Final Fantasy XV – Retour en Eos

Final Fantasy XV – Retour en Eos

Final Fantasy XV est un grand jeu. S’il est certes nimbé de défauts assez évidents, il ne faut pas oublier que le développement du titre fut assez chaotique. Je vous en parlais brièvement lors du test, le changement d’équipe et de réalisateur n’a vraiment pas du rendre la tâche aisée. Tant et si bien que le travail sur le jeu a continué bien après sa sortie en novembre 2016, apportant de nombreuses modifications de l’expérience de jeu tout en tenant compte des nombreux retours des joueurs. À l’occasion de la sortie de la Royal Edition de Final Fantasy XV, j’avais envie (à vrai dire depuis longtemps) de revenir avec vous sur le jeu à travers les différents ajouts proposés par Square Enix en quasiment un an et demi.

Penchons-nous tout d’abord sur les ajouts apportés par de simples mises à jour et accessibles à tous sans passer par la case DLC. Je ne vous apprendrai rien en parlant de cette nouvelle tendance du « Game as a service », nombreux sont les éditeurs à essayer de faire vivre leurs jeux dans la durée en y rajoutant régulièrement du contenu dans le but d’y faire revenir les joueurs, et Final Fantasy XV rentre facilement dans cette catégorie ! Augmentation du niveau maximum (de 99 à 120), ajout des quêtes journalières permettant de débloquer de l’équipement inédit, modification de la Regalia lui permettant d’enfin quitter la route (pensez à surveiller votre réservoir d’ailleurs, car la Regalia tout-terrain consomme énormément), apparition d’un bateau permettant d’explorer la mer séparant Eos de Altissia, on ne peut pas dire que les équipes de Tabata ont été avares en contenu. Preuve absolue de leur écoute des retours des joueurs, les développeurs sont même revenus sur l’épineux Chapitre 13 et ce de deux manières différentes.

Premièrement, ils ont revu les pouvoirs de Noctis à la hausse, rendant la traversée du segment maudit moins laborieuse. Mais surtout, ils ont rajouté un Chapitre 13 Alternatif, accessible à tout moment via le menu de lancement du jeu ! Dans ce segment supplémentaire accessible gratuitement (j’insiste bien là dessus !), le joueur incarne Gladiolus et accompagne Ignis dans les méandres de la capitale Impériale où ils vont apporter un second point de vue sur ce qu’il se passe lors de ce moment crucial de l’histoire. Car on a souvent tendance à l’oublier tant le Chapitre 13 n’était pas agréable à parcourir (à un point où c’est quasiment le seul souvenir que l’on gardera du jeu), mais les éléments scénaristiques du chapitre sont très importants et cette relecture est plutôt bienvenue. Si à la sortie de cette mise à jour c’était la première fois qu’il nous était possible d’incarner un autre personnage que Noctis, une autre mise à jour plutôt récente permet quant à elle de choisir à tout moment quel membre du quatuor nous allons contrôler. De bien beaux ajouts qui peuvent pousser aussi bien  à retourner vagabonder sur sa sauvegarde qu’à se lancer dans une nouvelle partie et redécouvrir un tout nouveau Final Fantasy XV grâce à ces apports.

Viennent ensuite les trois DLC dits Episodes, permettant respectivement d’incarner Gladio, Prompto et Ignis. Chaque Episode couvre une portion du jeu de base un peu obscure. Ainsi il nous sera donné de voir les raisons qui ont poussé Gladio à quitter le groupe, ce qui est arrivé à Prompto quand il est tombé du train et comment Ignis a vécu la bataille de Altissia. Comme les trois camarades de Noctis combattent dans des disciplines différentes, cela se ressent fortement dans le gameplay de chaque protagoniste. Prompto, armé de ses fidèles pistolets, nous embarque carrément dans une aventure TPS à l’ambiance assez particulière versant presque dans le survival horror (dommage d’ailleurs que cette dernière tienne plus du Resident Evil – 6 qui plus est – que du Parasite Eve qui aurait fait un parfait clin d’oeil) où il apprendra d’importantes révélations quant à ses origines.

Pour être honnête, ces trois DLC sont assez inégaux : ils ne sont pas très longs, disposent d’une rejouabilité sommaire et leur intérêt scénaristique est discutable. Par moments, ce que l’on y apprend est anecdotique, par d’autres les révélations posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, mais la question qui fait tache serait plutôt : est-ce réellement du contenu supplémentaire ou des coupes pures et simples du jeu de base ? Car ne nous voilons pas la face, Final Fantasy XV souffrait d’un rythme de narration bâtard. Je ne suis pas sûr que ces chapitres en aparté auraient pu sauver le navire s’ils avaient été intégrés directement à la trame principale, mais ils auraient au moins eu le mérite de proposer autre chose que de ramener des légumes ou retrouver des grenouilles. De plus je ne peux m’empêcher de me demander si ces segments, en supposant qu’ils aient été retirés du jeu pour être vendus en DLC, n’auraient pas subi une dilution évidente pour justifier un tarif de 5€ alors qu’ils auraient pu aller droit au but lors de la proposition initiale. Je spécule, j’en suis conscient, mais mon ressenti global des Episodes va dans ce sens en passant de la joie de retrouver l’univers et les personnages au fait d’être blasé à la fin de l’aventure – qui je le rappelle n’est pourtant pas très longue. À faire, surtout si on a adoré le jeu de base, mais en connaissance de cause.

Les différentes mises à jour visant à étoffer l’intérêt du monde ouvert de Final Fantasy XV font bien évidemment penser au suivi d’un MMORPG, aussi à l’annonce d’un mode multijoueur en ligne  était-on en droit de rêver. Visiter Eos façon GTA Online, se perdre sur sa carte entre potes à chasser le Behemoth ou taquiner le goujon à Altissia dans un concours de pêche, la liste des possibles était longue, d’autant plus en tenant compte de la période couverte par cette extension multijoueur : l’élipse du sommeil de Noctis, quand les ténèbres ont pris possession du monde… Malheureusement, l’extension Frères d’Armes n’est pas aussi exaltante qu’elle pouvait le laisser penser. Elle montre très vite son véritable visage d’ailleurs : après la création de son avatar et une cinématique résumant vite fait le rôle de la Garde Royale via un montage d’images de Kingsglaive, le joueur est projeté dans une première quête en solo. Notre avatar rejoint Lestallum, quartier général de la résistance, et devra affronter les monstres sur sa route aux côtés de trois PNJ provenant de Kingsglaive dans une présentation rapide du gameplay de notre personnage, assez proche de celui de Noctis. En terminant la quête, on récupère de l’énergie électrique qu’il faudra dispatcher dans tout Eos pour permettre la progression de la résistance jusqu’à Insomnia, et ce schéma sera peu ou prou celui qui s’appliquera à l’entièreté de l’expérience Frères d’Armes. Bien sûr, il est possible d’acheter de l’équipement, le faire améliorer par Cid, personnaliser son avatar via la boutique de vêtements de Iris ou même admirer des clichés de ses exploits auprès de Vyv reprenant ici plus ou moins le rôle de Prompto, mais le tout rentre dans la même rengaine : farmer les quêtes en boucle pour récupérer les ressources requises et pour progresser dans l’aventure et optimiser son personnage. Lestallum fait office de hub central dans lequel le joueur, seul, peut visiter les différentes boutiques, dépenser l’énergie électrique – en débloquant de plus en plus de quêtes – et partir en quête. Lors de la validation d’une quête, le jeu va procéder au matchmaking et lancera la mission en comblant les trous dans l’équipe de quatre joueurs par des PNJ. Il n’y a que lors des quêtes qu’il nous est donné de croiser les autres joueurs ! De plus, les zones dans lesquelles se déroulent les missions sont de taille limitée et les joueurs y sont téléportés au terme d’un long temps de chargement. Le monde ouvert de FFXV est donc complètement inutilisé en ligne alors qu’il était la plus belle promesse de cette ouverture au multijoueur.

Reste donc aux joueurs les plus motivés de nombreuses missions proposant aussi bien des châsses que des escortes ou des défenses de zone, où concrètement Final Fantasy XV se voit réduit à sa plus simpl(ist)e expression : son système de combat en temps réel dans des rixes bourrines et brouillonnes. On retrouve également la cuisine et les bienfaits de ses buffs, via une mécanique originale : les quatre membres du groupe peuvent trouver et ramasser des ingrédients lors des missions. Une fois la quête terminée, les joueurs reviennent au camp où les attend un plat préparé en fonction des ingrédients rapportés. Les ingrédients sont droppés par les monstres affrontés, et plus l’ennemi est puissant plus son drop aura d’effet dans les buffs offerts par le plat, buff actif pour la prochaine quête. Hélas, il est très rare de partir réellement à quatre joueurs sur le terrain (merci les PNJ pour combler les trous) et la progression est très lente. Que ce soit la montée en niveau de son personnage, l’amélioration des armes, l’obtention des Gils permettant d’acheter armes et vêtements et pire encore les ressources électriques nécessaires à la progression de la trame principale, tout prend énormément de temps et impose « malgré lui » de farmer les mêmes activités en boucle – et je n’exagère pas quand je vois le niveau minimum conseillé (et justifié !) des missions qui se débloqueront ! Dommage, il y avait tellement moyen d’en faire autre chose, l’obtention de Frères d’Armes n’est à réserver qu’aux plus acharnés.

Tous ces contenus supplémentaires sont disponibles en tant que DLC pour les possesseurs du jeu de base mais sont également inclus d’emblée à l’achat de Final Fantasy XV Royal Edition, la réédition complète de FFXV et toutes ses extensions. L’occasion rêvée de découvrir ou redécouvrir une aventure marquante qui ressort enrichie des nombreux ajouts et mises à jour proposées par Square Enix.

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