Call of Duty 14 – (Back to) World War II

Call of Duty 14 – (Back to) World War II

Quatorze ans déjà que la saga Call of Duty fait partie du paysage vidéoludique, et rarement une licence n’aura autant divisé tout en remportant un succès commercial gargantuesque. Pour ma part, je ne m’en cache pas, je fais plutôt partie des détracteurs du titre d’Activision. Etant premièrement peu amateur des titres compétitifs en ligne et deuxièmement allergique aux jeux prenant place dans un contexte peu propice à l’évasion et au dépaysement (comme justement les conflits militaires contemporains « réalistes » renvoyant à mon sens plus au Journal Télévisé du soir qu’à un jeu vidéo), je ne trouve pas mon compte dans la série et n’ai du coup que très rarement mis les mains sur un opus de CoD. Mis à part le premier Modern Warfare, suite à l’insistance d’un pote pour qu’au moins une fois j’essaie le jeu (spoiler alert : j’ai détesté), il aura fallu Infinite Warfare (et dans une moindre mesure Advanced Warfare) pour que la série annuelle suscite mon intérêt.

Là, ça me parle !

Si la majorité du public Call of Duty semble avoir détesté ce passage pur et simple dans la science fiction à grands renforts de fusils blasters, droides de combat et affrontements de chasseurs stellaires, ce simple changement de contexte à l’action a suffi pour me donner envie d’y jouer. Seulement, et bien que je ne doive probablement pas être un cas isolé, Activision a bien entendu la grogne de son public souhaitant replacer les affrontements de sa poule aux oeufs d’or sur notre bonne vieille Terre. En face, la concurrence (ai-je vraiment besoin de citer la série Battlefield de Electronic Arts ?) a rencontré un franc succès en proposant aux joueurs de s’affronter lors de la Première Guerre mondiale, succès qui aura sans nul doute encouragé Activision à revenir lui aussi à un grand conflit historique et quoi de mieux pour se démarquer de son rival que de se lancer dans la Guerre de 40-45 ?

Un contexte dans lequel avait commencé la série, voici donc 14 ans plus tard Call of Duty revenir à la Deuxième Guerre mondiale !

En bas à gauche, la barre de vie et le nombre de médipacks restants.

La campagne solo s’ouvre sur le célèbre débarquement en Normandie des troupes US du 6 juin 1944. Premier pas vers la défaite de l’armée Nazi, cet épisode barbare de la Seconde Guerre mondiale est définitivement ancré dans l’imaginaire collectif par la représentation qu’en a faite Steven Spielberg dans son film Il faut sauver le soldat Ryan. D’entrée de jeu, Activision annonce la couleur avec des soldats littéralement déchiquetés par les tirs allemands dès l’ouverture des barges américaines. Il va sans dire, Call of Duty oblige, que le soldat Daniels (notre personnage) se trouve du côté des Alliés et s’attellera durant toute la campagne à repousser l’Axe jusqu’à la signature de l’armistice.

Une fois débarqué donc, le titre nous présente directement sa toute nouvelle mécanique : fini la remontée magique automatique de l’énergie une fois à couvert, pour regagner de la vie dans World War II il faut utiliser des kits de soin avec parcimonie. Si sur le papier il peut s’agir d’une bonne idée, une fois le pad en main le tout paraît plus hasardeux : les medipacks peuvent se récupérer sur le terrain, en éliminant un soldat ennemi qui en possède sur lui ou encore en les recevant auprès d’un soldat allié. Par moments, on se retrouve avec un inventaire complet sans trop savoir comment alors qu’à d’autres on aura beau chercher, on restera tout simplement bredouille. Du coup, la progression se retrouve injustement entachée, et la magie des checkpoints fait que l’on préfèrera parfois se sacrifier pour recommencer au dernier point de contrôle avec une barre de vie au beau fixe. Mais c’est la guerre avec tout ce qu’elle a de cruel et cette mécanique a au moins le mérite de, virtuellement, donner l’impression au joueur que chaque moment peut être fatal ; un peu comme à la guerre me souffle-t-on dans l’oreillette…

Mais revenons donc à notre débarquement ! Après une traversée périlleuse de la plage normande, on arrive dans les tranchées. Les scripts font bien leur boulot et on se sent un peu oppressé par ce que l’on est en train de vivre, mais très vite quelque chose semble ne pas sonner juste dans la partition : le feeling arme en main ! Défaut majeur du jeu selon moi, les sensations éprouvées en utilisant la plupart des armes du jeu tiennent plus du fusil à eau que de l’arme de guerre. Je veux bien admettre que technologiquement l’équipement mis à disposition est moins avancé que ce que l’on pouvait retrouver dans les derniers Call of Duty mais merde, il s’agit quand même d’armes à feu, pas de la dernière collection NERF ! Pour vous donner une idée, même les armes de Splatoon (qui sont pourtant des fusils à… peinture) offrent plus de plaisir de jeu le pad en main. Cette première mission est un bon résumé de l’expérience que vous procurera le jeu : des scripts efficaces, une ambiance bien rendue et… des QTE bien lourds venant plomber l’aventure et dont l’échec entrainera systématiquement un game over.

La mission se termine sur une scène écœurante de héroïsme hollywoodien mais dieu merci, le ton global de la campagne parvient à garder de la cohérence et n’oublie pas que les événements dépeints dans le jeu restent parmi les heures les plus sombres de notre histoire.

Un combat de chars au coeur de Aix-la-Chapelle

Qu’il s’agisse de ses alliés ou de victimes civiles collatérales, Daniels sera exposé à l’horreur de la guerre. Par contre, Call of Duty oblige, les Nazis ne sont que de la chair à canon et la campagne se révèle au final assez courte mais globalement bien rythmée. On y jouera notamment une mission d’infiltration et d’investigation qui, si elle ne révolutionnera pas le genre, a le mérite d’apporter de la diversité dans la progression du joueur. Je trouve juste dommage pour ma part que, contrairement à Advanced et Infinite Warfare, les missions sont simplement à choisir dans un menu alors que dans ces derniers les entre-missions étaient mieux mis en scène, voire même jouables.

Il aurait pu être intéressant de voir notre escouade monter le campement et se poser au quartier général entre les batailles, assister à des briefings ou préparer son équipement voire même discuter avec ses frères d’armes et développer le côté humain des troupes. Non, la notion de camaraderie et d’entraide entre Daniels et ses compagnons se retrouve tout au plus résumée en des jauges se remplissant au fil de la progression dans les missions qui permettent, une fois remplies, de demander du matériel au soldat correspondant : munitions, grenades, médipack ou encore un marquage tout aussi efficace que non réaliste des soldats ennemis pendant un court laps de temps.

Quelques missions vous placeront également aux commandes de véhicules pour des poursuites en jeep, des combats de tanks ou encore une séance de tir à la tourelle DCA contre des bombardiers allemands. Une séquence qui manquait d’ailleurs de finition car pendant que vous vous attelez à descendre les coucous ennemis, vos alliés vous préviennent de leur positionnement sur le système horaire. On m’annonce un bombardier à 11h, je me retourne donc de ce côté-là, rien ! L’ennemi arrivait plutôt de la droite. Juste après, des bombardiers arrivent toujours du même endroit (en fait 2h) et cette fois mon équipier m’annonce un ennemi à 6h ! C’est certes un détail mais ça diminue fortement l’immersion en jeu.

Les ronds sur les équipiers indique que la jauge d’entraide est pleine.

Sauf que ce n’est pas pour ses campagnes que la série Call of Duty est si populaire ! Le truc qui fait que si tu joues à « Kallof » t’es cool, c’est son mode online opposant ses participants dans des matchs à mort régis (ou non) par certaines règles. Un mode multi nerveux et à la prise en main rapide, donc vite gratifiant. Après un premier match en Team Deathmatch pour se plonger dans le bain, le véritable mode online s’ouvre sur un campement militaire où les joueurs peuvent se déplacer en mode troisième personne, s’enrôler pour des objectifs spécifiques à accomplir en match (X éliminations à la grenade, X défenses de zone, etc.), s’entraîner au stand de tir, défier un joueur en 1v1 et récupérer diverses récompenses et lootboxes (le gros mot du jeu vidéo 2017). Concrètement, cela ne sert pas à grand-chose et à moins d’être un accro du loot de camouflage rare pour transformer sa M1 Garand en Kéké-gun, on ne passera pas énormément de temps dans ce hub accessoire, que l’on aurait à la limite préféré voir débarquer en entre-mission dans la campagne.

Heureusement, le lancement des matchs ne se fait pas à un endroit spécifique du hub (on évite le faux pas Dragon Ball Xenoverse…) mais est accessible à tout moment. Une fois en match, on remarque tout de suite les conséquences d’un retour dans le passé sur la dynamique de jeu : adieu les doubles sauts, wallride et autres courses illimitées ! On revient à la base de Call of Duty en ramenant les bottes des soldats sur la terre ferme. Les matchs ne perdent pas en dynamisme pour autant, et la gestion de son endurance devient importante pour survivre sur les nombreuses maps globalement bien foutues.

Contrairement au mode solo, la remontée automatique de la vie, sans doute trop ancrée dans la philosophie compétitive CoD, reste bien d’application en ligne. En plus des classiques Domination, Team Deathmatch et autres joyeusetés bien connues des fans de Call of Duty, deux nouveaux modes de jeu font leur apparition : le Foot Américain et le mode Guerre. Le premier, sous son nom original, présente une variante de capture de drapeau : le drapeau est remplacé par un ballon que les joueurs doivent ramasser. Le porteur du ballon peut soit le lancer, soit effectuer une passe vers un allié, et les joueurs devront travailler en équipe pour que la balle rejoigne les cages adverses.

Le mode Guerre, que j’ai trouvé le plus intéressant à jouer pour ma part, propose de recréer les batailles marquantes de la Grande Guerre en opposant deux équipes de joueurs, les Alliés et l’Axe, dans des matchs à objectifs. Si vous jouez à Battlefield ou à Battlefront, vous ne serez pas dépaysé par les objectifs à accomplir en jeu : points stratégiques à capturer, éléments à récupérer ou à détruire, ce but concret à atteindre asymétriquement par les deux équipes varie les plaisirs de jeu. Le mode online fait donc, comme à son habitude, le café en proposant aux joueurs ce qu’ils veulent tout en instaurant l’une ou l’autre nouveauté bienvenue. Seul reproche pour ma part, étant joueur de Battlefront et de la dynamique rajoutée par les compositions de John Williams, je trouve qu’en ne proposant pas de musique – même discrète – pour renforcer la tension des affrontements on perd en implication dans les matchs.

Un point rapide sur le désormais classique mode Zombie : ça reste un mode Zombie, on y suit un scénario nanardesque dans un mode survie / horde dont la seule originalité est de nous opposer à des zombies… Nazi.

L’AVIS DE AERTICUM

J’ai aimé le côté « multi » du solo, le fait que l’escouade pour une fois ne joue pas un rôle de boulet et nous soutienne vraiment, tant par les capacités qu’elle offre que par son véritable soutien pendant les gunfights. La campagne semble aussi bien moins scriptée et malgré quelques QTE un peu mous ralentissant l’action, cette campagne se vit à 100 à l’heure. Pour le multijoueur, le lobby jouable est une idée sympa, mais on se perd dans un trop-plein de menus planqués dans tous les sens. Toujours est-il qu’on retrouve enfin les bases d’un CoD et je réapprends à aimer une série que je n’aimais plus depuis le premier Black Ops. Petit bémol sur le système de loot et le manque de véritable identité des classes, mais globalement le Call of Duty de cette année est un bon FPS, un bon retour aux sources et un bon jeu tout court. Il fait enfin un bon en avant d’un point de vue technique et visuel et sur PC, le jeu se comporte très bien quand Activision ne se plante pas sur ses patchs.

Note

13/20

Goodbye Moonmen, Farewell Space Cowboy, pour son 14ème Call of Duty toujours bien ponctuel, Activision tire un trait sur la science fiction et revient en 1944 sur les plages normandes. C'est un Call of Duty, avec sa campagne éclair à la Michael Bay (ici vite fait teintée de Spielberg) et son multi que l'on ne présente plus. Le mode Guerre apporte un peu de fraicheur à une licence qu'on ne s'attend plus vraiment à voir changer. Rendez vous l'année prochaine pour Modern Warfare 4 pour les 15 ans de la saga, j'en mets ma main à couper.

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