The Great Ace Attorney Chronicles

The Great Ace Attorney Chronicles

Alors que 20 ans nous séparent de la sortie des premières tribulations de Phoenix Wright (Ryuichi Naruhodo en V.O.) sur console portable, les aventures vécues par son ancêtre Ryunosuke débarquent dans une version complètement anglaise, doublage compris. Oubliez donc vos kanjis et sortez plutôt votre méthode Harrap’s, il va vous falloir votre meilleur niveau pour vous approprier la langue de Shakespeare (ou plutôt de Shamspeare dans le cas qui nous occupe) aussi bien que l’étudiant japonais que vous incarnerez.

Si vous voulez en savoir un peu plus avant de continuer, je vous invite à lire ceci, qui vous parlera un peu du jeu en mode trailer.

Élémentaire, mon cher Wilson

Ryunosuke Naruhodo est un jeune étudiant japonais qui a eu la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment. « Objection ! », me direz-vous ? Vous vous doutez en effet que les événements fâcheux ne seront en fait qu’un fil conducteur vers le grand destin de notre personnage : devenir le meilleur avocat de la défense. Loin de se poser en simulateur de système judiciaire, le jeu prend la forme d’un graphic novel qui ne vous dévoilera la suite des événements que si vous remplissez les bonnes conditions. Le tout distille un univers absurde dont l’humour ne fera pas toujours mouche mais aura le mérite d’accompagner admirablement la douce folie des différents protagonistes que vous serez amené à croiser.

Les épisodes fleurent bon l’Angleterre victorienne à travers un steampunk coloré et ne se contentent pas d’enchaîner bêtement les phases d’interrogatoire ou de procès. Les protagonistes sont, comme toujours, déjantés et improbables, autant d’ailleurs que beaucoup de situations que vous vivrez. Au chapitre des nouveautés, oubliez tous les délires ésotériques et place à la logique et au raisonnement par le biais de Herlock Sholmes. Le bougre ayant la fâcheuse habitude de se lancer dans les déductions les plus folles à partir d’éléments anodins, vous devrez rectifier ses inexactitudes en présentant des preuves ou via des phases d’observation où vous pourrez tourner la caméra (merci la version 3DS) autour d’un point d’intérêt pour mettre en évidence l’élément caché qui viendra compléter ou enrichir les déclarations du détective. Heureusement, son assistante Iris Wilson s’en sort mieux du haut de ses dix ans et de son Doctorat (quand je vous disais que les personnages étaient improbables).

Lorsque le personnage n’est pas à la recherche d’indices, il devra assumer le rôle d’avocat de la défense. Le joueur usera de son dossier afin d’examiner les preuves présentées (dont certaines sont manipulables ou interactives). Il devra aussi écouter attentivement les contradictions dans les déclarations des témoins pour faire surgir la vérité lors du contre-interrogatoire. C’est d’ailleurs lors de ce genre d’interruption que Ryunosuke se lancera dans ses emblématiques Hold It et Objection. Certains procès vous demanderont de compter avec des jurés dont l’avis sera prépondérant sur le verdict final. À l’inverse, une contradiction dans les opinions des jurés peut vous aider à renverser la tendance et reprendre les rênes du procès.

Un accusé est cuit quand son avocat n’est pas cru

Chaque aventure (Adventure puis Resolve) est divisée en cinq épisodes qui permettent au joueur de se familiariser avec toutes les possibilités mises à disposition, pour aboutir à un dernier épisode qui vous obligera à user de tous les stratagèmes. D’ailleurs, c’est assez frustrant de commencer la deuxième partie et de se retrouver face à un niveau didacticiel, mais c’est l’inconvénient mineur d’avoir rassemblé deux jeux différents sur un seul titre. Le ton est léger et l’humour inégal, mais les nombreux rebondissements dans la narration des procès vous fera vivre des montagnes russes d’émotion. Quand votre indice clé sera balayé par une objection du terrible Barok Von Zieks, vous verrez directement ce que je veux dire. Il va sans dire (mais j’te l’dis quand même) que ce genre de jeu et de narration ne plaira pas à tout le monde.

Les fans de la série savent que le jeu joue beaucoup sur les stéréotypes mais, ici, il le fait parfois de façon trop manichéenne. Certains personnages passent leur temps entre trois animations particulièrement absurdes tandis que d’autres seront plus nuancés. Malheureusement, il arrive de devoir se coltiner une très longue conversation avec le genre d’individu qui a la douloureuse habitude de toujours tourner autour de sa compulsion. C’est le sentiment général du jeu qui peine à avancer dans sa narration, surtout que de belles conversations peuvent se retrouver noyées dans un flot de considérations inutiles et souvent redondantes. Dommage pour un jeu dit « textuel ».

Certains bonus seront rapidement accessibles via la Galerie ou l’Auditorium, mais vous devrez atteindre le deuxième épisode avant de pouvoir profiter des tenues alternatives pour les protagonistes principaux. Vous pourrez aussi trouver les Escapades, de courts épisodes qui vous plongeront un peu plus profondément dans le terrier de cet univers déjanté.

Personne ne gagne devant un tribunal, sinon les avocats

Si vous avez déjà tâté de la série, vous pouvez vous lancer les yeux fermés dans cette compilation qui vous apportera votre dose de doigts pointés et de retournements improbables de situation. Certes, beaucoup de dialogues sont clairement inutiles mais permettent au moins de contribuer à l’identité générale du titre qui n’a d’autre but que de nous conter une histoire décomplexée et qui ne recule devant aucune clownerie ! Cette légèreté se retrouve même dans les bonus qui regorgent de notes ou d’anecdotes amusantes sur le jeu et les développeurs.

Note

14/20

Une compilation qui plaira aux fans occidentaux de la série, qui bénéficie d'une localisation complètement anglaise, doublage compris. Le jeu condense ce que la série a de mieux à proposer, quitte à afficher une simplicité issue de son support d'origine (la 3DS). Les procès sont toujours aussi palpitants et on prend toujours un plaisir (non) coupable à lancer le fatidique "Objection" le doigt pointé.

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