Session : Skate Sim

Session : Skate Sim

Une fois n’est pas coutume, je vous recommande chaudement de relire le test de Skater XL avant de vous lancer dans la lecture de cet article. Car s’il n’en est aucunement une suite, la simulation de skate de chez Crea-ture Studios présente énormément de similitudes avec le jeu de Easy Day Studios. Maintenant que la piqure de rappel sur la direction clairement choisie par les deux développeurs est faite, chaussons les Vans et penchons-nous plus longuement sur Session : Skate Sim.

La première chose qui marque quand on pose les mains sur Session, ce sont ses graphismes. Pour commencer cette très longue liste de points de comparaison, Session se démarque fortement de son « rival » par une direction artistique beaucoup plus réaliste, faisant fi des couleurs souvent trop vives que l’on retrouvait dans Skater XL pour adopter une patte graphique qui renvoie beaucoup aux vidéos de skate des années 90. Les animations de notre skater sont également un peu moins « lunaires » et le tout rappelle beaucoup la série Skate à notre bon souvenir. Le gameplay est, dans les grandes lignes, identique à celui de Skater XL, avec un stick analogique attribué à chacun des pieds de notre avatar et des déplacements gérés en penchant notre corps avec les gâchettes, mais deux petites subtilités viennent faire toute la différence… et élever grandement la difficulté. Pour notre plus grand plaisir ?

Chaque stick est lié à l’un de nos pieds et mis à profit par un gameplay visant à apporter à l’expérience le plus de réalisme possible. Si vous avez pris la peine de relire le test de Skater XL comme je vous invitais à le faire en guise de préambule, vous vous souvenez peut-être de la remarque que j’avais faite sur l’inversion des manipulations requises une fois que notre skater roulait en fakie ou en switch. Si les développeurs de Skater XL se sont contentés d’inverser les animations sans trop chambouler les commandes du joueur, aucune concession ne sera faite ici dans Session ! Je suis conscient que je risque de perdre les personnes non familières avec le monde du skate dans les prochaines lignes, mais cela me permettra de déjà tirer une première conclusion sur le titre : clairement, il s’adresse aux skaters et n’hésite pas à laisser les non-initiés sur le banc de touche ! Vous êtes toujours là ? Parfait, rentrons dans le vif du sujet !

En partant sur un skater roulant en regular, un ollie se fera en tapant le stick de droite vers le bas tout en venant contrebalancer le mouvement du stick gauche vers le haut pour mimer le « taper / gratter » permettant de sauter sur une véritable planche. Et si notre brave skater en position regular se met à rouler en switch, c’est désormais le stick de gauche qui sera positionné vers l’arrière de la planche, donnant au stick de droite le contrôle du haut de la planche : il faut complètement repenser ses tricks en « miroir » pour pouvoir les poper en switch. Dans la même logique, cela inverse complètement le fonctionnement des nollies et fakie ollies et, pour être complètement transparent avec vous, il y a de quoi s’emmêler les pinceaux durant les premières heures de jeu. Le jeu ne propose actuellement aucun grab mais compense cette « perte » par l’ajout des pressure flips, des tricks un peu plus complexes à effectuer par leur absence de pop et dont les manipulations s’appuient à nouveau énormément sur la coordination entre les pieds requise pour imprimer la rotation sur un vrai skateboard.

Les grinds et autres slides fonctionnent peu ou prou comme dans Skater XL, et s’ils sont assez compliqués à appréhender, le feeling qui se dégage d’un nose slide bien placé sur le bord d’un rail est parfaitement jouissif ! Le jeu se révèle particulièrement complexe à prendre en main, une difficulté qui contribue grandement à augmenter le plaisir ressenti au fur et à mesure qu’on en dompte les ficelles, venant joliment pousser l’analogie avec le skate et donnant raison au sous-titre de Skate Sim du jeu. Toutefois, le titre se permet d’embarquer quelques options d’accessibilité qui permettent d’alléger quelque peu le gameplay en laissant le jeu se charger d’amortir automatiquement certains atterrissages ou encore activer une option qui rapproche un peu plus l’utilisation des sticks analogiques du gameplay de Skater XL. Pour mettre toutes ces possibilités à l’épreuve, Session se montre assez généreux en contenu.

Si Skater XL se contentait de nous lâcher dans différentes cartes pour les explorer et skater à notre guise, Session propose, quant à lui, une campagne scénarisée assez comparable à celle du premier Skate. Ancrée dans un certain réalisme, elle nous fait incarner un skater de retour dans le quartier, qui va se mettre à aller faire du skate avec son pote Donovan tout en rencontrant d’autres skaters, locaux ou même professionnels venus rouler dans les parages. Daewon Song étant un de mes skaters favoris (et, 3615 ma vie, que j’ai eu l’occasion de rencontrer il y a une vingtaine d’années), le retrouver et aller skater avec lui dans le jeu m’a particulièrement amusé. Les objectifs proposés restent clairement dans cette vision du réalisme avec des tricks spécifiques à plaquer sur certains spots venant subtilement montrer au joueur quels sont les endroits les plus propices aux belles figures, qu’il est possible de revoir, éditer et sauvegarder dans le mode caméraman, accessible à tout moment durant notre partie. La carte rappelle beaucoup celle du premier Skate et fonctionne comme un tout connecté où il faudra prendre le bus via les arrêts disponibles sur la carte pour rejoindre des parties plus éloignées et isolées, comme le super chouette skate park de Westpoint.

Ce tableau idyllique sonnerait presque comme la présentation du jeu de skate parfait où l’aspect simulation est profondément présent… Si seulement le jeu était sorti en meilleur état ! L’expérience est constamment gâchée par de nombreux bugs assez dérangeants : collisions hasardeuses, chutes aléatoires (qui tiennent clairement du bug tant on voit que les roues de notre personnage accrochent sur un objet n’existant pas), réinitialisation glitchée de la position de notre skater sur sa planche au moment de lâcher le trick préparé résultant le plus souvent en une gamelle sur l’obstacle que l’on s’apprêtait à franchir ou encore objectifs qui ne se valident pas alors qu’on a bien effectué la figure exigée à l’endroit requis et j’en passe. Bref, Session manque énormément de finition. En l’état, le jeu est bien plus souvent frustrant que plaisant et ce n’est pas l’exigence du gameplay qui est à mettre en cause mais bien ces problèmes techniques venant constamment entacher le plaisir de jeu. Quand le tout fonctionne, l’expérience de jeu est transcendante et le moindre frontside flip sur un gap de deux marches se transforme en accomplissement total ; malheureusement Session tire bien plus souvent la gueule qu’il ne brille. Espérons que les développeurs de chez Crea-ture Studios parviendront à rectifier le tir avec de rapides patchs correctifs.

Note

12/20

Quel gâchis ! Voir un jeu aussi rempli de promesses être réduit à néant par des bugs aussi présents est vraiment dommage. Quand le moteur du jeu ne fait pas trop des siennes, Session se montre clairement digne de son titre de simulation de skate et dégage une véritable passion pour la pratique, fort de choix de gameplay marqués venant retranscrire brillamment une session de skate. Malheureusement pour lui, le côté technique ne suit pas toujours. À recommander aux aficionados de skate les plus patients vu l'état actuel du jeu !

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