Elden Ring

Elden Ring

Tout a déjà été dit au sujet d’Elden Ring. Impossible d’être passé à côté du raz de marée médiatique qu’a engendré la sortie du dernier From Software, qui s’impose déjà comme le titre majeur de ce début d’année 2022, si ce n’est même de l’année purement et simplement. Aussi, plutôt que de vous faire un test classique que vous aurez déjà pu lire auprès de nos chers confrères, ai-je préféré prendre une approche plus… particulière.

Je ne pense pas être un grand joueur de ‘Soulsborne ». Certes, je me suis essayé à la plupart des jeux de la « série », je prends plaisir à en découvrir les héritiers comme vous aurez déjà pu le remarquer au fil de mes tests, mais je dois bien reconnaître manquer de temps pour m’y consacrer pleinement. Ainsi, à part Jedi : Fallen Order, que je confesse même avoir terminé à deux reprises, il me faut bien admettre ne pas faire partie du club très select des joueurs ayant terminé un ou plusieurs Soulsborne. À vrai dire, l’annonce initiale d’Elden Ring m’avait même moins emballé que les premières présentations de Bloodborne et de Sekiro, dont j’appréciais justement le changement de ton. Seulement, au fil des previews, la maestria avec laquelle From Software était parvenu à réécrire sa propre formule en la conjuguant avec le monde ouvert a attisé ma curiosité : loin d’une carte « parc d’attractions » classique farcie de points d’intérêts dégueulant à même la boussole du joueur, Elden Ring semblait prôner une approche plus comparable à celle qu’a choisie Nintendo pour concevoir son Breath of the Wild, la grimpette en moins. Il ne m’en fallait pas plus pour jeter mon dévolu sur le titre à même sa sortie, et sitôt le jeu installé sur ma console, je pris ma manette…

Et me réveillai dans une étrange bâtisse. Le temps de reprendre mes esprits, j’avançai en vacillant vers la porte se dressant devant moi. Le flou affectant mes yeux se dissipant peu à peu, j’ouvris la porte pour découvrir un ascenseur. Comme aucune autre alternative ne semblait s’offrir à moi, je décidai de l’emprunter. C’est pendant sa longue ascension que je réalisai que je n’étais pas sans moyen de défense : je portais sans m’en rendre compte jusqu’ici une épée et un bouclier plutôt… rudimentaires. Une fois parvenu au sommet, je découvris une étrange vallée escarpée et compris assez rapidement que je ne me trouvais pas dans les hauteurs. Une atmosphère pesante était dans l’air tandis qu’un dédale d’escaliers de fortune se dessinait devant moi. En resserrant mon emprise sur mon équipement basique, je suivis le chemin que traçaient les assemblages de cordes et de planches jusqu’à arriver sur une sorte de cour dégagée. Sans prévenir, une ombre difforme fendit l’air pour s’écraser lourdement devant moi. La chose était innommable. Si au premier coup d’œil elle évoquait une araignée, on ne pouvait que remarquer directement l’horreur qui la composait : des dizaines de membres humains putréfiés et raccommodés en une machinerie organique taillée pour tuer. Malgré mes efforts, rien n’y fit : je finis taillé en pièces par cette malsaine abomination.

Après avoir senti une étrange présence et le souffle d’une bête, je me réveillai à nouveau, cette fois-ci dans une caverne. Bien qu’une porte se dressât en évidence devant moi, un être décharné dont on ne pouvait pas vraiment dire s’il était encore vivant ou déjà mort m’invita pourtant à descendre plus profondément dans la grotte. Je ne comprends toujours pas pourquoi aujourd’hui, mais une étrange voix dans ma tête me poussait à lui faire confiance. C’est ainsi que je descendis et traversai un dédale de passages caverneux. La traversée ne fut pas de tout repos, de nombreux brigands se dressant devant moi, mais alors que je les affrontais, me revinrent des souvenirs d’aventures lointaines et pourtant si proches. À l’issue du dédale, après avoir affronté le chef des bandits, je revins à l’entrée de la grotte, face à la porte. Galvanisé par mes souvenirs renaissants et ma victoire contre le scélérat, j’ouvris la porte.

Ce que je vis me saisit : bien loin de ces sommets oppressants où j’aurais juré avoir perdu la vie, c’était tout un monde qui s’offrait à mes yeux. Une chaleureuse lueur attira mon attention quelques mètres plus bas. Je m’en approchai pour ressentir directement une aura apaisante tandis que je touchais la source de la lumière. C’est ainsi que je pus retrouver des forces. Toutefois, maintenant que j’avais pour ainsi dire activé la source de lumière, elle formait d’étranges filaments partant dans une direction, telle une boussole. Je décidai de suivre cette direction… Quand j’aperçus un énorme guerrier juché sur un cheval tout aussi imposant. Je compris en un coup d’œil qu’il ne serait pas amical, et entrepris de suivre la direction donnée par la lumière tout en esquivant soigneusement le cavalier. Ce faisant, je finis par trouver d’autres sources de lumière. La première se trouvait dans une église, où je fis la rencontre d’un marchand. Il m’apprit que je me trouvais en Entre-Terre, et après lui avoir raconté mon histoire, il semblait en savoir plus à mon propre sujet que moi-même ! Je serais donc un Sans-Éclat, un être choisi par le destin pour se dresser contre les cinq Seigneurs d’Elden devenus fous, afin de restaurer l’ordre et la paix en Entre-Terre.

Cette révélation m’accabla. Bien qu’il se puisse que le marchand raconte n’importe quoi, cette étrange voix qui s’était déjà manifestée dans mon esprit se matérialisa alors que je découvrais un nouveau site de grâce, les fameuses sources de lumière. Une jeune fille m’apparut, accompagnée d’une bête étrange évoquant principalement un cheval mais dont les cornes similaires à celles d’un bouc ne permettaient pas d’en identifier l’espèce. Son odeur était pourtant directement reconnaissable et pour cause, c’était celle que j’avais sentie avant de reprendre mes esprits dans la grotte. La fille me révéla tout ce que je savais déjà depuis ma rencontre avec le marchand, mais avec plus de détails. En ma qualité d’élu en quelque sorte, elle me confia, outre la lourde tâche de triompher des cinq Seigneurs, la créature en guise de destrier. Nommée Torrent, cette monture me devint rapidement fidèle et c’est grâce à elle que je repris ma route de plus belle. Bien entendu, de nombreux ennemis croisaient ma route, et il m’arrivait souvent de périr au combat. Le destin est bien facétieux, et à chaque fois que je passais de vie à trépas, la faucheuse se jouait de moi et me privait de l’éternel repos en me faisant réapparaitre auprès d’un site de grâce. Je n’avais donc aucun autre choix que de suivre le chemin tracé par la lueur de la grâce.

C’est ainsi que j’arrivai tant bien que mal aux portes du château de Voilorage. J’étais apparemment attendu, car un être étrange et difforme m’accueillit d’un cinglant discours m’incitant à rebrousser chemin face à l’impossibilité de ma tâche. Margit, car tel était son nom, connaissait tout des Sans-Éclats et entendait bien m’empêcher d’aller plus loin. Je tentai tant bien que mal de l’affronter, encore et encore, poussé par ma malédiction ne me laissant guère d’autre choix, mais rien n’y fit. C’est à ce moment, alors que tout semblait perdu, que je réalisai une chose : je ne peux pas mourir, et le monde est si vaste ! Alors que je suivais la route que me montrait la grâce, je croisai de nombreux chemins et vallées. Si le destin de l’Entre-Terre reposait sur mes frêles épaules et que cette même destinée me privait d’envisager l’échec, je pouvais me permettre d’explorer le monde. Après tout, il y a bien cinq Seigneurs à vaincre, et ils seraient bien bêtes de s’être tous réunis au même endroit, aussi me décidai-je à arpenter les terres. Un meilleur équipement m’aidera dans ma quête, pensai-je, si bien que je rebroussai chemin depuis le portail de Voilorage pour rendre une nouvelle visite au marchand.

Chemin faisant, et ayant accepté la mort en face, je me surpris à prendre de plus en plus confiance en combattant les ennemis se dressant sur ma route. Oh, bien sûr, il s’agirait de ne pas attraper la grosse tête, mais la peur est sans conteste la pire ennemie que puisse avoir un Sans-Éclat. Au fil de mes rencontres, je devenais progressivement plus fort et plus sûr de moi. Une fois arrivé à l’église en ruine où se trouvait toujours le marchand, je fis la rencontre d’une sorcière. Moi qui ne connaissais rien de l’Entre-Terre, tout le monde semble pourtant me connaître, et afin de m’aider dans ma quête, elle me remit une cloche. Ce petit artefact de cuivre me permettait d’invoquer des esprits pour combattre à mes côtés. Fort de cette nouvelle acquisition et après avoir acheté et amélioré de l’équipement de meilleure facture, je remarquai qu’il faisait nuit. La dernière fois que j’étais passé par ici, il faisait jour, mais dans la pénombre nocturne je discernais au loin la lueur d’un feu de camp. Ma curiosité piquée au vif, je me dirigeai discrètement en direction de la lueur et découvris l’entrée d’une grotte. Saisissant une torche, je m’engageai dans les couloirs de pierre où une meute de loups avait élu domicile. Bon gré mal gré, je parvins à les vaincre pour découvrir au bout du chemin tracé par les murs de roche un étrange brouillard.

Mon instinct me poussa à le traverser, prêt à combattre et à raison car sitôt engagé dans la pièce, une créature difforme, mi-homme mi-rat, se jeta sur moi, son énorme épée parée à trancher ma chair. Je fis une roulade maladroite vers la gauche de l’assaillant, lui faisant rater son coup et me relevai le bouclier dressé. Après lui avoir asséné un coup d’épée, je fus forcé de reculer sous ses coups qui frappaient de plus en plus fort sur mon bouclier. Avant que mon bras ne cède sous la pression, je fis une rapide roulade en arrière pendant laquelle je me saisissais rapidement de la cloche de la sorcière. Alors que je me relevais, je la fis résonner et trois loups se matérialisèrent à mes côtés, se lançant en un fragment de seconde à l’assaut de la bête. Ainsi aidé par les esprits de loups, je triomphai rapidement de la créature. Galvanisé par cette victoire et endurci par les combats que j’avais traversés en explorant la vallée de Nécrolimbe et ses environs, je décidai de rendre une nouvelle visite à Margit le Déchu.

Ce ne fut pas sans peine, ni même sans trépas, mais après plusieurs dizaines de ballets mortels, aidé des esprits grâce à la cloche de la sorcière, fort de l’expérience de mes aventures en Entre-Terre, je finis par mener la danse en menant Margit vers sa tombe. Quelque chose d’assez indescriptible se propagea alors dans tout mon être, et alors que je tremblais nerveusement, je ne m’étais jamais senti autant apaisé. Je contemplais le corps encore chaud de mon adversaire disparaître en cendres portées par le vent, pansai mes blessures et retournai vers le château de Voilorage dont la défaite du gardien venait de m’ouvrir les portes. Je ne sais toujours pas pourquoi c’est à moi d’affronter les Seigneurs d’Elden, je ne comprends toujours pas comment j’ai pu être choisi pour être Sans-Éclat, mais une chose est sûre : rien que pour revivre cette sensation qui m’a transcendé corps et âme en triomphant de Margit le Déchu, je le ferai !

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