Dark Devotion prend pitié de vous

Dark Devotion prend pitié de vous

La dévotion, ça ne se mesure pas uniquement au volume de votre chant dans un ensemble de gospel. La dévotion fait aussi battre le cœur des combattants de Dieu, qui ne reculent devant aucun sacrifice pour servir leur divinité. Entre l’église feel good et celle qui glorifie le supplice de la Croix, Dark Devotion a choisi son camp.

Un temple maudit, voilà bien un endroit idéal pour exposer sa piété de Templier. Ou plutôt de Templière, puisque c’est une guerrière de Dieu qui se présente devant l’entrée de ce lieu damné. Déterminée, notre héroïne sait qu’elle devra souffrir pour percer les secrets de cet édifice rongé par le mal, on raconte tant d’horreurs à propos de ce temple…

Dark Devotion est un jeu d’action-aventure en 2D qui a l’originalité de n’être ni un Metroidvania, ni un rogue-like. C’est rare de nos jours ! Le temple s’explore dans des niveaux prédéfinis proposant plusieurs chemins disponibles, mais où chaque porte qu’on fermera derrière soi restera close à jamais. Pour parvenir à ses fins narratives, le jeu ne pouvait pas compter sur l’aléatoire et devait reposer sur un parcours bien tracé, certes avec plusieurs embranchements possibles. L’histoire revêt une importance capitale dans Dark Devotion, comme j’ai pu m’en rendre compte à la dernière Gamescom.

Lors du salon allemand, j’ai rencontré les membres du studio français Hibernian Workshop sur le stand The Arcade Crew (une nouvelle branche de Dotemu). Des gars très sympathiques qui m’ont accordé une longue entrevue et que j’ai remerciés en leur prodiguant un conseil précieux : se méfier de la mention « alkoholfrei » sur les bières vendues à la Gamescom… Pendant mon rendez-vous, le responsable de la narration a insisté sur le soin apporté à l’histoire pour conférer un contexte au temple et un passé aux autres aventuriers et malheureux mécréants jetés dans ce cloaque. L’aventure de Dark Devotion s’apparente à une croisade, il est donc normal de s’intéresser au sort des autres croisés et à la déchéance des boss errant dans ces couloirs sombres.

Dark Devotion adopte un ton très sombre, on n’est pas là pour rigoler. L’inspiration principale, l’équipe déclare l’avoir puisée dans le mastodonte Diablo et son côté glauque. Les boss sont les principaux artisans de cette ambiance, leur âme étant désormais soumise aux forces obscures. Dans la démo présentée à la Gamescom, je me suis retrouvé face à l’un d’eux : le combat fut inégal tant il semble indispensable de connaître le comportement de ces ennemis redoutables. En y allant à l’instinct, c’est la mort assurée. Et d’ailleurs, il en va de même à l’intérieur des niveaux. Chaque ennemi nécessite une bonne observation plus que de l’adresse. C’est la formule Castlevania qui me plaît tant, avec un bon gros degré de difficulté supplémentaire. On sait que la comparaison est presque devenue un gag, mais le studio n’a pas honte de reconnaître une ressemblance avec la série de From Software, roulade comprise.

Au moment de ma visite à la Gamescom, un jeu faisait grand bruit : Dead Cells. Même si on pourrait croire à première vue que les deux jeux sont de la même famille, l’impression en pleine partie n’a rien à voir. Dark Devotion est un jeu beaucoup plus posé, où la réussite passe par l’anticipation car l’héroïne n’est pas une gymnaste ; elle n’est même pas capable de sauter. C’est un personnage lourd et puissant qui doit maîtriser ses émotions. En somme, il s’agit d’une femme d’église. Son salut, elle le sait, passera par son détachement et sa capacité à ne pas se laisser impressionner par les horreurs qui l’attendent. C’est sa foi qui lui servira de lumière dans la pénombre.

La foi est devenue une mécanique de jeu pour Dark Devotion ; on en récupère et on l’utilise pour prier. S’agenouiller devant un autel pourra ouvrir des accès prometteurs, et rien que la pose de prière ramène votre personnage au statut que le studio cherchait à créer : un héros modeste qui est confronté à des puissances qui le dépassent de loin. Notre Templière trouvera-t-elle les ressources nécessaires dans sa dévotion ?

En une demi-heure de jeu à la Gamescom, j’ai pu constater plusieurs choses. Le pixel art est macabre à souhait et l’envie de découvrir le design du prochain boss suffira à motiver le joueur. La volonté de maîtriser le système de jeu monte à chaque échec ; on sent que la victoire est possible et que la défaite n’est imputable qu’au joueur encore imberbe dans ce monde. Enfin, séduit par le discours de l’équipe, j’ai été intrigué par le fond scénaristique comme rarement pour un jeu d’action. Les références bibliques se fondront parfaitement avec ce que j’ai vu à l’écran et l’équipe a misé sur cet aspect narratif pour se démarquer. Quand l’ambition est honnête et raisonnable (on parle d’un studio de trois personnes au fait), nous espérons toujours que le résultat soit à la hauteur des attentes, aussi bien des développeurs que des joueurs. Mettons-nous dans l’ambiance et prions, mes frères et sœurs, pour que Dark Devotion ravisse le cœur des fidèles lecteurs de Press-Start. La messe est programmée pour début 2019 sur PC, PS4 et Switch.

Deux carnets de développement sont disponibles en ligne

 

Réactions

  • gazza8 le 02/01/2019

    Merci pour cette preview, je n’aurais jamais entendu parler de ce jeu sinon.
    « car l’héroïne n’est pas une gymnaste »
    => A voir, car ses roulades sont très réussies 😉

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    • spacecowboy le 02/01/2019

      Ah ah ! La roulade est devenue tellement habituelle qu’on oublie à quel point on aurait l’air minable en la faisant 🙂 Disons alors qu’elle est plus gymnaste que moi (et toi ?).
      J’en profite pour te souhaiter une bonne année et te remercier encore de nous lire et de commenter nos articles !

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      • gazza8 le 04/01/2019

        Meilleurs voeux pour 2019 🙂 Et bonne année à Press-Start aussi …
        Oui je lis en particulier tes articles, je sens une affinité pour le style de jeu, et la critique / vision qu’on en a.
        Est-ce que le groupe « core » de Press-Start se réunit encore de temps en temps ? En 2015, je n’étais pas assez disponible pour y participer, mais maintenant je suis mieux « installé » en Belgique.

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        • spacecowboy le 08/01/2019

          Bonne année à toi aussi !
          Oui, le groupe se réunit toujours, quand on parvient à accorder nos emplois du temps 😉 La prochaine réunion devrait être pour très bientôt.

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