Si vous faites partie des fidèles de La Mandale ou Rien, notre émission hebdomadaire chaque vendredi soir sur notre chaîne Twitch, vous savez à quel point j’affectionne le genre du beat’em up. Ce type de jeu originaire des salles d’arcade et intimement lié au jeu de baston est particulièrement défoulant mais, comme vous avez pu le constater, il peut aussi rapidement se révéler frustrant. Sous ses apparences « simplistes » se cache en fait un vrai travail d’orfèvre pour accoucher de titres tels que Turtles in Time, Streets of Rage 2 ou Final Fight, avec un souci d’équilibrage similaire, toutes proportions gardées, à celui requis par un jeu de combat. On a pu le constater à plusieurs occasions, des hitboxes mal définies et une mauvaise gestion du hitstun peuvent vite transformer l’expérience du joueur en calvaire…

Initialement sorti en mai 2021 sur Playstation 4 et PC, Itadaki Smash vient d’être porté sur Nintendo Switch et c’est sur cette version que j’ai pu mettre les mains. Développé et édité par les studios Main Loop et Relevo, le jeu est un beat’em up qui se rêve digne héritier des ténors du genre au point de les citer ouvertement, comme en témoigne le texte déroulant d’introduction tout droit repris de Streets of Rage. Les développeurs ont choisi d’adopter une approche culinaire pour la direction artistique de leur jeu, comme l’indique d’ailleurs le titre. Concrètement, les protagonistes tiennent un restaurant que la mafia locale veut faire fermer. Cette dernière use alors de pouvoirs démoniaques pour maudire la nourriture et la transformer en de coriaces adversaires, et c’est donc à nos protagonistes de calmer à la fois leur stock d’aliments et les membres de la mafia pour libérer la ville et sauver leur restaurant.

Malheureusement, il n’y a pas grand-chose qui va dans ce jeu. Fort d’un roster de quatre personnages reprenant peu ou prou les poncifs du beat’em up et d’un gameplay offrant quelques possibilités sympathiques de combos et de juggle avec deux barres liées à des coups spéciaux plus puissants dont il faudra gérer les ressources, Itadaki Smash part d’une bonne intention, je n’en doute pas. Hélas, le rythme du jeu traîne la patte en toutes circonstances, et ce ne sont sûrement pas les animations des personnages ni les impacts des coups qui viendront y changer quoi que ce soit : peu importe le personnage choisi, préparez-vous à une lourdeur affublée d’une lenteur dans les déplacements et les coups. La progression du jeu semble avoir elle aussi oublié d’enlever le frein à main, avec des niveaux divisés en trois stages à défilement horizontal, sans boss au bout de ces derniers, et un quatrième stage uniquement dédié au combat de boss. Comme les ennemis sont très vite recyclés d’un stage à l’autre, la répétitivité s’installe trop rapidement sans qu’on ne ressente d’évolution dans le level design entre les stages et niveaux, un peu comme si le tout avait été copié / collé sans aucune inspiration.

Ce manque flagrant d’inspiration se ressent aussi dans la direction artistique du titre. Que ce soient nos personnages, leurs adversaires ou même les décors traversés, tout est terne et fainéant. Même la bande originale peine à convaincre. Alors que, selon les dires des créateurs du jeu, elle est supposée être dans le plus pur style arcade à l’ancienne, on se croit le plus souvent dans un supermarché ou dans un ascenseur. Malheureusement pour Itadaki Smash, ses concepteurs ont consacré plus de soin à glisser quelques easter eggs ici et là qu’à peaufiner leur titre, mais il ne suffit pas de citer les plus grands pour boxer dans la même catégorie. Vu le résultat final manette en main, ces citations tiennent presque plus de l’insulte que de l’hommage aux ténors cités.