Il y a un an presque jour pour jour, je vous parlais déjà du projet de développement du deuxième volet de la série Endless Space, qui n’en était alors qu’à ses balbutiements. Après avoir rencontré aujourd’hui le directeur créatif d’Amplitude Studios, je suis en mesure de vous annoncer que le projet est en très bonne voie et commence à prendre sa forme finale. Le studio français compte d’ailleurs passer son nouveau 4X spatial en Early Access durant le mois de septembre. Ils n’ont pas encore d’idée précise sur la durée de la période d’Early Access, étant donné que celle-ci dépendra du retour de la communauté (dont ils sont toujours très à l’écoute via leur plate-forme Games2Gether et leurs forums). Si Endless Space 2 sera uniquement jouable en single player durant l’Early Access, il sera néanmoins bien jouable en multi lors de sa sortie « définitive ».

En plus d’assister à la présentation presse du jeu, j’ai également eu l’opportunité d’y jouer durant une bonne quinzaine de minutes. En voici donc mes impressions…

Une nouvelle faction : les Lumeris

J’ai eu l’occasion de découvrir, en plus des Sophons et des Cravers, une nouvelle race appelée les Lumeris. Il s’agit d’une race aquatique ayant tout récemment découvert l’existence du Dust, cette ressource si précieuse datant de l’époque des Endless et permettant d’acheter plus ou moins n’importe quelle autre ressource dans le jeu (nourriture, bâtiment, vaisseau, etc). Les Lumeris sont une race avide qui désire surtout s’enrichir un maximum via le commerce. L’espèce elle-même est divisée en quatre grande familles qui se sont alliées par opportunisme, mais pas de gaieté de cœur. Les Lumeris ont donc des traits qui leur permettent de générer plus de Dust, et ont également la possibilité d’acheter directement des planètes plutôt que de devoir les coloniser. Ils peuvent également acheter des avant-postes coloniaux, avant de les faire grandir et de les revendre éventuellement à d’autres factions.

Endless Space 2 comportera au total 8 factions qui auront toutes leurs particularités et présenteront donc un gameplay asymétrique et offrant énormément de rejouabilité. Au début de chaque nouvelle partie vous sera présentée une cinématique introduisant la faction choisie ainsi qu’un contexte historique et philosophique. Détail appréciable : Amplitude a mis les moyens pour créer de « vraies » cinématiques modélisées en 3D et assez stylées, plutôt que de simples images 2D animées comme on en trouve dans de si nombreux 4X.

La vue scanner

Une des grande nouveautés d’Endless Space 2 est la possibilité d’afficher, en appuyant simplement sur espace, une vue « scanner » de l’écran sur lequel on se trouve. J’ai eu l’occasion de tester cela en jouant au jeu, et voici donc plus précisément les types d’informations que cette nouvelle vue propose pour l’instant. Lors de la visualisation de la galaxie, cette vue permet d’observer les flux diplomatiques et financiers entre les différents systèmes et les différentes factions. On peut donc voir en un écran les différentes relations diplomatiques de chaque faction, ainsi que les voies commerciales qu’elles utilisent, les quartiers généraux d’entreprises ainsi que leurs subsidiaires (aucune idée de ce que cela signifie, par contre). Lors de la visualisation d’un système planétaire, en revanche, la vue scanner permet de voir, pour chaque planète présente et de manière très graphique, sa production, sa population, et les races qui la peuplent ainsi que leurs convictions politiques.

Dans l’écran de galaxie, la vue scanner permet de voir en un coup d’oeil les relations diplomatiques.

Il s’agit pour l’instant des deux seuls écrans pour lesquels cette nouvelle vue est présente, mais peut-être apparaitra-t-elle dans d’autres écrans à l’avenir.

Exploration et colonisation : pas de grande nouveauté

Au niveau de l’exploration, les mécaniques de jeu sont similaires au premier volet d’Endless Space. Il est possible de construire des vaisseaux éclaireurs qui disposent de sondes. Une fois dans un système planétaire, ces sondes permettront de scanner la surface de planètes afin d’y détecter ce qui s’y trouve à la surface : forme de vie ou ressource rare. Une fois dépensées, les sondes seront renouvelées automatiquement après un certain nombre de tours. Notons également que la première exploration d’un système planétaire déclenchera une animation plutôt léchée qui vous montrera tour à tour chacune des planètes du système avec leurs caractéristiques propres.

Aperçu d’une planète

La colonisation semble a priori similaire trait pour trait à Endless Space : une planète est colonisée avec un vaisseau de colonisation (no shit !), et il n’est possible, au début du jeu, de coloniser que les planètes familières à la faction que l’on joue. La recherche scientifique permettra de débloquer la colonisation de nouveaux types de planètes par la suite.

Gestion des combats plus poussée

Bien que les combats se définissent toujours à l’avance et qu’il ne soit pas possible d’y intervenir pendant qu’ils se déroulent, Endless Space 2 en propose tout de même une gestion plus poussée. Il est désormais possible, avant tout engagement, de définir un plan d’action tactique, un peu à la manière d’un Rugby Manager (désolé pour la référence). En fonction de la quantité de vaisseaux dont on dispose, de leurs types et de leurs équipements (personnalisables via l’éditeur de vaisseaux comme dans tout bon 4X qui se respecte), le choix du plan de tactique devrait, sur papier, se révéler primordial. Reste à voir s’il s’agit là uniquement d’une fonctionnalité esthétique, ou si cela aura un réel impact déterminant sur le déroulement du combat…

Le mode cinématique d’une bataille spatiale

La gestion des invasions planétaires est également intéressante dans ce nouvel opus. Lorsque l’une de vos planètes se fait attaquer par une armée, trois choix se présenteront à vous : se rendre et céder la planète sans se battre; protéger le système et y investir toute votre puissance de feu (à utiliser de préférence quand vous savez que vous avez l’avantage militaire); faire de la résistance sur la planète (cela implique que la population locale se battra sur la planète et ralentira le processus de conquête, vous permettant ainsi d’amener des renforts avant que la planète soit complètement conquise).

Visualisation d’un combat au sol

Ressources et production : rien de bien nouveau

Les ressources traditionnelles des jeux Endless (production, science, Dust, nourriture ainsi que l’influence) sont bien évidemment toujours présentes. Les planètes produisent également différentes ressources stratégiques (titanium, hyperium, anti-matière, etc) et différentes formes de vie planétaires sont également exploitables, que ce soit pour investir directement dans la production ou pour troquer via le commerce. Notons qu’il existe une mécanique de dégradation de la planète en cas de surexploitation de celle-ci qui, me semble-t-il, n’existait pas dans le premier Endless Space (corrigez-moi si je me trompe dans les commentaires).

Le système de construction de bâtiments et de vaisseaux sur chaque planète est maintenu à l’identique par rapport au premier Endless Space.

La conception de vaisseau se fait à l’aide d’un drag and drop

Recherche scientifique revisitée

L’arbre de recherche d’Endless Space 2 n’est plus un arbre en étoile comme c’était le cas dans le premier. Il ne s’agit à vrai dire plus d’un arbre du tout puisque Amplitude a décidé de reprendre le système d’ères tel qu’il existe également dans Endless Legends (et dans de nombreux autres 4X, soyons honnêtes). Désormais, la recherche se fait de manière linéaire et est divisée en cinq ères. Chaque ère est divisée en quatre quadrants : développement, science et technologie, militaire, et population et diplomatie. Après avoir recherché huit technologies dans une ère, il sera possible de passer à l’ère suivante. Bien évidemment, chaque nouvelle technologie recherchée sera plus coûteuse que la précédente; il s’agira donc de choisir chaque technologie avec précaution. Un des développeurs du jeu m’a indiqué que chaque ère durerait plus ou moins une cinquantaine de tours.

Une gestion politique entièrement revue

S’il fallait souligner une seule nouveauté dans ce deuxième volet, ce serait certainement la gestion politique de l’empire. Amplitude a désormais introduit la notion de Sénat dans le jeu. Des élections ont régulièrement lieu dans votre empire afin d’élire un nouveau dirigeant. Chaque dirigeant a son propre agenda politique, et l’élection d’un dirigeant se fera via deux mécaniques principales. D’abord, les tendances politiques de la population de votre empire seront influencées par les événements qui s’y déroulent. Si votre population pacifique se fait soudainement envahir de toutes parts par une horde de Cravers assoiffés de sang, il y a fort à parier que la population tendra à donner ses votes à une personnalité politique promettant une plus grande sécurité et un renforcement des infrastructures militaires. La deuxième mécanique influençant l’élection d’un dirigeant est simplement vos propres actions. Vous disposez en effet d’un éventail de leviers pour influencer l’issue des élections. Vous pouvez par exemple dépenser du Dust pour financer une campagne électorale, de l’influence pour intimider les autres partis, etc.

Le Sénat : LA grosse nouveauté d’Endless Space 2

Une fois un dirigeant élu, un certain assortiment de lois vous sera alors accessible, que vous pourrez voter à votre guise en fonction de vos besoins. Ces lois vous permettront de gagner des bonus et/ou des malus sur certaines statistiques de votre empire. A tout moment, dans le sénat, vous avez l’opportunité de consulter la répartition des sièges (80% du parti pacifiste et 20% du parti écologiste par exemple), ce qui vous permettra d’anticiper les candidatures potentielles aux prochaines élections.

Ce qui ne change pas…

Les quêtes sont toujours bien présentes dans le jeu et sont souvent déclenchées par des événements qui surviennent lors de certaines actions. Il existe toujours des héros que l’on peut assigner à des flottes ou à des planètes et qui disposent de traits particuliers. Enfin, il existera à terme 6 conditions de victoire différentes : militaire (conquérir 50% de la galaxie habitée), au score (après un certain nombre de tours, la faction avec le meilleur score gagne), scientifique, économique, diplomatique, ou de merveille.

A mon grand regret, aucune nouveauté n’a été apportée au niveau des modes de transport dans la galaxie. Il n’est toujours possible de voyager qu’en suivant des hyperlanes. Pas de trou de ver, pas de sauts hyperluminiques. Cela aurait pourtant permis d’ajouter une nouvelle dimension au jeu, notamment en ce qui concerne les races les plus agressives.

Les voyages se font encore uniquement en suivant des hyperlanes

Peu de nouveautés ont été apportées à la diplomatie à ma connaissance, si ce n’est la visualisation via la vue scanner.

Endless Space 2 sera moddable dans une certaine mesure : il sera possible de créer une faction et des vaisseaux sur mesure, mais j’ignore si Amplitude supportera la création de mods via Steam Workshop.

Une partie durera approximativement autant de temps que dans le premier Endless Space (entre 6 et 10 heures), et attendez-vous à ce que son prix soit dans la même fourchette que le premier à sa sortie.

En conclusion

Je dois bien vous avouer que je suis légèrement déçu de mon aperçu d’Endless Space 2 jusqu’ici. Bien qu’il semble être tout à fait correct et qu’il tienne jusqu’ici toutes ses promesses, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il ne marquera pas autant les esprits que son petit frère à sa sortie. Le jeu semble très intéressant et restera sans doute une référence dans le domaine du 4X spatial, notamment grâce à la richesse de son univers des Endless et à son gameplay complètement asymétrique. Il n’empêche que la compétition sera rude, notamment avec Dawn of Andromeda qui sortira également dans quelques semaines et qui devrait se révéler être son concurrent le plus direct.

Comme Romain de Waubert de Genlis (le directeur créatif d’Amplitude) l’avait dit lors de sa présentation d’Endless Space 2, Amplitude a depuis sa création tenté de populariser le genre du 4X et de le faire passer d’un jeu de niche à un jeu plus large. Peut-être Amplitude y est-il trop bien parvenu avec son premier volet et ont-ils permis contre leur gré à la concurrence de s’améliorer sans cesse pour finalement parvenir à leur niveau. En bref : wait and see !