La lanterne rouge

La notion de Club revient-elle à la mode ? Il y a quelques mois, #Driveclub déboulait par la petite porte sur PS4, avec une simulation automobile basée sur le partage et les interactions entre joueurs. Se contentant d’un synonyme, The Crew a enchaîné avec les mêmes ambitions, et le même degré de platitude. Aujourd’hui, les développeurs de chez Kylotonn entrent dans la danse et nous proposent leur interprétation d’un club avec ce Motorcycle Club.

Avant de partager mes impressions sur ce bien mauvais titre, arrêtons-nous sur ce que peut inspirer la notion de club aux gamers que nous sommes. Pour les trentenaires, un Club représente l’héritage du Club Dorothée, une bande de potes qui amusent la galerie tous les mercredis sur une chaîne publique française. Atmosphère bon enfant, personne ne se prend la tête, les mômes en profitent et peuvent même devenir adhérents. Plus tard, un Fight Club divertit les cinéphiles avec un film sombre, glauque, culte et savamment inspiré. Un club de révoltés qui se mettent sur la tronche, qui partent en vrille, mais un Club qui fonctionne. Au sein de cette génération pré-millenium, le Vidéo Club incarne à lui seul la Mecque de beaucoup de Geeks en devenir. Passons le Club Nintendo, le Club Med et les Night Clubs, notre conscience collective en a pris bonne note : On ne badine pas avec le Club.

Alors, quand #Driveclub loupe son coup, ça peut arriver, mais quand Motorcycle Club lui emboîte le pas, en reprenant cette appellation d’origine trop peu contrôlée et vend un Club encore moins réussi que son mentor, il y a de quoi fulminer. Pour faire court, ce titre promet des sensations arcade et un gameplay à l’ancienne, où fun et vitesse prennent le dessus. Vous imaginez que les rétro gamers crédules sautent de joie à cette annonce et se mettent à rêver, mais revenons les pieds sur terre, ce club n’a rien d’un Club Arcade tel qu’on rêve d’y jouer en 2015, sur PS4 ou sur Xbox ONE. Certes, l’aspect arcade est mis en avant puisque toute ressemblance avec une prise en mains des bécanes un tant soit peu réaliste serait totalement fortuite. À côté de cela, la conduite foutraque des bolides ne ressemble à rien de ce qui a pu être apprécié dans le catalogue historique de l’arcade. Les motos partent dans tous les sens, le décor défile si vite que les murs font constamment partie intégrante du gameplay, bref, en rien le pilotage ne propose une expérience jubilatoire, que du contraire, il s’avère totalement rédhibitoire. Cela suffit à délaisser cet exercice vidéoludique.

Et si je vous disais qu’il y a du Ikaruga dans ce titre ? Vous ne me croiriez probablement pas ! Et pourtant, au cœur de votre course, vous avez la possibilité de changer de moto afin d’opter pour la machine qui correspond le mieux aux surfaces. Ainsi, en fonction des tronçons de circuits, un signal vous indique quelle configuration est la mieux adaptée. Exactement comme dans Ikaruga quand vous adaptez la couleur de votre vaisseau à celle des tirs ennemis. La comparaison s’arrête là. Switcher de la sorte en passant de la super sportive à la moto Chopper en plein milieu d’une course casse le rythme, si rythme il y a, et freine purement et simplement toute tentative d’immersion dans la course, et davantage avec cette maniabilité tellement hasardeuse.

Je suppose que ce titre restera un O.V.N.I. qui brillera par son silence, certains parleront peut-être d’audace, j’aimerais moi-même vous dire qu’ils ont le mérite d’avoir essayé, mais non. Lorsque le portefeuille du gamer s’allège de 30 euros, la copie se doit d’offrir un service minimum, respectant un cahier des charges compatible avec le plaisir de jeu. Enfin, le titre même de ce soft sentait l’arnaque, puisque quand on promet un Club, en mentionnant des mots magiques comme « arcade », soit on a une idée de génie, soit on cache la misère de son incompétence derrière un étendard flatteur. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le gamer n’a plus neuf ans, comme lorsqu’il se bidonnait devant les chansons de Corbier.