Far Cry 3 – Blood Dragon : L’œil du dragon, mec !

Far Cry 3 – Blood Dragon : L’œil du dragon, mec !

Far-Cry-3-Blood-Dragon-Trailer

 

Moitié homme

Moitié Machine

100 % Brute

Rex Power Colt

 

Les bombes nucléaires ont réchauffé la guerre froide entre les States et les Ruskovs. Le conflit a fait une victime collatérale : le Canada, anéanti pour défendre le monde libre. Mais ces enfoirés de communistes ne sont pas les seuls à menacer les bons patriotes américains. Un ennemi intérieur veut tout faire péter, et sa gueule est mise à prix. Sergent Rex Power Colt, allez lui faire avaler son acte de naissance !

2007, dans un futur proche. Le sergent Rex Power Colt, salement amoché dans la seconde guerre du Vietnam, a été rafistolé dans une combinaison mi-humaine, mi-machine. Devenu un cyber-soldat, il utilise ses cyber-capacités pour botter les cyber-culs des cyborgs commandés par le cyber-enculé colonel Sloan. Planquez-vous bande de salopards, Rex va tout faire exploser dans le film d’action le plus explosif de l’année.

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Présenté comme un poisson d’avril, Far Cry 3 : Blood Dragon a été dévoilé, le 1er avril donc, dans une bande-annonce bien kitsch. On y voyait des vecteurs fluo à la Tron et on entendait des sonorités rappelant le thème de Terminator, mais difficile de savoir de quoi il s’agissait. Le site internet au design revenu aux origines du web (http://fc3blooddragon.uk.ubi.com/) brouillait lui aussi les pistes en évoquant plutôt un film dont vous pouviez vous procurer les goodies les plus farfelus à des prix ahurissants. Le canular était trop gros.

Pourtant, Far Cry 3 : Blood Dragon existe bel et bien, et ce sous la forme d’un jeu vidéo. Il s’agit en réalité d’une extension autonome de Far Cry 3, disponible exclusivement en téléchargement pour PC, Xbox 360 et PS3. Pour une quinzaine d’euros, Ubisoft vous propose un retour fin des années ’80, début des années ’90 pour vous immerger dans un nanar de l’époque, riche en films d’action adulés par toute une génération. Blood Dragon multiplie les références aux classiques des trentenaires actuels : Terminator, Predator, Robocop, Rocky, etc. À cet effet, il nous bombarde notamment de dialogues issus de la période ciblée avec les inévitables répliques débiles, guerrières et pro-américaines. Les musiques reviennent aussi aux synthés et aux guitares d’antan et n’hésitent pas à réutiliser la flûte de Pan ou le saxophone pour les scènes romantiques. La bande-son fait mouche pour la tranche d’âgée visée et devrait trouver pas mal d’acquéreurs nostalgiques.

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Blood Dragon rend hommage au cinéma US à gros biscoteaux, mais il s’adresse aussi aux joueurs. Rex nous rappelle ainsi que les « gagnants ne se droguent jamais » et doit « tester sa puissance » (le fameux « test your might » de Mortal Kombat) à la fin de son périple. Pas d’anachronisme non plus pour les cinématiques qui semblent tourner sur des machines 16 bits, avec les savoureux effets ringards que cela suppose. Tout cela devrait donc vous parler si vous êtes un trentenaire mâle (de préférence), élevé au Club Dorothée et aux films de Schwarzy, Stallone, Van Damme et compagnie. Si vous ne faites pas partie de cette catégorie, vous risquez de décrocher rapidement devant l’océan de conneries qui ne vous évoquera rien du tout. Reste alors le caractère rétro du gameplay qui vous parlera peut-être plus.

Blood Dragon ne s’en cache pas, il veut se démarquer des FPS existants. Et il ne perd pas de temps pour nous le prouver avec un didacticiel qui se moque des pratiques actuelles. Rex hurle ainsi ce que tout joueur pense tout bas pendant un didacticiel : « Mais laissez-moi tuer des gens bordel ! » Ca arrive, ne vous inquiétez pas. La suite est une succession de massacres… sans mauvaise conscience. Permettez-moi d’insister sur ce point qui contribue à me rendre le jeu sympathique. Jamais dans Blood Dragon on ne se sent mal à l’aise en réalisant une exécution par derrière ou en enchaînant les tirs à la tête. Tout aspect dérangeant est ici désamorcé par le second degré et l’exagération perpétuelle. On ne fait que s’amuser sans se poser de questions existentielles sur la portée de nos actes.

Blood Dragon s’éloigne aussi des codes contemporains tendant vers le plus grand réalisme. Rex court et nage aussi vite que l’homme qui valait trois milliards, il saute haut et il ne se blesse jamais en chutant d’une falaise. La conduite des véhicules est également très permissive et autorise de folles embardées. Les capacités physiques exceptionnelles au service du gameplay m’ont rappelé les sensations éprouvées dans Crackdown. La jouabilité de Blood Dragon n’a certes pas la même finesse que celle de l’exclusivité Xbox précitée, mais le résultat est parfois assez similaire. Les couleurs fluo rapprochent aussi les deux jeux, de même que les combats contre les bases ennemies. Comme dans Crackdown, la carte extrêmement pratique indique la position des camps hostiles que vous pourrez attaquer quand bon vous semble. Dans cette phase, plusieurs approches séduisantes sont possibles: l’infiltration délicate et satisfaisante avec tirs furtifs et désactivation d’alarmes, le tir dans le tas uniquement envisageable avec des armes améliorées, et le lâche recours aux « dragons de sang ».

screenlg5Ces dragons de sang, qui ont l’apparence de tyrannosaures, sont les stars de l’intrigue. Ils se baladent sur l’île en vous effrayant par leurs cris. Au début, il sera préférable d’éviter la confrontation contre ces monstres et de les attirer sagement sur les bases ennemies. Grâce à cet allié carnivore, vous pourrez plus facilement libérer vos premières bases pour les transformer en camps scientifiques alliés. Ensuite, plus votre niveau montera, plus vous serez en mesure de combattre ces gigantesques bestioles aux dents longues. Mais avant cela, attaquez-vous plutôt aux autres animaux, cybernétiques bien entendu. L’île regorge de bêbêtes voraces que l’on vous propose de chasser avec une arme imposée pour débloquer des améliorations. Au rayon des missions facultatives, on trouve aussi des scientifiques à libérer en éliminant furtivement les preneurs d’otage. Ces deux types de passe-temps se montrent toujours amusants, ce qui est vital pour le jeu, car le temps passerait trop vite sans eux.

Blood Dragon est à Far Cry 3 ce qu’American Nightmare est à Alan Wake. Il condense le propos sur un petit espace et une courte durée et pousse plus loin (très loin même ici) le curseur du trip déjanté. L’aventure est donc brève, mais elle a le mérite de ne jamais lasser. Pour trouver tous les objets cachés, terminer toutes les missions secondaires et principales et obtenir du coup tous les succès du jeu (sur Xbox 360), il m’a fallu dix heures. Je vous laisse imaginer la faible durée de vie si vous vous focalisez sur la quête principale, ce que je vous déconseille. En cinq heures à peine, il doit être possible de voir la fin de l’histoire. C’est court, mais le jeu vous demande alors si vous voulez retourner sur l’île pour « continuer le carnage ». Avouez que c’est tentant, dit comme ça. Sachez néanmoins que l’arme que votre obtiendrez au terme de la quête principale est tellement puissante qu’elle vous ôtera potentiellement le plaisir des missions annexes. Laissez donc la fin pour la fin.

Si la faible variété des missions annexes rappelle l’exploration des stations identiques dans le premier Mass Effect, la quête principale est naturellement plus riche et offre des instants réellement tordants. Sur ce point, la grosse heure de conclusion est une magistrale apothéose de boucherie jouable et de savoureuse stupidité référentielle. Bref, on se marre comme tout au long du jeu. Dans cette optique, Blood Dragon améliore encore la formule d’un Brütal Legend avec lequel les similitudes sont nombreuses. Le beat’em all RTS de Tim Schafer misait, lui aussi, sur le fun permanent et y parvenait assez bien. L’ambiance rock, le monde ouvert, les réflexions du héros, les combats entre factions et les parties de chasse à l’animal bizarre unissent indéniablement les deux titres. Mais Blood Dragon transforme totalement l’essai, au contraire de Brütal Legend qui ne parvenait pas toujours à garder le bon cap. Blood Dragon est lui parfaitement calibré pour vous fendre la gueule pendant le temps que ça durera et avant de vous faire chier. Ah oui, c’est vrai qu’il n’y a pas de mode multijoueurs, mais vous n’allez pas me dire que vous n’avez pas un autre FPS en magasin pour combler ce manque éventuel.

Super Castlevania IV

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Un grand merci à : LordSuprachris  pour la correction

Réactions

  • LordSuprachris le 17/05/2013

    Le test me donne vraiment envie de me prendre le jeu 😀
    J’adore les FPS bourrins à l’ancienne et si en plus les succès ne sont pas extrêmement difficiles, ça fait deux bons arguments pour me laisser tenter 😉

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    • Marcel le 17/05/2013

      Jouer pour des succès ? C’est ça qui me gonfle dans cette génération de console…

      Sans quoi le jeu est terrible, répétitif, court mais vraiment défoulant et il ne se prend pas au sérieux, sans oublier la bande son qui colle bien à l’univers. Je l’ai dévoré en 2 soirées !

      Pour 12/15€, il ne faut pas se priver, surtout si on aimé Far Cry 3, l’original.

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