Why did I move here ? I guess it was the weather…

Commencer un test d’un blockbuster tel que GTA V n’est pas une chose aisée. Non pas à cause du jeu lui-même, mais de par son public. Soit vous l’attendiez comme le messie, et vous l’avez déjà acheté le G-Day (le jour GTA pour ceux qui ont le cerveau à hauteur de la mâchoire), ou tout du moins vous avez déjà tout lu sur lui, soit vous vous en battez la nouille et vous êtes passé à côté du jeu le plus médiatisé de l’année, auquel cas je ne peux que vous recommander d’aller jouer à un jeu Zynga sur votre smartphone avant qu’ils ne fassent faillite, c’est tout ce que vous méritez.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, impossible de faire l’impasse sur ce jeu phénomène. Meilleur démarrage de tous les temps pour un jeu vidéo, budget pharaonique dépassant celui des plus gros films, 5 années de développement avec 300 personnes, on ne parle plus vraiment de triple A mais carrément de quadruple A. L’explosion médiatique est telle qu’on en parle à la radio, à la télévision, et que le moindre crétin ayant fait une infraction au code de la Loi s’en sert comme excuse pour ses méfaits. Enfin, certains douchebags (pro-tip : commencez déjà à vous habituer avec les insultes en anglais, ça vous sera utile) casseront le jeu juste pour faire de la hype, parfois même sans l’avoir essayé plus de quelques minutes. Bien, fermons les yeux, imaginons que la sélection naturelle ait fait son job et que tous ces mofo’s (mom I did it again !) se soient étouffés avec leur DVD du jeu, et commençons notre immersion dans le monde de Grand Theft Auto.

Bienvenue à Liberty City. De nouveau.

Clap de début, musique lancinante, angles de caméras bien pensés, le début brouille les pistes entre jeu vidéo et film. Certains détails m’ont un peu heurté la rétine, comme le clipping colossal pendant l’intro (la plage arrive, 2 secondes après un cube se forme, puis encore 2 secondes plus tard, sa texture pour en faire une villa) mais on est déjà sous le charme. Changement de plan, deux blacks demandent leur chemin à un clone de Mel Gibson, et l’on fait déjà connaissance sans le savoir de Franklin et Michaël, deux des trois protagonistes de cette histoire. Leurs chemins se croiseront bien vite, comme nous pourrons le voir très rapidement. Pendant tout ce temps, une voix se demande pourquoi elle a décidé d’habiter Los Santos. Le beau temps, l’envie d’avoir une famille normale, d’élever ses enfants dans les meilleures conditions possibles.

L’intro à peine terminée, on revient sur Franklin. Frank’ est ce qu’on pourrait appeler un bon gars, le genre de mec qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, mais avec qui la vie n’a pas toujours été tendre. Il vit dans une petite maison miteuse avec sa tante, véritable caricature des féministes extrémistes qui passe son temps avec ses amies qui partagent sa façon de penser (oui, vas-y, respire par ton utérus et libère ton vagin, fais ton cri primal !). Malgré le ghetto, ses fréquentations gangstas et quelques amis pas très cleans, il tient le bon bout grâce à un travail de recouvreur de dettes. Sans s’en douter, il nourrit les arnaques de son patron, qui fait des prêts frauduleux signés par de dodus pigeons, et envoie rapidement ses deux employés récupérer les voitures impayées. Manque de bol, l’une d’entre elles appartient au fils de Michaël, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, et décide de montrer au patron de Franklin de quel bois il se chauffe, en lui en envoyant une bonne bûche dans le coin de la gueule.

Petit à petit, une étrange amitié se noue entre nos deux comparses, et la première nouveauté prend le joueur à la gorge : on peut passer d’un protagoniste à l’autre quasiment n’importe quand. Jusqu’ici, tous les GTA déjà sortis nous faisaient incarner un personnage unique, racontaient son histoire, sa décrépitude et son ascension sur les sentiers de la gloire et du crime. Ici, l’histoire tourne autour de trois héros, qui arriveront petit à petit dans votre bande. Passer de l’un à l’autre se fait sans souci, grâce à un dézoom-zoom assez impressionnant, qui vous fera prendre le contrôle de votre nouvel avatar. Vous l’aviez laissé au magasin d’armes ? Ne pensez pas qu’il vous y attendra bien sagement, les personnages inactifs ne le sont pas vraiment, ils vivent leur vie, peuvent se faire piquer leur caisse ou se balader à l’autre coin de la ville en vous attendant.

GTA 3 pendant tout le jeu, c’était mieux que tout seul.

Mike est un bourgeois un peu engraissé, ayant des soucis psychologiques, une femme qui le trompe et des gosses qu’on aimerait couper à la tronçonneuse. Tout doucement, pour que ça dure. Il est sanguin, mais fait tout pour protéger malgré tout sa petite famille, ce qui lui vaudra vite d’énormes problèmes. A contrario, Franklin n’a pas un balle, vit quasiment seul (ou parfois en rêverait), mais est le plus équilibré du jeu. Enfin, Trevor est un mix du chauve dans Kane and Lynch, complètement défoncé et sans aucun sens de la réalité, et d’un Bruce Willis qui jouerait le rôle du tueur psychopathe. Dieu merci, Rockstar nous a fait trois persos mâles, ils ne pourront pas se reproduire entre eux, l’apocalypse ne sera pas pour cette fois, ouf !

Plus sérieusement, ces différences de caractères sont non seulement géniales d’un point de vue narratif, mais également dans les missions qu’elles induisent : l’un braquera par plaisir, l’autre par besoin. Quand vous irez récupérer votre fille qui fait du pr0n sur un yacht avec la pègre locale, l’autre tentera de dissuader son cousin de faire un kidnapping d’un chef de gang adverse.

Les missions sont nombreuses, certaines optionnelles, mais elles sont quasiment toutes réussies. Même les courses poursuite, qui étaient ma hantise dans les précédents GTA, sont agréables à faire. On regrettera néanmoins la sale habitude de R* de faire des textes trop petits et écrits trop bas, qui font systématiquement foirer les courses-poursuites où votre copilote vous donne des consignes. Le temps de lire, on a raté le tournant.

Cherry sur la montagne de coke, vous aurez à effectuer des braquages. De toutes les missions, celles-ci sont carrément les plus jouissives. Vous devrez choisir au préalable une approche, bourrine ou discrète, mais également vos accompagnants, en fonction des personnages déjà rencontrés dans le jeu. Un hacker dégotté lors d’une mission chez LifeInvader (un mix de Facebook et d’Apple tout bonnement succulent) n’aura pas énormément de talent à ses débuts, mais en l’emmenant régulièrement avec vous, ses compétences augmenteront. Libre à vous d’en prendre un plus doué dès le début, mais sachez que sa part du butin sera plus élevée lors du partage. Et tant qu’on y est, sachez que vos propres compétences peuvent être également développées, au fur et à mesure que vous les utiliserez. Oui, on est toujours dans un GTA. Enfin, sachez également qu’un braquage, ça se prépare, et qu’en fonction de votre approche, vous aurez quelques mini missions à effectuer avant de mettre votre cagoule.

I can see dead pixels

J’en ai déjà parlé dans l’intro, certains décors ont parfois une légère tendance au clipping. Quand on pense que ce jeu tourne sur une PS3, tout est pardonné. Si on le compare à GTA IV, que j’ai pourtant adoré, on se rend compte du fossé technologique atteint par Rockstar. La distance de vue est phénoménale, la map est gigantesque mais n’a aucun temps de chargement de bout en bout, et le jeu est tellement beau que certains passages m’ont fait penser à de la next gen avant l’heure. La PS4 aura intérêt à débarquer avec du lourd pour contrer un jeu comme celui-ci.

Les véhicules sont bien plus agréables à conduire, ils ont une masse plus réaliste et sont moins victimes des roues arrière montées sur des savonnettes des épisodes précédents, mais les persos sont toujours plus raides qu’un dead redemption, et certains sauts peuvent être parfois délicats à négocier. Rien de gênant, mais on a l’impression de diriger Niko Bellic sans amélioration notoire.

Vous en voulez encore ? Les activités secondaires sont énormes : vous pouvez jouer en bourse, passer votre temps sur LifeInvader, faire quelques missions délire, lire les news locales, regarder des émissions télé, écouter les résultats de vos missions à la radio, ou tout simplement voler un magnifique cabriolet et profiter de la vue magnifique de la côte, emprunter un avion pour survoler la ville ou explorer les fonds sous-marins.

Dock ! Dock !

Certains jeux sont généreux, d’autres sont géniaux, GTA V est les deux à la fois. N’écoutez pas les mauvaises langues à la recherche de publicité facile qui oseront casser le jeu, passer à côté de cet épisode serait réellement dommage, ne serait-ce que pour voir les moutons suiveurs lors de la conférence de LifeInvader qui adulent Jay Norris, un mélange de Steve Jobs et de Mark Zukerberg, tenir le discours suivant :

“We have put a billion people’s private data in the public domain, and we have milked every penny we could in the process. We have one of the youngest work forces in the world! An average age of fourteen point four years. That’s not just impressive, it’s revolutionary! Today, right here, we are about to make the next step! Prepare to witness… the future!”

Tout le monde hurle « Dock ! Dock ! »Le CEO forme un cercle entre l’index et le pouce de la main gauche, et introduit son index droit dans le trou, tout en continuant :

“The LifeInvader mobile device. Yes, we’ve invented something no one else has ever thought of. A small personal computerized device. Now, you’re going to be able to stay docked twenty-four seven. On the bus, you can dock. On the subway, stay docked. You can be docked in at home, and in the same time you’re docking with some kids at the public pool. “

Remplacez “dock” par “fuck”, juste pour rire. Oui, ces mecs ne respectent rien, et c’est pour ça qu’on les respecte et qu’on les adore 😉