Rage 2 – L’explosive lassitude

Rage 2 – L’explosive lassitude

Le mini récap’

7 ans, 7 mois et 7 jours. C’est la durée qui sépare la sortie de RAGE premier du nom, apparu le 7 octobre 2011, et de son petit frère, né le 14 mai 2019. Un écart bien amusant et même peut-être calculé de la part des développeurs. Le jeu a cette fois-ci deux papas au développement. Le premier est Id Software, connu pour avoir créé des jeux tels que DOOM ou Quake, et qui est passé maître dans la création de FPS au gameplay jouissif et intense. Avalanche studios est le second, principalement reconnu pour avoir mis au monde les Just Cause, des jeux à l’ambiance décomplexée dans un monde immense qui fait office de bac à sable.

Rage premier du nom s’est suffi à lui-même. Un bon jeu doté d’un gameplay efficace, sans être un chef-d’oeuvre pour autant. L’annonce du deuxième opus fut assez chaotique. Couleurs exubérantes et ambiance totalement détraquée, le premier teaser a aujourd’hui 22,96% d’avis négatifs. Les premiers trailers ont très vite calmé les foules en colère pour faire place à un gameplay nerveux et un monde gigantesque.

Il ne serait pas étonnant d’apprendre que la moitié de l’équipe de développement est décédée en cours de route suite à une overdose. Rarement la fin du monde a pu nous paraître si fluo. Arpenter les (très) vastes terres à l’aide de vos bolides aux gueules cassées n’est somme toute pas des plus original, mais cela permet l’esquisse d’une liberté plaisante. Ce wasteland aux couleurs osées et originales nous fait-il rêver ou l’expérience a-t-elle tourné au vinaigre ?

Une histoire libre et assumée

Nous sommes en 2135. Près de 20 années ont passé depuis le premier opus. Si la scène finale de ce dernier était certainement l’une des fins les plus bâclées dans l’histoire du jeu vidéo, ce second opus vous met directement dans l’ambiance. Vous incarnez le Ranger Walker, dernier de son espèce, prêt à tout détruire pour empêcher le général Cross de prendre le contrôle de la planète. Le début du jeu se cantonne à votre choix de sexe et une introduction dirigiste qui a le mérite de mettre en place dignement la situation dans laquelle le monde est plongé. Le scénario, sans être exceptionnel, vous fera cependant rire à de bien nombreuses occasions. L’humour est gras, mais reste assez original. Vous comprendrez bien assez vite que la direction entière du jeu est détachée des autres gros AAA se prenant au sérieux. Libéré de la monotonie, RAGE 2 sort du lot. Certains personnages que l’on rencontre sont très réussis. Mention spéciale à Klegg Clayton ou au professeur Kvasir et son désir de « niquer l’autorité ». Ces derniers profitent d’une écriture de série B très amusante. Malheureusement tous n’ont pas eu ce traitement de faveur et une grande partie des héros que vous rencontrerez seront très vite oubliés. Ces derniers ne vous feront pas sortir la moindre bribe d’émotion lors des différentes scènes du jeu, la faute à un développement des personnages trop léger.

Klegg Clayton

Si l’histoire n’est pas la principale raison de continuer votre partie jour après jour, l’ambiance déjantée, elle, vous en donnera certainement envie. Les activités annexes sont assez répétitives, mais les donneurs de quêtes sont très souvent originaux. Tous les PNJ disposent d’un nom, qui est parfois le fruit d’excellentes références. Certains d’entre eux s’en tirent avec les honneurs, mention spéciale à Wimothy Tillits ; un coup d’œil sur lui et il ne sortira jamais de votre mémoire. Les dialogues sont hilarants, d’autant plus que la version française s’en sort avec les félicitations du jury. Avec près de 50 acteurs différents, les voix sont d’une grande qualité. Rester caché dans un coin et écouter les « cramés » se parler est rafraîchissant, en plus d’avoir le mérite de vous arracher plusieurs sourires.

Un monde beau et tristement immense

Le jeu n’est pas une claque graphique. Certaines textures semblent même être coincées dans l’ancienne génération. Beau de loin, correct de près, RAGE 2 se contente de faire le nécessaire graphiquement. La direction artistique rattrape le coup à de nombreuses occasions. Les effets de lumières sont particulièrement réussis et les explosions sont elles sublimes. Si vous n’êtes pas épileptique ou que la couleur mauve ne vous donne pas des envies de vomir, vous devriez être en mesure d’apprécier le jeu. Le monde est très vaste : au début de votre aventure, ne comptez pas sur vos pattes pour avancer, car sans voiture, il vous faudra courir bien longtemps pour aller d’un point à l’autre.

C’est là le point où l’on reconnait Avalanche Studio. Les paysages du jeu sont enchanteurs, diversifiés avec un bon sentiment d’intensité. Cependant ce studio est connu pour un autre point qui fait tache. Les cartes de Just Cause sont belles, variées et immenses, mais Thanos semble être venu pour raser 50% des êtres vivants. Malheureusement RAGE 2 subit le même sort. Au fur et à mesure des heures de jeu, les screenshots s’empilent mais la lassitude se ressent. À défaut d’avoir une carte bien remplie, on dispose de points d’apparition d’ennemis un peu partout et les seuls et uniques animaux présents sur la map sont des bisons… Triste.

Nous sommes dans un « fast » FPS, nous ne sommes pas là pour admirer le paysage mais pour écraser du mutant avec de la musique à la sauce métal. Et pourtant… Les splendides panoramas que le jeu a à vous offrir ne vous laisseront certainement pas de marbre. Fast FPS oui et qui plus est avec une direction artistique aux petits oignons. Pourquoi faire dans l’insipide lorsque l’œil humain possède une si large palette de couleurs ? Voilà l’esprit de cet opus. Sans surprise, la soundtrack est composée par Mick Gordon, compositeur de DOOM 2016. La musique est correcte, elle fait le travail qui lui est demandé. Deux ou trois compositions pourront vous rester dans l’oreille, mais pas plus.

La carte n’est pas vide, loin de là, elle dispose de ses nombreux points d’intérêt ! Repaires de bandits à dézinguer, barrages à lever (à détruire donc), stations-service à réduire en cendres, nids de mutants à annihiler, tanière de broyeur à attaquer, stations de rechargement à… Bref, vous l’aurez compris, les activités annexes sur la carte ne sont pas très variées. La lassitude se fait ressentir très vite pour un open world d’une telle taille. Comptez 7 à 8 heures de jeu pour comprendre que terminer le jeu à 100% relève du masochisme. Le comble, qui peut paraître anodin aux yeux de certains, est que la voiture prend des dégâts de chute bien trop facilement. Le paysage invite à foncer, sauter partout, mais est très limité à cause de cela. Tous les véhicules disposent d’un boost permettant d’aller beaucoup plus vite, mais attention à ne pas prendre une pente trop haute ! Quel dommage de limiter de telles possibilités pour un jeu se caractérisant par sa folie.

Parlons peu, parlons gameplay

Si Id Software est un studio apprécié des joueurs, ce n’est pas sans raison. Créateur de pépites du genre FPS, RAGE 2 n’étant pas l’une des moindres. Les sensations sont entièrement au rendez-vous et les effets dynamiques sont excellents. Explosions et vitesse se mêlent aux gunfights grisants. Les papas de DOOM sont bien reconnaissables et c’est 100% made in bourrin. Cette partie est la plus attrayante du jeu et c’est celle qui vous donnera envie d’explorer afin d’améliorer toutes vos caractéristiques. Activer la compétence ultime « Overdrive », c’est sensations garanties ! Les caractéristiques sont d’ailleurs nombreuses : 8 armes toutes améliorables et un poil personnalisables en fonction de votre style de jeu, des tonnes d’améliorations de compétences en tous genres et bien d’autres choses à acquérir avec vos points d’expérience. Les dash et autres boosts à votre disposition rendent les scènes d’action épiques. L’envie d’écraser des groupes de mutants et cramés est constante. Le gameplay est servi sur un plateau d’argent et c’est tout ce que l’on demandait à cette suite.

Un des points fort agréables du jeu est son level-design. La verticalité est très présente dans les différents avants-postes et zones à attaquer. Retrouver des petits secrets cachés en hauteur est un vrai plaisir. On ne se pose pas la question « que fait cette caisse remplie d’argent complètement perdue là au-dessus ? ». On est dans un jeu vidéo, fouiller des zones inaccessibles à l’aide de doubles sauts et dash est un vrai plaisir. Grimpez, cherchez ! Tout au long de votre avancée, vous acquerrez de multiples compétences permettant de franchir des barrières faites pour être détruites. Là est l’une des forces du titre en dépit d’un monde vaste mais manquant de vie. Le jeu fourmille de légers détails qui sont assez plaisants. Certes, nous sommes loin d’un Red Dead Redemption 2, mais le jeu sait titiller les adeptes de petites broutilles. Calcinez un ennemi en armure, celle-ci ne se détruira pas et son cadavre sera brûlé avec cette dernière. Repoussez un ennemi : s’il chute sur ses jambes ou son corps, il survivra dans la plupart des cas ; s’il tombe sur sa tête, elle explose. Approchez de tourelles alliées, elles vous observeront mais vous tiendront sous leur joug. Voilà quelques petits détails très agréables à analyser.

Seul véritable bémol concernant le gameplay, le jeu est trop facile. Même en difficulté cauchemar, la mort est extrêmement peu présente. Vous mourrez beaucoup plus de chutes que par balles. L’overdrive n’est jamais vraiment utile, son utilisation se réduit à tuer les plus grosses foules encore plus vite. L’activation la plus judicieuse serait a priori contre les sentinelles de l’autorité, optionnelles. Les plus gros costauds du jeu peuvent se faire du premier essai et sans se prendre une égratignure.

Note

14/20

Dommage, tel est le premier mot qui vient à l'esprit. RAGE 2 est un bon défouloir qui n'innove nulle part. Son gameplay grisant permet de vous tenir en haleine les premières heures de jeu. Passé ce cap, une certaine lassitude se fait ressentir et le désir s'efface. Ce titre est l'exemple parfait d'un bon jeu devenu un open world générique à souhait. Malheureuse chimère boiteuse au gameplay palpitant dans un monde insipide, nous aurions voulu t'aimer davantage RAGE 2, tu avais tout pour plaire.

Laisse un commentaire

* champs obligatoires