Final Fantasy XV

Final Fantasy XV

Enfin le bout du tunnel ! C’est sans nul doute ce que doivent actuellement se dire les équipes de Square Enix dirigées par Hajime Tabata après avoir oeuvré d’arrache-pied pendant plus de dix ans sur le projet Final Fantasy XV. Un projet qui fut à l’origine dévoilé en 2006 sur Playstation 3 sous le nom de Final Fantasy Versus XIII : effectivement, le 13ème opus de la saga phare du J-RPG était pensé en plusieurs jeux composant tout autant de segments de la mythologie Fabula Nova Crystallis et ce avant même la mise en chantier des épisodes XIII-2 et Lightning Returns. Malheureusement, le projet a quelque peu capoté et si Final Fantasy XIII est bien sorti en tant que tel en 2010 (en engendrant de vives critiques et polémiques quant aux choix opérés sur sa narration, des griefs à mon sens bien moins dommageables que ce que l’opinion publique peut bien en dire et sur lesquels je compte bien revenir dans un futur article), Agito XIII finit par devenir Final Fantasy Type-0 (sorti en 2011 sur Playstation Vita puis porté en HD sur consoles actuelles en 2015) tandis que Versus XIII se vit carrément offrir en 2013 les honneurs de passer de projet complémentaire à épisode à part entière de la Fantaisie Finale, quittant son statut d’exclusivité PS3 pour débarquer sur nos PS4 et Xbox One.

Un changement d’ambition qui n’a pas manqué d’entraîner un développement fort agité : initialement chapeauté par Tetsuya Nomura et la team à l’origine de Kingdom Hearts, le projet Versus XIII / FFXV fut finalement confié à Hajime Tabata en 2014. Et c’est à compter de ce moment-là que la communication autour du titre s’est montrée plus agressive, tranchant complètement avec la discrétion (sans nul doute causée par ce développement houleux) qui caractérisait tristement Versus XIII : de nombreux trailers, trois démos jouables (dont une, Platinum Demo, proposant volontairement du contenu inédit absent du jeu) et même des projets cross-media, Kingsglaive (long métrage) et Brotherhood (série animée). Autant dire que pour être passé à côté de la promotion de Final Fantasy XV, il fallait vivre dans une grotte ces deux dernières années ! Souvenez-vous, nous vous avions proposé une présentation de Episode Duscae à sa sortie et en étions ressortis particulièrement confiants. L’heure de vérité a sonné, voyons voir si ce Final Fantasy autoproclamé pour les fans et les nouveaux venus tient ses promesses.

L’action prend place dans le monde d’Eos, déchiré par une guerre entre le Royaume du Lucis et l’Empire du Nifelheim. Depuis des siècles, la lignée royale du Lucis est héritière du pouvoir des Six, matérialisé en un puissant cristal permettant d’ériger des protections magiques contre les monstres, daemons et autres joyeusetés hostiles ; un pouvoir convoité par le Nifelheim. Après des années de lutte, affaiblissant de plus en plus le souverain Regis, l’Empire propose un traité de paix au Lucis, acté par une cérémonie de signature à Insomnia (capitale du Lucis) ainsi que par le mariage du prince Noctis et de sa promise, Dame Lunafreya dite l’Oracle. Sauf qu’il s’agit d’un piège tendu par le Nifelheim, qui s’emparera du cristal après avoir mis fin à la vie de Regis. Suite à ce coup d’état, la nouvelle est propagée, bien évidement remaniée par les «vainqueurs» comme dans tout récit de guerre : l’Empereur règne sur Eos, le Lucis est tombé, Regis est décédé au combat et aussi bien Noctis que Lunafreya sont déclarés morts. Ces événements sont relatés dans le très sympathique Kingsglaive, que je vous recommande de regarder avant de commencer à jouer si l’aventure vous tente. Réalisé entièrement en images de synthèse, ce prologue vous racontera de façon plus détaillée l’élément déclencheur de l’intrigue du jeu. Il est tout à fait possible de s’en passer, car un très bref résumé vous sera fait en commençant la partie, mais Kingsglaive apporte plus de lumière sur le contexte géopolitique d’Eos tout en vous familiarisant avec le monde du jeu (qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le monde de Final Fantasy VII tel qu’il est dépeint dans Advent Children tout en étant fort imprégné de notre monde à nous et non sans en profiter pour y rajouter sa propre mythologie).

Nous allons donc accompagner Noctis dans sa quête pour reprendre le trône du Lucis et rétablir la vérité avec l’aide de l’Oracle. Il est accompagné de sa garde rapprochée pour ce faire, composant l’équipe de personnages principaux du jeu. On y retrouve Gladiolus et Ignis, des tuteurs qui encadrent le prince depuis son enfance, ainsi que Prompto, quant à lui ami de Noctis depuis le lycée. Nos quatre compères sont liés par une amitié de longue date qui se ressent tant leurs interactions lors des combats et autres déplacements sont impressionnantes de cohérence, rajoutant énormément de cachet à l’écriture de chaque personnage pris individuellement, mais aussi à celle du groupe. La série animée Brotherhood mérite d’ailleurs que l’on s’y intéresse elle aussi, car elle nous montre à quel point et depuis combien de temps les quatre amis sont liés, tout en faisant écho à certains événements et au background du jeu. Tant et si bien qu’elle mérite même un second visionnage une fois plus avancé dans sa partie, bien plus imprégné du quotidien du groupe.

Final Fantasy Versus XIII se démarquait lors de son annonce par son système de combat. Abandonnant le tour par tour, le titre se présentait comme un Action RPG basé sur le travail déjà accompli sur la saga Kingdom Hearts. Cette idée a bien entendu été conservée quand le projet s’est muté en Final Fantasy XV, qui prend même par moments des allures de Beat’em’all en se reposant sur des mécaniques de garde fondées sur un timing précis. Le gameplay est pourtant déroutant lors des premières rixes : contrairement à la plupart des A-RPG ou des BTA, il ne faut pas appuyer à de maintes reprises sur le bouton d’attaque pour enchaîner les coups, car tout le système de combat est construit autour de l’alternance entre deux modes, défensif et offensif, respectivement activés en laissant enfoncée la touche dédiée. Le mode défensif laisse Noctis sur le qui-vive et lui fera esquiver automatiquement toute attaque ennemie tant qu’il est activé et que le prince dispose de Points de Magie en suffisance. Le mode offensif, comme son nom l’indique, fera effectuer des attaques à notre héros tant que la touche dédiée restera enfoncée mais sera interrompu par les coups adverses. Mais n’y voyez pas pour autant une simplification du système de Stratégies et d’attaques automatiques de Final Fantasy XIII car le gameplay de FFXV est plutôt riche ! Seul personnage jouable de l’aventure, Noctis peut s’équiper de quatre armes au choix, et l’on peut jouer sur le type de coups portés avec le stick analogique gauche tout en laissant la touche offensive appuyée, offrant quatre variantes : en position neutre, vers l’avant, vers l’arrière et sur les côtés, pour des attaques différentes selon l’arme équipée et avec en prime la possibilité de changer d’arme à la volée pour s’adapter le plus efficacement possible au combat.

Comme dans tout RPG, les ennemis rencontrés vont disposer de faiblesses et résistances diverses, représentées par la couleur des Points de Dégâts affichés à l’écran lors d’une attaque. Ainsi, il est fort possible qu’un ennemi résistant plutôt bien aux coups d’une épée à une main verra sa barre de vie fondre comme neige au soleil une fois sous les assauts répétés d’une lance, mais il va sans dire que cette arme plus encombrante laissera probablement la garde de Noctis ouverte plus longuement, obligeant le joueur à optimiser ses choix d’armes et patterns d’attaques en fonction de son adversaire. Noctis dispose également d’un pouvoir particulièrement utile nommé Eclipse : en lançant son arme devant lui, notre héros va se téléporter instantanément au point d’impact. Cette technique consomme des PM et peut être utilisée pour prendre du recul et éviter une attaque dans un combat, pour se jeter violemment sur un adversaire ou encore pour trouver un refuge temporaire sur les points d’Eclipse spéciaux autour des personnages, un excellent moyen de faire remonter sa barre de PM et récupérer quelques Points de Vie au passage ! Si seul Noctis est jouable, il est tout de même possible d’ordonner à ses équipiers d’utiliser une Commande spéciale liée à une barre en trois segments se remplissant au fil des combats. Ces Commandes consomment de un à trois segments de la barre selon leur efficacité et offrent aussi bien des sorts de soins que des attaques particulièrement dévastatrices, derrière lesquelles Noctis peut même enchaîner s’il respecte un certain timing afin de faire monter en masse les dégâts infligés aux ennemis. Le placement des personnages vis-à-vis des adversaires joue un rôle important, avec la possibilité d’effectuer des «Attaques de Dos» coordonnées avec nos équipiers : une seule attaque groupée placée dans le dos d’un ennemi peut parfois suffire à mettre un terme au combat !

Enfin, au fil de la progression dans l’aventure, Noctis va obtenir un puissant pouvoir nommé l’Arsenal Fantôme. Pour faire simple, il s’agit d’une jauge qui se remplit au fil des combats et permet une fois pleine, à l’instar de bon nombre de BTA, soit d’activer un mode «berserk» déchaînant la toute puissance de notre héros le temps que la jauge se vide, soit de vider la barre d’un seul coup afin de porter un Combo Fantôme ravageur. Final Fantasy oblige, Noctis pourra également compter sur le soutien de puissantes invocations une fois ces dernières sollicitées lors de son périple. Comme d’habitude, ces dernières en mettent plein la vue et peuvent complètement renverser l’issue d’un combat. Malheureusement, une fois acquises à la cause du prétendant au trône du Lucis, leurs apparitions en combat semblent complètement aléatoires et mieux vaut ne pas trop considérer leur toute puissance comme acquise avant d’affronter un boss de haut niveau.

Bien évidemment, au terme des combats ainsi qu’en complétant les quêtes (principales ou secondaires), les personnages vont engranger des Points d’Expérience. Là où FFXV propose une approche nouvelle des classiques montées en niveau au fil des points d’XP, c’est dans sa façon de valider l’expérience acquise : nos protagonistes peuvent cumuler autant de points qu’ils le veulent, ils ne monteront en niveau qu’après avoir passé une bonne nuit de sommeil. Pour ce faire, deux solutions, proposant chacune ses bons et mauvais cotés. Dans un premier temps, il y a fort à parier que vous privilégierez le camping : sur la carte se trouvent des Sanctuaires, des endroits sûrs où poser la tente pour se reposer gratuitement. Lorsque vous campez, Ignis s’occupera de préparer le repas du soir à choisir parmi les différentes recettes qu’il connaît et en fonction des ressources disponibles. Chaque plat propose différents buffs pour la journée suivante, que ce soit un bonus de PV, des attaques plus puissantes ou encore une immunité contre certains changements d’état lors des combats, mieux vaut varier les préparations afin de conserver des bonus conséquents. Bien entendu, il est également possible de manger à tout moment de la journée en passant dans un restaurant, et bien souvent Ignis trouvera de nouvelles idées de préparations après avoir goûté quelque chose de nouveau. Mais il est également possible de dormir à l’hôtel en payant plus ou moins cher selon le standing de l’établissement, en bénéficiant d’un multiplicateur de points d’XP afin de monter plus rapidement en niveau. Plus la chambre est chère, plus le multiplicateur est élevé, pouvant aller jusqu’à tripler l’expérience accumulée avant d’aller se reposer ! Vu que certaines recettes offrent également des bonus d’XP reçue, libre au joueur d’alterner bonne chère et lit confortable pour booster ses personnages rapidement.

Outre les points d’XP, les possibilités d’évolution sont également représentées par un système de Sphérier fort inspiré de la formule (diablement efficace) introduite par Final Fantasy X : en montant en niveau, le groupe va accumuler des Points de Compétence. Dans le menu dédié, il pourra choisir quels atouts rajouter à son équipe en dépensant ces fameux PC répartis en compétences actives ou passives, nouvelles capacités en mouvement voire même des buffs constants sur les statistiques de Noctis et de ses équipiers. Certaines compétences permettent carrément de récolter des PC hors montée de niveau en accomplissant certaines actions : conduire, tuer un ennemi, chevaucher un chocobo, préparer à manger, pêcher un poisson, … Tout autant d’actions du quotidien de nos héros qui permettront de peaufiner son équipe pour mener à bien leur quête. Lors de certains combats, il n’est d’ailleurs pas rare que Gladio suggère à Noctis d’effectuer des actions bien précises pour battre ses adversaires, des conditions qui, une fois remplies, octroient un bonus en PC.

Depuis les premiers trailers dévoilés une fois Versus XIII devenu Final Fantasy XV, l’accent est mis sur deux choses : la zone de jeu en open world et la présence d’une voiture pour parcourir ce dernier. Véritable cheval de bataille de la campagne promotionnelle du jeu suite aux reproches adressés à Final Fantasy XIII pour ses «couloirs», le monde de FFXV souhaite effectivement jouer dans la même cour qu’un Witcher ou un Elder Scroll, ses rivaux occidentaux. Les premiers pas au coeur de cette zone de jeu imposante accueillant tout un éco-système de créatures diverses aussi bien agressives qu’inoffensives ont réellement de quoi donner le vertige, et le tout est sidérant de vie : des animaux qui traversent la route obligeant la circulation à marquer l’arrêt, des PNJ qui jouent sur la plage et discutent des récents événements à la capitale, les équipes de Square Enix ont le souci du détail et insufflent cette chaleur propre aux J-RPG à leur tentative de monde ouvert «à l’occidentale». Dommage que les quêtes secondaires ne font pas preuve d’autant de soin et souffrent des défauts inhérents aux open worlds. Concrètement, on passe en trente secondes top chrono de sauveur du monde à coursier Fedex chargé d’aller faire les courses pour un peu tout le monde. Tuer un monstre bien spécifique, aller rechercher la plaque d’identification d’un chasseur mort sur le terrain, prendre des photos, la plupart de ces quêtes annexes engendrent des allers retours incessants sur la carte.

Pour voyager, notre quatuor a à sa disposition la Regalia, luxueuse voiture du Roi Regis, et c’est malheureusement à son volant que les premières limites à la liberté d’Eos apparaissent. Qu’elle soit conduite automatiquement par Ignis ou par le joueur / par Noctis, la voiture est fixée sur des «rails» et ne peut pas sortir de la route. Si quelque chose suscite l’intérêt du joueur en route, il faudra impérativement se garer et aller explorer à pied, voire à dos de chocobo. Cette méthode de déplacement est déjà plus grisante, mais attention à ne pas se retrouver confronté à ses limites : cette forêt au loin semble intéressante à aller explorer ? Si malheureusement les développeurs n’ont pas prévu de vous y emmener, il y a fort à parier qu’une fois à sa lisière vous ne pourrez plus avancer plus loin, coincé par un mur invisible ! S’il est facile de se prendre au jeu et d’accepter ses contraintes pour voyager de quête en quête tout en se planifiant son petit road trip conduit par Ignis afin d’avoir tout le loisir d’admirer le paysage, mieux vaut prévenir les joueurs les plus exigeants qui pourront tout à fait décrocher du jeu face à cette liberté «artificielle» et ce d’autant plus que l’absence de GPS rend la conduite automatique quasiment indispensable. Non contente de nous livrer à nous-mêmes sans indication quant au meilleur itinéraire à prendre (pouvant nous faire tourner en rond le temps d’un fameux détour), la conduite manuelle ne propose pas des sensations de conduite mémorables vu que la Regalia reste fixée à ces «rails» et se recadre d’elle-même comme une grande si l’envie nous venait de rouler à contresens. On serait même tenté d’utiliser le voyage rapide une fois débloqué pour la destination qui nous intéresse, mais les temps de chargement importants peuvent parfois prendre plus de temps que de faire la route en voiture…

Inutile de nous voiler la face d’ailleurs. Toute cadrée qu’elle est, la liberté grisante de cet open world entache ce qui est pourtant l’un des points forts des Final Fantasy : la narration ! Lors de la Gamescom 2016, Hajime Tabata nous a prévenu : le monde ouvert d’Eos finira par laisser la place à tout un segment du jeu non libre, afin de recadrer l’histoire et placer les protagonistes face à leur destinée. La transition est un peu brutale, mais un petit twist permet de revenir sur la carte ouverte dès que le joueur le souhaite. Cela a pour conséquence de proposer un rythme de jeu un peu bâtard, où certains événements importants pourront sembler expédiés. C’est d’autant plus dommage quand près de trois heures de «cinématiques» proposent d’étoffer la cohérence de l’univers et les enjeux de l’histoire via les projets cross-media Kingsglaive et Brotherhood. Pas que l’histoire soit inintéressante loin de là, mais les ambitions nouvelles de la série lui mettent quelques bâtons dans les roues là où elle avait toujours brillé par le passé. Les personnages restent fort attachants, l’antagoniste se révèle particulièrement bien écrit, mais le peu d’intervenants principaux et les «trous» dans la narration viennent ternir le tableau avec un côté décousu dont on se serait volontiers passé.

Malgré ces quelques petits défauts pouvant ternir l’expérience, ce serait être complètement malhonnête de ne pas reconnaître à quel point Final Fantasy XV est pétri de bonnes intentions et cherche à se remettre lui-même en question. La prise de risque en passant sur un système de combat orienté action en temps réel en est la preuve la plus évidente, et ce quinzième épisode canonique pose un excellent brouillon pour ses suites à venir. Sous ses airs de reboot d’une formule qui n’a jamais cessé de chercher à évoluer depuis bientôt 30 ans, FFXV n’en oublie pourtant pas ses fans et leur propose de nombreux clins d’oeil : la Victory Fanfare et le thème des chocobos musicalement présents dans la diégèse du jeu et régulièrement fredonnés par Prompto, la possibilité d’écouter les bandes originales des anciens épisodes lors des voyages en voiture, les représentations en pixel art façon épisodes 16 bits des personnages dans les menus, les retrouvailles avec des créatures phares dans le bestiaire, Cid, Biggs et Wedge qui répondent à l’appel et même la présence d’un Chevalier Dragoon. Tout est là pour flatter les vieux de la vieille sans tomber dans le clin d’oeil vulgairement trop appuyé tant il est flagrant.

La bande originale de Final Fantasy XV est composée par Yōko Shimomura, connue chez Square Enix pour son travail sur la saga Kingdom Hearts, et force est d’admettre qu’elle a proposé un excellent travail ! Somnus, le thème principal du jeu, propose une composition mélancolique lancée par quelques accords de piano avant d’être rejoint par un ensemble de cordes dans lequel et le piano et le violon se disputent le devant de la scène avec brio. Les différents thèmes de combat insufflent ce sentiment épique renvoyant aisément aux compositions proposées par Nobuo Uematsu sur les anciens épisodes, en poussant le rythme à son paroxysme en rajoutant des percussions typées rock / métal sur un ensemble symphonique pour un résultat probant. A Quick Pit Stop et ses relents bluesy collent à merveille aux arrêts sur les aires d’autoroute pour se ravitailler lors des longs trajets. De même, la relecture du thème des chocobos est prenante et pousse à chevaucher les volatiles. Des thèmes comme Apocalypsis Noctis et Omnis Lacrima en imposent avec ces choeurs scandés à l’unisson, façon One Winged Angel. Chapeau bas à la compositrice pour avoir su respecter les codes musicaux de la série tout en y rajoutant sa propre touche : le thème de combat contre les daemons, avec ses percussions précipitées appuyées par des cuivres «maladroits» aux sonorités burlesques, renvoie aisément l’auditeur à son travail sur Kingdom Hearts.

Je dédie ce texte à Jay, Kyo et toute l’équipe rédactionnelle de feu Gameplay RPG et Gameweb. Merci à vous pour m’avoir donné la passion de la lecture et le feu de l’écriture sur le monde du jeu vidéo et du RPG !

L’avis de Johnny Ofthedead

« Un Final Fantasy pour les fans et les nouveaux venus », voilà ce que Square Enix nous annonce au démarrage du jeu. Nous avons donc décidé de vous livrer les impressions de Mass qui est un inconditionnel de la série, mais aussi les miennes, moi qui n’étais pas vraiment fan des premiers opus. Et pour cause, n’affectionnant pas les combats au tour par tour, je n’ai jamais vraiment accroché à Final Fantasy… Sauf qu’un jour, j’ai mis les mains sur Crisis Core, puis sur Lightning Returns et ensuite sur A Realm Reborn et j’ai fini par me rendre compte que tout ce que je n’aimais pas dans le gameplay d’origine avait disparu. C’est donc relativement heureux que j’ai attaqué ce tant attendu quinzième épisode et au final, j’en sors plutôt satisfait. Car il faut bien le reconnaître, sous ses airs de tragédie grecque, son scénario a tout pour plaire. Et même si parfois, on a l’impression d’incarner le groupe Tokyo Hotel en tournée dans le trou du cul du monde, il est plutôt agréable d’accompagner le Prince Noctis dans son voyage initiatique qui le conduira à l’accession à son trône. Bien entendu, vous vous doutez que la balade ne sera pas de tout repos et pour espérer triompher, il faudra affronter à grands coups de magie les forces de l’Empire ainsi que des dizaines de démons sortis tout droit de l’Enfer.

Accompagné d’une magnifique reprise de Stand by me, le jeu débute avec la fameuse panne de la voiture. Rassurez-vous, il ne s’agira pas de la pousser tout au long de l’aventure puisqu’une fois arrivé au garage, on comprendra très vite que celle-ci n’était que prétexte à illustrer le fonctionnement du système de quêtes. Une fois abstraction faite des boobs de Cindy, il n’y a donc plus qu’à se lancer corps et âme dans l’aventure et c’est là qu’on se prend une grosse claque puisque le jeu est merveilleusement beau. Très vite, on se rend compte qu’il y a bien moyen de perdre le fil de l’histoire car non seulement le jeu possède un scénario en béton, mais il regorge également de quêtes secondaires qui vont des simples livraisons FedEx aux contrats de chasse en tout genre. J’ai d’ailleurs particulièrement apprécié la chasse de Mortoeil qui se révèle être le premier gros daemon à dézinguer et qui permet de déverrouiller les chocobos. Et c’est là que ça devient intéressant, car s’il est plutôt chiant de « conduire » la voiture (je mets conduire entre guillemets car son contrôle est plus que limité), chevaucher ces nobles destriers se révèle assez grisant et n’est pas sans rappeler Red Dead Redemption. Pour finir, je terminerai en précisant que comme dans les épisodes précédents, la bande originale est magnifique. Je ne peux donc que conseiller à tous les fans de RPG de se jeter sur le jeu si ce n’est pas encore fait. Je laisse le mot de la fin à Kornelius.

L’avis de Kornelius

Mes premiers pas dans l’aventure « Final Fantasy » se sont faits au travers de Final Fantasy X et et du film The Spirit Within (que je recommande malgré ses quelques défauts du genre « personnages stéréotypés »). Déjà, Final Fantasy X m’avait mis une énorme claque visuelle, directement happé par la musique du Blitzball du début accompagnant la cinématique somptueuse. Mais hélas, les années passant, j’ai un peu perdu de vue ce que proposait Square Enix. C’est donc avec ce Final Fantasy XV que je redécouvre la série et comment ils l’ont rendu plus « actuelle ». Un boys-band, une panne de voiture et une reprise de « Stand by me » de Florence and the Machine ouvrent le jeu. « Où suis-je ? » m’interrogeais-je dans les premières minutes. « Un simulateur de panne sèche ? » renchérit ma compagne. Heureusement que j’ai persévéré car mes premiers sentiments furent très mitigés et j’étais prêt a crier au scandale ou à regarder « Independence day resurgence » pour me rassurer que mes goûts culturels étaient toujours intacts.

Si les personnages sont à nouveau très stéréotypés dans leur démarche – le prince « je m’en foutiste », le costaud à qui il manque un bras mitrailleuse, l’intello avec des lunettes et celui qui a une voix aiguë – je suis rassuré de me rendre compte qu’ils ont beaucoup plus de profondeur qu’ils en ont l’air et en sont carrément touchants à certains moments. Lesdits moments sont d’ailleurs accompagnés d’un scénario d’une grande classe qui mêle quête initiatique, la découverte de son « moi » (celui de Noctis hein, le personnage principal, moi je me connais déjà), le lien qui l’unit avec ses « gardes du corps » et surtout la reconquête de son patrimoine. Si la quête principale est riche, dense et propose de véritable morceaux de bravoure, le jeu est accompagné d’une montagne de quêtes annexes qui malheureusement tendent à se ressembler un peu, beaucoup, passionnément voire à la folie. Mais c’est comme ça qu’on aime Final Fantasy, non ? Les combats sont rythmés et le jeu propose comme beaucoup d’autres RPG une gestion complète des capacités des personnages, de leur talents et de leur équipement. N’étant qu’au début de mon aventure, je ne puis en dire plus, mais il me tarde vraiment de poursuivre pour découvrir ce qui attend nos héros. Faites comme nous et jetez vous dessus, c’est du bon !

Note

18/20

Superbe, prenant, envoûtant, Final Fantasy XV se pose aisément en tête des meilleurs jeux de 2016. Fort d'une direction artistique léchée aussi bien visuellement que musicalement, il pêche par quelques retours de bâton dus à ses expérimentations. S'il est loin d'être parfait, le dernier Square Enix n'en est pas moins le fier représentant du RPG made in Japon avec tout ce qu'il a de plus sincère à offrir. Sortant à la veille des 30 ans de la série sans se reposer sur ses acquis, il voit de l'avant et prépare 30 belles années supplémentaires de Fantaisie Finale. Un indispensable !

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