Jurassic Word Evolution – Dépenser en comptant

Jurassic Word Evolution – Dépenser en comptant

Le dinosaure et l’homme, deux espèces séparées par… un grillage électrifié de 10 centimètres d’épaisseur viennent tout d’un coup de se retrouver face à face ! Voici comment nous pourrions réécrire les propos de ce cher docteur Alan Grant si le parc avait fonctionné il y a 25 ans et c’est ce que nous propose Jurassic World Evolution en nous mettant aux commandes de la nouvelle itération du « zoo » qui vit le jour sous l’appellation « World », sur les ruines du vieux parc dont nous connaissons tous maintenant le destin funeste.

Génétiquement modifié par Frontier Developments (studio des très connus Planet Coaster et Elite Dangerous), JWE est l’héritier de l’historique Jurassic Park : Operation Genesis (2003) qui nous permettait, lui aussi, d’être John Hammond (avec tous les risques que cela suppose). C’est donc en toute logique que nous pourrons retrouver dans cette nouvelle version tout ce qui a fait le succès (pour les fans) du titre de 2003.

Mais qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? King Kong ?

Hold on to your butts

Comme je vous le disais il y a littéralement 10 secondes, c’est Frontier Developments qui est aux commandes de ce nouveau titre blasonné Jurassic World. Si nous pouvons saluer les succès récents du studio en matière de jeu de gestion avec Planet Coaster, ce serait oublier que les lascars sont aussi derrière d’autres titres comme Zoo Tycoon ou encore RollerCoaster Tycoon 3. C’est donc dire qu’ils ont de l’expérience dans le domaine. Et cela tombe bien, c’est ce que promet Jurassic World Evolution.

Nous sommes donc propulsés dans le Muertes Archipelago, aussi connu sous le nom des Cinq Morts, pour permettre à sa sainteté Capitalisme de s’enrichir encore plus au travers des 5 îles et y développer le parc au fil de missions de plus en plus corsées.

Une fois aux commandes du management, vous devrez veiller à ce que vos infrastructures soient correctement tenues, à ce que vos visiteurs s’amusent bien tout en leur évitant de se souvenir qu’ils ont dû hypothéquer leur maison pour leur séjour sur place, mais aussi et surtout à donner du frisson.

Pour ce faire vous avez accès à un panel de bâtiments et de possibilités qui vont vous permettre de sustenter vos visiteurs mais aussi de les faire trembler ou s’émerveiller devant les créatures du passé ressuscitées. Vous devrez donc installer des clôtures correspondant aux types d’animaux que vous voudrez présenter. Faire l’erreur de mettre de simples clôtures fines pour des carnivores risque d’ailleurs de coûter cher à certains de vos visiteurs. Ces animaux devront être « mis en éprouvette » dans des centres de création attenants aux clôtures. Lesdits centres vous permettront de choisir dans une liste de pas moins de 48 dinosaures (DLC et Edition Deluxe inclus) que vous devrez débloquer au cours de vos missions.  Mais débloquer un nouveau génome ne fera pas tout ; il sera nécessaire d’envoyer des équipes de fouilles aux quatre coins du monde pour déterrer ambre et ossements pour vous donner la possibilité d’avoir un génome viable (une fois complété à 50%). Une fois cela fait, vous avez désormais un bébé dinosaure ! Malheureusement, vous remarquerez vite qu’un dino avec le génome incomplet risque de ne pas vivre longtemps ou se fera pénaliser par vos visiteurs parce qu’ils ne le trouvent pas assez « authentique » à leur goût – rha ces traditionnalistes… Un dino avec un génome complet sera bien plus attrayant aux yeux des visiteurs, surtout si, comme le Docteur Henry Wu, vous farfouillez un peu dans leur génome… Mais j’y viendrai !

Du point de vue des infrastructures, nous pouvons en dénombrer trois types : les Opérations, les Visiteurs et enfin les Clôtures. Si les infrastructures pour visiteurs semblent évidentes (restaurants, boutiques, bowling ou encore salle d’arcade), ce sont les infrastructures d’opérations et de clôtures qui sont les plus intéressantes. Au menu des clôtures, nous pouvons en choisir dans une liste de plusieurs types différents, allant des simples dissuasives pour les petits herbivores jusqu’aux murs de bétons géants pour protéger vos « guests » d’un vilain Spinosaurus un peu trop envieux de chair humaine. Nous pouvons aussi trouver dans ce menu Clôtures tout ce qu’il faut pour sustenter vos animaux (mangeoires carnivores ou herbivores), des portes d’accès ou encore des baies d’observation pour donner une vue imprenable sur vos (presque) gentilles bestioles. Pour finir, les bâtiments des Opérations comprennent les centrales électriques, les différents centres de recherche et de développement ainsi que les bâtiments d’intervention rapide héliportée et les rangers. Si ces deux derniers peuvent se ressembler, ils ont une très grande importance : là où les rangers vont intervenir pour tout ce qui est maintenance, réparation de bâtiments ou clôture, ravitaillement des mangeoires et soins aux animaux, l’intervention rapide héliportée, elle, va permettre de mettre à mal les envies gloutonnes d’un dinosaure s’il venait à s’échapper. En arrivant plus vite sur place qu’une jeep d’un ranger, les membres de l’équipe d’intervention vont pouvoir endormir les bestioles que nous pourrons remettre dans leur enclos grâce (à nouveau) à ce centre d’intervention.

Les autres bâtiments importants sont ceux qui vont vous permettre de faire des recherches et ainsi d’améliorer les capacités des bonus que lesdites constructions peuvent recevoir, comme par exemple la centrale électrique qui est éligible aux bonus d’augmentation de production mais aussi de protection contre les coupures. Tous les bâtiments peuvent recevoir jusqu’à quatre améliorations. Ensuite nous avons le centre des fossiles qui va effectuer la recherche et améliorer la complétion d’un génome en décomposant les fossiles trouvés par le service d’expédition archéologique.

Enfin, pour en finir avec les bâtiments, le plus important d’entre tous : les centres de création. C’est dans ces gros enclos (assez ressemblant à celui de l’Indominius de Jurassic World) que vous allez faire éclore vos animaux avant de les envoyer dans leur zone de broutage. Ces bâtiments ont la particularité de vous donner la possibilité de modifier le génome d’un animal pour en augmenter l’attractivité auprès de vos visiteurs. Vous allez, par exemple, pouvoir en changer la couleur de peau (ou d’écaille), en exacerber l’agressivité, les rendre plus résistants aux maladies ou en augmenter la longévité. Hélas, chipoter à leurs gènes va réduire drastiquement la viabilité de l’œuf, qui risque simplement de s’éteindre avant même d’avoir éclos. A contrario, si la maturité est menée à terme, vous récupérez un animal qui plaira aux visiteurs et en augmentera le succès, et donc, de facto, fera décoller la rentabilité du parc.

Rien, dans Jurassic World Evolution, n’est naturel

Faire éclore des dinosaures et les voir gambader ne sera pas l’unique activité du jeu, même si, finalement, c’en est le thème principal. Pour débloquer une île, vous devrez amener celle que vous êtes en train de faire évoluer à 3 étoiles de satisfaction. Cette satisfaction globale est en fait une moyenne entre la satisfaction des visiteurs pour vos infrastructures (divertissement, nourriture, produits dérivés, sécurité, etc.) et celle pour vos animaux (leur bien-être, la diversité, leur authenticité, leur nombre). Vous pourrez d’ailleurs débloquer davantage de bonus si vous atteignez les 5 étoiles, ce qui est plus ardu. Qui plus est, nous devons aussi garder à l’œil les trois pôles principaux du parc que sont le divertissement, la sécurité et la science. Trois représentants vont tour à tour vous donner des missions pour gagner plus de réputation auprès d’eux. Cependant, une mission réussie chez l’un va inexorablement faire baisser la réputation des autres, c’est donc à un véritable jeu d’équilibriste que nous devons nous adonner pour contenter tout le monde. Plus vous gagnerez de réputation, plus vous débloquerez de bonus et d’options ! Cependant, il faut remarquer que si vous venez à délaisser une section, cette dernière risque de se venger et ira jusqu’à littéralement saboter vos installations. Ce qui n’est pas très Coubertin, vous en conviendrez. Malheureusement, c’est ainsi qu’arrive le premier malaise du jeu : devoir sans arrêt sélectionner les missions que vous pouvez techniquement effectuer pour essayer de garder la confiance de tout le monde sans y perdre de plumes. De ce fait, nous passerons notre temps à regarder les animaux mourir, en faire venir de nouveaux, aller ravitailler les mangeoires ou calmer un raptor excité en attendant que le cooldown de distribution de mission soit passé ou que la mission s’accomplisse (par exemple, conserver 3000 visiteurs pendant 3 minutes temps réel).

Hormis cette considération presque scénaristique que nous pouvons encore classer au rang du purisme, il faut avouer que techniquement le jeu en jette. Ce dernier tourne sous le même moteur que Planet Coaster que nous savons capable d’afficher pas mal d’assets sans que la carte graphique ne prenne (trop) cher. Qui plus est, et encore heureux pour un jeu blasonné Jurassic World, les dinosaures sont magnifiquement retranscrits et sont criants de vérité (dans l’univers des films, j’entends). Cela est dû en grande partie au support des studios Universal qui ont fourni à Frontier tous les schémas techniques des animaux ainsi que les samples des cris tirés directement des masters des différents films. De quoi faire frissonner quand le T-Rex pousse son cri emblématique après avoir goulûment avalé une pauvre chèvre qui passait par là. Pareil au moment de voir quatre raptors se rassembler pour taper une causette, qui m’a renvoyé au moins brillant Jurassic Park 3, quand les raptors discutaient le bout de gras pour deviner qui a chopé les œufs.

Bref, le sujet du visuel est très bien maîtrisé par Frontier Developments avec une petite mention spéciale pour les moments où notre parc est balayé par un orage, où nous pouvons voir les visiteurs courir s’abriter, les flaques se former dans les enclos ou encore le cuir brillant des animaux trempés. Un délice visuel. Toujours au rang des détails, les fans pourront aussi saluer les petites références ou autres easter eggs qui sont placés à la vue de tous sans être arrache rétine (Colin Trevorrow, tu devrais prendre exemple). Par exemple, nous pouvons remarquer de la musique espagnole émanant des jeeps des rangers, ces dernières n’étant pas moins que les musiques de Jurassic Park 1 et de Lost World. Dignes des petits gars de chez Frontier, ces easter eggs et ce sens du détail dénotent l’amour du développeur pour le travail qu’il effectue.

Malheureusement, s’il ne fallait que des easter eggs et des dinosaures bien détaillés pour faire un bon jeu, ce dernier serait juste parfait. Cependant…

Le gameplay en voie d’extinction

Jurassic World Evolution se veut jeu de gestion à part entière, qui devrait proposer les mécaniques de jeu que l’on s’attend à trouver dans un soft de gestion… Hélas ce n’est pas le cas. Si JWE fait extrêmement bien le travail du point de vue purement animal, nous sommes loin derrière en ce qui concerne tout le reste. La gestion de l’économie est par exemple réduite à son strict minimum : vous recevez de l’argent et vous le dépensez pour construire des structures ou faire éclore des dinos. Point. Rien de plus. Nous nous attendrions pourtant à trouver un système d’emprunt à taux variable à une banque ou encore à pouvoir réinvestir dans la promotion du parc via des campagnes publicitaires. Non, rien de cela au programme.

Dans le même registre, nos visiteurs ne sont simplement que des ombres sans désirs ni volontés. La masse s’exprime en pourcentage global dans un unique tableau sans pouvoir (par exemple) isoler un visiteur pour en savoir plus sur son expérience personnelle du parc. S’amuse-t-il ? Comment trouve-t-il la gamme de divertissement au sein du parc ? Nous n’en avons simplement aucune idée. Nos visiteurs sortent de l’hôtel ou du tram suspendu, se baladent sur les allées, et puis c’est tout. Plus étonnant encore, rien n’est prévu en ce qui concerne le point le plus important quand nous parlons d’un jeu de gestion : l’optimisation visuelle des espaces. Pas de décorations, pas de toilettes, pas de statues, de drapeaux, de distributeurs à placer le long des allées ou encore de bancs. Nous nous bornons à placer les enclos, les bâtiments et les allées sans pouvoir ajouter davantage de personnalisation. Le pire, nous assistons à une dégénérescence par rapport à l’ancêtre du jeu, Operation Genesis, qui était à l’écoute de cet élément.

Pour achever cette partie pleine de négativité, j’avais souligné plus haut que parfois nous devions oisivement attendre que la mission s’accomplisse seule, à son aise. En effet, il n’y a pas de possibilité d’accélérer le temps en jeu pour donner un peu de dynamisme. Enfin, pour ajouter une dernière grosse tache sombre sur un tableau qui semblait si idyllique : Isla Nublar. Cette île, si connue par les fans, où se déroulent Jurassic Park 1, Jurassic World et Jurassic World Fallen Kingdom, se trouve être ici le mode « bac à sable » où nous pouvons laisser libre cours à notre imagination débordante grâce à un budget illimité. Le premier étonnement vient du fait qu’on pourrait avoir un mode bac à sable d’entrée de jeu alors qu’il n’en est rien. Nous devrons en effet atteindre au moins quatre étoiles sur cinq de satisfaction sur la première île. L’autre point noir vient du fait que dans un mode bac à sable, si tout n’est pas débloqué, on est relativement limité : vous devrez en effet vous faire l’intégralité de la partie « scénarisée » (comptez donc les 5 îles débloquées, avec au moins les 5 étoiles de satisfaction pour chaque et les trois sections rivales contentes) pour avoir tous les bâtiments et possibilités à votre disposition. Ce n’est ici pas vraiment l’idée qu’on se fait d’un mode un peu artistique où seule l’imagination doit être maîtresse. Ceci est d’autant plus navrant quand on sait que ce sont les géniteurs du génial et très complet Planet Coaster qui sont aux commandes de ce titre Jurassic World. Les joueurs ne se sont d’ailleurs pas privés de leur faire remarquer les lacunes flagrantes de leur nouveau bébé.

Note

12/20

Coincé entre fan-service et envie de bien faire, Jurassic World Evolution pourrait cependant révéler toute sa puissance si le développeur, Frontier Developments, tendait l’oreille à sa communauté comme il le fait si bien pour Planet Coaster. Malheureusement, l’ombre d’Universal n’est jamais loin derrière pour imposer ses limitations sous l’égide du « Droit d’auteur ». Jurassic World Evolution est donc, à mes yeux, un bon jeu Jurassic Park (pour sa fidélité à l’ambiance, aux animaux) mais un jeu de gestion dans la moyenne basse de la catégorie (pour son manque de possibilités pourtant nécessaires au genre du Tycoon).

Réactions

  • Mass le 09/07/2018

    Ce jeu qui me donne envie de dépenser sans compter…

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    • Kornelius le 09/07/2018

      Disons que je dirais d’attendre qu’ils étoffent le contenu par des DLCs genre zone aquatique avec Mosasaures ou (ce qui serait top) un DLC Jurassic Park Classic avec des infrastructures qui ressemblent aux bâtiments du premier film. Je continue à esperer que le jeu évoluera (lol) avec une correction de ses gros points faibles de gameplay qui ont éteint mon expérience …

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  • Mass le 09/07/2018

    Oh tu me vends du rêve avec le mode classic ! De toute façon le dépenser sans compter ce serait acheter un nouveau pc donc oui, logiquement ça attendra un peu. Je me tâte vachement à le prendre sur ps4, en attendant j’ai ressorti Operation Genesis ^^

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