
Salt and Sanctuary – un peu de sel sur vos frites ?
La série des jeux Dark Souls a connu un succès tel que trois volets sont sortis à ce jour et que son éditeur From Software a lancé une autre licence, Bloodborne, basée sur le même principe. L’équipe de Press-Start a consacré pas mal d’articles sur ces jeux alors pourquoi est-ce que je vous en parle alors que le titre que je m’apprête à tester n’a, a priori, rien à voir avec les titres de From Software ?
En effet Salt and Sanctuary, sur papier c’est l’antithèse d’un Dark Souls. Le premier est en 2D et le second en 3D. Salt and Sanctuary a un côté plate-forme, l’autre pas. Il est le produit d’une petite société indépendante américaine de deux personnes, SKA Studio, l’autre vient d’un gros studio japonais comprenant plusieurs dizaines de développeurs. Enfin ce jeu n’est disponible que sur PS4 et PC (une version Vita est attendue pour début 2017) alors que la série des Dark Souls est multiplateforme (exception faite des consoles Nintendo). Pourtant Salt and Sanctuary partage aussi pas mal de points communs avec la série de From Software : un univers sombre et adulte, une difficulté élevée et une progression lente (die and retry).
- Le jeu des sept erreurs et ressemblances
Beaucoup de testeurs ont comparé le titre de SKA Studio à une version 2D de Dark Souls. Ils n’ont pas tort mais pas tout à fait raison non plus car Salt and Sanctuary, par son gameplay et son level design, fait référence à une autre série de jeux tout aussi emblématique : Castlevania. De plus si vous avez eu l’opportunité de jouer à la série des Dishwasher (Vampire Smile et Dead Samurai, des exclusivités XBLA) du même studio, celle-ci partage avec Salt and Sanctuary un univers graphique assez similaire ainsi qu’une violence stylisée mais assumée comme dans la série des Hotline Miami (voir notre test du deuxième volet).
- Un petit air de ressemblance entre les deux titres du même studio, non ?
Bref nous voilà devant un titre qui croise pas mal de genres mais qui essaye de garder sa propre identité, tout en rendant hommage aux ténors du genre ainsi qu’à d’autres licences via des clins d’œil discrets mais appuyés.Un petit air de ressemblance entre les deux titres du même studio, non ?
Sea, Salt and Sanctuary
L’histoire commence sur un bateau en plein tempête maritime. Le héros ou l’héroïne, selon votre choix, se trouve en cale quand un membre de l’équipage lui annonce que le navire est attaqué. À peine l’annonce faite, un pirate le trucide et le jeu vous met aux manettes. Peu d’instructions vous sont données et si vous parvenez à atteindre le pont, une petite surprise attend les fans d’Howard Parker Lovercraft. Mais si vous n’êtes pas doué lors de votre premier essai (comme moi), cela importe peu car la victoire dans cette introduction n’est pas une option, bien au contraire : seule une cuisante défaite fera avancer la trame de l’aventure. Une fois vaincu, vous vous réveillez sur la plage d’une île à sombre parure enfermé dans un épais brouillard.

Bienvenue en Belgique – Baie de Somme – Angleterre ?
Vous arpentez le seul chemin à votre disposition et tombez sur un moine qui vous parle de sa croyance envers les trois : le juge, le roi et le peuple (bref la séparation des pouvoirs selon Montesquieu). À vous de décider si vous y adhérez ou non, les habitants de l’île vénèrent sept divinités qui ont toutes des spécificités sur votre statut et les services qu’elles peuvent vous rendent ainsi que pour la fin du jeu – mais j’aborderai plus en détail le rôle des religions dans le paragraphe suivant car votre foi sert en réalité plus le gameplay que l’histoire qui est assez nébuleuse. Plus vous avancerez dans l’île, plus vous rencontrerez des habitants racontant leur malheurs : princesse kidnappée, bandits, esprit frappeur… et donc implicitement justifiant le fait que vous massacrez les monstres ou bandits présents. Une chose est sûre : le climat de brume ambiant combiné à un nombre élevé de morts vivants errant dans les niveaux fait peser sur l’île une ambiance de malédiction dont vous parviendrez peut-être à vous défaire à la fin du jeu. Un autre point important, toutes les divinités requièrent du sel pour être vénérées et celui-ci devient un nerf de la guerre aussi important, voire plus, que les piécettes ou les équipements laissés par les ennemis. Le sel s’obtient aussi en tuant les monstres que vous rencontrez.
Bref le scénario est un mystère aussi épais que celui de la série Lost mais son opacité ne vous empêchera pas de jouer et de progresser au travers des niveaux.
- Deux types de sanctuaires parmi les sept disponibles
Darkvania ou Castlesouls ?
Bon, nous voilà la manette à la main, voyons comment notre héros sur mesure se débrouille face à la faune et la flore locale assez vindicative voire anthropophage. Comme dans n’importe quel Metroidvania, vous pouvez sauter, vous déplacer et attaquer. Là où on sent un clin d’œil à Dark Souls, c’est dans la possibilité de faire des roulades pour esquiver les attaques ou de parer avec un bouclier pour contre-attaquer. De plus rajoutez la possibilité de switcher entre deux configurations d’équipement et une fiche d’inventaire ainsi qu’un arbre de compétences, voilà plein d’éléments qui donnent une touche RPG au titre.

L’arbre des compétences, impressionnant non ?
Mais en 2D difficile d’avoir les mêmes sensations que dans un jeu en 3D et les affrontements requièrent des stratégies très basiques : l’assaut (frapper sans arrêt), l’esquive (roulade puis frapper) et enfin la parade-contre-attaque si vous avez un bouclier. Toutefois vous avez aussi une barre d’endurance et en fonction de l’arme utilisée, de vos compétences développées et de votre style de combat, les attaques ou esquives seront plus ou moins limitées.
La gestion de l’équipement et des compétences est aussi importante, car bien choisir son arme en adéquation avec des compétences utiles et une stratégie de combat face au bon ennemi est garantie de victoire, un mauvais choix assurant l’expédition au cimetière… Les religions que j’ai évoquées et surtout leurs autels ont aussi leur impact dans le jeu à plusieurs niveaux : outre le fait de servir de point de sauvegarde, de permettre la montée de niveau contre du sel et d’y acquérir de nouvelles compétences dont de la magie, le degré de dévotion qui augmente par des offrandes procure des bonus de statut intéressants. Il permet aussi de faire apparaître dans ces sanctuaires des commerçants, magiciens ou forgerons qui rendront votre équipement encore plus redoutable.

Je l’ai déjà vu quelque part mais où…
Enfin terminons par un aspect non négligeable, le level design. Vous explorez des environnements très variés allant de donjons lugubres à des forêts brumeuses en passant par des villages désaffectés ou des grottes profondes. Des torches seront mises à votre disposition, vous permettant d’évoluer dans le noir le plus total et ce n’est pas un luxe croyez-moi. Là où le titre de SKA studio se démarque très fort des Dark Souls et Bloodborne, c’est par le côté plateforme très marqué de certains passages ; vous aurez parfois l’impression de vous trouver dans un Mario pour adulte. Autre point important, le jeu est quand même dirigiste et vous n’avez pas accès à l’entièreté des niveaux, le passage devant la case Boss prévue est indispensable même si plus on avance dans l’aventure, plus la progression s’émancipe, vous laissant la liberté de choisir deux ou trois voies différentes (se terminant naturellement par un Boss).

Un village assez accueillant
C’est en mourant qu’on apprend
Techniquement parlant, on adhère ou pas au choix esthétique du jeu, mais c’est très beau, sombre et soigné. Les animations sont fluides et les thèmes musicaux soutiennent bien l’action. Bref pas grand-chose à redire sur le côté technique des versions PC et PS4 (quid de la version Vita, wait and see…). Je vais être honnête, je n’ai pas encore fini le jeu mais la durée de vie a l’air considérable même si la difficulté y est pour beaucoup. C’est l’occasion d’aborder cette question de la difficulté qui fait le sel du jeu pour certains alors que pour d’autres, elle les découragera d’aller plus loin. On meurt très facilement et la mort signifie le retour au dernier sanctuaire visité, privé de votre stock de sel et amputé de 10% de l’or que vous aviez sur vous. Si c’est un ennemi qui vous tue, vous récupérez votre sel en le trucidant mais si c’est une chute ou un piège, un ennemi sous forme de chauve-souris apparaîtra pour vous permettre de récupérer le butin. Et si en tentant de le récupérer vous mourez de nouveau, bye bye le sel. Mais finalement ce n’est pas si dérangeant, le véritable souci du jeu c’est qu’à part deux-trois bouteilles vous indiquant les commandes, peu d’informations vous sont communiquées sur les mécanismes du jeu. Les armes et leurs effets, leurs améliorations possibles, les compétences et le rôle des religions ainsi que la magie, ben c’est par vous-même que vous devrez en découvrir les petites subtilités tout seul. Et deuxième confession, c’est en regardant des vidéos sur YouTube que j’ai entraperçu ce que le jeu avait à offrir. Une fois que vous avez compris les mécaniques, peu d’éléments viennent perturber votre plaisir à condition d’aimer essayer plusieurs stratégies contre les Boss bien retors et de mémoriser correctement les pièges dont le signalement est souvent trop discret (mais qui peuvent se retourner contre les ennemis, ce qui est assez jouissif, je le reconnais).

Mon cauchemar du moment…
Bref j’ai pris plus de plaisir dans ce Salt and Sanctuary que sur n’importe quel volet de Dark Souls, et cela grâce au côté dirigiste de l’aventure quant à l’enchaînement des niveaux, à la richesse de gameplay, à l’ambiance et surtout à la satisfaction de réussir à enfin massacrer un ennemi difficile qui vous en a fait baver pendant un bon petit quart d’heure.
Note
16/20
Salt and Sanctuary, c’est la représentation de l’adage "qui aime bien châtie bien". Le jeu est très exigeant et ne vous pardonnera aucune erreur mais l'auto-satisfaction est bien présente une fois un obstacle important passé. Certes vous mourrez un nombre incalculable de fois mais vous avancerez et vous maîtriserez de mieux en mieux l’univers riche dans lequel vous évoluez. Par riche, j’entends plein de possibilités au niveau du gameplay. L’ambiance de Salt and Sanctuary est très sombre et adulte mais sert le propos et c’est avec un certain plaisir qu’on aime découvrir de nouveaux pans de cette île mystérieuse et de sa faune « exotique ». Ne baissez pas les bras dès le début, persévérez, documentez-vous sur internet pour mieux comprendre comment jouer s’il le faut mais ne laissez pas passer l’expérience de ce cross over réussi entre les mécanismes de Dark Souls et le level design d’un Castlevania, car c’est au travers des épreuves les plus dures que viennent les plus grandes récompenses…
juloni le 16/02/2017
Le gameplay m’attire autant que le style visuel me repousse. Du coup je n’y ai pas joué. A voir en promo dans quelques temps …
RaskdeTreve le 17/02/2017
Non, non, non! Je l’ai acheté, et j’en suis fortement déçu. J’ai rarement vu une traduction en français aussi ridicule dans un jeu. Sans exagérer, on doit dénombrer 4 ou 5 fautes par phrase, des inversions de mots, bref, on dirait une « google traduction » tapée dans le jeu en copier-coller, sans relire.
Rien qu’à cause de ça, l’histoire et les menus sont incompréhensibles. Et comme il y a un aspect « jeu de rôle » assez poussé avec l’achat et l’utilisation d’objets…
N’achetez pas ce jeu, ce point le fout complètement en l’air.
12/20
robocop3000be le 17/02/2017
Pour information j’ai fait le jeu en anglais, maintenant je comprend qu’une mauvaise traduction peut plomber parfois le déroulement de la quête. Par contre pour les menus j’aimerais bien un exemple concret (peut-être la description des capacités dans l’arbre des compétences).