Sorti dans nos contrées en septembre 2018, Dragon Quest XI est un excellent jeu – mais ça, vous le savez déjà, fidèles lecteurs et lectrices que vous êtes. Le jeu était initialement sorti en 2017 au Japon, sur PS4 et 3DS. Si la version PS4 était quasiment identique à celle parue en Europe, la version 3DS proposait deux versions d’une même aventure : avec des graphismes 3D dans la veine des portages de Dragon Quest VII et VIII, ou bien carrément avec des graphismes 2D à l’ancienne fidèles en tout point à l’esthétique des épisodes de Dragon Quest sur Super Nintendo. C’est un an plus tard que le jeu est sorti sur Switch, en septembre 2019, et pour l’anecdote, Dragon Quest XI fut le tout premier jeu officiellement annoncé sur la console qu’on appelait encore NX à l’époque. La version Switch judicieusement renommée Dragon Quest XI S proposait de retrouver le meilleur des deux mondes avec la version 3D moderne (comprenez par là PS4) et la version 2D hommage de la version 3DS, affublé de suppléments non négligeables comme des doublages japonais, une bande originale réorchestrée et du contenu supplémentaire, exclusivement sur la console de Nintendo.

Vous connaissez le marché du jeu vidéo. À moins d’être une production interne de Sony, Nintendo ou Microsoft, les exclusivités ne durent qu’un temps et il en va de même pour DQXIS ! Un portage PS4, Xbox One et PC de la version Switch du dernier Dragon Quest est disponible depuis début décembre. Il est très important d’insister sur le fait qu’il s’agisse d’un portage de la version Switch et non pas du Dragon Quest XI de 2018 enrichi des ajouts susmentionnés, car cela a son importance : pour pouvoir intégrer le mode 2D et les arcs scénaristiques supplémentaires, les équipes de Square Enix ont dû refaire le jeu de A à Z sur Switch, en tenant également compte de ses propres caractéristiques techniques. Il était tout bonnement impensable, après avoir dû créer trois versions distinctes du jeu (PS4/PC, 3DS et Switch), que les développeurs reprennent une nouvelle fois la création du jeu à partir de zéro pour étoffer le Dragon Quest XI européen, et de facto il est impossible de mettre son jeu à jour avec ce nouveau contenu en DLC.

Cela implique donc de devoir repasser entièrement à la caisse si on souhaite revivre l’aventure avec des ajouts qui enrichissent l’expérience de jeu, mais aussi d’accepter que le résultat final affiche un poil moins de finesse à l’écran que la précédente version « HD » du jeu. Fort heureusement, la direction artistique du jeu en ressort indemne et si effectivement certains aspects du jeu pourront paraître plus « grossiers », l’identité visuelle de Dragon Quest XI est si forte que la magie opère toujours aussi bien et il faut vraiment vouloir chercher la petite bête pour trouver cette version XI S enlaidie par rapport à son grand frère. Mis à part ces désidératas techniques futiles, DQXI ressort complètement embelli grâce à ces ajouts. Le cœur du jeu reste identique à 100 %, mais le dynamisme apporté par le doublage japonais – en totale opposition avec la version anglaise complètement fatiguée – et la découverte des chapitres supplémentaires font qu’on se replonge avec plaisir dans une aventure pourtant connue d’avance.

Le mode 2D est sympathique et rend un vibrant hommage au J-RPG 16 bits. On perd bien entendu le dynamisme supplémentaire apporté à la mise en scène par les doublages, mais les contraintes techniques que se sont imposées les développeurs pour que le jeu puisse – potentiellement – tourner sur Super Nintendo comme ses ancêtres lui apportent un charme certain. Cette réédition de Dragon Quest XI est donc à vivement recommander aux nouveaux venus, qui n’ont d’ailleurs pas trop le choix : la sortie de cette version S a entraîné la disparition pure et simple du Dragon Quest XI de 2018 du PSN et de Steam. À moins de mettre la main sur une édition PS4 physique, il n’est plus possible de se procurer la première version du jeu et si les ajouts de cette Definitive Edition sont un plus non négligeable, il me parait néanmoins discutable de ne plus laisser le choix aux nouveaux venus ne jurant que par le « C’est beauw ». À moins d’être un fan absolu de la série voulant absolument connaitre les nouveaux chapitres – auquel cas vous avez sûrement déjà refait le jeu sur Switch – je vous recommanderai par contre d’y réfléchir à deux fois avant de passer à la caisse. Il s’agit bien d’un tout autre jeu avec lequel vos sauvegardes ne seront pas compatibles, et nous savons tous à quel point la barrière psychologique du prix peut jouer quand il s’agit de racheter une nouvelle fois le « même jeu » à plein tarif.