SNK 40th Anniversary Collection

SNK 40th Anniversary Collection

Pour faire une bonne compilation rétro, il faut réussir deux choses : l’émulation et la sélection de jeux. Si vous n’avez pas ces deux éléments, ne songez même pas à programmer des options ou à ajouter un musée de bonus, ce serait du gâchis. Or, SNK a développé ces aspects complémentaires en se persuadant qu’il avait réuni les deux piliers fondamentaux. L’émulation, c’était du gâteau. Et pour les jeux ? Oh hé, on parle quand même de SNK là ! Oui, mais de quel SNK parle-t-on exactement ?

Le SNK qui fête son quarantième anniversaire n’est pas celui que vous connaissez le mieux. Pour beaucoup, SNK est synonyme de Neo Geo. Et à juste titre, puisque la machine à rêves n’avait presque plus d’essence dans le moteur après l’arrêt de la Neo Geo. Mais avant la Neo Geo, comment se fait-il qu’on ne se souvienne jamais du passé de SNK ? Sans doute parce que ce passé n’est pas très glorieux…

SNK se cherche encore avant la Neo Geo.

C’est bien simple, les jeunes années de SNK ressemblent à un brouillon de son futur. Ainsi, les Ikari Warriors n’ont pas la grâce indémodable des Metal Slug, Alpha Mission n’est pas sa suite et Street Smart ne tient pas un round face aux grands classiques Fatal Fury, King of Fighters ou Mark of the Wolves. Que ces comparaisons anachroniques soient au désavantage des anciens, c’est plutôt normal. Mais il faut le reconnaître, le SNK de cette époque ne produit pas encore de jeux aboutis et certains (présents sur cette compilation) n’ont même pas une lueur de promesse pour l’avenir. C’est comme si les vieux potes un peu nazes de SNK lui avaient organisé une fête surprise pour son quarantième anniversaire. Et ça fout un sacré cafard à SNK qui n’attendait pas ça pour faire la fête, lui qui s’éclate au quotidien avec sa Neo Geo Mini et ses rééditions de classiques Neo Geo à l’unité.

Je vous le dis tout net, je n’ai pris aucun, mais alors aucun plaisir à (re)jouer aux Ikari Warriors, Alpha Mission, TNKIII, etc. En réalité, je ne pourrais citer que trois jeux sur cette compilation qui conservent encore un peu d’intérêt à mes yeux. Psycho Soldier est un jeu d’action assez agréable à manier et à regarder. Crystalis est plutôt intéressant, notamment par sa nature de curiosité dans la production SNK puisqu’il s’agit d’un RPG. Enfin, Prehistoric Isle in 1930 est un bon shoot’em up qui offre un chouette système de module d’options pour mieux vous balancer avec bonheur des dinosaures à la tête, la difficulté démesurée des derniers niveaux étant le seul véritable défaut du jeu. Si la compilation comprenait uniquement des jeux de la trempe de ces trois-là (et surtout Prehistoric Isle), elle serait géniale ! Parce que, c’est vraiment dommage, la compilation cartonne sur les autres aspects.

Crystalis, la curiosité de cette compilation

Tout d’abord, l’émulation est évidemment très fidèle, ce qui est la moindre des choses. De plus, la compilation offre quelques options d’affichage, telles que des filtres, des arrière-plans et l’orientation en écran vertical pour les jeux qui s’y prêtent. Ensuite, un simple bouton permet de rembobiner le jeu librement pour mieux affronter la difficulté arcade « j’espère que tu as beaucoup de pièces dans tes poches ». Une autre solution pour se faciliter la vie consiste à se tourner vers les portages sur consoles, qui sont aussi disponibles dans cette compilation, de même que les différentes versions par région. N’oublions pas la sauvegarde de la progression et accordons une note parfaite à la compilation dans le domaine des options et du confort de jeu.

Ensuite, les jeux sélectionnés ont droit à un superbe hommage dans le musée. Tout en sobriété, le lecteur musical regroupe plusieurs BO de cette compilation. Moins sobre et même bien vivant, l’album d’images arrive à nous replonger dans l’époque concernée, surtout si on l’a vécue bien entendu. Dans cet exercice, les captures d’écran constituent le minimum attendu, on commence à compter des points bonus quand le musée y ajoute des flyers numérisés ou des pubs papier, et c’est la fête au village lorsque le développeur dévoile des secrets de production ou des anecdotes. Vous savez, ces « trivias » dont tout le monde raffole dans les ouvrages de Pix’n Love, par exemple. Le quarantième anniversaire est ainsi l’occasion de ressortir les vieux dossiers, qui recèlent assez bien de détails croustillants. Puisque la présentation fait l’effort d’être jolie en plus, le musée de cette compilation mérite une note maximale.

Des anecdotes pour les passionnés d’histoire du jeu vidéo

SNK 40th Anniversary, c’est le cadeau de Noël qui va vous intriguer pendant tout le réveillon avec son superbe papier d’emballage. Hélas, une fois que vous aurez déchiré cet emballage d’une main délicate mais impatiente, vous serez déçu d’avoir bavé toute la soirée pour ça. Oui, « tout ça pour ça », c’est la citation de presse la plus honnête qui pourrait apparaître sur la pochette du jeu. La compilation est en effet sortie aussi en version physique, ce que les joueurs rétro apprécient toujours. Ceux-ci aimeront beaucoup moins le fait de devoir télécharger onze titres supplémentaires, sans frais heureusement mais sans gloire non plus. Sur cette brochette, on retiendra deux jeux d’horreur pimpants mais une fois de plus cochonnés : le jeu de tir Beast Busters proche de l’injouable sans pistolet et un bon dérivé d’Ikari Warriors mais atrocement difficile avec SAR Search And Rescue. Quoi qu’il en soit, comment expliquer qu’une compilation rétro en boîte ne parvienne même pas à mettre tout son contenu sur la cartouche ?

Et puis d’ailleurs, comment expliquer l’écart de qualité entre ces vieux titres et les merveilles de la Neo Geo ? Peut-être en se rappelant que les débuts de la Neo Geo n’étaient pas non plus féériques. Blue’s Journey, Burning Fight, Magician Lord, Cyber-Lip (que j’adore au demeurant), Alpha Mission 2, Sengoku, King of the Monsters ou même le premier Fatal Fury n’étaient que des titres sympathiques, impressionnants d’un point de vue technique mais qui auraient été incapables de passer à la postérité sans tout ce que la Neo Geo allait proposer par la suite. S’il n’y avait pas eu ce déferlement de titres magiques dans un deuxième temps, on ne se souviendrait pas des jeux de lancement de la Neo Geo. Comme on ne se souvient pas des créations de SNK avant cette période, la preuve avec cette compilation…

 

Note

10/20

On est triste pour cette compilation qui fait tout pour le mieux sans avoir les pièces de collection qu’elle mérite. Plus de 20 titres s’accumulent pour dire presque tous la même chose : SNK n’a pas toujours eu de l’allure. Même les joueurs les plus rétro avaleront difficilement les 40 euros déboursés pour la compilation, qui vaut surtout pour ses bonus.

Réactions

  • gazza8 le 22/12/2018

    Merci pour ce test, le style est toujours aussi bon.
    3 jeux qui valent le coup d’oeil sur combien ? Effectivement ça ne fait pas beaucoup. Les compilations de « vieux » titres sont nombreuses (surtout chez Atari) mais finalement peu valent le coup. Les ‘Sega Megadrive Ultimate Collection’ et ‘Capcom Classics Collection Reloaded’ sont les meilleures à mon sens.
    Et côté SNK, la SNK Arcade Classics Volume 1 (sur Wii) contient vraiment des bons titres.

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    • spacecowboy le 29/12/2018

      Désolé, j’avais oublié de te répondre…
      Ca fait 3 jeux intéressants sur un total de 24 quand même !
      Je suis client des compilations rétro, je suis d’ailleurs en train de découvrir la compilation Mega Drive sur Switch. Le problème, c’est qu’il ne faut pas chercher à faire des classiques avec tout ce qui est rétro. Le SNK de cette époque n’a pas sorti de classique, intemporel du moins parce que la série Ikari Warriors a eu son succès à l’époque.
      La Mega Drive Ultimate Collection était excellente en effet, tout comme les Capcom Classics Collection. La compilation SNK sur Wii, est-ce qu’elle ne tournait pas en 50 Hz ?

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