Illusion Island
Dans la famille des « Illusion », je voudrais l’île ! La bande à Mickey repart à l’aventure dans une formule moderne et en exclusivité sur Nintendo Switch.
Quand un jeu s’annonce avec Mickey comme personnage et le mot « Illusion » dans son titre, il peut compter sur une certaine effervescence chez les vétérans, celles et ceux auxquels les années 80 ont appris à contrôler une manette. La décennie suivante commencera avec Castle of Illusion sur toute la gamme Sega de l’époque : Mega Drive, Master System et Game Gear. Puis, la série « Illusion » va se scinder entre les 16 et 8 bits. Le jeu coopératif World of Illusion sera exclusif à la Mega Drive, tandis que Land of Illusion et Legend of Illusion combleront le manque sur Game Gear et Master System. Chacun de ces épisodes était merveilleux à sa sortie et vaut encore le détour aujourd’hui.
Tout ça pour dire que le studio Dlala sait exactement dans quoi il met les pieds avec son titre « Illusion Island ». Il semble d’ailleurs que la pression ne lui fasse pas peur, car Dlala avait déjà tenté le diable en sortant un nouveau Battletoads en 2020. Pour reprendre la série « Illusion » là où elle en était, le studio a choisi d’adopter une formule qui n’avait pas encore fait ses preuves à l’époque des précédents jeux : la tendance plateformes-aventure sur une carte, dont des passages se débloquent après l’acquisition de pouvoirs spécifiques.
Cette fois, Mickey n’est plus seul mais forme une équipe avec Minnie, Donald et Dingo. Les quatre amis se rendent sur l’île de Monoth après avoir reçu une invitation mystérieuse qui cache en réalité une mission héroïque. Ça tombe bien, notre quatuor adore jouer les héros (sauf Donald, toujours délicieusement bougon) et accepte volontiers de venir à la rescousse des habitants de Monoth en rassemblant trois livres légendaires. Soit un livre par environnement de l’île, plutôt bien découpée en contrées reconnaissables.
Depuis les générations 8 et 16 bits, l’évolution a été telle que le jeu vidéo est capable désormais de reproduire un dessin animé. Ainsi, Mickey et ses amis ont une apparence tout à fait conforme à leur bouille dans les cartoons. L’inspiration vient apparemment de la série récente « Le monde merveilleux de Mickey », dont chaque épisode est un prétexte à de l’action déjantée et plutôt drôle. Le ton est nettement plus sage dans le jeu et moins comique, même si les plus jeunes s’y retrouveront sans doute. La bande de quatre évolue dans un univers coloré et plaisant à regarder, même s’il manque de scènes spectaculaires et mémorables. La musique est un peu dans la même veine : elle est de bonne qualité, tout en ressemblant plus à de la musique de fond diffusée dans un parc d’attractions. Si les thèmes de Castle of Illusion sur Mega Drive sont imprimés à jamais dans ma tête, ceux d’Illusion Island disparaissent dès que j’éteins la Switch. En résumé, par rapport à d’autres jeux de cette trempe, Illusion Island n’offre guère de moments d’émerveillement, par exemple quand une nouvelle zone s’ouvre.
La vraie force du jeu est presque inattendue à un tel degré. Même pour un joueur chevronné, la maniabilité est un régal de souplesse ! On évitera d’ailleurs de ranger Illusion Island dans la catégorie bondée des « Metroidvania », car il ne propose aucun combat. Mickey, Minnie, Dingo et Donald n’attaquent jamais les ennemis, ils les évitent. En temps normal, cela donne un ballet de sauts calibrés qui rappellent Celeste en dix fois plus facile. Et pendant les phases de boss, cette particularité de non-agression est très inventive pour créer une séquence plus corsée, dans laquelle vous combattez votre ennemi par des moyens détournés. Au fil du temps, votre personnage acquiert des capacités supplémentaires qui lui donnent des allures d’acrobate au milieu d’adversaires, lesquels sont quasi inoffensifs avec leurs attaques lentes et simples à déchiffrer.
Dans ces conditions de jouabilité excellentes, tout le monde pourra apprécier Illusion Island. Si vous découvrez le genre, tout vous semblera évidemment frais et rien ne gâchera votre périple. Si, au contraire, vous êtes plutôt habitué à la difficulté d’un Hollow Knight, Illusion Island sera un excellent passe-temps, typiquement pendant des vacances. Enfin, si vous voulez rassembler plusieurs profils de joueuses et joueurs, vous pourrez parcourir le jeu à plusieurs, jusqu’à quatre en l’occurrence. On voit d’ici la grande sœur qui joue avec ses deux petits frères et qui aura d’ailleurs des possibilités pour les aider, comme une corde à laisser pendre pour leur éviter un saut compliqué. À ce sujet, précisons que le jeu n’est pas du tout punitif et s’assimile en réalité à une avancée de points de contrôle en points de contrôle assez rapprochés.
Note
15/20
Difficile de trouver mieux pour initier un (jeune) joueur aux jeux de plateformes-aventure. Digne de son illustre nom, Illusion Island renoue avec l’exigence des titres de la série, qui ciblaient les enfants sans se moquer d’eux. Même les plus connaisseurs reconnaîtront les qualités du jeu, qui se veut extrêmement rassembleur. La preuve, il peut se parcourir jusqu’à quatre joueurs. À moins d’être allergique aux personnages de Walt Disney, Illusion Island a tout pour plaire aux amateurs de jeux de plateformes au sens strict puisqu’il ne comporte absolument aucun combat, ce qui mérite aussi d’être signalé.
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