Dragon Ball Z Kakarot

Dragon Ball Z Kakarot

On commence tout doucement à connaitre la chanson avec les jeux tirés de la licence Dragon Ball : annonce au printemps, première présentation officielle du jeu à l’E3, sortie en janvier ; ce cycle est appliqué depuis un petit temps déjà. Ainsi, comme Dragon Ball Fighterz et Jump Force (qui n’est pas uniquement basé sur Dragon Ball, mais pour la petite anecdote le contrat conclu entre la Toei et Bandai Namco n’autorise l’utilisation de la licence que dans un jeu par an) avant lui, Dragon Ball Z Kakarot a suivi lui aussi ce timing millimétré. Son annonce a fait son petit effet auprès du public car si d’ordinaire les jeux adaptant le chef d’oeuvre de Toriyama sont des jeux de baston au sens large du terme, Kakarot a été présenté comme une relecture de Dragon Ball Z sous la forme d’un Action RPG en monde ouvert !

Et attention, je ne parle pas d’une relecture façon Xenoverse avec ses voyages dans le temps, mais de la perspective de vivre telles quelles les aventures de Goku et de toute la Z team de l’arrivée de Raditz à la mort de Majin Buu ! Une promesse qui n’a pas manqué d’enflammer la majorité de la fanbase Dragon Ball, une communauté que Bandai Namco a su brosser dans le sens du poil au fil des annonces et des trailers truffés de fan service. Des cinématiques reprenant les moments forts de l’animé au plan près à l’utilisation des bruitages en passant par la bande originale où, pour la première fois, un jeu Dragon Ball arbore les compositions rythmant l’adaptation animée, tout est fait pour rappeler aux fans combien ils ont vibré en suivant jour après jour Dragon Ball, Dragon Ball Z (et Dragon Ball GT, seuls les vrais connaissent sa valeur).

Kakarot est développé par CyberConnect2, un studio qui, s’il est certes réputé pour la série Naruto Ultimate Ninja Storm, est surtout à l’origine de l’excellent et sous-estimé Asura’s Wrath de Capcom. Autant dire que le studio sait y faire pour proposer de la Japanime en jeu vidéo, et pourtant… Loin de moi l’envie de cracher dans la soupe mais dès les premières présentations de gameplay, le jeu me laissait sceptique. Les combats avaient de faux airs de Xenoverse (et ceux qui me connaissent savent bien à quel point je n’aime pas ces jeux), les phases d’exploration du fameux monde ouvert manquaient de mise en avant, ce qui n’est jamais bon signe, et j’ai très vite eu l’impression que ce bel enrobage que Bandai Namco mettait si bien en exergue était la partie émergée d’un iceberg qu’il valait mieux garder caché.

Et nous voici quelques mois plus tard à la sortie du jeu, dans un engouement quasi unanime auprès des fans de Dragon Ball. Je dois bien le reconnaître, en lançant Kakarot pour la première fois, être accueilli par Cha-la Head Cha-la, l’opening de Dragon Ball Z entièrement recréé avec le moteur du jeu, a suffi pour me filer la pêche ! Les premiers instants en compagnie de Goku et Gohan, le tuto du système de combat nous opposant à Piccolo dans les souvenirs de Goku sur fond de reprise orchestrale d’un thème de combat tiré de l’animé, il y a un je ne sais quoi qui se dégage des premiers pas en jeu qui fait qu’on ne peut que passer un bon moment et ce même si les premiers combats laissent déjà deviner des affrontements confus – mais je garde à l’esprit que c’est un Action RPG avant toute chose.

Comme le laissaient présager les vidéos de gameplay, le jeu ressemble bel et bien à Xenoverse, aussi bien en combat que lors des déplacements en monde ouvert qui rappellent ici les moments d’accalmie et « d’exploration » que l’on pouvait retrouver en mission, mixés avec les déplacements dans le hub central. À même le sol, les déplacements sont assez fluides et intuitifs, il est possible de marcher, sauter et courir. Mais nous sommes dans Dragon Ball, pourquoi marcher alors qu’on peut voler ? Que ce soit avec Kinto’un, le nuage magique, ou tout simplement en volant par ses propres moyens, les différents personnages jouables pourront fendre les cieux lors des déplacements en monde ouvert. Malheureusement, les commandes sont peu intuitives en vol, le stick de droite contrôle la caméra et uniquement cette dernière, il faut penser à jongler avec les deux gâchettes de droite pour gérer son altitude. Les balades aériennes manquent de sensations et pour la petite anecdote, Kakarot m’a rappelé à quel point Anthem avait réalisé un carton plein pour ce qui était des sensations en vol et j’aurais adoré ressentir le même feeling en me rendant chez Kame Sennin !

Le système de combat propose une version simplifiée des mécaniques de Xenoverse. Un bouton pour les attaques au corps à corps, un bouton pour lancer des projectiles de ki, un bouton pour esquiver en se téléportant. On peut aussi charger son énergie et bien entendu se protéger, mais aussi utiliser des objets à condition d’avoir pensé à les équiper. Les attaques spéciales, qu’il faudra choisir parmi une liste qui s’étoffera au fil de l’aventure afin de constituer un panel de quatre techniques à attribuer aux boutons, sont accessibles en maintenant une gâchette. Lorsque les combats se disputeront en équipe, une seconde gâchette permettra de la même façon d’accéder aux techniques de nos alliés pour qu’ils attaquent l’ennemi actuellement verrouillé. Outre les traditionnelles barres de vie et de Ki, deux autres jauges sont à surveiller car elles revêtent une importance cruciale durant les combats.

Nous retrouvons ainsi en toutes circonstances la barre de tension, qui montera plus ou moins vite selon vos performances durant la bataille en cours. Une fois pleine, et à condition d’avoir également une barre de ki complète, il est possible de charger son énergie pour passer en mode tension, qui verra notre personnage disposer d’un buff de statistiques considérable pour une durée limitée. L’autre jauge est dédiée à la coopération avec nos alliés et n’apparaît donc à l’écran que lors des combats en équipe. Chaque appel à une technique en assist fera monter la jauge de coopération de l’allié correspondant et une fois les jauges de tous nos alliés remplies, il est possible de lancer une puissante attaque en équipe qui a la particularité d’être impossible à garder et à esquiver. De gros dégâts gratuits ça fait toujours plaisir, surtout que les boss du jeu ont tendance à être de vrais sacs à PV, c’est donc une mécanique à ne surtout pas négliger !

Les combats sont assez bourrins et brouillons. Pour caricaturer, il suffit de bourrer son adversaire en espérant l’étourdir avant qu’il n’en fasse de même et en profiter pour lui balancer une attaque spéciale puissante comme un bon vieux Kamehameha des familles. L’action devient rapidement illisible quand on attaque plus d’un ennemi à la fois, avec des attaques venant de partout sans pouvoir cerner à quel moment elles vont toucher et donc fatalement louper le timing d’esquive la plupart du temps. Si le constat est dès lors déjà mitigé, la frustration n’en est que plus grande quand des problèmes de verrouillage des ennemis et de caméra qui s’affole à la moindre occasion viennent se rajouter à l’équation.

Mais n’oublions pas que Kakarot est avant toute chose un Action RPG, alors après s’être attardé sur l’aspect action, penchons-nous sur le côté jeu de rôle et monde ouvert du titre ! Dès son introduction, le jeu nous présente une composante intéressante : la cuisine. Il est en effet possible de récupérer divers ingrédients, que ce soit via les « traditionnels » chasse, pêche et récolte ou tout simplement en faisant ses emplettes auprès d’un marchand. Ces ingrédients peuvent être utilisés pour préparer des plats à un feu de camp, ou se faire préparer des repas complets par des PNJ tels que Chichi, afin d’obtenir des buffs temporaires de statistiques plus ou moins efficaces selon les ingrédients utilisés et la consistance du plat. Les protagonistes du jeu vont bien entendu engranger des points d’expérience au fil de l’aventure et monter de niveau. Chaque personnage dispose d’un tableau de compétences à débloquer en payant des orbes récupérés en combat, à chaque montée de niveau et lors de l’exploration du monde ouvert. Ce tableau est disponible aussi bien pour les personnages jouables que pour les équipiers / assists et fera évoluer la Z team à la façon du sphérier de Final Fantasy X.

Belle originalité du titre, il est également possible de faire évoluer notre équipe via les tableaux de communauté. Concrètement, les communautés sont des tableaux de diverses catégories (combat, cuisine, entraînement etc…) affiliés à un personnage : Goku pour le combat, Bulma pour la technologie, Muten Roshi pour le tableau « Adulte » qui touche à l’argent et au commerce, vous voyez l’idée. Au fil des personnages rencontrés dans l’aventure vont se débloquer des emblèmes les représentant. Chaque emblème dispose de son propre niveau de compétence dans chaque communauté, et c’est en fonction de ce niveau qu’il faudra le placer sur tel ou tel tableau… Mais pas que ! Car les différents emplacements de chaque tableau sont reliés entre eux de sorte à créer des liens entre les emblèmes placés. Comme les emblèmes représentent les protagonistes de Dragon Ball et que les événements du manga lient les personnages entre eux, certains plus que d’autres, il faudra prendre en compte ces affinités en répartissant les emblèmes dans les communautés. Piccolo ayant entraîné Gohan, il peut sembler logique de le placer près de ce dernier sur le tableau de combat, mais étant un Namek il peut faire grimper le score de divinité en flèche une fois relié à Mr Popo et Kami sama par exemple. En fonction de son score total, chaque tableau de communauté offrira plusieurs buffs de plus en plus intéressants à notre équipe.

Malheureusement, la promesse de monde ouvert n’est pas vraiment tenue. Le monde de Kakarot consiste plutôt en une quinzaine de zones plus ou moins grandes non reliées entre elles et accessibles via la carte du monde. Les zones visitables sont quand même assez vides, à l’exception des orbes à récupérer qui infestent la zone et viennent constamment briser l’immersion. Dans ces zones, il est possible de rencontrer des PNJ, visiter des villes, chasser et pêcher, manger ou se reposer aux divers feux de camps, s’entraîner aux endroits dédiés pour apprendre de nouvelles techniques et enfin accomplir des quêtes données par des PNJ célèbres de tout Dragon Ball. Ces quêtes sont malheureusement assez banales et vite expédiées. Pire, certaines demandent même d’aller visiter plusieurs autres zones, obligeant donc à passer par la carte du monde et… de longs temps de chargement. Si ces temps de chargement ont déjà été patchés et sont (un peu) moins longs, ces allers-retours transforment les quêtes annexes en corvées. Enfin, même si je reconnais qu’on peut adresser ce reproche à n’importe quel jeu en monde ouvert, elles tombent souvent à plat tant elles n’ont rien à voir avec les événements de la trame principale. C’est symptomatique du RPG, l’archétype du héros qui prend le temps d’aller au casino vu que la fin du monde ne commencera pas tant qu’il n’ira pas affronter le grand méchant, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que Goku n’aurait jamais été aider Nam à ramener des vivres à son village pendant que Gohan était retenu par Radditz…

Nous avons pourtant ici affaire à un jeu Dragon Ball visant à adapter toute la période Z de l’animé, une période bien connue pour ses épisodes fillers. Vous voyez, ces moments situés entre les arcs importants du manga, où des épisodes sont consacrés à des tranches de vie des héros ? Les quêtes annexes rentreraient parfaitement dans cette catégorie, mais Kakarot s’avère être plus une adaptation de Dragon Ball Kai que de Dragon Ball Z au final, et le jeu ne meuble pas vraiment ses moments entre-arcs de fillers alors qu’il nous en balance entre deux combats importants sur Namek. C’est dommage car ça nuit au rythme du jeu, qui prend trop son temps sur les moments sensés être « expédiés » et vice versa. Mais rassurez-vous, niveau fillers, Kakarot n’oublie pas de faire passer à Goku son permis de conduire !

Car s’il y a bien un point où Kakarot frappe fort, c’est dans le fan service ! Il y a à redire pourtant, notamment sur l’utilisation de réarrangements des musiques de Dragon Ball Z. Alors oui, même si ce sont de nouvelles orchestrations des compositions de Shunsuke Kikuchi et pas les versions DBZ, elles font plaisir à entendre et rythment bien les passages où elles se font entendre, mais pourquoi juste une sélection ? Prenons la scène du Genkidama contre Vegeta, non seulement le thème mythique est absent mais la cinématique se passe carrément de musique du coup, pour un résultat diablement moins poignant que dans l’animé – et je ne parle même pas du sacrifice de Piccolo ! La censure a également frappé sur ces pauvres cinématiques, et si je peux comprendre le souhait de cacher le sang comme l’avait fait Dragon Ball Kai, je trouve qu’on va un peu loin quand on en arrive à cacher à tout prix la nudité, au point où Gohan retrouve comme par magie son pantalon après s’être transformé en Ozaru…

Mais je pinaille, dans les grandes lignes le fan service fonctionne très bien et est assurément la plus grande force du jeu. Sa direction artistique rend honneur au travail de Toriyama, l’animation est propre et fluide, aucun doute on est devant Dragon Ball. Des compositions originales viennent accompagner les reprises de l’animé et malgré une ou deux pistes moins convaincantes, la musique du jeu est toujours dans le ton. Certaines compositions parviennent à capturer l’essence de Dragon Ball, d’autres sont dans la plus pure tradition du RPG et se permettront même de rappeler Dragon Quest à nos oreilles. Bandai Namco et Cyberconnect 2 réussissent à flatter les hordes de fans en leur titillant la fibre nostalgique, malheureusement je suis joueur avant d’être fan de Dragon Ball et je n’ai personnellement pas été convaincu par ce que Kakarot avait à offrir en tant que jeu vidéo.

Note

11/20

Dragon Ball Z Kakarot, c'est un peu comme un Mc Do : tu sais bien que ce n'est pas de la haute gastronomie, mais tu prends plaisir à y aller quitte à ce que ça te reste sur l'estomac assez rapidement. Plutôt bien emballé dans un fan service presque irréprochable, le jeu manque de substance une fois sous la dent. À vous de voir si la licence vous fera passer au dessus de ses défauts !

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