Creative Jam : Not another game jam

Creative Jam : Not another game jam

Nous vous avions déjà dit notre façon de penser sur le cliché du joueur asocial, replié sur lui-même et hermétique au monde qui l’entoure. Alors, applaudissons quand on nous prouve concrètement que nous sommes dans le vrai.

Pump up the creative in you !

« C’est pas une game jam » beugle gentiment l’un des responsables de l’événement. Son cri, il le pousse à un participant dont la langue a fourché. « Euh, pardon, une Creative Jam », rectifie-t-il en continuant la présentation de son projet. Sans doute la fatigue explique-t-elle cette erreur de langage. Il faut dire que, comme ses condisciples, le participant à la barre a 40 heures de « boulot » dans les pattes. Nous, on arrive à peine pour assister à la clôture de l’événement et à la présentation finale.

Dès le vendredi soir et jusqu’au dimanche 15h, les forces créatrices se sont démenées pour donner vie à un concept : la créativité au pouvoir ! L’initiative de ce week-end est à mettre au crédit de l’organisme Creative Valley, qui se présente comme le hub créatif du cœur du Hainaut (Mons-Borinage et Centre). Comme ses semblables dans les autres territoires wallons, Creative Valley vise à encourager la transition d’une économie traditionnelle vers une économie créative. Parmi les organisateurs et partenaires figurent aussi aussi la société montoise de jeux vidéo Fishing Cactus (un moteur régional dans son secteur) et Quai10, le futur centre culturel de Charleroi dédié à l’image animée – dont le jeu vidéo.

La Creative Jam s’est déroulée dans une école, la HELHA. Le lieu se prête donc bien à une ambiance estudiantine. Les tables alignent des bouteilles de bière encore inviolées qui n’attendent qu’un coup de décapsuleur, quelques shorts ne semblent pas avoir remarqué le temps de merde qu’il fait dehors, et ça chahute… mais entre les présentations. Pendant que les participants exposent leur création, tout le monde écoute en bon élève.

Etymologie

Le mot du début

La présentation des projets commence de curieuse manière, presque mystique. La première équipe réunit un graphiste/musicien et un étymologiste. Sur fond de vidéo, le spécialiste de l’origine des mots dissèque le terme « ordinateur » dans une sorte de slam sur les dérivés linguistiques (dont le lugubre « ordre »). Ensuite, le mot « esprit » lui inspire une avalanche survoltée d’étymologie. D’un charisme fort et d’un aplomb étonnant, l’orateur est soufflant. Première salve d’applaudissements. Une Creative Jam et pas une Game Jam, on comprend mieux maintenant.

La taupe salace

Le jeu vidéo n’est tout de même pas exclu, la preuve avec ce concept farfelu. Rappelons qu’au début du week-end, les participants ont pu choisir un thème parmi ceux proposés par des quidams. Dont le thème de la taupe qui a récolté un franc succès. Une taupe qui peut faire n’importe quoi et pourquoi pas… faire sa pute ! Dans un labyrinthe présentant des pièges mortels, une taupe bon chic bon genre doit creuser jusqu’à un périscope avec vue sur… une taupe qui montre son cul. Ambiance estudiantine, vous avait-on dit ! Sur 17 niveaux créés dans un temps record, on se reverrait presque devant un jeu de puzzle érotique sur CPC.

Le prototype de « Niquer au plutaupe » (sic) est déjà en ligne !

Le Jedi en toi

C’est ensuite un padawan seul qui monte sur la scène. Son concept consiste à mettre le joueur dans la peau d’un Jedi. Rendu stupide avec un casque de réalité virtuelle sur la tête, l’apprenti Jedi manie son sabre laser avec son smartphone. Simple, mais technique. Le créateur est allé jusqu’à pallier une carence de son casque en émulant le déplacement latéral à partir des mouvements de la tête. Il a même réfléchi à donner au joueur la conscience de son propre corps en lui reproduisant des membres à l’écran. À vous de contrer les tirs avec votre smartphone-sabre laser !

Jedi

La BD de table

Fabuleux, original et totalement exploitable, le concept suivant est magique. Il prend une forme concrète, celle d’un livre-objet pliable. Déplié sur les quatre faces, il offre à autant de lecteurs une bande dessinée d’une dizaine de pages. Chaque membre de l’équipe a conçu sa propre BD selon son style, mais avec le même héros (la taupe encore !) et un personnage secondaire récurrent. On s’imagine lire sa partie, puis faire tourner le livre pour échanger de BD avec son voisin. Une expérience de lecture de société, en somme. Superbe idée, mise en œuvre par des habitués de game jams traditionnelles. Comme quoi, le jeu vidéo…

BD

Creatuuuure

L’ambition de la Creative Jam était de se faire rencontrer des profils (artistiques) différents et de voir le résultat. Aux côtés de quelques programmeurs et graphistes, il y avait ainsi des compétences diverses : compositeur musical, étymologiste, scénographe, sérigraphiste, gestionnaire de projet, spécialiste en communication, etc. Parmi ces profils inattendus, deux danseurs ont contaminé le projet Creatuuuure (avec plein de « u » en fait). Leur présence se matérialise dans la vidéo de leur équipe filmée dans les caves de l’école. Glauque comme un vieux clip de Prodigy, la performance filmée montre une autre facette de l’art visuel. Une sorte de danse « augmentée » par quelques effets virtuels. Bluffant et quand même drôle à la fin.

Laisse un commentaire

* champs obligatoires