Joyeux anniversaire Jazz Jackrabbit !
Il y a quelques semaines, la série Jazz JackRabbit soufflait les 20 ans de la sortie de son 2e épisode. Pour l’occasion les fans musicos du lapin vert offraient à la communauté un très bel album d’arrangements modernes des thèmes musicaux de la série ! Ah, que me racontes-tu là, Franqui… « personne ne connait Jazz JackRabbit !? » Une petite séquence Playhistoire s’impose donc… Je vais vous parler de ce temps où Epic Mega Games n’était ni synonyme d’Unreal Engine et encore moins de Fortnite.
Début des années 90, bon nombre de mes copains de classe reçoivent une Megadrive pour jouer à Sonic le hérisson, devenu le symbole des jeux vidéo « cool ». Moi, je fais partie de ceux qui ont à la maison un ordinateur et non une console. Si graphiquement les PC de l’époque proposent des expériences vidéoludiques novatrices avec des simulations en 3D vectorielle toujours plus réussies et des jeux d’aventure Point & Clic aux couleurs chatoyantes, je suis bien forcé de constater que les jeux de plate-forme que j’affectionne tant y sont bien moins fréquents. En effet, l’une des difficultés du monde PC à l’époque est que ces machines embarquent des composants relativement disparates dont notamment les cartes graphiques. Cette diversité de performances rend difficile la réalisation d’un scrolling concluant des sprites à l’écran. À l’époque par exemple, les versions MS-DOS des jeux français de Titus reposent alors sur une technique d’écrans qui scrollent brutalement lorsque le personnage se rapproche du bord (je vous invite au besoin à relire mon test des Aventures de Moktar). Ce sera l’arrivée des titres de la génération « sharewares » américains qui viendra bouleverser le paysage PC avec le premier épisode de Keen Commander signé Apogee – ID Software et Jill of the Jungle, proposé par le « studio concurrent » Epic Mega Games.
Les aventures de Keen Commander, Jill of the Jungle, Duke Nukem et autres Bio Menace reposent sur ce modèle économique du shareware qui n’a évidemment pas eu le même impact chez nous. Les studios proposent en « téléchargement » gratuit le 1er épisode de ce qui se présente souvent comme une trilogie. Les autres titres pouvant ensuite être téléchargés sur un BBS, l’ancêtre d’internet, et ce de manière payante voire commandés par vente par correspondance. Ici en Belgique, ces jeux « gratuits » se retrouvent en cadeau dans des magasines spécialisés, dans des packagings à bas prix de grande surface ou un peu plus tard dans des compilations de jeux sur CD-Rom.
Bien entendu, les influences du monde console sont importantes. Si Keen Commander tente de reproduire avec suffisamment de distance les mécaniques de gameplay et surtout le scrolling efficace du premier Super Mario Bros, Jill of the Jungle se rapproche plutôt de Metroid et Bio Menace de la série Contra… Mais nous sommes bien loin d’envisager l’équivalent d’un Sonic sur PC, d’autant que la plupart de ces titres se limitent à exploiter les 16 couleurs du mode graphique EGA pour offrir un scrolling fluide.
L’arrivé de Sonic the Hedgehog en 1991 va bousculer le monde du jeu de plateforme. Là où la majorité des héros avaient une forme humaine, les mascottes vont petit à petit inverser la tendance comme nous le raconte William Audureau dans son excellent ouvrage « La Guerre des Mascottes » édité chez Pix’n Love en 2016. Un singe chez Nintendo, un renard chez Titus, un chat chez Accolade, une chauve-souris chez Sunsoft, un écureuil chez Ocean, une fourmi chez Gremlin Graphics, un lézard chez Crystal Dynamics aux cotés des nombreux personnages de Disney et autres Looney Tunes, les rayons de jeux vidéo se retrouvent envahis !
Alors qu’Epic Mega Games assoit un temps sa réussite sur une série de jeux de flipper très réussi (Epic Pinball), elle recrute dans son équipe Arjan Brussee. Democoder talentueux, il s’attaquera depuis les Pays-Bas à un projet reposant sur un moteur graphique proposant une action très rapide à l’instar de Sonic bien entendu, mais également de Zool sorti sur Amiga et PC. Au début du projet, le héros pressenti devait être le cosmonaute hollandais Wubbo Ockels, afin d’offrir un titre dans l’esprit de Megaman, mais en plus nerveux. Cependant le thème spatial n’était alors plus aussi vendeur que la déferlante de mascottes… Notre cosmonaute se transforme alors en lapin vert repoussant l’invasion de tortues de l’espace ayant kidnappé Eva, la princesse de Karotus. Un lapin vert créé par le comparse de Arjan, Cliff Bleszinski.
Débarqué au milieu de l’année 94, Jazz JackRabbit vient surprendre les joueurs avec ce qui restera en mémoire plus comme un pastiche de Sonic sur PC qu’une nouvelle licence. Il faut bien admettre que l’ambiance graphique du premier niveau repose grandement sur les décors de la Green Hill du hérisson de SEGA avec même des niveaux bonus en 3D, comme dans Sonic 2… le tout dans un choix de 256 couleurs VGA trop criardes. Si le jeu est très nerveux, la prise de contrôle de Jazz Jack est assez erratique tant cela part dans tous les sens. La faute à un personnage coincé au milieu de l’écran qui impose donc des mouvements de « caméra » en permanence dès que l’on change de direction ou que l’on saute. Le tout fait mal aux yeux, mais pourtant… À l’inverse des consoles ou de l’Amiga qui regorgent de jeux de plateforme, le PC et ses joueurs offriront un bon accueil au Lapin vert.
Musicalement, la bande son du premier opus est signée Robert Allen, mais ce sont essentiellement les thèmes revisités ou composés par Alexander Brandon pour le 2e opus qui sont restés en mémoire. Lorsque sort le premier épisode en 1994, les musiques de Robert Allen reposent sur la technique du Soundtracker bien connue du monde Amiga, permettant de jouer des instruments digitalisés sur 4 pistes simultanées. De quoi offrir des musiques époustouflantes et jazzy qui tranchent grandement avec les sonorités FM ‘Adlib’ des jeux PC de l’époque, une technique qui se généralisera sur bon nombre d’autres jeux « shareware » de la 2e partie des années 90 permettant de pouvoir continuer à proposer des titres à la taille réduite comparativement aux jeux dont la musique reposera sur des pistes audio sur CD.
Il faudra attendre quatre années avant la sortie de Jazz JackRabbit 2 qui offre des graphismes plus fins, plus colorés et des musiques de qualité supérieure. Malheureusement, à l’instar de Heart of Darkness, la folie des jeux de plateforme en 2D s’est évaporée avec l’arrivée de Tomb Raider, Mario 64 et autres Crash Bandicoot. Ce nouvel épisode apportait pourtant un mode de jeu innovant, permettant de jouer à 4 joueurs dans un même niveau, à l’image de la série Smash Bros. mais également un éditeur de niveaux. On aurait pu ne plus entendre parler d’Epic Mega Games si la même année l’équipe de Cliff Bleszinski n’avait également sorti Unreal, l’un des piliers des titres FPS de la fin des années 90 offrant à Epic Mega Games de quoi venir à nouveau chatouiller les équipes de ID Software aux commandes de la licence Quake et celles d’Apogee éditeur de Duke Nukem 3D.
Si d’aventure, l’envie vous prenait de (re)découvrir ces titres oubliés, je vous invite à faire un tour sur GOG.com afin de retrouver : Jazz JazzRabbit, Jazz JackRabbit 2, Epic Pinball et Bio Menace
Mass le 15/11/2018
Je n’avais jamais entendu parler de ce personnage et à vrai dire, à côté de cadors que sont Mario et Sonic, ça ne m’étonne pas trop de ne pas connaître le perso : l’aura dégagée n’est vraiment pas comparable ^^’