Rise and Shine – Il y a quelque chose de pourri au royaume des jeux vidéo…

Rise and Shine – Il y a quelque chose de pourri au royaume des jeux vidéo…

L’année 2017 déjà entamée et remis de la période des fêtes, les éditeurs sortent de leur chapeau les nouveaux titres qui nous permettent de faire passer la surcharge, voire l’indigestion des jeux triple AAA qui pullulent sur le marché comme un buffet trop garni au club Marmara. Mais ne soyons pas naïf, les jeux vidéo qui sortent en ce début d’année sont parfois des productions de l’année passée pas suffisamment glamour ou connues pour espérer engendrer des recettes décentes face à la concurrence des productions hollywoodiennes. Ils tablent donc sur une période un peu plus calme pour faire leur nid et attirer le chaland afin de rentabiliser le travail fourni et glaner un peu de notoriété.

Par pur hasard, je tombe en regardant le calendrier des sorties sur un titre paru le 13 janvier 2017 et c’est le screenshot qui capte mon attention. Rise and Shine est un jeu visuellement très beau qui sent la production indé (vous vous en doutez j’aime les jeux indépendants). Après avoir vu une bande annonce assez convaincante (voir plus bas) vantant un jeu d’action en side scroller comme un Gunstar survitaminé à la HD, je me lance dans l’aventure avec un a priori assez positif…

Avouez que ça donne un peu envie non ?

Pour information, Rise and Shine est sorti sur PC et Xbox One. Il a été développé par la société Super Awesome Hyper Dimensional Mega Team (je ne l’invente pas). Ce très petit studio ne comporte que quatre développeurs, qui se vantent d’avoir travaillé sur Plants versus Zombies et Worms 3D, ce que je veux bien croire sur parole car les précédents jeux dudit studio sont Pro Zombie Soccer, Pro Zombie Soccer Apocalyse Edition et SuperMagical. Des jeux inconnus du grand public et disponibles uniquement sur mobile (iOS et Android). Lançons sans tarder l’action et appuyons sur start…

Trop de caméo tue le caméo

Rise and Shine se déroule sur Gamearth, la planète des personnages de jeux video. Le héros est un petit garçon de 10 ans du nom de Rise qui a le pouvoir de l’Infinite respawn (comprenez qu’il ne meurt jamais vraiment). Mais bon dans un monde en paix à quoi cela peut-il bien servir ? Sauf si pendant vos courses au supermarché du coin, une attaque de super vilain marines de l’espace regroupés sous l’effigie des consoles de nouvelle génération vient perturber votre samedi après-midi, vous obligeant à vous abriter pour éviter une surconsommation de plomb… Heureusement le héros légendaire (qui ressemble à Link de la série Zelda) intervient, vous sauve in extremis au péril de sa vie. À peine passé de vie à trépas, le jeune garçon est apostrophé par son pistolet (on est sur la planète des jeux vidéo, je vous le rappelle) qui lui recommande de le prendre s’il veut sortir du bourbier dans lequel il se trouve. Et ce pistolet se prénomme Shine… Voilà notre tandem parti pour retrouver la maman du petit Rise et puis, sur les conseils du Maitre Sorcier, sauver Gamearth en apportant Shine au Roi Mario… Bon je pense que vous avez vu les clins d’œil appuyé des développeurs à la guerre des consoles que se livrent Nintendo et les constructeurs de consoles Next Gen.

Des nouveaux travaux sur le ring de Bruxelles ? Non une attaque de la Next Gen bien sûr…

Personnellement ça ne me choque pas de voir et d’entendre des noms connus dans un jeu, mais les ressortir juste pour avoir l’air cool auprès des geeks sans un humour décapant, c’est un peu idiot. Certes le second et troisième degrés sont omniprésents mais je n’arrive pas à accrocher, tout me paraît lourd et sans grande saveur. Vous aurez même droit au twist de la guerre des étoiles sur le papa de Rise après avoir joué 15 minutes…

Tu tires ou tu pointes ?

Bon vous avez compris que l’histoire ne m’a pas emballé, mais ce n’est pas grave si le gameplay est bon et le rythme de jeu haletant, car c’est quand même la guerre et la bande annonce promet du gore ainsi qu’un body count à faire pâlir d’envie Rambo. Et me voilà aux commandes du héros, manette à la main, prêt à courir le pistolet en avant pour occire les forces de la Next Gen. Et puis là, le choc : premier affrontement, première défaite, je n’arrive pas à tirer comme je veux et respawn (je recommence)… Mon premier désarroi vient du fait qu’il faut d’abord armer avant de tirer, donc il n’est pas possible de courir en tirant. Ensuite pour viser, vous devez utiliser le stick droit de votre manette, il n’y a pas de ciblage automatique. Donc ce n’est pas super précis (vous pouvez utiliser la souris sur PC pour améliorer cela). Par ailleurs, vous pouvez vous abriter derrière un rocher ou un pan de mur afin d’éviter les munitions ennemies, ce qui est indispensable car le jeune garçon meurt très rapidement. Et vous vous en doutez c’est le jeu de cache-cache qui commence, je me planque pendant que les ennemis tirent et après je les arrose. Le problème c’est que certaines attaques ennemies sont capables de détruire votre abri et donc vous devez prioriser vos cibles qui ne sont pas faciles à viser à cause de la maniabilité. Rajoutez deux types de munitions entre lesquels il faut jongler pour vaincre vos adversaires selon qu’ils soient humains ou robots et vous avez une multitude de boutons et d’actions à devoir maîtriser dans un laps de temps restreint. Bref toutes les conditions sont là pour vous prendre les pieds dans le tapis et devoir recommencer l’affrontement depuis le début.

Un des rares moments où l’on peut vraiment se défouler

Les combats, c’est une chose mais le jeu parsème en plus ses niveaux d’énigmes qui vont solliciter la dernière fonctionnalité de Rise, le choix du mode de munitions : des balles guidées et des grenades. L’idée est sympathique mais souvent ça consiste à jouer au chat et à la souris avec les ennemis, ce qui finalement alourdit le déroulement des niveaux.

Touchera, touchera pas, suspense…

Le constat est là et sans appel, Rise and Shine n’est pas un jeu de tir bourrin mais un shooter tactique à énigme dont la maniabilité et les choix de gameplay rendent la progression difficile…

Mais il est où le contenu, non mais allo quoi…

Et heureusement que cela rend la progression difficile, car j’ai fini le jeu en deux heures alors que je mourrais tous les deux minutes (si vous êtes bon en math, ça fait 60 décès). Il y a trois mondes avec trois boss. Outre les combats dans lesquels la moindre erreur mène à la mort et les énigmes avec les munitions, le joueur a droit aussi à une phase de shoot avec un navire, des mini-jeux obligatoires à RPG Town pas folichons (jouer au tir au panier avec une grenade pourquoi pas, mais non) et deux ou trois énigmes sorties de nulle part (le portail golem qui vous tuera et donc le seul moyen de le passer c’est de ne rien faire une fois mort, logique non ?). Bref s’il n’y avait pas les problèmes de maniabilité, les épreuves imposées et les énigmes sans queue ni tête, ce jeu se terminerait en 30 minutes. Seuls les affrontements avec les Boss seraient sympa si la moindre erreur n’était pas fatale, forçant le joueur à recommencer dès le début tout l’affrontement alors que ceux-ci ont plusieurs barres de vie.

Très impressionnant comme boss (alias 999) mais moins dur que le gameplay…

C’est vraiment dommage car graphiquement le jeu en jette et on sent que la direction artistique est soignée (pour la musique, rien de transcendant par contre). Au bout de l’aventure, vous vous demanderez pourquoi vous avez passé deux heures à mourir et à réessayer si ardemment de la finir, car le plaisir de jeu et la satisfaction de la victoire sont bel et bien absents, laissant un arrière-goût de beau gâchis…

 

Note

8/20

Si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. Cette maxime de La Fontaine s’applique hélas bien à Rise and Shine. Un bel emballage ne peut faire oublier des mécanismes de jeu défaillants ainsi qu’une durée de vie ridicule. On sent que les développeurs ont voulu flatter leur public en mettant énormément voire trop de références mais comme je l’avais écrit dans mon top/flop 2016, faire plaisir aux joueurs dans le but d’engendrer du bénéfice sur leur dos sans leur offrir quelque chose de solide et novateur à se mettre sous la dent, c’est exploiter un filon qui peut vite se tarir. La note que j'ai attribuée au jeu reflète la déception que j’ai ressentie en y jouant, mais si jamais les développeurs de Super Awesome Hyper Dimensional Mega Team me lisent (je peux rêver…), j’ai envie de leur dire : persévérez, voyez plus grand, plus original et surtout essayez que les joueurs prennent du plaisir à jouer à vos créations.

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