Jagged Alliance : Welcome to hell with sun

Jagged Alliance : Welcome to hell with sun

La série : « Les années 90 ça me manque parfois »

“Far Cry avant que ce soit un FPS ?” ; « Les origines de « Black Water » » ; « On n’en fait plus des jeux comme ça mon bon monsieur » ; « Je suis venu, j’ai vu, j’ai mouru » ; …

Jagged AllianceLes commentaires sur ce jeu et ses répercussions en disent long. Jagged Alliance a été créé pour les purs et les vrais joueurs (donc passez votre chemin, adeptes de MMORPG). C’est le genre de jeu qui demande une gestion du début à la fin. Si vous vous relâchez, il y a la certitude de finir en pleurs aux pieds de maman qui vous l’avait bien dit. Du coup, vous relancez une sauvegarde qui date de plusieurs heures (ben oui, on a voulu se la jouer Rambo en se disant que : « les sauvegardes c’est pour les petites ****** mon colonel »).

Jagged Alliance est un STR-jeu de rôle assez unique en son genre pour l’époque. Il se joue au tour par tour avec des points d’actions. Tout se déroule sur la lointaine île de Metavira où poussent des arbres Fallow dont la sève sert à créer des médicaments puissants. Un industriel vous engage pour reprendre le contrôle de son île accaparée par Lucas Santino, l’un de ses anciens associés qui l’a clairement entubé (sans vaseline et avec du gravier).

Pour ce faire, vous devez engager des mercenaires que vous envoyez combattre et enquêter dans les soixante secteurs différents de l’île. Il faut gérer leur paie, leurs armes, leur évolution, leurs mécontentements, leurs peurs, leurs compétences et incompétences.

Fidel

C’est grâce à Fidel que j’ai appris à faire des cocktails Molotov. Qui a dit que les jeux vidéo n’étaient pas instructifs ?

Oubliez le bourinage ou passez votre chemin. La délicatesse, la réflexion et la tactique sont les maîtres mots ici. Et oui, on peut être délicat en faisant tout péter !

À chaque jour sa peine

Tout commence dans le fichier de recrutement. Avec une somme de base, vous embauchez huit personnes afin de créer une équipe polyvalente pouvant faire face à toutes les situations. Leurs qualités diverses vont du tir au soin des blessures en passant par la mécanique et les explosifs. L’heure défile quand vos mercenaires partent sur le terrain ; s’ils ne sont pas rentrés au camp avant la nuit, ils risquent de se faire tailler un deuxième sourire sous le menton pendant leur sommeil.

Chaque jour, vous devez combattre des ennemis en fouillant les différentes zones. Une fois que vous en avez vidée une, vous pouvez passer à la suivante mais le côté par lequel vous arrivez influencera clairement l’issue des combats. Lors de ces fouilles, vous trouvez souvent du matériel nécessaire pour continuer vos buts et, à l’occasion, vous découvrez un indice annonçant une attaque sur votre territoire, et là c’est Byzance et jouissance. Tendre une embuscade à ceux qui tentent de vous reprendre votre dû devient alors aussi facile que de prendre sa sucette à un enfant sans bras et sans dents.

Carte

En fait c’est facile

Attendez, je vous présente pas Nintendogs ici.

Les secteurs que vous avez conquis peuvent être repris par l’ennemi si vous ne les faites pas garder. Les gardes coûtent cher, et en cas d’impayement, ils peuvent faire la grève (on est en droit de se demander comment le socialisme est apparu sur une île perdue de l’Atlantique sud).

Vos hommes peuvent se barrer, vous trahir ou se fritter entre eux. Si vous en virez trop pour en embaucher de nouveaux, vous aurez une mauvaise réputation. Si trop de mercenaires meurent sous votre commandement, vous aurez également une mauvaise réputation. En cas de blessure sur le terrain, ils devront passer une journée à se faire soigner au camp (tout en recevant leur salaire). De plus, certaines de vos recrues ne parleront même pas français ; ceux qui ont joué à Jagged Alliance se souviendront d’Ivan, ancien commandant de l’Armée Rouge qui déblatère uniquement la langue de Tolstoï (« Kacha kacha »).

Terrain de jeu

Et pour terminer, il faut aussi rétribuer les ouvriers qui collectent la sève ainsi que récupérer des usines pour la traiter.

Bref tout est bon pour vous faire attrapper des cheveux blancs, mais c’est ça qu’on aime, l’intensité.

Mon expérience de jeu

On s’attache vite à sa première équipe, les dialogues et les personnalités ayant été pensés pour chacun des personnages. Parfois il est difficile de se séparer de l’un d’eux tandis qu’à d’autres moments, ils partent d’eux-mêmes.

Quand j’y repense, j’ai plusieurs scènes bien précises qui me reviennent à l’esprit ainsi que certains commentaires.

– Un moment épique : J’avais découvert un message parlant d’une attaque avec l’heure et le lieu. Vu que les ennemis ne pouvaient venir que du nord en nageant, j’avais posté toute mon équipe dans les buissons au bord de l’eau. Quand les sbires de Santino ont débarqué, ça a été la foire aux munitions. Omaha Beach était une dispute de bac à sable à côté. Les attaquants qui ne coulaient pas par overdose de plomb se faisaient attraper par les serpents et attirer vers le fond. – Un commentaire inoubliable : Bud : « Je ne suis pas un lèche-bottes, mais je voulais vous dire que Fidel a prévu de partir demain si sa paie n’était pas augmentée ». Sacré Bud, un vrai fayot, je le prenais à chaque fois dans l’équipe pour qu’il me tienne au courant de l’humeur générale.

Jagged Alliance marque surtout le joueur par son souci du détail et ses possibilités multiples. Aucune partie ne se ressemble, l’IA réagit en fonction des actions effectuées et on n’est jamais à l’abri d’un piège ou d’une trahison.

La perfection n’existe pas

Malheureusement, à la longue, le jeu peut se voir répétitif. Les rebondissements scénaristiques auraient pu être plus nombreux, même si l’abondance et la richesse des détails pallient ce manque.

La recherche du dernier ennemi vivant dans une zone d’opération peut s’avérer longue et laborieuse. Surtout si c’est la quatrième zone que vous attaquez. En effet, il n’est pas rare de déambuler comme des poulets sans tête afin de trouver l’immonde fils de sa maman indigne restant qui se planquait derrière un buisson tout en bas de la carte.

La fin vous laisse sur votre faim*, elle vous plaque comme un anorexique à qui on donne la balle face à un rugbymen néo-zélandais. Quand votre équipe entre dans la pièce où se trouve le boss final, il part d’un grand éclat de rire et se fait sauter. Votre escouade a alors moins d’une minute pour quitter le bâtiment au risque de confondre son ADN avec celui des gravats… Ah oui pardon, attention spoil !

La rumeur qui aurait du être vraie

Premier scénario de Sylvester Stallone pour « Expendables », Jagged Alliance – écrit pour être un film – devait mettre en scène Arnold Schwarzenegger en tant que super méchant. Le projet a été abandonné quand les deux hommes apprirent qu’ils étaient nés de la même mère. Ils décidèrent alors de toujours œuvrer ensemble et de ne plus se combattre au cinéma. Depuis, dans tous les films qui les réunissent, ils sont toujours partenaires. Ce n’est que quand Georges Lucas ramassa le scénario tombé de la poche d’Arnold à l’Oktoberfest qu’il eut l’idée d’en faire un jeu vidéo. Pour preuve, le personnage principal qui vous engage lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Merci qui ?

George Lucas

En quelques mots 

Le bijou de Sir-Tech mêle la gestion, la stratégie à long terme et la tactique dans un univers bien recherché. Avec ses missions à difficulté progressive, il vous poussera à bien choisir vos mercenaires. C’est aussi un jeu dont la durée de vie n’a rien à envier à aucun autre. Original, surprenant et rempli d’embûches, il demande de la patience et de la persévérance pour conquérir l’île dans son entièreté.
Le système de points d’actions et de règles, parfois complexe, rend l’expérience réaliste tout en ne restreignant pas les capacités et les possibilités de son équipe. Très bien pensé et fouillé, on comprend les cotations qu’a reçues le jeu à l’époque.

*Je compte recevoir un prix pour cette vanne.

Un article de Fanat-K

Réactions

  • Nintendorigine le 09/05/2015

    Beau compte rendu d’une nouvelle recrue de Press-Start.
    Le jeu à l’air excellent (oui je n’y ai pas joué, mais ce test m’en donne envie!) et bravo à son auteur Fanat-K, j ai bien aimé ton style, quant à ta vanne sur la faim… what else? Je vous demande de ne pas encourager cela! 😉
    Et petite remarque à l’ensemble de la rédaction Press-Start:
    En début de test, pourquoi ne pas mettre un petit encart de quelques lignes, reprenant le nom du jeu, l’éditeur, l’année de sortie, et surtout le support! Ici en l’occurrence, rien n’est indiqué…
    Donc oui à l’encart standard en début de tests! Oui aux nouvelles recrues ! Oui aux articles bien écrit (comme celui ci) ! Et encore Oui aux vannes pourries!

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