Berserk and the Band of the Hawk : Hai Yo ?

Berserk and the Band of the Hawk : Hai Yo ?

Les adaptations de manga ou d’animés japonais en jeux vidéo sont un vrai pot pourri vidéoludique où le meilleur côtoie le pire. Les exemples sont légion, que ce soient les jeux Dragon Ball déclinés à toutes les sauces (Xenoverse 2 ou le très récent Fusions sur 3DS) ou bien la série des Ultimate Ninja Storm pour Naruto (dont le dernier volet a été testé par Franqui), les jeux tirés de mangas sont sources de joies immenses ou de déceptions intenses pour les fans qui les attendent comme le messie. En effet tout lecteur de mangas a un jour rêvé de vivre les aventures de ses héros et de prendre les manettes pour réaliser ce rêve. Alors quand j’ai appris que Berserk, un de mes mangas favoris, allait être de nouveau adapté en jeu vidéo, j’étais assez emballé et cela pour deux raisons : il n’y a plus eu un jeu Berserk depuis 2004 sur PS2 (le tout premier datant de 1999 sur la Dreamcast) et le format proposé par les développeurs Omega Force est celui d’un musou, c’est-à-dire un beat‘em all excessif mettant le héros face à des hordes d’adversaires, ce qui correspond parfaitement aux scènes d’action du manga adapté.

Sachant que les développeurs (Omega Force) avaient livré un Hyrule Warriors d’assez bonne facture (voir le test de Mass) et une adaptation assez réussie du manga l’Attaque des Titans, les espoirs les plus fous étaient permis. Et nous voilà enfin arrivés à la date fatidique de sa sortie, le 24 février 2017, sur PS4 (disponible en version physique et dématérialisée), PS3, Vita et PC (uniquement en version dématérialisée). J’ai eu la chance de pouvoir y jouer pour vous livrer mes impressions (pour information, il s’agit de la version PC qui a subi l’épreuve du feu).

L’épéiste noir

Pour les néophytes, Berserk c’est un seinen de Kentaro Miura, c’est-à-dire un manga pour adultes vu la violence des propos et des images. Le premier tome a été publié en 1989 et le dernier, le 38ème, est sorti aux éditions Glénat Manga en ce début d’année 2017. Il a fait l’objet d’une adaptation en une première série animée en 1998, en une trilogie de films animés de 2012 à 2013 et en une nouvelle série qui a commencé en juin 2016 et dont la suite est attendue pour avril 2017. Avec sa nouvelle adaptation vidéoludique, vous comprenez que la licence a le vent en poupe après une traversée du désert de plus d’une décennie.

L’histoire se déroule dans un monde médiéval en proie à une guerre centenaire entre deux royaumes, le Midland et les Tudors (toute ressemblance avec un contexte historique serait purement fortuite). L’intrigue suit les péripéties de Guts, un jeune mercenaire se battant avec une épée gigantesque qui va rejoindre la bande du faucon dirigée par le charismatique Griffith. Durant son incorporation, il va mener de nombreuses batailles dont les éclatantes victoires vont conférer aux membres de la bande le statut de chevaliers et à son chef celui de Noble. De plus notre jeune Guts va tomber amoureux d’une des capitaines de la troupe, la fougueuse Casca. Bref tout semblait aller au mieux pour les héros jusqu’à la déchéance de leur leader, ayant voulu grimper l’ascenseur social un peu trop vite en convoitant la fille unique et chérie du roi du Midland. Les choses vont vraiment déraper à partir du moment où Griffith, défroqué, horriblement torturé et ostracisé de tous va invoquer, grâce à un pendentif qu’il a reçu par hasard, la main de Dieu. Cette main est composée de 4 démons qui ont obtenu leurs pouvoirs phénoménaux en sacrifiant ce qui leur est le plus cher et Griffith a l’opportunité de devenir le 5ème doigt au détriment de tous ses hommes, qui seront le prix à payer en contrepartie. Seuls Guts et Casca en réchapperont grâce à l’intervention d’un mystérieux cavalier au casque de crâne mais pas indemnes : Guts a perdu une partie de son bras gauche et son œil droit, alors que Casca a sombré dans la folie. Un malheur n’arrivant pas seul, les deux survivants sont marqués à vie comme « sacrifices » par une petite scarification saignant à l’approche de tous démons ou esprits frappeurs, les signalant comme amuse-bouche pour l’apéritif. Guts n’a pas vraiment le choix et animé d’un désir viscéral de vengeance, il part en croisade contre la main de Dieu, équipé d’une nouvelle épée colossale, la Dragon Slayer, d’une prothèse bras cachant un canon, de couteaux et d’une arbalète à rafale. Allant de batailles en batailles contre les démons, il acquiert la réputation de l’épéiste noir et rencontrera des alliés inattendus qui l’aideront dans sa quête alors que l’univers de la guerre centenaire évolue pour faire place à une guerre de civilisation entre les armées occidentales dirigées par un Griffith réinstauré comme messie de la foi et les troupes de l’est, les mystérieux Kushans.

Voilà je viens de vous résumer l’histoire couvrant les 38 tomes du manga et le jeu vous propose de la suivre assez fidèlement du moins jusqu’au tome 36, ce qui est une belle prouesse à souligner et garantit par conséquent un mode histoire assez long. De plus celui-ci est agrémenté de nombreuses cinématiques tirées soit des 3 films (120 minutes quand même) ou réalisées avec le moteur du jeu.

The Hawk Warriors

Bon, je tiens à féliciter ceux qui ne connaissaient pas l’histoire du manga et qui ont continué leur lecture pour enfin arriver au test du jeu en lui-même. Les adaptations comptent sur l’attrait de leur licence pour se vendre mais cela ne les dispense pas de leur mission première : divertir. Le choix d’un beat’em all pour Berserk est très judicieux et l’ambiance des champs de bataille y est bien retranscrite. Vous incarnez bien sûr Guts mais également plus tard d’autres personnages de l’univers de Berserk (bons ou méchants). Le personnage choisi influence la subtilité du gameplay mais celui-ci reste relativement identique : vous avez deux types d’attaques, une légère rapide et une forte lente. Vous pouvez courir, esquiver, cibler un adversaire, utiliser des objets et plus tard dans le jeu utiliser une arme secondaire. Un dernier élément important quant à la jouabilité réside dans l’utilisation de la barre de furie qui peut se recharger pour atteindre 4 niveaux de puissance. Une fois votre colère libérée, vos coups deviennent plus forts et une nouvelle barre se recharge, qui une fois pleine, vous permet d’enclencher une attaque dévastatrice décimant par dizaines vos adversaires. Maîtriser ces éléments de gameplay est indispensable pour s’en sortir dans certaines situations, les affrontements avec les Boss en particulier.

Faut pas l’énerver Guts…

Au niveau des modes de jeu, c’est un peu pauvre, vous avez trois possibilités :

  • le mode histoire,
  • le mode partie libre,
  • le mode éclipse sans fin (un mode survie infini).

Ce n’est pas beaucoup et même si le mode histoire est très long (comptez une vingtaine d’heures minimum), un mode multijoueur ou quêtes comme dans Hyrule Warriors se fait cruellement ressentir. Mais revenons sur le déroulement du mode histoire. Vous enchaînez les missions entre les batailles sur le terrain et leur préparation au camp. L’argent et les matériaux que vous récupérez sur le champ de bataille peut être réinvesti en objets, équipements et améliorations pour chaque personnage contrôlable, donnant un aspect jeu de rôle assez apprécié. Vous pouvez aussi discuter avec les personnages du jeu afin de mieux comprendre leur caractère et le déroulement de l’histoire

Le menu d’équipement et d’upgrade

Abordons enfin le cœur du jeu, le déroulement des missions. Celles-ci ont des objectifs assez classiques allant de la défaite de chefs ennemis, l’escorte de personnage et la destruction d’engin de guerre à la défense – prise de certaines positions. Bon difficile d’innover dans ce genre de jeu mais j’estime qu’on ne trouve pas l’aspect tactique de certains affrontements d’Hyrule Warriors. Je m‘explique, dans Hyrule Warriors vos troupes pouvaient prendre ou défendre des positions et plus vous occupez le terrain, plus vous avez de troupes et un avantage tactique certain. Ce qui vous forçait parfois à arrêter votre attaque pour défendre certaines positions importantes au maintien de votre ligne logistique. Ici dans Berserk and the Band of the Hawk, pas de stratégies ou de zones d’influences, juste une carte vous informant de la position des ennemis ou des alliés avec les objectifs à atteindre. Il y a quand même un élément stratégique à ne pas négliger, à savoir la présence de chefs de troupe dont la défaite désorganise fortement les troupes adverses. Je trouve néanmoins que ces chefs sont relativement noyés dans la masse des adversaires et heureusement que la fonction lock peut être utilisée car sans elle il est parfois difficile de les trouver. Le jeu vous offre aussi la possibilité de monter à cheval, mais cela est très accessoire et ne change pas vraiment le gameplay, votre monture vous permet tout au plus de traverser les distances plus rapidement. Les Boss, quant à eux, sont tous tirés du manga et même s’ils sont imposants, la stratégie pour les vaincre se résume assez facilement : éviter leur attaque, occire leurs sbires pour augmenter votre barre de rage et ainsi leur asséner votre attaque dévastatrice, indispensable pour les défaire.

À cheval sur le dos de mon papa…

Bref tout ce qui est proposé reste dans les clous et c’est un musou très sage et minimaliste qu’Omega Force nous livre.

Fan service

Au niveau de la réalisation technique c’est très correct. Je dirais même plus que correct car la modélisation des personnages est une vraie réussite. À tel point que j’ai déploré l’insertion des extraits de films dans la première partie de l’histoire car les scènes cinématiques réalisées avec le moteur du jeu sont très convaincantes, si bien que je ne regrette pas que les développeurs n’aient pas intégré des extraits de la série de 2016. Au niveau de l’animation, je n’ai pas constaté de ralentissement du framerate sur une configuration PC vieille de 4 ans (octo cœurs, 8gb de ram et une GTX 660) avec le niveau de détail maximum. Je suppose que sur PS4 le résultat devrait être assez similaire alors que sur PS3 et Vita, la qualité graphique sera sacrifiée au profit de la fluidité comme Omega Force l’avait fait pour l’adaptation de l’Attaque des Titans (mais n’hésitez pas à me faire part de vos expériences dans les commentaires de l’article). Le jeu est entièrement doublé en japonais, ce que je ne peux qu’approuver vu la qualité de ce doublage. Cependant mon gros bémol porte sur la musique. Elle n’est pas mauvaise, pas insipide mais qui dit Berserk, dit Susumu Hirasama, auteur compositeur de morceaux emblématiques des séries de 1997 et 2016, des films de 2012-13 ainsi que des jeux Dreamcast et PS2, dont les Forces, Sign ou Hai Yo résonnent encore en moi….

Et rien que pour vous, chers lecteurs, le générique du jeu PS2 – Sign – pour vous rendre compte du talent de Susumu Hirasama et de ce que rate ce Berserk and the Band of the Hawk.

Il y a plein de bonus à récupérer durant les missions ainsi que des béhéliths (les pendentifs de la main de Dieu) qui apparaissent pendant une durée limitée sur chaque champ de bataille et qui, une fois collectés, vous donnent droit à des artworks. Dernier point à souligner, la question de la censure. Au Japon en vertu d’une nouvelle législation, le démembrement humain est désormais censuré (mais plus celui des animaux, ne me demandez pas pourquoi car avant c’était le contraire). Alors pour la version européenne, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est qu’il n’y a pas de censure à ce niveau, la mauvaise c’est que les développeurs ont cédé à la facilité et les ennemis explosent dans un petit geyser rouge lors que vous déclenchez une furie. Donc n’espérez pas un découpage à la God of War (ou Soldier of Fortune, pour les plus âgés) mais ça reste un jeu PEGI 18 car Berserk ce n’est pas que de la violence et des boyaux, certains passages trash du manga sont aussi présents même s’ils sont le plus souvent suggérés que montrés.

Et non ce n’est pas un boss mais bien un des personnages que vous pouvez incarner

Pour conclure ce test, Berserk and the Band of the Hawk est un jeu fait pour les fans, qui leur propose un gameplay sans prise de risque et retraçant une histoire qu’ils connaissent déjà par cœur. Les éléments de fan service choisis ne plombent pas le plaisir de jeu mais n’apportent rien. Petit conseil à Omega Force, osez proposer aux joueurs de vrais nouveaux jeux, pas des copier/coller avec un skin d’une licence qui ne font pas vraiment plaisir aux fans, ceux-ci attendant aussi du contenu original quant à leur œuvre favorite.

Note

15/20

Troisième jeu tiré du manga Berserk et certainement le plus complet dans la volonté de retranscrire les aventures de Guts. Maintenant si on n’est pas fan de l’œuvre de Kentaro Miura, on est face à un musou/beat’em all assez classique et ne proposant pas beaucoup de modes de jeu mais à la durée de vie plus qu'honnête. La réalisation est de qualité et la violence omniprésente pourrait tenter les fans du genre ne connaissant pas l’œuvre, mais Omega Force livre ici un musou très classique et ne force pas son talent. En résumé si vous êtes fan de Berserk, foncez car un jeu tous les 10 ans, ça ne se refuse pas surtout quand celui-ci est correctement réalisé. Par contre, si vous ne faites pas partie des fanatiques des épées colossales trucidant des dizaines voire des centaines d’ennemis à la fois, passez votre chemin car le côté répétitif de l’action va très vite faire décroître votre potentiel intérêt…

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