The Dark Pictures Anthology : Man of Medan

The Dark Pictures Anthology : Man of Medan

Supermassive Games nous revient avec son nouveau titre « Man of Medan », premier jeu issu du projet « Dark Pictures Anthology » visant à proposer des aventures horrifiques dans divers univers. Si le studio s’est révélé innovant et immersif avec « Until Dawn » sorti sur PS4 en 2015, force est d’admettre qu’il n’a pas su réitérer son tour de force avec les très insipides « The Impatient » et « Hidden Agenda ». C’est donc avec de grandes espérances que l’on attendait ce « Man of Medan », qui amarre son scénario en s’inspirant des histoires de bateau fantôme, proche d’un film à la « Vaisseau de l’angoisse ».

Une approche cinématographique

Le jeu, comme ses prédécesseurs, est avant tout une expérience permettant de contrôler les personnages d’une histoire d’épouvante. Et quel plaisir, n’est-ce pas ? De un – car faut se le dire – dans les films de genre, la plupart du temps les personnages sont à la ramasse et prennent des décisions que personne ne prendrait dans la vie réelle. De deux, pour les plus impressionnables, on flippe déjà devant un film d’horreur alors se dire que la survie des personnages dépend de nous, ça ajoute une pression et une angoisse certaine. Sauf si vous êtes du genre « tout le monde doit mourir », alors là votre tâche sera aisée.

Merci M. le Conservateur, j’avais bien remarqué qu’il n’y avait qu’un seul survivant !

Au fil de votre aventure, le conservateur fera le point avec vous, pouvant même aller jusqu’à vous donner des indices. Enfin, il vous embrouillera surtout. Mais le personnage est charismatique et sympathique, il est certain qu’il fera un excellent narrateur pour les prochaines aventures. D’ailleurs, la suivante est déjà nommée ; il s’agira de « Little Hope » qui sortira courant 2020. Un teaser vous attendra à la fin du jeu.

Le vaisseau de la poisse

Dans « Man of Medan », vous prenez les commandes de cinq personnages : Alex, Fliss, Julia, Conrad & Brad. Partis sur le « Duke of Milan » pour faire de la plongée, les jeunes gens se retrouvent vite embarqués contre leur gré sur un vaisseau peu engageant, qui leur réserve bien des surprises. Et pas du genre joyeuses. Globalement, on peut dire que l’histoire est intrigante, on veut aller au bout malgré les défauts du titre. Les jump scares sont au rendez-vous et le scénario, sans être exceptionnel, se tient. Heureusement d’ailleurs, car si l’histoire nous pousse à progresser, nos personnages sont de telles caricatures qu’il est compliqué de s’y attacher.

Des choix inintéressants.

Prendre le contrôle de l’un de ces personnages vous permet de procéder à des actions somme toutes limitées : choix de dialogues, déplacement de son personnage, fouilles, séquences QTE et battements de cœur. Choisir une réponse lors des dialogues permettra de développer certains traits de caractère de votre personnage. Les choix sont restreints : en effet deux réponses sont possibles plus une abstention. Il aurait été fort appréciable d’avoir plus d’options de réponses, car souvent on sélectionne une réponse par dépit, faute de mieux. De plus, l’impact semble bien mince, on se rend vite  compte que nos choix ne sont pas tellement décisifs, contrairement aux phases de QTE.

Ces dernières seront primordiales si vous souhaitez rester en vie. Que ce soit pour les séquences de poursuite, de discrétion ou de « combat », les réussir c’est survivre ! Et là, on peut vite devenir frustré : brièveté folle du laps de temps imparti pour appuyer sur la bonne touche mais surtout, un QTE raté et la mort peut vraiment être au tournant ! Et nos décisions alors ? Se dire que l’on vient d’ôter la vie à un perso pour une touche foirée et voir que nos choix importent peu, cela déçoit pour un jeu à portée narrative. Clairement les QTE sont présents pour étoffer le gameplay mais ça ne doit pas devenir l’essence profonde du titre.

Les déplacements, quant à eux, sont compliqués. On ressent une lourdeur et une lenteur pénible pour contrôler les personnages. De plus, si les changements de plans sont bien pensés pour l’immersion et l’insertion de jump scares, ils n’aident pas la progression. L’exploration est banale, on repère trop rapidement les endroits à fouiller, grâce à un flash lumineux.

Des recherches toujours rassurantes…

Quand technique rime avec panique

Graphiquement, le jeu est troublant. Si l’on observe sur certains plans des textures et des panoramas convaincants, on reste le plus souvent sur la réserve. De nombreux ralentissements sont à déplorer faisant bugger les cinématiques. Les personnages souffrent du syndrome « Uncanny Valley », dès lors leur visage paraît figé, proéminent et la crédibilité est mise à mal pour un jeu se voulant proche d’une expérience cinématographique. On attend des graphismes travaillés pour compenser notamment un gameplay plus léger. Comme mentionné précédemment, vos choix et la mort éventuelle des personnages vont influencer la suite du scénario. Des scènes différentes s’enclencheront pour créer un film cohérent. Problème, les cinématiques se succèdent de manière surprenante par moments, on se demande même « Que se passe-t-il ? Pourquoi le personnage est-il là ou réagit-il comme cela ? » Le jeu n’est pas très long ; en fonction de votre don de survie, comptez entre 4 et 5 heures pour le terminer. Supermassive l’a bien compris : ce qui ajoute de l’intérêt au titre et donc de la durée de vie, c’est sa rejouabilité. Le jeu se pare de trois modes : solo, soirée canapé (avec vos amis à la maison) et en ligne. De quoi varier les angoisses ! Et puis il y a toujours les joueurs chasseurs de trophées, qui devront recommencer plusieurs fois ce « Man of Medan ». Mais surtout, il y a pour certains l’envie de débloquer toutes les fins, de voir tout le monde survivre ou bien mourir, à vous de voir !

On se retrouve en 2020 à Little Hope !

Note

11/20

« Man of Medan » est malheureusement une déception : personnages peu développés et caricaturaux, choix n’étant que de la poudre aux yeux, graphismes inconstants avec des phases de gameplay très lourdes, .... difficile d'embarquer pour le « Duke of Milan ». Le concept reste cependant très fort et on ne peut qu’espérer que « Little Hope » évitera le naufrage avec un système de jeu remanié.

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