Furi – la crème du combat singulier

Furi – la crème du combat singulier

Enfermé dans une prison majestueuse, vous sortez de votre geôle avec la rage au ventre. Mais vous n’avez pas encore recouvré votre liberté. Pour fuir de cet univers carcéral hors du commun, vous vous dressez contre vos tortionnaires : des combattants surpuissants à l’allure de demi-dieux. « En garde ! » vous lancent-ils à tour de rôle. À l’attaque, The Game Bakers vous ont cuisiné le jeu d’action le plus emballant depuis bien longtemps.

Furi est l’œuvre d’un mini-studio basé à Montpellier, à la chaleur d’un soleil qui n’atteindra jamais la Belgique. The Game Bakers réunit Audrey Leprince et Emeric Thoa, deux ex-collaborateurs de grandes machines comme Ubisoft ou Quantic Dream. Ce duo, qui avait sorti jusqu’ici des jeux mobiles, entre dans la scène de l’indé grand format avec Furi. D’abord sur PS4 et PC en juillet, puis sur Xbox One en décembre.

Le « boss de fin de niveau », c’est souvent celui que vous détestez. Celui qui vous empêche de poursuivre l’aventure vers le prochain niveau. Celui qui anéantit vos efforts et vos prouesses accomplies jusqu’à lui. Des boss, vous en rencontrez plusieurs dans Furi. Des boss qu’il serait toutefois inapproprié de qualifier de « fin de niveau », car en réalité… il n’y a pas de niveaux dans Furi. Juste des boss. Ou plutôt les pires boss que vous redoutez depuis que vous pratiquez le jeu vidéo. De vrais monstres de force, d’agilité et d’inventivité malicieuse. En clair, tout ce qui vous dégoûterait dans un jeu traditionnel. Mais Furi est un jeu exceptionnel dans tous les sens du terme.

Vous avez trois vies, le boss en a généralement six. Vous ne savez pas où vous mettez les pieds, le boss connaît l’environnement comme sa poche. Autant dire que le rapport de force est clairement à votre désavantage. Néanmoins, vous n’êtes pas le premier venu, loin de là. Vous disposez d’une épée et d’un canon et savez vous en servir comme personne. L’épée se manie simplement d’une pression sur une touche, déclenche un combo à la quatrième pression et renverse l’adversaire après une charge bien placée. Parallèlement à cette technique de beat’em all, votre canon se charge de la partie shoot’em up. Comme dans un jeu de tir à double stick, le stick droit de la manette active le canon en saccades, tandis qu’un chargement sur la gâchette droite produit un tir étourdissant votre opposant. Dans des arènes circulaires ou non, vous voilà bien armé pour régler son compte au plus vilain des boss. Mais c’est qu’il se défend, ce gredin !

Dès le premier combat, c’est le feu d’artifice. Et puisqu’il n’y a pas de raison pour que vous soyez le seul à combiner beat’em all et shoot’em up, les boss associent eux aussi les deux techniques, avec souvent une affinité plus marquée pour l’une d’elles. Alors qu’un boss enchaînera les attaques au corps à corps, le suivant sèmera des rideaux de balles aux quatre vents. D’une manière ou d’une autre, ce n’est pas en attaquant comme un forcené que vous en viendrez à bout : l’esquive, la garde et le contre sont indispensables. Les manipulations sont tout aussi simples que pour l’attaque. Une pression sur un bouton commande au héros d’esquiver dans la direction imprimée et un appui long augmente la portée de cette parade. Quant à la garde, elle ne fonctionne que si vous appuyez sur le bouton adéquat dans la (petite) fenêtre autorisée. Pire, si votre adversaire vous assène plusieurs coups à la suite, il faudra parer à chaque fois dans le bon timing (qui n’est pas forcément régulier dans un même enchaînement).

Pour être bien clair, précisons que toutes ces manipulations sont vitales conjointement. N’espérez pas vous tirer d’affaire si vous maîtrisez parfaitement votre canon sans être un as de la garde, par exemple. Tout sert à quelque chose et cela fait aussi la beauté de l’ensemble. À vous de vous remémorer toutes vos possibilités, ce qui n’est pas toujours évident dans le feu de l’action. D’ailleurs, le jeu sollicite beaucoup votre mémoire. Les boss, on l’a dit, possèdent plusieurs vies. Chaque vie est associée à une phase. Concrètement, le boss a sa panoplie d’enchaînements spécifique à chaque phase et change de schéma de tirs d’une phase à l’autre. Vous avez volé une vie au boss ? C’est bien, mais ne comptez pas trop reproduire ce que vous venez de faire pendant tout le combat. Ainsi, il sera quasiment inévitable de mourir et mourir encore avant de connaître les astuces des différentes phases du combat et d’avoir les bonnes réactions en main.

En parlant de variété d’approches, la vidéo ci-dessous vous montrera comment j’ai abordé plusieurs (phases de) duels dans Furi : sans savoir quoi faire et sans égratigner le boss…

Et alors que vous pensiez en avoir fini avec une phase, voilà que l’affrontement prend encore une autre tournure. Le boss met un genou à terre et vous invite à un combat rapproché. Coincé dans un périmètre minuscule, vous devez en finir. L’intensité monte alors d’un cran et votre adversaire vous tient à sa portée. Votre canon étant inactif dans cette configuration, vous êtes limité aux fondamentaux : épée, garde et esquive. C’est le moment de sortir votre timing parfait pour remporter la victoire. Survolté, vous infligez une sérieuse blessure au boss… qui se relève ensuite avec une vie en moins mais en pleine forme ! Et quand arrive l’ultime vie et que le boss s’incline pour de bon, vous laissez échapper un « Yeah ! » mérité comme jamais. Vous achevez le gardien en ayant la sensation de lui avoir tout pris. Un peu comme après un KO au dernier round d’un combat de boxe.

Le noble art de la boxe est l’une des inspirations assumées par les Game Bakers. Punch Out fut d’ailleurs une référence pour sa maniabilité simplissime permettant des actions multiples et ses opposants aux techniques particulières. Les autres influences proviennent de No More Heroes, de God Hand et des formidables boss de Metal Gear Solid. Quant à leur charisme, les gardiens de Furi n’ont rien à envier aux boss de MGS. Sur le chemin vers le prochain gardien, votre compagnon d’évasion vous en décrit la personnalité et souvent la perversité. Il vous engage à résister au pouvoir d’enchantement de votre adversaire, à ne pas l’écouter et à lui régler son compte froidement. Pourtant, vous ne resterez pas insensible à la grandeur de ces gardiens, qu’ils soient des colosses grandioses ou des combattantes ultra racées. Quel délice de découvrir ces personnages au charme fou, sortis de l’imagination du Japonais Takashi Okazaki, scénariste et dessinateur du manga Afro Samurai. Les environnements intermédiaires ne sont pas en reste, aussi spectaculaires que les créations de Moebius. Dommage que notre héros les parcoure avec une maladresse soudaine, qui contraste avec ses déplacements félins durant l’action.

Des combats d’anthologie avaient besoin d’un accompagnement musical à la hauteur. Les Game Bakers ont ainsi fait appel à la scène electro, française essentiellement. Pour illustrer la nervosité de l’action et les enjeux de vie et de mort, ce choix semblait logique et le résultat est flamboyant. On n’avait plus entendu une BO aussi marquante depuis Hotline Miami ! D’ailleurs, on y retrouve un magicien de la synthwave qui figurait déjà au générique de la série de Devolver. À savoir Carpenter Brut, qui porte admirablement l’OST de Furi avec des compositions élégantes et puissantes. Mais il n’est pas seul et d’autres artistes moins connus valent le détour. Écoutez plutôt ce musicien français du nom de Danger, qui signe un morceau trépidant.

Note

19/20

Une vraie carte de visite pour le jeu vidéo ! Avec ses combats de prestige contre des adversaires majestueux, Furi procure des sensations rarement atteintes. Le gameplay est d’une telle perfection que rien ne semble le limiter : c’est vous contre votre adversaire sans aucune interférence. Pour encore hausser le niveau, Furi présente des personnages charismatiques à l’extrême et une bande-son complètement folle. Une formidable réussite pour le studio français The Game Bakers.

Réactions

  • robocop3000be le 29/12/2016

    Excellent jeu mais très exigeant, vous mourrez plusieurs fois et j’avoue que ça peut être un peu décourageant de recommencer tout le combat depuis le début. Cependant comme spacecowboy le dit, les combats sont un vrai investissement personnel et défaire un boss demande de la concentration ainsi que de l’exigence de votre part. Lorsque j’ai battu mon premier adversaire, j’ai aussi lâché un petit cri de victoire car pendant une demi-heure j’en ai bavé. De plus l’écrin du jeu est très beau avec des musiques dignes de hotline miami et des dialogues en japonais… Un must à essayer

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  • Mass le 29/12/2016

    Excellent jeu que voilà! La sensation de transe lors des joutes est indescriptible, renforcée par cette ost diaboliquement en adéquation avec le feeling unique du jeu. Assurément ma surprise de 2016 également!

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