Dernier arrivé dans la grande famille des jeux de rôle japonais localisés pour l’Occident par NIS America, The Legend Of Legacy vient garnir la ludothèque de la 3DS, déjà bien fournie en titres du genre. Développé par d’anciens de chez Square derrière la série des SaGa (Romancing SaGa et SaGa Frontier), celui-ci parvient-il à tirer son épingle du jeu ? Réponse dans les paragraphes qui suivent.

Une île sortie de l’océan.

Le choix de votre héros détermine votre aventure

Pour démarrer l’aventure, vous avez le choix entre sept héros aux caractéristiques spécifiques. D’après les développeurs, chacun offre un point de vue différent sur l’histoire mais dans les faits, les variations sont minimes et limitées à quelques lignes de dialogue. Choisissez donc en toute quiétude, vous ne raterez rien en prenant un héros plus qu’un autre. Une fois la sélection effectuée, l’aventure est lancée et vous vous retrouvez dans une caravane sur l’île d’Avalon, sortie de l’océan dix ans plus tard et terre de prédilection de tous les explorateurs avides de butin et de mystères. Deux autres personnages, choisis aléatoirement parmi les six que vous n’avez pas retenus, vous accompagnent. Vous pourrez recruter les autres en cours de route mais vous verrez plus tard que ce n’est pas forcément conseillé.

Le Roi d’Avalon vous donne des informations claires et précises sur vos prochains objectifs…

Au début, The Legend Of Legacy se focalise vraiment sur les combats et l’exploration, le scénario passant clairement au second plan. La progression dans l’histoire est très lente et les objectifs à accomplir pas toujours très clairs. Par exemple, après votre arrivée à Initium, la seule ville de l’île, le « roi » qui dirige les lieux de facto vous envoie explorer une forêt environnante. Pour y faire quoi ? Ben rien, explorer et cartographier les lieux puis revenir en ville. Et c’est ainsi pendant un bon tiers du jeu, on avance et on dézingue du monstre à tour de bras sans savoir véritablement dans quel but on le fait ni où aller ensuite. Il arrive même par moments de terminer un donjon qui ouvre un nouveau portail dans un donjon déjà nettoyé précédemment et qu’il faut donc retraverser pour accéder à une nouvelle zone. Et ça, il faut souvent le deviner…

L’histoire prend ensuite un envol soudain avec quelques révélations surprenantes sur l’île d’Avalon avant de retomber dans une succession de donjons à nettoyer de fond en comble jusqu’à l’emballage final. Si vous aimez les jeux au scénario très présent pour vous faire avancer, avec des personnages amis ou ennemis à la psychologie fouillée et au background travaillé, vous risquez d’être rapidement frustré par la nébulosité scénaristique proposée ici.

Mercator Simulator

The Legend Of Legacy renferme néanmoins quelques concepts intéressants, dont la cartographie des niveaux. Quand vous arrivez dans un nouveau donjon, la carte est vierge et se remplit au fil de votre exploration. Une fois toutes les zones d’un niveau découvertes à 100%, vous pouvez revendre les informations à un marchand situé sur la place principale d’Initium, ce qui garnira quelque peu votre bourse et fera circuler des histoires et rumeurs sur le donjon. Ce dernier point n’apporte strictement rien au scénario et n’est jamais utilisé, ce qui est un peu dommage. Il n’empêche que pour un joueur comme moi qui apprécie fouiller chaque recoin de chaque donjon, un truc totalement inutile dans la quasi-totalité des RPG, se voir récompenser pour cela est une bonne chose, même si ce n’est qu’en monnaie et qu’un petit boost d’XP n’aurait pas fait de tort.

Slave To The Grind

Owen vient de monter le niveau de sa compétence Garde.

À l’instar de nombre de ses concurrents, The Legend Of Legacy vous oblige pratiquement à power-leveller vos persos pour avoir une chance d’en voir le bout. À chaque nouvelle zone, les monstres gagnent en puissance, même s’ils sont strictement identiques à ceux que vous terrassiez en une frappe dans la zone précédente. Ainsi, chaque combat devient potentiellement un danger mortel auquel il est pourtant nécessaire de faire face pour espérer améliorer les stats de vos héros.

Leur évolution est d’ailleurs très particulière car vous n’avez aucune indication sur le moment où vous monterez de niveau. Vous pouvez enchaîner cinq combats contre quatre adversaires sans qu’un seul de vos héros ne gagne quoique ce soit puis faire deux combats contre un mob de base isolé, abattu par la première attaque de votre premier perso, pour ensuite voir chaque membre de votre trio monter en points de vie, points de capacités ou puissance d’attaque. Malgré un bon gros paquet d’heures passées sur le jeu, je n’ai pas encore totalement compris toutes les subtilités du calcul des niveaux d’expérience.

Filmia, le prince grenouille, est le personnage le plus bizarre du jeu

De base, chaque perso dispose de cinq « domaines » qui augmentent au fil de l’aventure : les points de vie, les points de capacités, la puissance d’attaque, la compétence de blocage et l’aptitude de support des alliés. En plus de cela, vous disposez d’un niveau de maîtrise pour chaque catégorie d’armement disponible (épée courte, épée à deux mains, arc, lance, hâche, …), qui augmente de la même manière que les compétences précitées. Changez le type d’arme d’un personnage et il devra repartir de zéro dans la maîtrise de celle-ci, « oubliant » les techniques spéciales apprises avec l’arme précédente. Pour en apprendre de nouvelles, pas question ici de payer des enseignements ou de chercher des parchemins cachés, il suffit juste de jouer et parfois, en plein milieu d’un combat, un personnage va « s’éveiller » et découvrir une nouvelle technique avec son arme. Leur utilisation coûte alors un certain nombre de points de capacité mais leur efficacité peut retourner un combat mal engagé à votre avantage si elles sont lancées à bon escient.

La progression n’étant ni très claire, ni très rapide, on en vient vite à se cantonner au trio de personnages avec lequel on a débuté l’aventure et leur équipement d’origine. En effet, les autres héros à engager en cours d’aventure ont leur niveau de base, ce qui signifie des heures de levelling à prévoir dans les premiers donjons pour mettre une nouvelle recrue au niveau du héros principal et, surtout, des adversaires à affronter pour progresser dans l’aventure. À moins d’être un fan hardcore de grinding, ce n’est pas quelque chose que vous aurez envie de faire.

Une réalisation au top

Graphiquement, The Legend Of Legacy est particulièrement bien soigné. Les différents personnages sont bien modélisés et les ennemis, bien que manquant un peu de détails pour les plus ordinaires, sont facilement identifiables. Les décors sont superbes et fourmillent de petits détails. Œuvres peintes à la main et numérisées à l’instar d’un Bravely Default, l’ensemble flatte la rétine du joueur et se laisse admirer. Le jeu de Furyu se place dans le haut du panier des titres disponibles sur 3DS et démontre que la portable de Nintendo en a clairement dans le ventre.