OlliOlli World

OlliOlli World

La team Roll7 revient à ses premières amours avec un troisième opus de sa série OlliOlli. Débutée sur Playstation Vita en 2014, cette série de jeux de skate indépendante s’est rapidement fait une réputation grâce à son gameplay original puisant tout autant dans ce qu’on peut trouver dans les Tony Hawk d’Activision que dans les Skate d’Electronic Arts, mais aussi dans le genre du platformer / runner. En résultait une expérience arcade particulièrement prenante, accessible mais exigeante selon la marotte du « easy to play / hard to master » qui parvenait à dégager des sensations et un plaisir de jeu immédiat, le tout couplé à une direction artistique en pixel art très urbaine et une excellente bande originale electro / hip hop.

Pour ce troisième épisode nommé OlliOlli World, le studio a décidé de revoir sa copie et d’abandonner le style « minimaliste » des précédents opus pour embrasser un style visuel beaucoup plus coloré et détaillé, qui ne sera pas sans rappeler les productions animées de chez Frederator Studios – mais si, vous savez, Adventure Time ! Ce regain d’ambition se répercute sur le gameplay, avec des niveaux beaucoup plus longs que par le passé répartis dans cinq zones thématisées composant le monde de Radlandia qui donne son titre au jeu. Le tout s’accompagne d’une mise en scène scénarisée : contrairement à OlliOlli et Welcome to Olliwood, nous n’incarnons pas un simple skater se lançant à l’assaut des différents spots se dressant sur notre route. Car le skate n’est pas un simple loisir à Radlandia, non ! C’est tout au contraire le pilier autour duquel s’érige la vie de ses habitants; articulée autour d’un culte voué aux cinq Dieux du Skate, et contrairement à ce que le terme dieu pourrait laisser penser, ce ne sont pas des prêtres mais les Mages du Skate qui propagent leur bonne parole et leurs enseignements à tout Radlandia… Encore faut-il s’en montrer digne, et c’est là le but de notre avatar : devenir Mage du Skate.

Autant le dire directement, tout cela apporte une scénarisation très présente, avec énormément de dialogues durant lesquels notre personnage customisable (une première dans la série) fera de nombreuses rencontres qui le feront avancer dans sa quête. Le ton du jeu marque une coupure nette avec le style urbain de ses grands frères et adopte plutôt une bienveillance franchissant souvent les limites de l’infantilisation du joueur, à le féliciter à outrance par le biais des réactions disproportionnées du groupe nous accompagnant. Si vous êtes familier de la série OlliOlli, vous savez à quel point on meurt d’envie d’enchaîner avec la prochaine run, et ces phases de dialogues viennent plomber le rythme. Ironiquement et malgré leurs ambitions scénaristiques, les développeurs semblent s’en être rendu compte car il est possible à tout moment de refuser et passer les dialogues en appuyant sur le bouton « Je veux juste faire du Skate ». Si la principale nouveauté du jeu semble se traîner comme une tare au point que ce dernier nous encourage à l’ignorer, c’est que ça part plutôt mal non ?

Alors là mais pas du tout ! Le jeu se voulant moins minimaliste et forts de l’expérience acquise sur les premiers OlliOlli, les petits génies du département Level Design de chez Roll7 s’en sont donnés à cœur joie ! Les mécaniques de gameplay restent fondamentalement très proches de celles de OlliOlli 2, et les développeurs du jeu en ont profité pour exploiter pleinement les possibilités offertes par leur jeu au moment de créer leurs niveaux. En découlent des parcours beaucoup plus longs, regorgeant d’embranchements offrant challenge et rejouabilité au fil des runs, avec une gestion de l’évolution de la difficulté assez bien dosée au fil des cinq mondes de Radlandia, offrant chacun leur environnement propre. À l’instar des précédents opus, libre au joueur d’aborder le jeu comme un runner ou de finir chaque niveau entièrement avant de passer au suivant : s’il suffit d’atteindre l’arrivée pour pouvoir sélectionner le prochain stage, chaque tracé offre divers objectifs secondaires à accomplir, venant titiller les joueurs les plus complétionnistes en pimentant leurs runs. Bien qu’ils manquent de variété quand on les compare à ceux des précédents jeux, ces objectifs viennent relever le challenge des niveaux. Dommage, pour ma part, qu’ils soient devenus si fantaisistes car j’appréciais beaucoup les objectifs type « fait un nosegrind sur tel rail », mais les objectifs proposés par OlliOlli World ne demandent pas particulièrement de connaître le Tricktionnaire du jeu par cœur en imposant au joueur de réussir certaines manip’ complexes, venant balancer subtilement l’équilibrage des challenges.

Le plaisir est immédiat manette en main, tant la fusion du gameplay et du level design est parfaite. L’action va souvent très vite et le jeu adopte plus que jamais un aspect die and retry contrebalancé par l’apparition de checkpoints – mais les vrais finissent toujours leurs runs en une traite, et le jeu vous récompensera pour cela avec énormément de cosmétiques déblocables pour personnaliser notre skater. Niveau rejouabilité, une fois les mondes retournés, le jeu offre la possibilité de générer procéduralement des stages selon différents paramètres, une option bienvenue même s’il me faut vous prévenir que le résultat sera toujours moins inspiré que les niveaux « artisanaux » composant la campagne du jeu. Le seul vrai bémol viendrait de la direction artistique du jeu et attention, même si je reconnais ne pas adhérer au choix des développeurs d’avoir adopté un ton haut en couleurs flashy, je ne parle pas du fait d’aimer ou non cet aspect visuel mais des quelques soucis de lisibilité de l’action qu’il peut entraîner. Certains éléments des niveaux ne ressortent pas beaucoup du décor et peuvent provoquer une chute venant casser le flow du joueur. Je suis conscient qu’en tant que daltonien je rencontre des soucis que seule une faible partie des joueurs de OlliOlli World subiront, mais à l’heure où de plus en plus de studios prennent conscience de ce problème, je trouve un peu dommage de ne pas avoir pris ce point particulier en compte au moment d’élaborer la charte graphique, en proposant par exemple des filtres adaptés aux différents types de daltonisme comme on peut en retrouver dans de plus en plus de jeux.

Note

14/20

OlliOlli est de retour avec sa formule toujours aussi addictive promettant une bonne dose de challenge et d'adrénaline. Malgré un enrobage qui divisera sans aucun doute les fans de la série, OlliOlli World peut se targuer de pousser l'expérience toujours plus en avant avec un level design maîtrisé de bout en bout, malheureusement parfois entaché de quelques menus soucis de lisibilité. "Je veux juste faire du Skate" !

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