Starlink – Battle for Atlas
Vous souvenez-vous du jouet vidéo ? Certes, cette tendance est plutôt récente mais compte tenu de la perpétuelle fuite en avant d’un média où six mois paraissent une éternité tant les sorties majeures sont nombreuses, nous ne vous jetterons pas la pierre si Disney Infinity et autres Skylanders ne vous semblent déjà qu’un lointain souvenir – d’autant plus compte tenu de la cible principale du produit, comme son nom de jouet vidéo l’indique si bien : les enfants. Le principe est pourtant diablement aguicheur – surtout pour les plus jeunes – en permettant tout simplement au joueur, via l’utilisation d’un périphérique relié à la console, de scanner ses jouets pour leur faire prendre vie à l’écran. Que ce soient avec les Skylanders d’Activision exploitant une licence spécialement créée pour l’occasion (bien que des figurines de Spyro, Crash Bandicoot, Donkey Kong et Bowser aient finalement rejoint la gamme en invités de luxe) ou le terreau fertile d’univers sous licence Disney et Lego dans les gammes Infinity et Dimension, nombreux furent les studios à avoir tenté de récupérer leur part du gâteau pour au final saturer très rapidement et le marché et les étalages des magasins qui ont très rapidement bradé jeux et figurines. Il faut bien reconnaitre que manette en main, ces expériences s’essoufflaient très rapidement, en reposant sur des mécaniques simples, certes efficaces, mais surtout trop répétitives. Aussi, quand Ubisoft a dégainé Starlink basé sur un concept similaire de jouets à collectionner et scanner pour interagir avec son jeu à l’écran, la question sur toutes les lèvres était : ne débarqueraient-ils pas après une guerre « déjà perdue » ?
L’espace, l’ultime frontière
Il faut bien reconnaitre que le projet a de quoi intriguer. À l’instar d’Activision, Ubisoft a choisi de partir d’une licence inédite propre pour son projet, un univers de science-fiction dans lequel le joueur va piloter des vaisseaux spatiaux pour explorer la galaxie Atlas et la délivrer d’un dangereux envahisseur extraterrestre. Licence propre ? Eh bien pas tant que ça, tout du moins sur Nintendo Switch. Souvenez-vous, nous avions eu l’occasion de tester Starlink peu de temps après l’E3 chez Nintendo, tout simplement car la version Switch du jeu propose un invité de marque, l’équipage Starfox avec Fox Mc Cloud en personne ! Si lors de la démo nous avions pu piloter l’Arwing emblématique de l’escadron Starfox, nous n’avions pas pu nous rendre compte à quel point l’intégration des personnages de Nintendo serait réussie dans le jeu complet, avec des chapitres dédiés à la recherche de Wolf par l’équipage en provenance directe du système de Lylat (la raison principale de sa présence au coeur de Starlink) mais également des interventions cohérentes dans la trame principale du jeu d’Ubisoft, que ce soit sur le terrain ou dans les cinématiques – malgré quelques petits instants où nos pilotes d’élite semblent complètement effacés quand il faut faire avancer l’histoire de Starlink, ce qui est logique vu que le jeu est également disponible sur les autres consoles du marché.
Starfox mis à part, le jeu nous narre les aventures de Mason, un jeune pilote terrien ayant rejoint l’Initiative Starlink. Lors d’une attaque extraterrestre lancée sur le vaisseau amiral servant de quartier général et de base de recherches à Starlink, le mentor du héros (et leader de l’Initiative) se fait enlever. C’est en partant à sa rescousse que Mason et son équipage vont prendre conscience d’une menace plus grande encore pesant sur la galaxie, et feront tout pour la déjouer. On ne va pas se voiler la face, le pitch est quelque peu cliché et tient sur un post-it, n’oublions pas que la cible principale de Starlink, en tant que jouet vidéo, reste les plus jeunes – de plus, ce n’est pas parce qu’une histoire est simple et embrasse les poncifs du genre qu’elle est foncièrement mauvaise. Je trouve juste dommage que l’écriture et le design des personnages ne les rendent pas spécialement attachants. À vrai dire, je suis même plutôt content d’avoir pu découvrir Starlink sur Switch grâce au partenariat avec la licence Starfox car je pense sincèrement que je n’aurais pas réussi à entrer dans l’aventure sans retrouver le renard stellaire et ses amis.
TPS : Third Person Starfighter
Niveau gameplay, comme je l’avais mentionné lors de la preview du jeu, Ubisoft a choisi d’adopter un schéma de commandes qui ressemble bien plus à un FPS / TPS classique qu’à un jeu de vaisseau, en plaçant le contrôle de l’assiette sur le stick de droite tandis que le stick de gauche permettra de doser l’accélération de son engin. Si c’était parfaitement déroutant sur une démo de dix minutes, avec un petit temps d’adaptation sur de plus longues sessions on finit par s’y faire, malgré pour ma part de nombreux cafouillages en vol. « Heureusement », et j’insiste sur les guillemots… euh guillemets, c’est sur le plancher des vaches que le jeu se déroule la plupart du temps, en se jouant comme un TPS aux commandes d’un véhicule quand les chasseurs passent en mode rase-mottes, en rappelant par exemple les phases en Batmobile lorsqu’elle passe en mode combat dans Batman Arkham Knight. Là, le choix des commandes prend tout son sens, et il faudra faire avec car c’est la seule configuration disponible pour les joueurs. Le plus gros du jeu se passe de toute façon au ras des pâquerettes, et mis à part quelques séquences de dogfight sympathiques et d’assaut de base stellaire ennemie, le corps principal du gameplay repose sur des affrontements contre des espèces de méchas ennemis dans des archétypes de missions répétés jusqu’à plus soif.
Car le plus gros problème du jeu est sa répétitivité : on va refaire en boucle une petite série d’activités différentes sur chaque planète, en général des quêtes annexes, jusqu’à faire monter une jauge qui permettra de faire progresser la quête principale du jeu. Chaque planète a beau avoir sa propre ambiance et ses particularités niveau écosystème, c’est inlassablement que le jeu nous invitera à rejouer les mêmes missions dans une difficulté croissante à mesure que l’histoire avance : pirater une épave de vaisseau, nettoyer un secteur, détruire un bâtiment ennemi, tous les prétextes sont bons pour affronter les ennemis de la Légion. Les rixes offrent de bonnes sensations mais finissent du coup par devenir très voire trop répétitives.
C’est super efficace !
C’est d’autant plus dommage car le système de combat est plutôt bien pensé, avec différentes armes à équiper sur notre vaisseau nous permettant de jouer sur les éléments : ainsi un ennemi de feu sera plus sensible à une arme de glace par exemple, pour plusieurs types de faiblesse et résistance, et il est même possible d’effectuer des combos élémentaires en congelant un ennemi avec une arme de glace pour ensuite l’attaquer avec une arme de feu. Hélas, tout bien pensé que soit ce système, il nous conduit vers un souci que Starlink tire de sa nature de jouet vidéo : de base, le jeu offre trois armes à équiper : des missiles de glace, un laser de feu et une mitraillette gatling – si vous choisissez de ne pas équiper d’arme sur l’une des ailes de votre vaisseau, cette dernière sera équipée par défaut d’un tir laser simple ne laissant du coup pas l’appareil sans défense. Il est tout à fait possible de finir le jeu en se contentant de cet équipement, et dieu merci me direz-vous, car il est impossible de débloquer d’autres pièces d’équipement en progressant dans la campagne ! C’est bien simple, si vous voulez varier les plaisirs et découvrir d’autres armes, il faudra obligatoirement passer à la caisse et acheter soit un nouveau vaisseau à scanner, vendu avec ses propres pièces d’équipement interchangeables avec celles du starter, soit un booster d’arme ne contenant que les morceaux de plastique à rajouter sur votre engin pour les retrouver en jeu. Sans cela, la répétitivité de Starlink se poursuivra jusque dans son gameplay et l’équipement proposé. Gardons à l’esprit qu’il s’agit avant tout d’un jouet vidéo destiné aux plus jeunes, qui se feront sans doute une joie de collectionner les vaisseaux pour varier l’expérience…
Malgré ces quelques petits défauts, Starlink reste une expérience divertissante. Il y a un charme évident à traverser la galaxie Atlas d’une planète à l’autre, à sortir de l’Hyperespace pour rentrer dans l’atmosphère d’une nouvelle planète, en découvrir ses paysages, sa faune et sa flore. Les sensations sont plutôt grisantes une fois notre vaisseau en rase-mottes à traverser les plaines hostiles d’une planète inconnue à toute vitesse, et les combats contre les bâtiments et « boss » ennemis fonctionnent bien avec des mécaniques de point faible à révéler et mitrailler que ne renierait justement pas Starfox (ou comment le partenariat avec Nintendo prend tout son sens, à tel point qu’on aurait même aimé que les déplacements planétaires se fassent aux commandes du tank Landmaster – qui aurait juste été trop « lent » pour coller au gameplay adopté par Ubisoft pour son jeu – tant le soin apporté à la présence de Fox fait plaisir à voir). Dommage que la répétitivité du jeu puisse venir plomber le plaisir des sessions trop longues.
Note
13/20
Pour un coup d'essai dans le domaine du jouet vidéo, Ubisoft ne s'en sort pas trop mal. Si on retrouve bien évidemment les tares que portait déjà Disney Infinity pour ne citer que lui dans le genre, l'expérience reste plaisante et ce encore plus sur Switch, pour peu que l'on aime Starfox. Le peu de diversité des activités proposées dessert malheureusement une formule qui reste agréable sur de courtes parties !
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