Scarlet Nexus

Scarlet Nexus

Annoncé au printemps 2020 durant l’une des présentations de Microsoft visant à nous faire oublier l’absence d’un véritable E3 « en présentiel », Scarlet Nexus ne manquait déjà pas d’atouts pour intriguer. Produit par Bandai Namco et chapeauté par les têtes pensantes derrière Code Vein, le jeu ne pouvait qu’interpeller par sa direction artistique typée Japanime et son gameplay faisant la part belle à l’action. À la surprise générale, toute la communication autour du titre s’est axée sur son statut de RPG, un genre dans lequel les productions Bandai Namco sont capables du meilleur comme du pire mais qui contraste surtout allègrement avec ce que les premières bandes-annonces laissaient augurer. La présence dans l’équipe de développement de plusieurs producteurs des Tales Of a achevé d’éveiller ma curiosité, et me voici donc face à vous chers lecteurs avec quelque chose d’assez rare pour être signalé : une nouvelle franchise accouchant de son premier épisode dans un genre où les têtes d’affiche sont tellement bien installées qu’on en arrive déjà au seizième Final Fantasy, pour ne citer que lui et en écartant les spin-offs.

Les Autres, à l’apparence familièrement dérangeante.

Avant toute chose, une petite précision. Le test du jeu a été effectué sur PS4, car malgré une annonce en fanfare comme le premier RPG à sortir sur consoles next gen, Scarlet Nexus est également disponible sur PC, PS4 et Xbox One. Malgré un frame rate arrêté à 30 images par seconde, le jeu n’a pas à rougir de sa performance sur l’ancienne garde et ce grâce à l’un de ses principaux atouts : sa direction artistique particulièrement soignée tape juste, et le style graphique qui en découle ne pâtit pas de l’écart technique séparant nos consoles de 2013 de leurs petites soeurs à peine sorties. C’est même fou de se dire que Scarlet Nexus nous vient directement des mêmes équipes que Code Vein, un titre qui manquait d’audace sur le même terrain avec ses personnages et environnements ! La bande originale, signée Hayata Takeda (World of Final Fantasy), alterne avec brio entre thèmes mélancoliques au piano, beat hip hop, cuivres jazzy et mélodies aux sonorités électroniques pour un résultat diablement entraînant. En un mot comme en cent, Scarlet Nexus a de la gueule et il sonne bien !

Yuito Sumeragi, le perso masculin axé corps à corps.

Niveau gameplay, nous avons affaire à un Action RPG très dynamique où nous incarnons en toutes circonstances un seul et unique personnage qu’il nous sera donné de choisir en lançant notre première partie. Que ce soit Yuito ou Kasane, chacun dispose de sa propre histoire et de ses propres embranchements offrant d’entrée de jeu une grande rejouabilité malgré plusieurs segments communs. Cette rejouabilité est renforcée par le gameplay de chacun, car nos deux protagonistes sont des soldats ayant rejoint la BEA, une faction protégeant les habitants de la Terre contre les Autres (de mystérieuses créatures aux designs chimériques se nourrissant de cerveaux humains), et chaque membre de la BEA dispose de capacités psychiques propres. Ainsi, si Yuito et Kasane maîtrisent tous deux le même pouvoir, à savoir la psychokinésie, ils s’en servent chacun d’une façon qui leur est propre, entraînant fatalement une approche des combats bien différente selon le personnage choisi. Cela se traduit manette en main par un gameplay tournant principalement autour de trois boutons : l’attaque physique normale, l’attaque physique spéciale et l’attaque psychokinésique, qui viendra quant à elle puiser dans une barre de « points de magie ». Les attaques physiques permettent, outre d’infliger des dégâts, de remplir cette barre et tout le sel des combats réside dans la gestion de cette réserve psychokinésique en enchaînant attaques physiques et « magiques », avec de nombreuses possibilités d’enchaînement entre elles pour des combos toujours plus longs et dévastateurs.

Kasane Randall, le perso féminin faisant la part belle aux pouvoirs psychokinétiques.

Les combats sont assurément très riches ! Bien qu’il soit le seul personnage à pouvoir être incarné, notre avatar sera accompagné de ses frères d’armes au combat, et il sera possible de faire appel à leurs pouvoirs pour influencer les effets de nos propres attaques à tout moment durant les affrontements via un système de lien mental autour duquel graviteront plusieurs enjeux scénaristiques. Au fil de l’aventure et des combats, notre héros sera accompagné par toujours plus d’acolytes venant étoffer ses possibilités d’effets, un principe largement mis à l’épreuve via un système classique et efficace de forces et faiblesses face à tel ou tel élément, tout en montant de niveau pour débloquer de nouvelles compétences. C’est également en progressant dans l’aventure que nous débloquerons une transformation psychique venant décupler momentanément l’efficacité de notre avatar au combat. À vrai dire, manette en main, on a même parfois plus l’impression d’être face à un beat’em up lorgnant vers le Devil May Cry qu’à un Action RPG, et les rixes trônent fièrement aux côtés de la direction artistique parmi les plus grandes réussites de Scarlet Nexus !

Chaque Autre doit être abordé avec stratégie en utilisant les pouvoirs de nos alliés.

Mais un RPG, même quand il se veut A-RPG, ne peut pas se résumer à ses combats, et on touche là par contre à une série de points noirs qui font que malgré des qualités évidentes, l’aventure Scarlet Nexus ne décolle jamais vraiment. La narration est assez maladroite et manque d’audace. Certes, Scarlet Nexus n’est pas un projet triple A qui tache et n’a jamais été présenté comme tel, mais la plupart de ses cinématiques et dialogues adoptent un système de champ / contrechamp avec des vignettes plus ou moins fixes qui nous donnent parfois l’impression de lire un manga. Malgré quelques trop rares cinématiques en bonne et due forme, la dimension scénaristique de Scarlet Nexus pourrait malheureusement se résumer à celle d’un Visual Novel non assumé qui choisira trop souvent d’approfondir des détails anecdotiques, entraînant une perte de rythme du jeu. L’expérience manque également d’une dimension exploration. Les deux misérables villes composant la partie habitée du jeu sont explorées en une rue et demie, les deux seuls PNJ avec lesquels il est réellement possible d’interagir servent à donner des quêtes secondaires pas bien folichonnes et à acheter des objets ou sauvegarder sa partie, et même les zones de jeu que nous pourrions qualifier d' »explorables » sont agencées en couloir ne laissant que peu de place à l’aventure et faisant la part belle aux combats.

Note

14/20

Pour une nouvelle licence, Scarlet Nexus a de sérieux atouts dans sa manche ! Que ce soit grâce à son système de combat bien dynamique et riche en possibilités ou à sa direction artistique rafraîchissante et décomplexée, il se dégage indéniablement un bon feeling du jeu. Dommage que sa narration et la conception de son monde n'aient pas bénéficié d'autant de soin, car elles finissent à terme par noircir le tableau d'un titre pourtant accrocheur. Gageons qu'en corrigeant ces approximations dans un futur second opus, les développeurs de Bandai Namco parviendront à transformer l'essai et à inscrire leur nouvelle licence au panthéon du A-RPG à la japonaise !

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