Fire Emblem Heroes – Kingdoms on fire

Fire Emblem Heroes – Kingdoms on fire

À peine deux semaines après son annonce (voir ma brève du 18 janvier 2017), voilà que débarque sur mobile (Android et IOS, sorry les Windows Phone) le troisième jeu mobile de Nintendo : Fire Emblem Heroes. Je ne vais pas vous cacher que j’ai compté les jours jusqu’à la date de sa sortie (le 2 février) et que j’avais déjà précommandé le jeu sur les stores (il est gratuit mais je voulais le télécharger dès qu’il serait disponible). Vous avez compris que j’étais fan de la licence de Nintendo et que j’ai fait tous les épisodes sortis à ce jour en Europe. Pour ceux dont ce nom n’évoque rien (et je sais qu’ils sont hélas nombreux), les Fire Emblem sont des jeux de stratégie au tour par tour gratinés d’une couche de jeu de rôle dans un univers heroic-fantasy. Il n’y a pas vraiment d’histoire continue donc pas de héros récurrents mais la marque de fabrique de ces titres, c’est la qualité scénaristique, la complexité, la variété des tactiques proposées au joueur et le fait qu’une fois qu’un de vos soldats est mort, ben il l’est pour de bon.

Alors comment retranscrire sur un écran de smartphone un champ de bataille avec la complexité du relief, des armes et des classes de soldats ? Le choix des développeurs (Intelligent Systems) est d’organiser des affrontements 4 contre 4 sur une grille unique de 8×6 cases. Honnêtement, c’est pas folichon sur le papier mais cette contrainte n’a pas empêché le succès critique et commercial des jeux de ce genre sur mobile comme Terra Battle, Chain Chronicles, Granblue ou encore Tales of Link, quatre chefs d’œuvre du JRPG mobile réalisés respectivement par Mistwalker (dont le fondateur est Hironobu Sakaguchi, le créateur de Final Fantasy, NLDR), Sega, Cygames et Bandai Namco. Vous comprenez que Big N exploite un filon déjà bien usé au pays du Soleil-Levant par des firmes rivales et que par conséquent Fire Emblem Heroes doit à la fois convaincre les néophytes, les fans du genre sur mobile et les afficionados de la série sur consoles. Bref à tête reposée, on se dit que le jeu mobile de Nintendo doit vraiment assurer car après la déception de Miitomo et un Super Mario Run mi-figue mi-raisin, l’erreur n’est plus permise.

Un histoire emblématique ?

Bon comme vous l’avez lu plus haut, l’histoire des Fire Emblem est l’un des points forts de la série. Honnêtement ce n’est pas tellement le background historique qui est la partie la plus savoureuse, se résumant à la lutte d’un petit royaume contre un empire, ce sont les rebondissements et les alliances inattendues qui en font tout le sel, surtout que ceux-ci sont superbement bien retranscrits sur le champ de bataille. Mais commençons par le speech de base soutenant la trame de l’intrigue mais aussi la raison d’être de la présence de plusieurs personnages des titres précédents de la licence.

Deux nations du continent de Zénith s’opposent : le paisible royaume d’Askr et le tyrannique empire d’Embla. Le joueur accompagne les Gardiens d’Askr dans leur quête contre l’empire d’Embla, qui a pour dessein de conquérir les autres mondes de la série Fire Emblem afin d’étendre sa domination. Les nouveaux héros se prénomment Alfonse et Sharena, le prince et la princesse du royaume d’Askr, également Gardiens dudit royaume, qui ont pour objectif d’arrêter Veronica, la princesse de l’empire d’Embla. Pour ce faire, ils vont faire appel au grand invocateur (vous) pour faire venir des héros légendaires dans leurs rangs, libérer les royaumes sous l’emprise de l’empire et à terme le défaire.

Vous voyez déjà l’astuce scénaristique pour réaliser un cross-over entre les épisodes de la série : les invocations vous permettent de recruter des têtes bien connues des fans et chaque royaume à libérer est un clin d’œil à un épisode de la saga. En effet Veronica lie par contrat les royaumes conquis et le seul moyen de les en libérer, ce n’est pas devant le tribunal du commerce mais par le jugement de Dieu, en battant leur armée comme le précédent propriétaire.

C’est pas très original mais, comme je le disais, le background c’est bien, la trame narrative c’est mieux. Et étant arrivé à la fin du mode histoire (en mode normal, je vous le concède), ben c’est encore moins brillant que le contexte historique. Un petit dialogue de temps en temps et on vous annonce la couleur d’une éventuelle nouvelle campagne avec un personnage de Askr qui aurait disparu mais pas de retournement de situation ou de vraie grosse bataille avec plusieurs rounds. Tout au plus à un moment le général adverse vous provoque en duel et votre leader se retrouve temporairement isolé avec lui pour un affrontement mano a mano. Je ne vous cache pas ma déception à ce niveau-là alors que le précédent Fire Emblem Fates sorti sur 3DS avait à l’écriture Shin Kibayashi, l’auteur de Get Backers et des gouttes de Dieu, excusez du peu, mais bon les développeurs avaient sans doute épuisé tout le budget pour le scénario précédent… Et ne me dites pas qu’on ne peut pas avoir une histoire de qualité sur mobile, les quatre jeux que j’ai cités plus haut ont tous des scénarios trépidants au point que deux d’entre eux ont généré des dessins animés (Chain Chronicles et Granblue) diffusés en ce début d’année 2017 au Japon.

Qui est-il ? L’histoire ne vous le dira pas…

Qui peut le plus, peut le moins…

Allez ce n’est pas parce que l’histoire n’est pas terrible et racontée platement qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain. Au niveau des mécanismes de jeu c’est assez proche des versions consoles. Il y a la trilogie des armes : l’épée bat la hache, la hache bat la lance et la lance bat l’épée. Certaines unités peuvent en supporter d’autres pour leur donner un bonus de combat mais le relief n’influence pas les combats en termes de dégâts. Heureusement les mini-cartes ne sont pas de mornes plaines et les rivières, ravins ou coulées de laves permettent aux archers, magiciens ou troubadours de briller, profitant de la lenteur de l’infanterie pour lui infliger à distance de douloureux dégâts. Mais gare aux unités blindées ultra résistantes insensibles à l’artillerie ainsi qu’aux troupes ailées qui n’ont que faire du relief. Voilà vous avez compris qu’il y a de la richesse stratégique et le fait de ne pouvoir aligner que 4 héros par bataille vous forcera à  composer des équipes variées afin de mieux répondre à la situation présente. Cependant le jeu n’évite pas le passage un peu barbant qui consiste à faire monter ses héros de niveau et propose pas mal de missions pour ce faire :

  • la campagne du mode histoire dont chaque stage est décliné en 3 niveaux de difficulté : normal, difficile et expert;
  • le mode entraînement qui vous permet d’obtenir des bonus dont des cristaux permettant de faire monter de niveau des troupes alignées sur le champ de bataille;
  • les duels vous permettent d’affronter des équipes d’autres joueurs dirigées par l’intelligence artificielle et de gagner aussi des bonus intéressants;
  • les missions sont renouvelées toutes les 48h afin que vous puissiez recruter de nouvelles troupes.

Pour gagner de l’expérience faites votre choix !

Attention si le niveau de puissance de vos héros est largement au-dessus du challenge proposé, vous ne gagnerez pas d’expérience (no pain, no gain).
Alors à part le mode mission pour avoir une nouvelle recrue, souvenez-vous que vous êtes le grand invocateur et que vous pouvez donc convoquer un héros en échange d’orbes de puissance, lesdites orbes s’obtiennent soit en finissant un stage du mode histoire soit tous les jours en visitant votre base. Les héros invoqués ont tous un rang allant de un à cinq étoiles. Les 5 étoiles sont un peu l’euromillions du jeu car ils représentent 3% des invocations, mais en avoir un ou deux dans ses rangs peut vraiment faire basculer le cours d’une bataille, tellement ceux-ci sont puissants à tout niveau (attaque, défense, mouvement et capacités).

Le management de vos troupes est aussi important car vous pouvez certes composer des équipes variées mais en échangeant des points d’action gagnés lors de la mort d’un adversaire, vous pouvez améliorer les compétences d’un personnage voire en gagner de nouvelles, un aspect non négligeable croyez-moi. Et si vous avez eu au tirage deux fois le même personnage, vous pouvez augmenter son rang contre certaines ressources (les fameuses plumes) afin qu’il devienne bardé comme un général soviétique.
En résumé même si ça a l’air complexe raconté comme ça, tout joueur de la saga va trouver cela basique ainsi que les fans du genre du mobile : pas de possibilité d’avoir des enfants, pas de compagnons de bataille, peu d’interactions avec les personnages adverses ou l’environnement du champ de bataille (vous pouvez péter des murs quand même mais pas de coffres ou de portes), pas de possibilités d’utilisation d’objet en cours de bataille, une gestion des troupes assez simple basée principalement sur le tirage au sort de vos héros, … Ma dernière remarque sur le gameplay porte sur un bémol de l’utilisation du tactile : déplacer ses troupes et les faire attaquer ne pose aucun problème quand il s’agit de combats au corps à corps mais pour l’artillerie (magie ou flèches), là c’est différent, vous devez parfois reculer avant d’attaquer, ce qui donne une manipulation pas très logique entraînant parfois l’échec de la manœuvre et donc la mort. Bref ce n’est pas mauvais comme panel d’actions offert au joueur mais c’est basique, voire trop basique…

Le hall d’entrée de votre base (aussi upgradable)

 C’est de ses erreurs qu’on apprend…

Passons vite le côté technique qui est impeccable. Graphiquement c’est beau même si l’esthétisme « Chibi » (enfantin) des champs de bataille pourrait en rebuter certains, les animations sont fluides et les images fixes finement dessinées. Les musiques sont correctes et les doublages ne sont qu’en anglais si vous choisissez la langue du jeu en français (pas de voix japonaises sauf si vous indiquez que vous voulez tout le jeu en japonais, textes compris, au début). Petite remarque qui vaut hélas pour tous les jeux Nintendo sur Android : réservez 700 mégaoctet de libre sur la mémoire interne du téléphone car même si le jeu est « déplaçable » sur votre éventuelle carte SD, il est impossible de mettre les données du jeu (les 700 Mo en question) sur celle-ci (ce qui est un comble, car Hearthstone lui arrive bien à mettre ses 3 Go sur un support extérieur).

Ne boudons pas notre plaisir, c’est assez joli.

Terminons ce test par les deux points qui m’ont laissés perplexe et qui sont intrinsèquement liés dans ce genre de jeu : la durée de vie et le modèle économique. Comme vous l’avez lu plus haut j’ai fini le mode histoire et j’ai réussi cet exploit en 4 jours, et ce en jouant de manière modérée et en exploitant toutes les ficelles mises à ma disposition. Il y a 9 royaumes décomposés en 5 batailles pour en conquérir un (donc 45 batailles composent le mode histoire). Se lancer dans le champ de bataille requiert des points d’endurance et vous en avez 50 en début de partie, ceux-ci se régénérant à hauteur d’un point toutes les 5 minutes. Les premières batailles requièrent 1 point d’endurance alors que les dernières 12. On vous donne des potions au terme de certaines missions ou parfois au début d’une nouvelle journée, ce qui vous permet d’éviter d’attendre un peu plus que 4h pour que l’ensemble de vos points d’endurance se régénère. Honnêtement si vous gardez la même équipe qu’au début du jeu vous progresserez en mode normal sans souci jusqu’au sixième royaume. Après ça se complique, vous pouvez utiliser vos précieuses orbes de puissance comme continue une fois défait, sachant que tout le monde revient gonflé à bloc pour achever les derniers survivants, ce que j’ai fait parfois. Mais vous pouvez aussi refaire des niveaux déjà réalisés dans un niveau de difficulté plus relevé pour faire monter de niveau votre équipe de choc et leur apprendre de nouveaux tours. Le jeu est un free-to-play (gratuit avec des éléments payants) et le modèle économique vous propose d’échanger votre argent réel contre des orbes de puissance ou des potions qui requinquent votre endurance. Mais je ne comprends pas bien le calcul de Nintendo car j’ai fini l’histoire du jeu et les différents modes en 4 jours sans utiliser un de ces subterfuges, ce qui veut dire soit que je suis un dieu (qui tousse dans la salle ?) soit que le système économique est mal calibré (hélas plus crédible)…

Le modèle économique en une image

En conclusion Fire Emblem Heroes n’est pas un mauvais jeu mobile mais il n’est pas très original et ne rend pas justice à la prestigieuse saga dont il porte le nom. Sa seule planche de salut pour éviter de sombrer dans l’oubli, c’est la potentielle arrivée de missions annexes prévues dans le mode histoire (mais inaccessibles) et d’un mode de jeu encore grisé à cette heure dans le menu des combats …

Note

14/20

Ça me crève le cœur de devoir l'admettre, Fire Emblem Heroes ne sera pas le fer de lance de Nintendo sur support mobile. À part le titre et la présence de personnages emblématiques de la série, on retrouve peu des éléments qui ont fait la renommée de la licence. Certes il y a le cercle des armes et deux-trois babioles mais on est en droit d'attendre une bonne histoire, une durée de vie conséquente et des affrontements titanesques venant de la part de Nintendo. Car la concurrence n'est pas restée les bras ballants, ce ne sont pas les 2.6 millions de téléchargements de Terra Battle depuis son lancement en 2014 qui me contrediront. Allez Nintendo, vous êtes sur la bonne voie mais offrez aux joueurs mobile un titre qui les fera rêver comme sur vos consoles et s'il vous plaît, étoffez-moi vite ce Fire Emblem Heroes de contenus supplémentaires...

Réactions

  • Lionheart_mike le 06/02/2017

    Perso, je l’ai attendu et je l’ai téléchargé le jour J, je le trouve très chouette à utiliser, bien que j’aurai aimé des armées un peu plus conséquente (10 unités aurait été un bon compromis).

    Pour le moment, je n’ai pas encore fini le mode histoire mais j’aime bien l’option des duels entre autres joueurs c’est relativement sympa.

    Etant principalement un joueur de Dokkan Battle, je trouve ce Fire Emblem Heroes tout aussi réussi !
    Et entre nous, c’est quand même bien plus prenant que l’idiotie de Mitomo qui m’a amusé une journée (et encore….).

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  • Mass le 12/02/2017

    Je suis pour ma part complètement convaincu par le jeu : les rixes sont parfaitement rythmées pour faire de courtes sessions régulières, en en faisant un jeu du petit coin idéal. Pas beaucoup d’investissement (en temps de jeu) pour un plaisir de jeu quasi immédiat, le leveling se fait quasiment tout seul, bref une réussite et un produit d’appel idéal vers les « vrais » Fire Emblem, bravo Nintendo !

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    • robocop3000be le 14/02/2017

      Si on prend ce titre comme une entrée pour les néophytes dans l’univers de la série, c’est une bonne entrée. De même pour ceux qui ne joue pas à ce genre de jeu sur mobile. Maintenant même si Nintendo alimente les défis et les quêtes annexes, une fois le jeu fini dans ses 3 modes de difficultés (ce que je viens de faire hier), ben ça devient plus anecdotique. J’avoue avoir hésité quand j’ai mis la note mais après y avoir jouer presque 10 jours de plus une fois l’article réalisé, je pense vraiment avoir viser juste, le jeu est pas mauvais, il est trop simple et il faut passer par la case farm pour réussir à vaincre certain adversaire. Le modèle économique n’est pas du tout une contrainte pour le joueur mais si je me met du coté de l’éditeur, je ne comprend pas bien la stratégie…

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