à moindre échelle – est arrivé avec 14 mois d’avance, qu’une révolte a eu lieu et que l’instigatrice de l’initiative Andromède, Jien Garson, a été tuée. Dur. Mais ce n’est pas tout ! À l’issue de la mission d’introduction, nous apprenons que : une race inconnue a bâti des bâtiments chelou qui n’étaient pas là au moment du départ de la mission, une sorte de nuage d’énergie pas gentille est venu mettre le bordel et la destruction, la race ancienne a tout laissé en plan et une nouvelle espèce s’est ramenée par intérêt pour les reliques laissées sur place. Ca fait quand même beaucoup.

Avec cette introduction bien dense, nous devons reconnaître que cette dernière est de surcroît poussive et parsemée de dialogues qui frisent bon le Dora l’exploratrice (mention spéciale au personnage de Liam qui est excessivement énervant). Nous nous retrouvons avec des personnages qui débitent des évidences et affichent des étonnements presque niais en moyenne toutes les 3 minutes. Effectivement, ceci aura le don d’en énerver plus d’un et de faire regretter l’absence de l’approche militaire de Shepard. Et c’est ici le point d’importance, l’initiative Andromède est une mission civile qui va découvrir de nouveaux mondes aux antipodes de ce que ses membres connaissent. Je pense que, tout professionnel que j’aurais pu être dans cette situation, je n’aurais pas su m’empêcher de communiquer mon étonnement de la même manière. Pas “pro” donc venant des protagonistes, mais compréhensible au final.

L’introduction s’achève par la passation du rôle de Pionnier à notre protagoniste (Sara ou Scott donc) et le début réel de l’aventure, c’est-à-dire coloniser les planètes et découvrir quel est le but de notre nouvel opposant dans cette histoire, les Kert.

Nomade Sky

La notion de RPG en monde ouvert est ici omniprésente et presque poussée à l’extrême. Nous sommes conviés (voire même poussés dans le dos) à découvrir et explorer de fond en comble les planètes qui nous sont « offertes » grâce au Nomade. Ce véhicule est directement hérité des Mako, sortes de tanks tout terrain. Ici, exit les gros canons pour une configuration visant l’exploration passe-partout. Le Nomade ne dispose donc pas de défense offensive mais comporte malgré tout un bouclier. Qui plus est, ce véhicule peut être configuré en 4 ou 6 roues motrices pour favoriser soit la vitesse, soit l’escalade. Le Nomade sera votre moyen de déplacement principal pendant vos aventures. Il est à noter que le Nomade peut en plus être amélioré en boostant ses capacités de repérage des ennemis, sa vitesse de pointe ou encore la hauteur de ses bonds (qui utilisent des propulseurs ventraux, à nouveau comme dans le Mako). Cependant, si vous veniez à trouver les déplacements trop longs en utilisant les dunes de sables comme tremplin pour le fun (oui, il y en a qui s’amusent), des stations avancées arrivent de l’espace à certains endroits de la carte que vous explorerez. Ces points vont servir de station de ravitaillement, de réparation ou encore de voie rapide. Pratique si vous désirez sauter d’un point à un autre rapidement.

Ces points de déplacement sont d’ailleurs très pratiques au vu des nombreuses quêtes annexes qui se trouveront sur votre chemin. En effet, si la quête principale vous occupera de nombreuses heures, les quêtes annexes sont elles très très nombreuses. Si ces dernières font le sel de tout RPG qui se respecte, elles vont aussi servir à donner plus de corps et de profondeur à l’histoire principale, permettant au passage d’en découvrir davantage sur les histoires des planètes que nous allons explorer mais aussi et surtout d’approfondir notre connaissance de la nouvelle race alliée, les Angaras. L’une de ses éminents membres, Jaal, rejoint d’ailleurs notre petite escouade en tant qu’ « agent de liaison » envers les Angaras. Ces derniers sont très méfiants à notre encontre car les Angaras avaient déjà ouvert grand les bras aux nouveaux belligérants, les Kerts, pour au final finir quasiment en esclavage. De quoi créer une bonne ambiance d’accueil.

Le problème principal de ces quêtes annexes n’est pas qu’elles manquent d’intérêt (de nombreuses sont très profondes, mais loin de la complexité de celles d’un Witcher 3 par exemple) mais qu’elles sont peut-être trop nombreuses et forcent les joueurs à faire des allers-retours presques inutiles. Ici nous tombons dans la plaie type des MMORPG et de leurs quêtes dites « Fedex », autrement dit « va par ici, retrouve-moi ça ». Le souci est que le fait qu’il y ait de si nombreuses quêtes masque parfois la proposition de raisonnement moral qui se cache derrière. Simple exemple sans trop spoiler : sur une planète nous tombons sur des personnages qui ont subi une intervention chirurgicale forcée pour mettre en commun les esprits desdits PNJ. Les instigateurs sont cachés plus loin et se trouvent être d’anciens « scientifiques » de Cerberus, une organisation pro-humaine de la trilogie Mass Effect. Ces derniers utilisent ces cobayes pour créer une IA commune et biologique. Il vous est donc loisible de punir les scientifiques mais cela tuera les cobayes ou alors de forcer les scientifiques à l’exil en soulageant l’esprit des malheureux. Hélas les quêtes de ce genre, intéressantes s’il en est, sont noyées dans la masse.

Ces choix de moralité ont d’ailleurs bien évolué au fil des titres pour arriver à un autre niveau avec ce nouvel opus. Jadis nous avions le choix entre les réponses pragmatiques ou conciliantes. S’en est désormais fini de ce système binaire, ce qui ouvre la porte à de nouvelles possibilités. Arrive le choix du Ton, nous pouvons choisir entre une réponse professionnelle, détendue, logique ou enfin émotionnelle. Chacune de ces réponses va permettre de forger votre personnage à vous. Ce nouveau système a été mis en place pour donner plus de flexibilité au joueur, afin qu’il ne se sente pas « pénalisé » lors de la prise d’un choix ou d’une réponse, même si celle-ci a quand même une grande importance dans le déroulement de l’histoire et de la relation que vous aurez avec vos petits copains de vaisseau.

Avis de Tempête

En parlant de vaisseau, notre Normandy se nomme désormais le Tempête. Cette petite frégate a des fins purement d’exploration et donc, comme pour le Nomade, ne dispose d’aucune arme mais a la possibilité de se poser directement sur une planète, ce que le Normandy avait plus de mal à faire compte tenu de sa masse. Mais, à l’instar du vaisseau du commandant Shephard, le nôtre est rempli d’autres personnages divers et variés qui vont animer le vaisseau à coups de tranches de vie ou de discussions philosophiques. Bien entendu, nous aurons aussi la possibilité de nous lier d’amitié avec ces derniers (voire plus si affinités) et de remplir avec eux des missions de loyauté. Ces nouveaux compagnons sont pour la plupart non militaires et ont des attentes vis-à-vis du comportement du Pionnier à leur égard.

Dans le Tempête nous trouverons aussi différents labos où nous pourrons concevoir nos armes et autres armures pour ne pas partir à la bataille avec un équipement de forain. Pour fabriquer ces différents éléments, nous allons devoir utiliser des minéraux rares que nous pourrons trouver grâce au Nomade, en les ramassant directement pendant les missions (d’ailleurs, il est possible de récolter de l’uranium à la main, comme ça, à la cool) ou enfin en scannant une planète avec le vaisseau. Ce scan est d’ailleurs hérité directement du gameplay de la trilogie Mass Effect.

Du point de vue du Gameplay avec un grand G, ce nouveau titre ne peut pas nier ses origines et se revendique Mass Effect dans l’âme. Si les nouveaux opposants n’ont pas la stature des Moissonneurs, l’Archonte (qui est le grand méchant de l’histoire) a un côté vraiment effrayant dans ce qu’il fait subir aux populations du secteurs Héléus. Pour l’affronter, nous avons donc un panel d’outils très sympathiques dont un qui vous sera utile dans toute situation, le scanner. Tournevis Sonique dans l’esprit, le scanner sera à dégainer à tout moment. On vous le réclamera à cor et à cri, tout le temps… yes, we scan. Et c’en est parfois énervant. Autre point lié cette fois-ci à l’histoire même : la gestion des profils. Si dans les origines de Mass Effect nous pouvions choisir si nous étions un soldat, un ingénieur ou un biotique et ainsi influencer notre façon de jouer, ici un tour de passe-passe scénaristique fait que nous pouvons désormais changer de profil en cours de partie et de ce fait nous adapter à la situation. Qui plus est – un autre aspect hérité de la trilogie – nous allons accumuler de l’expérience qui va nous permettre de distribuer des points dans les différents profils et ainsi débloquer de nouvelles capacités. Enfin, la présence d’un propulseur dorsal va désormais ajouter de la verticalité aux phases d’action. L’ensemble des possibilités permet d’enlever la rigidité qui existait sur les précédents opus, les combats s’en trouvent dynamiques et rythmés.

Pour finir, laissez-moi aborder le moteur Frostbite, et surtout les décors et environnements qui en découlent. Vous aurez le plaisir de découvrir au moins 6 planètes complètements différentes. Les décors sont souvent riches et très bien détaillés. Nous comprenons d’ailleurs pourquoi le jeu requiert une configuration costaude pour tourner sur PC. Nous nous prenons vite à nous balader pour le fait de se balader à bord du Nomade, à regarder les créatures gambader et se taper dessus, à observer l’effet du vent sur les dunes d’Eladeen… Le jeu est franchement beau et mérite vraiment qu’on s’y intéresse car outre les considérations techniques concernant les animations faciales, nous pouvons reconnaître que Bioware maîtrise pleinement le sujet du visuel. Si les rendus en intérieur peuvent parfois paraître « baveux », l’ambiance Mass Effect est très présente de par l’utilisation d’assets qui viennent des titres précédents. C’est une grande force qui permet vraiment de se dire « je suis dans un Mass Effect ».

Note

15/20

Le jeu se revendique de la lignée Mass Effect et dispose des mêmes gènes : Andromeda est indéniablement un Mass Effect. Hélas il souffre de nombreux défauts qui en font un spin-off facile. Les personnages manquent tous de ce petit côté « Badass » qui permettrait vraiment d’en faire des icones comme Shepard avait su si bi en l'être. Qui plus est, la technique graphique pour les visages est nettement en deçà de ce qu’on attend d’un jeu sorti en 2017 et le studio Bioware savait qu’il était attendu et observé par les fans. Cependant, le jeu se veut très riche et offre aux nouveaux venus une porte ouverte pour découvrir la trilogie Shepard. ME:A en vaut la peine, et largement.

Réactions

  • Spacecowboy Be le 22/04/2017

    Est-ce qu’on peut espérer une tonne de références et clins d’oeil à la trilogie ? J’ai honte de le dire, mais ce sera un élément déterminant pour que je joue à Andromeda… En fait, je pense que j’achèterais même un jeu de course hippique s’il était blindé de références à l’univers de Mass Effect et à MA superbe Jane Shepard 🙂

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    • Jonathan Walravens le 22/04/2017

      Rassure toi, il y en a. Et même pas qu’a la trilogie mais même vers d’autres symboles de la pop culture (les avengers, entre autre) ou encore à l’actualité. « Make the Krogans great again ».

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    • Spacecowboy Be le 22/04/2017

      Vendu alors ! En espérant ne pas me perdre dans les quêtes annexes molles du genou. Un petit truc pour reconnaître à l’avance les quêtes annexes qui valent le coup ?

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    • Sébastien Elnaör Pilloy le 22/04/2017

      Vu qu’il n’y pas de quête principale, je ne sais pas quoi te répondre :-p
      Si tu as aimé la trilogie pour son scénario et la profondeur des PNJs, ne gaspille pas ton argent avec Andromeda … Achète​ le dernier Halo en occasion, son scénario est plus riche (et ça m’arrache les doigts de dire ça -_- )

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    • Jonathan Walravens le 24/04/2017

      Sébastien Elnaör Pilloy Chaqu’un son avis, personnellement j’apprécie l’expérience et j’ai plus de 100h au compteur dessus. Je lui ai mis 15 car effectivement il n’arrive pas a la hauteur de la trilogie originelle mais dire qu’il n’y a pas de quête principale sans fournir d’arguments, c’est un peu deservir le propos.

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    • Sébastien Elnaör Pilloy le 24/04/2017

      Oui, chacun son avis évidemment. Perso j’en suis à 50h, je me force à continuer car pas mal de gens disent que c’est mieux « après ».
      Je n’ai pas tant besoin de donner d’argument car c’est très subjectif : la quête principale se résume à tuer de vilains aliens et viabiliser des mondes … Où j’en suis en tout cas. Et je fais de mon mieux pour ne pas spoiler ^^’

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  • gazza8 le 29/04/2017

    Merci pour cet article. Le test « vidéo commentée » est une très bonne idée, ça permet de découvrir le début du jeu avec quelques infos (cf. les commentaires du testeur).

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