Rpg Maker MV : l’éditeur de jeu de rôles sur console de salon

Rpg Maker MV : l’éditeur de jeu de rôles sur console de salon

Kadokawa et Gedica Games nous livrent une version de leur créateur de RPG sur PS4 et Switch. Quand un éditeur clairement optimisé pour une interface clavier-souris passe vers les consoles, faut-il s’attendre à un carnage ? Asseyez-vous confortablement, je vais vous conter une histoire.

Il était une fois

Petit préambule avant que nous nous attaquions à la question principale de la qualité de cette version, je me dois d’établir les bases du test qui va suivre. Tout d’abord, nous sommes en présence d’un éditeur de jeu et non d’un jeu. Je ne pourrai donc pas explorer la psyché du héros principal ni même expliquer pourquoi le méchant est… méchant. De plus, vous êtes en droit de savoir que je n’avais aucune idée de ce dans quoi je me lançais avant ce test, tant je suis passé à côté de la version extrêmement complète déjà disponible sur Steam. Ne cherchez donc pas de point de comparaison, ce n’est pas le but de ce test qui a été réalisé sur la version Switch (je me suis dit qu’un écran tactile allait aider). Maintenant que ceci est dit, asseyez-vous confortablement.

Dans une galaxie lointaine, très lointaine

Dès l’écran-titre, le joueur est invité à l’inévitable tutoriel qui se devra de rapidement vous informer des fonctionnalités incontournables si vous voulez comprendre un tant soit peu la navigation dans les nombreux menus mis à disposition. Le format du tutoriel est très intelligent et bien pensé car il vous place tout d’abord aux commandes d’un personnage qui doit interagir avec son monde. Nous voilà donc évoluant de case en case pour aller arroser des plantes qui ne sont pas là. C’est donc l’occasion pour le narrateur de vous inviter à passer en mode création afin de poser un parterre de fleurs. Grâce à l’option « sauvegarder et tester », vous pourrez ainsi alterner les phases de test et d’édition facilement. Mais c’est lors de la deuxième interaction à créer que tout se complique car le narrateur se doit de fournir un maximum d’informations afin d’enseigner les bases de la programmation d’interactions (les événements). Le Roi-tutoriel ne manquera d’ailleurs pas de nous gratifier d’une remarque sur la quantité d’informations. Cependant, après avoir tenu le joueur en haleine, nous sommes invités à consulter les aides (assez peu nombreuses et très brèves) dans les menus et à nous lancer dans la création.

Alice commençait à se sentir lasse…

Si on comprend tout de suite que la navigation dans les menus sera ardue avec une manette en main, tant certaines touches ont la fâcheuse tendance à alterner entre confirmation et annulation en fonction de l’option en surbrillance, jouer avec l’écran tactile de la Switch n’apportera au final qu’un léger gain de temps pour certaines manipulations, le plus exigeant dans la création étant de pouvoir rédiger du texte. C’est alors qu’on se rend compte de la liberté offerte par ce genre d’éditeur, mais aussi de la profondeur du terrier ! Vous êtes donc aux commandes d’un vaisseau dont vous allez devoir assembler les pièces. Tout est personnalisable, de l’écran-titre à celui de fin en passant par la création de la base de données de l’univers de votre choix. L’éditeur dispose heureusement d’une flanquée d’exemples, ne limitant pas le joueur à un univers ou à un système de jeu. Car même si certaines mécaniques seront indéboulonnables, d’autres peuvent être renommées ou carrément supprimées. Ainsi, vous évoluerez en deux dimensions en vue du dessus, votre personnage aura une classe et des compétences qui y seront liées et participera à des combats dans le plus pur style rétro des RPG comme Dragon Quest ou Secret of Mana (mais on pourra choisir une vue frontale des adversaires ou le classique combat de profil avec son équipe en vue). Pour le reste, vous êtes parfaitement libre d’utiliser des thèmes modernes ou encore modifier la base de données afin d’utiliser la compétence « Technologie » plutôt que magie (et renommer les points à consommer pour les techniques associées). Vous pouvez donc créer tout aussi bien un clone de Final Fantasy en y rajoutant les types et les faiblesses d’un Pokémon avec des armes steampunk (vous pouvez me croire, j’ai essayé). Il y a des templates pour beaucoup d’univers comme la dark fantasy, le médiéval plus classique, le moderne et même le Japon. Il va sans dire que l’ajout ultérieur de contenu (payant ou non ?) reste une possibilité.

Ils vécurent heureux

Impossible de mentionner toutes les possibilités tant celles-ci sont interdépendantes et requièrent des allers-retours incessants entre les phases de création, d’édition et de test. On peut tout à fait tirer une salve de flèches avec un bruitage de laser qui infligera le statut hacké que vous aurez paramétré en fonction du niveau d’attaque de votre héros et de la défense magique de l’ennemi, ponctué par une petite fanfare de victoire. C’est à ce point ! Nous sommes en présence d’une énorme boîte de Lego qui ne plaira donc qu’aux joueurs sensibles à ce type de création. Il sera certes possible de partager ses créations en ligne (une seule à la fois), mais ne se reposer que sur le travail des autres pour se lancer dans le mode jouer reviendra à acheter un meuble Ikea déjà monté. Je vous vois venir, ce serait vraiment sympa dans cet exemple (petits joueurs !) mais c’est de RPG MAKER qu’on parle. Alors que j’écris ce texte, mon héroïne est toujours en attente de savoir si elle pourra se connecter à Internet, mais la création est exigeante et même si l’expérience m’a particulièrement charmé, elle requiert du temps et de l’investissement. Ainsi, soit vous vous lancerez à corps perdu afin d’arriver à la satisfaction d’aboutir à un produit fini, soit vous considérerez le jeu comme un simple bac à sable et vous mettrez 7 ans à publier un jeu (je ne vise aucun éditeur, enfin un peu quand même). Quelle que soit votre approche, gardez en tête que c’est un jeu qui risque de ne plaire qu’aux rôlistes et autres nostalgiques de Mystic Quest. Vous voilà prévenu.

That’s All, Folks !

Avec une base de données considérable d’images, d’icônes et de fonctions de programmation basique, la création est totale et on comprend vite le succès de ce genre d’éditeur sur PC. Hélas, comme je l’ai déjà dit, on s’éloigne totalement d’un simple jeu avec un début et une fin marquée, je me sens donc incapable de vous conseiller ou vous orienter sur les qualités ou les défauts de ce jeu. La maniabilité se résume à comprendre sa manette sous forme de clavier d’ordinateur. La direction artistique générale du titre est fort classique afin de ne pas influencer le joueur à adopter un style d’univers même si on ressent une habitude millénaire qu’a le RPG de rimer avec médiéval (il y a des slimes !). La plupart des options par défaut pousse dans ce style d’ailleurs. Les thèmes ou les bruitages disponibles restent eux aussi très classiques et sans trop d’aspérités afin de coller au maximum de situations.

Donc l’expérience n’a pas du tout été déplaisante, que du contraire ! Étant fan d’énigmes, de raisonnements « hors de la boîte » ou tout simplement de jeux de création, la base de données m’a fait entrevoir les projets les plus fous dans un univers RPG à l’ancienne. Autant dire qu’on prendra plaisir à jouer ou faire jouer ses créations à l’instar du constructeur d’un enchaînement de dominos. Mais si justement, la seule mention du mot Lego vous rappelle une sombre douleur à la plante du pied (vilaine brique, va !) plutôt que des après-midi entières à finaliser une construction, ce jeu vous laissera complètement indifférent.

Note

14/20

Un éditeur de RPG old school qui s'avère très gratifiant si vous aimez créer.

Réactions

  • oldschoolplayer le 08/09/2020

    Merci pour ce test. Il n’est pas possible de zoomer sur les screenshots (comme dans les autres articles du site).

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  • Gin le 08/09/2020

    Parfait, j’ai corrigé ça ! Merci de nous avoir lu ^^

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