Konami Code ou quand la triche participe à la nostalgie

Konami Code ou quand la triche participe à la nostalgie

Il y a quelque temps, je me suis rendu compte d’une chose : il y a de moins en moins de cheat codes dans nos jeux actuels. Pour ceux trop jeunes ou avec peu d’expérience vidéoludique, sachez qu’un cheat code est un ensemble de touches ou un mot que l’on tape à un endroit particulier du jeu afin d’avoir des bonus : devenir invincible, sauter le niveau en cours, traverser les murs, etc. D’ailleurs ce système de « code » a longtemps servi de système de sauvegarde sur les jeux consoles.

Et ça ne sert à rien de se voiler la face : pratiquement tous les joueurs parmi les 20-30 ans ont utilisé au moins un cheat code dans leur vie. Donc pas besoin de commenter « Mais non, je suis un vrai joueur moi ! J’ai jamais utilisé ce genre de choses ! AHAHAHAHAHAHAH ! », parce que je ne vous croirai pas et puis, au final, est-ce qu’un cheat code est uniquement de la triche ?

Quand on creuse un peu, on se rend compte qu’au-delà de cet aspect, il y avait la possibilité de totalement personnaliser son expérience de jeu. Par exemple, les Sims devenait un jeu de maison de poupée où on avait la maison de ses rêves plutôt qu’une simulation de la vie quotidienne. Il y avait aussi plein de choses amusantes à découvrir que ce soit sur le jeu ou ses développeurs.

Quel joueur de GTA 3 n'a jamais utilisé le code pour faire apparaître ce bestiau ?

Quel joueur de GTA 3 n’a jamais utilisé le code pour faire apparaître ce bestiau afin de se « défouler » ?

Personnellement, j’ai forgé beaucoup de mes souvenirs de joueur grâce à eux et j’aimerais en partager certains avec vous afin d’éveiller votre curiosité et, pourquoi pas, vous pousser un peu à partager vos propres bêtises.

Mais avant toute chose, revenons à la base…

Le code, c’est le code (dixit un certain roi)

Il faut comprendre une chose, la décision d’intégrer des cheat codes dans un jeu vient avant tout d’une nécessité : les équipes de développement mais aussi de test doivent parfois essayer des éléments se trouvant à des endroits bien précis du jeu et ils ne disposent pas toujours des heures nécessaires pour y accéder « normalement ».

C’est ainsi qu’entre 1985 et 1986, Kazuhisa Hashimoto qui travaillait sur le portage sur NES du jeu de tir Gradius, décida d’intégrer une combinaison de touches dans le code informatique lui permettant de commencer une partie avec tous les power-ups activés. Cela lui permettait de pouvoir rapidement et plus facilement accéder aux niveaux souhaités, le jeu de base étant d’une difficulté redoutable. Cependant, il oublia de supprimer cette combinaison au moment d’envoyer le jeu en fabrication. Certains joueurs l’ont découvert et se sont rapidement passés l’astuce de bouche à oreille.

Si vos pouces se mettent à bouger frénétiquement à la vue de ce code c'est normal.

Si vos pouces se mettent à bouger frénétiquement à la vue de ce code, c’est normal. Vous avez juste trop joué à Gradius ou Contra.

Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là. Contra, jeu d’action sorti en 1988 sur NES, intégre lui aussi le fameux code mais cette fois-ci de manière intentionnelle. Celui-ci permettait de commencer le jeu avec trente vies au lieu de seulement trois, ce qui était un véritable cadeau quand on connait, ici aussi, la difficulté de ce jeu. Autant dire que le code fut utilisé un bon nombre de fois par les joueurs, qui finirent par le connaître sur le bout des doigts. Et comme les deux jeux ont été développés et édités par Konami, le nom de Konami code fut rapidement adopté.

S’il n’est probablement pas le premier exemple de cheat code, il en est le plus populaire vu qu’il est repris par plusieurs autres jeux de la firme (Dance Dance Revolution, la série des Castlevania…), en référence dans des chansons (notamment un couplet de Anyone Else But You des Moldy Peaches) et même dans des séries ou films, (entre autres,  Les Mondes de Ralph) transformant le cheat code en référence culturelle de cette époque.

La pilule bleue et la pilule rouge

Il y a presque 15 ans, j’étais fier de pouvoir jouer à Heroes of Might and Magic III: The Shadow of Death (la seconde partie du titre est celui d’un add-on/DLC) car j’avais écumé la version sur Game Boy Color avec ses graphismes et sa prise en main minimaliste et il me tardait de jouer à l’un des jeux « originaux » de cette licence de stratégie/tactique. Cependant, face à la difficulté et à la complexité des mécanismes, je décidais rapidement de faire un tour sur un site bien connu de jeux pour y trouver les cheat codes.

Soudain, le jeu me semble plus équilibré...Non je déconne, place au massacre !

Soudain, le jeu me semble plus équilibré…Non je déconne, place au massacre !

Mais à la place des traditionnels « God Mode », « Win », « Lose »… que l’on devait taper sur le clavier pour les jeux sur PC afin d’activer le cheat code, je me retrouvais avec des mots étranges comme « Blue/Red pill » pour gagner ou perdre la partie, « lots of guns » pour avoir des machines de guerre ou encore « Morpheus » pour avoir le moral de mes troupes au maximum. Et après quelques instants de réflexion et un tour par le dictionnaire Français-Anglais (autant dire le bon vieux temps) je me suis mis à éclater de rire : tous les codes étaient des références au film Matrix.

Il faut se rendre compte que le développement d’un jeu peut être un moment stressant avec plein de paramètres à garder en tête et c’est d’autant plus vrai pour un jeu comme Heroes of Might and Magic où même le joueur doit prendre en compte un grand nombre de mécanismes pour espérer gagner (construction des villes, déplacement sur la carte, développement des héros, combat tactique, …). En tant que développeur, on n’hésite donc pas à trouver des moyens de décompresser un peu durant le travail et on peut donc facilement imaginer l’équipe du jeu remplacer les traditionnels noms des cheat codes par des références de leur film du moment.

D’ailleurs les gaillards n’en sont pas à leur coup d’essai, les versions précédentes du jeu incluant des codes en référence à Monty Python Sacré Graal ou encore à Star Wars Épisode I : La Menace Fantôme. Mais au-delà des références de l’époque, on peut y voir un témoignage de l’équipe de développement que ce soit sur leur manière de travailler (quels sont les éléments du jeu qu’ils testaient, soignaient, …) mais aussi sur leur identité et leur passion.

Utilise le code Luke !

S’il y a bien un jeu dont mes pouces se souviennent encore de manière mécanique des cheat codes à rentrer, c’est bien Star Wars : Rogue Squadron sur Nintendo 64. Ce jeu de tir avec les vaisseaux de la saga contenait une flopée d’options supplémentaires pour peu que l’on rentrait les bons mots dans le menu dédié. Et parmi les traditionnelles vies supplémentaires et autres déblocages de niveau, on avait aussi quelques perles :

  • Le Faucon millenium, un Tie fighter… On pouvait débloquer toutes sortes de vaisseaux bonus mais le plus singulier d’entre eux n’était autre qu’une voiture ! Et plus précisément, une Buick Electra convertible de 1969. Elle est référencée dans le jeu comme étant la « Rudy’s car », Rudy étant le surnom de Rudolf Stember, développeur chez Factor 5 (les créateurs du jeu) dont la voiture a servi de modéle. La rumeur dit que c’était un clin d’oeil à Georges Lucas qui est un grand amateur de voitures mais cela reste surtout un ajout à l’esprit décalé que l’on retrouve rarement dans les productions actuelles.
Attention, les airbags et la climatisation sont en options.

Attention, les airbags et la climatisation sont en option.

  • Le Naboo Starfighter est un autre vaisseau que l’on peut débloquer uniquement par un cheat code, mais celui-ci a une histoire bien particulière. Bien avant l’époque des DLC promotionels, le vaisseau de La Menace Fantôme fut implémenté dans le code du jeu (autant la version N64 que PC) mais aucune communication ne fut faite à ce sujet. Et pour cause, le film devait sortir cinq mois après la mise en vente du jeu. La stratégie était de dévoiler le code pour jouer le vaisseau au moment de la sortie du film afin de faire le buzz… Et ça a marché. Personne n’a trouvé de traces du vaisseau durant les mois écoulés alors que tous les autres codes ont été découverts un par un. Une réussite quasi miraculeuse quand on sait comment le code d’un jeu est souvent retourné dans tous les sens par certains utilisateurs.
Fun fact: Factor 5 sortira un an plus tard un jeu centré uniquement sur le chasseur de Naboo.

Fun fact: Factor 5 sortira un an plus tard un jeu centré uniquement sur le chasseur de Naboo, Star Wars: Battle for Naboo.

  • Le niveau secret de l’AT-ST était lui aussi disponible uniquement par cheat code. Celui-ci consistait en un environnement « bac à sable » où on contrôlait le fameux bipède de l’Empire qui pouvait détruire plusieurs éléments du décor (habitations, vaisseaux de transport, etc.). D’ailleurs dans la version PC, on pouvait utiliser l’appareil dans presque toutes les missions du jeu. Ce niveau devait sûrement servir de test pour le contrôle de l’AT-ST vu son absence d’objectifs et son « vide » relatif en termes de contenu et aucun « vrai » niveau n’a été développé pour l’appareil, probablement par manque de temps. Cela reste tout de même un beau geste que de l’avoir laissé déblocable pour les plus passionnés.

Le tricheur du grenier

J’aurais pu encore vous parler de Tony Hawk Pro Skater 2 et de son Moon mode qui vous permettait de faire des combos de fou ou encore de Baldur’s Gate qui nous laissait invoquer une armée de Drizzt (personnage célébre des Royaumes Oubliés) mais la place va finir par me manquer et j’aimerais aussi connaitre les cheat codes qui vous ont marqué. Quels sont ceux qui vous ont donné une expérience différente ? Vous ont montré le jeu avec une nouvelle perspective ? Quels sont ceux qui, au-delà de la triche, vous ont donné un sourire au coin des lèvres ?

En attendant vos récits dans les commentaires, créez bien, jouez bien et surtout portez-vous bien.

Réactions

  • alks le 16/03/2016

    J’ai pas mal triché sur le premier opus de Age of Empire 😀 ! Les photon man et autres bigdaddy étaient top. Et un pepperoni pizza était toujours le bienvenue !

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    • Gatchan77 le 20/03/2016

      Ah oui je me souviens aussi du code pepperoni pizza sur AOE !

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  • Employee 427 le 16/03/2016

    J’aimais bien le fait de pouvoir transformer le jeu en sandbox grâce aux cheats. Je suis le genre de mec qui est capable de transformer un RTS en city-builder en ignorant totalement le combat et en essayant de construire la ville parfaite… 😀

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  • LordSuprachris le 17/03/2016

    Mis à part le Konami Code utilisé à profusion sur TMHT2, mes meilleurs souvenirs de triche viennent de Colonization, dont j’avais trafiqué les fichiers de données pour produire 200 unités de n’importe quelle matière sur n’importe quel type de terrain (200 unités de poisson pêchées par un forgeron en haute montagne ou 200 unités de bois coupées par un soldat en pleine mer? Aucun problème ^^).
    J’avais aussi tripoté le code d’une version de « Snake » en Quick Basic pour démarrer au niveau 15 (le dernier) avec 99 vies et un seul truc à ramasser, ce qui ne le rendait qu’à peine moins compliqué…

    Sinon, en cheat code « pas efficace », j’utilisais systématiquement celui de Goldeneye pour débloquer tous les membres de l’équipe en multi, juste pour le fun.

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  • Mass le 19/03/2016

    Et bah perso je n’ai jamais utilisé de cheat codes dans les GTA tout simplement parce que je n’ai jamais aimé y faire quoi que ça soit d’autre que les missions ! Les « balades défoulantes » me font chier en moins de deux !

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  • Gatchan77 le 20/03/2016

    Sur Street Fighter 2 sur super Nintendo, il y avait pleins de codes dans le genre à activer (généralement avec la seconde manette). Le plus connu étant celui pour débloquer les 4 persos supplémentaires.

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  • Johnny Ofthedead le 23/03/2016

    En deux briques :
    – IDDAD
    – IDKFQ

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