Giga Wrecker : y a pas de petites ordures…

Giga Wrecker : y a pas de petites ordures…

Game Freak est la société japonaise connue pour avoir développé une des licences les plus rentables de l’histoire du jeux vidéo : Pokemon. Pourtant il y a une vie en dehors des petites bêbêtes à attraper et les développeurs de la firme au logo de poisson (à moins que ce soit une feuille) ont déjà fait une infidélité à Big N. En 2015, ils sortaient ainsi, sur PC, PS4 et Xbox One, Tembo the Badass Elephant (que nous avons bien sûr testé), un jeu de plate-forme/action bien sympathique mais un peu court. Peu échaudés par des critiques moyennes, les développeurs ont décidé de reprendre leur bâton de pèlerin et se sont lancés dans la création d’un deuxième titre destiné uniquement au marché du PC : Giga Wrecker. Le titre a été disponible en early access au mois d’août 2016 et vient de sortir en ce début février en version complète.

Game Freak fait ici preuve d’ambition car quand on regarde la bande annonce (disponible en fin d’article comme d’habitude) de leur dernier bébé, le fan de Metroidvania qui sommeille en vous devrait être intéressé. Giga Wrecker ressemble à un jeu de plateforme assez rythmé où l’héroïne doit développer de nouvelles capacités afin de progresser et de vaincre des Boss dans des affrontements endiablés. Toutefois si vous regardez bien la vidéo, vous vous apercevrez que le jeu semble ponctué de phases de puzzles plateformes, ce qui permettrait peut-être au titre de se démarquer de la concurrence…

Un peu plus qu’un Metroidvania…

Dans le monde merveilleux de Reika

Allez ne tergiversons plus et appuyons sur Start pour nous plonger dans l’univers de Giga Wrecker. Et ce ne sont pas des lendemains radieux qui nous attendent car dans le futur, les robots ont pris le pouvoir et sont en train d’exterminer le reste de l’humanité (comme c’est original…). Au début de l’histoire, on incarne une jeune fille mystérieuse à la recherche de Reika, une jeune adolescente prisonnière des robots. Pourquoi, on l’ignore au début, mais le sauvetage ne fonctionne pas comme prévu et le sauveur se transforme en bourreau décidant qu’il valait mieux tuer la prisonnière plutôt qu’elle ne tombe dans les mains de l’ennemi. Après avoir tiré sur Reika, la laissant agonisante, la mystérieuse jeune fille se fait kidnapper par les robots. Reika perd ensuite conscience et se réveille plusieurs jours plus tard dans le laboratoire du professeur Kouzuki qui l’a retapée en lui mettant un bras gauche mécanique (sympa de l’avoir amputée). Une fois remise en condition, Reika est bien décidée à se venger des machines et à retrouver sa mystérieuse sauveteuse afin qu’elle comprenne la raison de son geste. Le bras que le professeur lui a greffé lui permet de défaire les robots les plus faibles mais aussi de rassembler leurs carcasses en un bloc de débris qui peut soit agir comme une arme, soit prendre une forme souhaitée pour faciliter la progression. Très vite notre héroïne en herbe devra affronter les Astra, des robots humanoïdes assez puissants faisant office de Boss. Au terme du premier affrontement, Reika obtiendra un projecteur de particules de tachions lui permettant de remonter le temps afin de découvrir non seulement quelle est l’identité de la personne responsable de son état mais aussi qui tire les ficelles des Astra.

Le scénario du jeu est sombre, du moins plus sombre que celui d’un Pokemon et la narration est importante, vous permettant non seulement de comprendre le pourquoi du comment mais aussi vous indiquant où aller. Sans trop spoiler l’histoire principale, les amateurs de science-fiction savent qu’on ne truande pas le temps sans conséquence….

Puzzlevania

Prenons les commandes et voyons ce que le jeu a à nous offrir. Reika sait – comme dans beaucoup de jeux de plate-formes – sauter, courir, s’abaisser et attaquer. Le cœur du gameplay de Giga Wrecker, c’est bien le bras artificiel de notre héroïne qui lui permettra de rassembler certains débris (ceux provenant des ennemis) pour en faire une masse compacte plus au moins grosse en fonction du nombre de ferrailles présentes. Cette masse peut être projetée contre une arme ou matérialisée en différentes formes cumulables : un bloc carré, une épée, une lance se fixant dans le mur comme une plate-forme et une foreuse. Toutes ces transformations vont surtout vous servir à atteindre des positions inaccessibles ou résoudre des énigmes car en dehors des Boss, les affrontements sont rares. Les ennemis servent en réalité de matières premières à votre masse malléable et le jeu révèle sa vraie nature assez vite : c’est un puzzle game déguisé en Metroidvania.

Toutes les transformations des détritus

Votre capacité à détruire et reconstruire les détritus présents combinés à certains éléments du décor comme des aimants, des lasers, des pics ou des broyeuses sera mise à rude épreuve, car il faudra tenir compte de la physique des éléments, prévoir leur chute ou trajectoire. Si par malheur vous avez détruit un élément qui aurait été indispensable, pas de souci, il y a dans chaque tableau/énigme un portail remettant tout en place.

Les énigmes sont parfois assez complexes et la lumière mauve, c’est le portail qui reset le tableau.

La structure des niveaux, quant à elle, est non linéaire et vous pouvez explorer librement un secteur décomposé en zones et, plus tard dans le jeu, plusieurs secteurs. Afin de progresser vous devrez débloquer des portes dont les terminaux de sécurité sont répartis un peu partout, une bonne manière d’offrir un peu de liberté au joueur et de casser la linéarité. Au travers des niveaux, vous trouverez des points de sauvegarde et des téléporteurs pour gagner du temps. En détruisant des robots et résolvant certaines énigmes (les boîtes carrées « trésors »), Reika gagne des points de compétences qui, réaffectés dans un arbre de capacités, lui permettent d’augmenter sa vie, sa force, sa capacité de récupération ou la masse des détritus. Bref d’améliorer et de personnaliser/spécialiser l’héroïne en fonction de votre manière de jouer.

Un arbre de skills correct mais pas très folichon.

Terminons cette partie par les Boss qui sont une franche réussite. Battre un Astra requiert de la patience et du sang-froid mais n’est pas impossible. Les attaques d’Astra sont dévastatrices et l’esquive n’est pas toujours une solution : vous devrez contrer certaines attaques pour obtenir du matériel pour votre masse. Le rythme des combats tranche avec le côté réflexion des énigmes et donne une saveur bien agréable à l’ensemble.

Ca a l’air impressionnant comme cela mais avec de la réflexion, c’est pas si dur à la fin…

Quand la physique va, tout va

Au niveau de la réalisation, c’est graphiquement beau même si les niveaux sont vides de vie (vous me direz c’est cohérent avec l’histoire, les robots ayant tout détruit) car les ennemis sont rares. Les musiques sont correctes et les bruitages convaincants. Cependant les nombreux dialogues qui parsèment le jeu ne sont pas doublés et vu que Giga Wrecker fait 4Go d’installation sur le disque dur, je ne comprends pas pourquoi. L’absence de voix dans les dialogues me donne la sensation de me retrouver devant mon écran de Gameboy à lire les textes des personnages de Pokemon. C’est vraiment dommage car ça aurait donné plus de vie à l’univers du jeu qui en a vraiment besoin.

Abordons les deux points noirs qui sont intrinsèquement liés au jeu : le moteur physique et le rythme du jeu. Jouer avec des blocs pour qu’ils tombent comme vous le voulez et là ou vous le voulez en temps réel n’est pas chose aisée et les erreurs ou la faute à pas de chance arrivent souvent. Parfois même sur un coup de bol, vous réussissez à passer alors que vous n’avez pas bien compris pourquoi. Et le fait d’essayer et de réessayer à franchir un ravin ou enclencher un interrupteur vous fera perdre pas mal de temps ainsi que votre patience. Le jeu a une bonne durée de vie, une quinzaine d’heures, mais le rythme en dents de scie avec l’alternance d’énigmes et de Boss vous donnera l’impression que le jeu dure plus longtemps et pas dans le bon sens du terme.

Un élément qui ne se met pas comme il faut et il faut tout recommencer…

C’est dommage que ces deux problèmes ternissent l’ensemble car la combinaison de puzzles et d’un univers à la Metroidvania est un pari risqué qui aurait pu faire mouche, comme dans Drill Dozer (un autre titre de Game Freak) sur Game Boy Advance il y a douze ans. Cependant les aventures de Reika sont plaisantes et Game Freak est sur la bonne voie pour nous sortir un jour un titre sur PC qui se fera un nom comme sa licence Pokemon. J’allais oublier de souligner qu’il est possible de télécharger des niveaux réalisés par la communauté afin de prolonger le plaisir de jeu mais seul l’avenir nous dira si les moddeurs parviendront à maintenir en haleine les joueurs…

Note

15/20

Game Freak a bien failli faire mouche avec ce Giga Wrecker : une réalisation soignée, une histoire sombre, des puzzles intéressants combinés à un gameplay plaisant et des affrontements de Boss très prenants. Mais voilà, une liste de bons points ne peut cacher les taches indélébiles que sont les aléas de la physique des puzzles, qui parfois décrédibilisent la construction des énigmes ou provoquent des sessions de die and retry à la limite de la crise de nerfs. Le fait de devoir recommencer un passage à cause d’une erreur du moteur physique est beaucoup moins pardonnable que de mourir devant un boss en essayant d'apprendre à esquiver ses attaques et à contre-attaquer. Subir une injustice aléatoire sur laquelle le joueur n’a aucune prise devient vite frustrant. Si vous êtes en manque de Metroidvania, Giga Wrecker peut être une expérience enrichissante à condition que vous maîtrisiez la méditation zen comme Steven Segal (après sa rencontre avec le Dalaï-lama).

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