Brukel

Brukel

Le développeur belge Bob De Schutter entre dans la maison où a grandi sa grand-mère et récupère ses souvenirs de jeunesse. Une jeunesse marquée par la vie dure à la ferme, et surtout par la Deuxième Guerre mondiale.

Bie Verlinden, 92 ans aujourd’hui, a vécu ses premières années dans une ferme à Geel, en province d’Anvers. La ferme est située à « Brukel », le nom que l’on donne à une zone marécageuse (« broek » en néerlandais) de la ville. Le jeu commence de nos jours, lorsque son petit-fils pénètre dans cette ferme abandonnée mais toujours peuplée de souvenirs bien vivants…

Le petit-fils en question s’appelle Bob De Schutter et il est à la fois développeur et professeur de game design appliqué à l’université de Miami. Pour son jeu « Brukel », il a enregistré sa grand-mère, qui raconte sa vie de l’époque et sa vision de la guerre depuis sa ferme. Au total, il a rassemblé 5 heures d’enregistrement audio, qui ont été condensées pour tenir dans un jeu court de 90 minutes. Cette capture audio est découpée en fragments, qui servent en quelque sorte d’encyclopédie ou de commentaire des événements passés.

La ferme est inhabitée, hormis quelques squatters qui ont laissé des traces de leur passage, comme… une canette de Cara Pils ! Pour le reste, le narrateur est seul avec les fantômes du passé. Avec son smartphone, il entreprend de réaliser un reportage photo de ce qu’il voit en visitant le domaine. Le joueur cadre lui-même la photo et s’il parvient à viser un objet intéressant, il obtient une récompense : un commentaire de mamy ! Bie Verlinden explique ainsi l’utilité de certains outils oubliés et raconte le quotidien de sa famille à la ferme, avec une charge émotionnelle toujours contenue.

La grand-mère s’exprime en néerlandais, dans un patois campinois difficile à comprendre pour un francophone. Mais, aidé des sous-titres en français, on a beaucoup apprécié le côté « exotique » de cette langue inhabituelle dans un jeu vidéo. On peut aussi entendre d’autres voix qui disent quelques mots en néerlandais pour inciter le joueur à accomplir une action ou lui mettre un peu de pression. Dans ces conditions, on ne comprend absolument pas pourquoi le petit-fils, lui, parle en anglais. Il ne fait que prononcer quelques mots pour lui-même, mais cela suffit à créer un décalage linguistique étrange.

Dans son premier tiers environ, Brukel est très calme et adopte la formule d’un walking simulator à la Gone Home. Néanmoins, il exploite bien les possibilités du smartphone : l’appareil photo, la lampe de poche (très astucieuse pour laisser certaines pièces dans la pénombre) et la sonnerie qui fait sursauter. Le joueur se sert aussi d’une liste de choses à faire, qui reprend en fait les éléments à photographier. Ces éléments sont nombreux et peuvent allonger l’aventure si vous désirez les trouver tous. Vous pourrez aussi interrompre cette recherche après avoir pris les clichés obligatoires pour avancer dans le jeu. À ce moment, le héros vous donne le signal pour l’étape suivante de l’aventure, qui prendra une toute autre tournure.

On ne va pas gâcher votre plaisir de la découverte, car ce plaisir existe bel et bien dans Brukel. Pour être franc, on ne s’attendait pas à se faire secouer autant. Bien sûr, le récit de la grand-mère est poignant lorsqu’il évoque l’invasion allemande. Mais c’est surtout par sa mise en scène que Brukel bouscule le joueur. Sans en dire trop encore, vous revivrez des scènes de guerre qui se sont déroulées à la ferme, et votre rôle de spectateur deviendra beaucoup plus intense. Plongé au cœur de cette réalité, le joueur ressentira vraiment les événements.

N’allez cependant pas imaginer des séquences de fusillade en vue FPS, qu’on se comprenne bien. Le développeur respecte jusqu’au bout son matériau de base, les mémoires de sa grand-mère. Cette dernière nous accompagne d’ailleurs par la voix tout au long du jeu, en commentant les séquences à l’écran auxquelles elle a dû hélas assister en chair et en os. Brukel ne perd ainsi jamais sa dignité de jeu témoignage. On sent le respect du développeur et l’émotion qu’il partage avec sa grand-mère. Et cela rend Brukel terriblement touchant.

Brukel

Une grand-mère raconte la guerre à son petit-fils développeur de jeux vidéo. Ça se passe à Geel en Belgique, c'est très touchant, ça doit finir dans votre bibliothèque Steam : https://store.steampowered.com/app/1073900/Brukel/On vous en parle en détail bientôt sur notre site.#dubelge Brukel Game #BelgianGamesIndustry

Gepostet von Press-Start am Freitag, 8. November 2019

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