The Gunk

The Gunk

Un vaisseau spatial de transport s’approche d’une planète inconnue, riche en promesses de fortune pour Rani et Becks. Mais avant de repartir avec une cargaison pleine, il faudra faire le ménage dans ce nouveau jeu des développeurs de SteamWorld sur Xbox et PC.

Rani et Becks sont des transporteuses/pilleuses de l’espace à la recherche de ressources à revendre. Ce qui commence donc comme un simple boulot prendra pourtant beaucoup plus d’ampleur et de sens à mesure que Rani poursuivra sa soif de découverte. Rani l’intrépide et Becks la prudente, ainsi pourrait-on les décrire en un mot. Rani écoute surtout son courage et moins la voix de la sagesse, celle de Becks en l’occurrence. Becks, dont les « Crocs » aux pieds révèlent un tempérament pantouflard, mais qui est avant tout la protectrice attitrée de Rani. L’impétueuse Rani qui a déjà fait les frais de sa fougue : un bras amputé et remplacé par un gant-prothèse.

Ce gant est en quelque sorte votre aspirateur sans fil. Il attire et absorbe les éléments à proximité, en particulier le fameux « gunk », autrement dit la pollution infâme qui défigure la planète. Alors qu’elle apparaît verdoyante et pure dans ses zones intactes, la planète qui sert de décor à l’aventure ressemble par endroits à une décharge remplie de ce « gunk ». Avec votre gant, vous aspirez le « gunk » et rendez au paysage sa splendeur naturelle d’antan. La beauté restaurée, l’harmonie des couleurs et les reflets dans l’eau vous emportent ; voilà comment le jeu met le grappin sur vous. Gambader dans ces décors est un réel bonheur, le moteur du jeu (l’Unreal Engine 4) rend une copie très propre en donnant du réalisme aux espaces verts et en accentuant les effets de lumière dans les grottes visitées. Emballé par votre périple, vous ne rechignez pas à effectuer cette tâche redondante d’aspiration de « gunk », juste pimentée par de légères phases d’action inoffensives.

Votre équipement comporte aussi un scanner permettant d’identifier les éléments rencontrés sur votre route, qui feront office de ressources à exploiter afin d’améliorer les capacités de votre gant à l’aide de l’installation présente sur votre vaisseau. Certaines améliorations sont obligatoires pour progresser, comme l’augmentation de la force d’aspiration du gant qui est indispensable pour arracher de grosses graines et les planter aux endroits reconnaissables. Cette manipulation fera apparaître des sortes d’escaliers végétaux menant à des hauteurs inaccessibles avec un simple saut. Vous avancez ainsi de manière banale en suivant un chemin linéaire dans un premier temps. « The Gunk » prend donc la forme d’un jeu d’énigmes et de plateformes, des énigmes plutôt faciles et des séquences de plateformes à la précision satisfaisante.

Consacrons maintenant un couplet à la musique, sans laquelle le jeu ne serait pas ce qu’il est. Composée par le Suédois « Ratvader », la BO de The Gunk s’appuie fortement sur les instruments à cordes frottées. Violon et violoncelle rendent l’aventure chaleureuse et très accueillante. Une orchestration plus énergique aurait enlevé une bonne part de sa force tranquille au jeu et sans doute ébréché le cocon familial dont on perçoit nettement les contours en jouant.

Un cocon familial, mais quel genre de famille au juste ? On l’ignore, la relation exacte entre Rani et Becks ne s’éclaircira jamais, mais on sent que des liens très forts les unissent. Qu’il s’agisse d’une relation amoureuse ou d’amitié, quand on s’inquiète autant pour l’autre ou qu’on craint à ce point de le décevoir, on peut parler de famille. Une famille qui s’étend d’ailleurs au troisième membre de l’équipage, Curt le robot cuistot dont la seule réplique (« You got served ») résonne dans des intensités différentes selon le sentiment qu’il cherche à exprimer. Lui, Curt, vous ne l’entendez que sur votre camp de base, mais la voix de Becks est presque toujours dans vos oreilles via votre radio : Becks qui s’informe de la situation, Becks qui donne des indications, mais surtout Becks qui vous sermonne au moindre risque inconsidéré et puis Becks qui fait la tête et dont le silence soudain perturbe bien plus Rani que les remontrances. Becks ne sera rassurée que lorsque Rani sera en sécurité auprès d’elle, peu importent les enjeux.

Becks à gauche et Rani à droite

Car des enjeux il y en a, mais à quoi bon vous les dévoiler. Bien vite, vous aurez une bonne idée du déroulement de l’histoire, qui a des mérites tout en étant prévisible. L’essentiel du propos se concentre de toute façon sur ce que vous voyez dès le début : la nature luxuriante et sa fragilité traduite par le « gunk ». On sait pourquoi on avance dans le jeu, mais on s’intéresse surtout à la manière dont les événements vont influencer l’entente entre Rani et Becks, tout tourne autour d’elles après tout.

La progression sans réel obstacle ne détourne pas non plus notre attention des héroïnes. Jusqu’à la dernière portion de l’aventure, où il faut un peu plus mériter le générique de fin. De quoi réveiller les amateurs d’énigmes (à peine) complexes qui auraient pu traverser les trois premiers quarts du jeu en bâillant. Ce dernier quart m’a un peu remué, mais je m’en suis sorti sans trop tarder et surtout sans m’énerver. The Gunk ne devait certainement pas se terminer par une crise de nerfs, au risque de détruire tout l’édifice de sérénité bâti jusque-là.

Le jeu se termine en 5 à 6 heures en ayant refermé un chapitre de vie des deux protagonistes. Le studio suédois derrière les titres SteamWorld n’en rajoute pas inutilement, tout est condensé dans cette aventure brève. Les heures passées avec Rani et Becks s’écoulent sans lassitude et laissent imaginer aussi bien le passé de ces personnages attachants que le futur qui les attend.

« The Gunk » est disponible sur Xbox et PC au prix de 25 euros ou via le game pass sur les deux supports.

Note

14/20

The Gunk réussit à nous faire entrer dans la vie de ses héroïnes en une poignée d’heures et ne s’étend pas au-delà de ce qui est nécessaire. Si l’aventure est brève, elle a tout d’une grande avec son élégance technique et artistique. L’action sans doute trop banale ne gâche pas le plaisir que l’on ressent en accompagnant le « couple » formé par ces deux femmes attachantes chacune dans leur genre.

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