Journey for Elysium

Journey for Elysium

Pour les athées que vous êtes peut-être, la mort représente un point final. Cette extrémité brutale est certes un peu triste, mais elle est rassurante sur un point : on ne vous emmerdera pas après votre mort. Un apaisement qui n’existait pas dans les mythologies grecque et romaine où, même après le décès, on n’est jamais tranquille…

Journey for Elysium est le premier jeu du studio belge Mantis Games. Installé à Gand, le studio a mobilisé une équipe d’une dizaine de personnes, que des mecs, pour créer un jeu dont le ressort principal est l’amour, maternel et conjugal. Au revoir le cliché des gars passionnés de jeux vidéo, insensibles et asociaux par nature et avides de violence !

Tout commence par votre mort, désolé de vous le dire. Le jeu s’ouvre sur un joli coucher de soleil et la seconde d’après, vous voilà aux portes des Enfers. Un endroit impressionnant à voir, surtout si on vous le présente en réalité virtuelle. Journey for Elysium se joue en effet uniquement au casque VR. Une fois équipé du matériel nécessaire, un tutoriel vous apprend les bases, notamment comment vous déplacer à pied ou attraper des objets et en particulier des pièces d’or qui servent à raviver des souvenirs de l’époque où vous étiez vivant voire où vous n’étiez pas encore né. Eh oui, sous la forme de silhouettes dorées, c’est bien votre père que vous voyez draguer votre mère et, dans le royaume des morts, vous donnez la rose à votre partenel pour conclure l’affaire. Ah l’amour !

Rangez tout de suite les violons, car ce n’est pas cet amour-là que le jeu va célébrer et il y a une bonne raison à cela. En effet, votre père (« qui semblait venir d’ailleurs ») va se casser pour toujours avant de vous avoir offert votre premier cadeau de Saint-Nicolas. En revanche, votre mère ne cessera jamais de vous aimer et son attachement sera loué jusqu’au-delà de la mort. Vous traînez hélas une étiquette de bâtard, que vous ne parviendrez à décoller qu’à la faveur d’un acte héroïque… débouchant sur votre union avec la femme de votre vie. L’amour maternel et conjugal, vous connaissez donc. Mais vous ignorez encore tout du sale tour que les dieux vous ont joué.

Après le prologue, la balade continue sur le célèbre Styx, à bord d’une barque. Plongé dans la réalité virtuelle, vous tenez les rames et déplacez votre embarcation jusqu’à un ponton. La progression sur l’eau est libre et, sans suivre un rail, vous devez parfois donner un coup de rame du bon côté pour ne pas frotter un bord. Une fois au sol, vous vous déplacez à nouveau librement ou par téléportation pour les plus sujets au mal de la VR. Du bout des doigts, vous attrapez des pièces d’or et les jetez sur les orbes pour libérer les souvenirs, comme dans l’introduction. Vos autres actions visent à avancer dans l’environnement, qui s’assimile à un donjon.

Petit catalogue d’actions possibles : tirer à l’arc, déplacer des plateformes en récompense d’un casse-tête, casser des pots, jouer une mélodie à la lyre, etc. Toutes des actions à réaliser soi-même avec des contrôles VR et qui rappellent le quotidien d’un héros habillé en vert dont on confond toujours le nom avec celui d’une princesse. D’une énigme à l’autre, notre pauvre personnage avance vers son destin tragique et vers une scène spectaculaire que n’aurait pas reniée Kratos. L’aspect imposant et intimidant rend justice à la mythologie dont s’inspire Journey for Elysium, et le décor est majestueux pour de la réalité virtuelle.

Dès les premiers instants de l’aventure, vous visitez des lieux vastes où les constructions cyclopéennes imposent le respect à celui qui les admire en contre-plongée dans son casque VR. D’autres éléments font aussi leur petit effet, comme les crânes de créatures monstrueuses, les apparitions fantomatiques sur les rivages, les visages qui apparaissent à la surface de l’eau ou les mains tendues qui s’extirpent du même liquide noir que les échoués dans Death Stranding. En outre, le studio a choisi une représentation élégante, avec un noir et blanc seulement illuminé par quelques touches dorées. Par ailleurs, la musique n’est pas très présente voire carrément absente pour laisser entendre, par exemple, des cris stridents de corbeaux au loin.

Pour de la réalité virtuelle, Journey for Elysium donne du grand spectacle. La brève aventure (de 2 à 3 heures) dépasse le cadre de la simple expérience pour constituer un jeu à part entière. Si vous possédez le matériel requis (Oculus Rift, HTC Vive ou Valve Index) et une quinzaine d’euros, Journey for Elysium est une jolie pièce à ajouter à votre collection VR sur PC.

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