Sensible Soccer, pas sociable ?

Sensible Soccer, pas sociable ?

Jeune lecteur, peut-être ne sais-tu pas que la gamme des jeux vidéo de football ne s’est pas toujours limitée à un duel FIFA-PES. En effet, jusqu’à la fin des années ’90, le football inspire de nombreux studios et les jeux pullulent partout. En arcade, les Tecmo World Cup, Super Sidekicks et Virtua Striker situent le match surtout sur le terrain technique avec des graphismes impressionnants et des gestes techniques spectaculaires. À la maison, c’est plutôt la jouabilité pure qui s’impose, et on parle même à l’époque de « simulation » avec Kick Off. Le terrain de foot est donc déjà bien défriché quand Sensible Soccer sort sur disquette Amiga et Atari ST, et plus tard PC MS-DOS.

La caméra en hauteur de Sensible Soccer rappelle forcément celle de Kick Off, mais toute la différence réside dans l’éloignement de la vue. Au lieu de se resserrer sur le ballon, la caméra adopte un cadrage beaucoup plus global et embrasse quasiment toute la largeur de la pelouse. Avec ce champ de vision étendu, le joueur peut facilement construire ses actions en identifiant clairement quels coéquipiers sont démarqués. Les possibilités d’attaques sont ainsi plus diversifiées, voire infinies grâce à ce qu’on appelle la « glorieuse incertitude du sport ».

Loin de nous l’envie de critiquer stupidement les FIFA et PES actuels (on a des fans dans la rédaction), mais les passes téléguidées, les contrôles toujours réussis et les centres jamais dévissés, ça fait aussi vrai que le lifting d’Emmanuelle Béart. Dans Sensible Soccer, tout repose dans les doigts du joueur. Rappelons ainsi aux plus virtuels des sportifs que les footballeurs, en vrai, n’ont pas de fonctions « passe », « lob » ou « shoot » intégrées à leurs pieds. Regardez donc un match de notre si majestueusement nommée « Jupiler League » (la première division belge) et vous vous rendrez compte que la plupart des joueurs ont les pieds carrés et autant de technique de frappe que le Chihuahua de Cristiano Ronaldo.

C’est pareil dans Sensible Soccer : une mauvaise manipulation peut envoyer votre tir dans les tribunes, où la probabilité de renverser la bière d’un supporter atteint les 90 % – d’où les huées de ce malheureux désormais assoiffé et de la moitié du stade compatissante. Un bouton, un seul, vous met en relation avec le pied de votre footballeur. Une petite pression permet de doser une passe, une longue pression déclenche un shoot puissant à la Jan Ceulemans (une star du football belge période pré-Instagram). Miraculeusement, ou plutôt le plus naturellement du monde, cette jouabilité à un bouton fonctionne comme une transversale de Marc Degryse, c’est-à-dire à merveille. Plutôt que de remercier l’ordinateur pour sa parfaite gestion des centres automatiques, c’est vous que vous féliciterez à la moindre passe lumineuse. Le pouvoir au joueur ! La honte aussi d’ailleurs… quand votre dribble lamentable rendra le ballon à l’adversaire – la balle qui ne colle pas au pied a aussi fait la renommée de Sensible Soccer.

Avec son gameplay d’une pureté de diamant, Sensible Soccer pouvait ensuite bâtir un classique. Quelques années après le premier jeu de la série, Sensible World of Soccer (« SWOS » pour les intimes) fut ce classique du jeu vidéo. SWOS étend la formule au maximum grâce à son mode « entraîneur ». Plein d’équipes, de championnats et de joueurs, le vertige ! Au début, on choisira bien sûr d’entraîner Manchester United ou Barcelone, mais après quelques saisons, on voudra corser l’affaire. Et pourquoi pas choisir cette équipe de quatrième division anglaise ?

À la tête de votre équipe de huitième zone, vous pouvez soit simuler les matchs en assistant sur le banc aux débâcles les plus cinglantes, soit les disputer vous-même comme dans les premiers Sensible Soccer. Avec un doigté assuré, vous mènerez à la gloire les joueurs les moins doués. Car chaque joueur présente ses propres stats qui évoluent en fonction des performances personnelles en match. Permettez à un piètre attaquant d’inscrire un but en Ligue des Champions et sa valeur marchande explosera ! En tant que manager, vous vous amuserez ainsi à lancer votre défenseur de 17 ans dans le grand bain d’une finale de coupe nationale. Et quand votre équipe de quatrième division anglaise aura remporté toutes les compétitions européennes, vous aurez envie de retenter l’aventure avec un petit club espagnol, italien ou belge – soyons fous !

Les phrases s’accumulent et je me rends compte que je ne vous ai pas encore parlé du nouvel épisode de la série Sensible Soccer… Il s’appelle « Sociable » Soccer, mais croyez-moi, il a la saveur et la classe de ses ancêtres « Sensible ». On en reparle demain ?

Réactions

  • gazza8 le 18/11/2017

    Très bon article, comme toujours avec spacecowboy 🙂

    Dutruel, Mazinho et Mostovoi au Celta Vigo ; Zubi, Vlaovic et Romario à Valence ; Seaman, Adams, Vieira, Platt, Bergkamp, Ian Wright (et déjà Arsène Wenger !) à Arsenal, les dernières belles années du football 🙂

    Sensible Soccer est objectivement bien bien meilleur que Kick Off : fan (des jeux) de foot, je me suis régalé avec le premier (sur… Super Nintendo !) et je n’ai jamais accroché avec le second (sur Master System, Game Boy, micro, NES, Super Nintendo …).

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    • spacecowboy le 20/11/2017

      Bergkamp, que de bons souvenirs en effet. Mais alors Platt, le David Platt qui a éliminé la Belgique à la Coupe du monde en Italie, je l’ai longtemps haï 🙂

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  • gazza8 le 23/11/2017

    En effet, à une minute de la fin de la prolongation, ça fait mal ^^
    Bon, franchement, depuis ce Sensible Soccer justement, on n’a pas eu grand chose à se mettre sous la dent (hormis les meilleurs épisodes FIFA / ISS / PES bien sur).
    Eric Cantona ? Super Soccer (où la Belgique est l’équipe la plus faible :-p ) ? Ou le méconnu Striker sur PSOne.

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    • spacecowboy le 29/11/2017

      Sur le plan des détails, j’ai adoré le foot en salle dans Eric Cantona et le contrôle du gardien dans Super Soccer. Puis, il reste mon petit plaisir coupable : Soccer Brawl sur Neo Geo !

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    • spacecowboy le 01/12/2017

      Pas mal, je ne connaissais pas. Le terrain me semble un peu grand, quand même, pour des parties décousues. Dans le genre décousu et un peu nawak, il y a aussi Pro Beach Soccer sur GBA, qui n’a l’air de rien mais qui m’a rendu complètement accro à l’époque https://www.youtube.com/watch?v=39IbTLBJnEA

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      • gazza8 le 01/12/2017

        En effet il a un truc… Peut-être grâce aux animations à la « Super Sidekicks ». Le rythme me parait lent toutefois, mais pour de la GBA il y a 15 ans c’est pas mal. La ludothèque de ette console est vraiment surprenante, les « hidden gems » sont innombrables.

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