Resident Evil Revelations : la révélation du deuxième stick

Resident Evil Revelations : la révélation du deuxième stick

Capcom est bien dans son époque. À l’heure du bio à toutes les sauces et des économies d’énergie, l’éditeur japonais prône la durabilité de ses produits et le recyclage massif. Dans son dernier élan écologiste, Capcom a concassé des cartouches de Resident Evil Revelations sur 3DS pour réinjecter la matière première sur sa grande chaîne de fabrication. Le résultat est un produit 100 % vert destiné à alimenter nos Xbox 360, PS3, Wii U et PC.

Nintendo n’est plus dupe. Après les épisodes Street fighter 2 sur Super Nintendo et Resident Evil 4 sur Gamecube, le constructeur au double écran ne peut plus sincèrement se fier à ces belles promesses d’exclusivité. Et qui y croyait finalement à cette curieuse exclusivité sur 3DS ? Tous les connaisseurs de la méthode Capcom étaient persuadés que ce titre trop grand pour la seule portable de Nintendo allait avoir une seconde carrière sur d’autres supports. Personnellement, avec mon flair légendaire, j’avais imaginé une conversion sur Playstation Vita ou en dématérialisé sur les consoles de salon. Aujourd’hui, Resident Evil Revelations revient par la grande porte, en boîte mais aux deux tiers du prix habituel pour un jeu de salon.

screenlg6

Si Revelations avait été une honte pour son illustre série, il ne serait jamais sorti de l’écran 3DS autrement que par l’effet de relief. À vrai dire, Capcom joue même sur du velours, car les fans adorent cet épisode secondaire. D’aucuns le préfèrent même au dernier ajout numéroté à la série principale. J’en fais partie.

Revelations est souvent considéré comme un retour aux sources. Or, il faut se méfier de cette notion de recherche des origines. Lorsque les « puristes » réclament à Capcom de revisiter son classique, ils songent souvent à la formule originale de Resident Evil 1 : huis clos, monstres rares mais résistants, munitions limitées et énigmes (enfantines). En revanche, en aucun cas, ils ne voudraient revenir à la maniabilité des débuts, qui a popularisé l’expression de « balai dans le cul ». Capcom l’a parfaitement compris avec Revelations.

La visite des manoirs et autres espaces fermés est pratiquement un exercice imposé dans un survival horror classique. Comme dans le premier Resident Evil, c’est à Jill Valentine que Capcom réserve la dose de confinement réglementaire. La charmante héroïne sera prisonnière d’un gigantesque bateau rappelant inévitablement le manoir Spencer. Un navire qui tangue avec un joli effet de balancement procurant de belles séquences, dignes des plans de caméra cinématographiques des épisodes initiaux. Jill expérimentera la survie à bord avec un armement restreint et parfois même à mains nues dans une scène forte du jeu : dépouillée de toutes ses armes, Miss Valentine se réveille sur un lit, désorientée. Après avoir trouvé (facilement) le moyen de s’échapper, elle devra user de parades diverses pour fausser compagnie aux monstres bien monstrueux comme il faut. Le sentiment d’isolement s’estompe pourtant rapidement, puisque Jill n’est pas le seul agent dépêché sur place : son collègue la guide par radio et l’attend près d’une porte scellée portant le sceau d’un gouvernail. En cherchant un instant, Jill tombera forcément sur une clé arborant le même sceau, et la formule Resident Evil classique se poursuivra comme dans nos souvenirs.

ep7_1_001

Si prometteuse soit-elle, cette formule originale n’est plus réellement adaptée aux envies contemporaines et surtout au rythme auquel nous sommes désormais habitués. Pour dynamiser le concept initial, Capcom opte pour un découpage façon séries télé. À cet égard, Revelations réussit là où Resident Evil 6 échoue. Le scénario nous balance entre plusieurs lieux que nous visitons dans la peau de trois binômes différents. On quitte ainsi souvent le bateau pour rejoindre, entre autres, Chris Redfield et sa nouvelle coéquipière sur la terre ferme. Linéaire et plus musclée, cette partie à l’extérieur réserve aussi quelques scènes sympathiques, notamment celle où Chris est cloué au sol après une lourde chute alors qu’une meute de chiens enragés accourent pour lui faire une lèlèche empoisonnée.

À l’issue d’un chapitre ou lorsque vous reprenez une partie sauvegardée, un petit résumé vous rappelle les événements qui se sont produits précédemment dans votre aventure. Le scénario, sur le thème traditionnel du bioterrorisme, vous sera conté en épisodes avec plusieurs évocations du passé. Si Resident evil s’est d’abord inspiré du cinéma pour son ambiance et ses plans fixes, il pique maintenant allègrement les recettes éprouvées des séries télé. La sauce prend en tout cas, c’est le principal, même si les chapitres courts se prêtaient peut-être davantage au jeu nomade qu’aux longues sessions sur support fixe. Tiens, je me rends compte que tout ce que je viens de vous dire s’appliquait autant à la cartouche 3DS qu’aux disques de salon. Mais qu’est-ce qui change alors dans ce portage ?

De mon point de vue, Revelations était quasiment parfait sur 3DS. À vrai dire, seule la conception physique de la console ternissait l’expérience. En l’absence d’un deuxième stick, il était en effet difficile de gérer à la fois la caméra et le déplacement du personnage. Dès lors, le bénéfice de la maniabilité assouplie (permettant de bouger en visant) s’amoindrissait. Et à moins de posséder le luxueux Circle pad pro en plastique, il a fallu attendre ces portages pour profiter pleinement de la maniabilité. Celle-ci est donc tout à fait satisfaisante grâce à la présence du deuxième stick, quasiment indispensable dans les environnements en 3D de nos jours. Nos héros se dirigent avec souplesse, que ce soit pour déambuler dans les couloirs, viser les parties sensibles (qui ne sont pas celles que vous croyez) des corps ennemis ou utiliser le scanner à la recherche d’objets cachés. La jouabilité en général me semble d’ailleurs meilleure que dans – encore une fois – Resident Evil 6. Impossible de ne pas citer ce dernier volet qui a tant divisé et qui, à mon sens, ne tient pas la comparaison avec Revelations. Bien qu’il garde évidemment l’avantage sur le plan technique.

resident-evil-revelations-wii-u-wiiu-1360871095-025

Vous vous en doutez, les graphismes n’ont pas été entièrement retravaillés. En partant avec ce handicap, ils n’atteignent pas la qualité technique requise sur votre écran plat. Grosso modo, la partie visuelle se situe au niveau de celle de Resident Evil rebirth (le remake du premier épisode) sur Gamecube pour les intérieurs et elle approche le rendu de Resident Evil 4 en extérieur. Voilà qui n’est quand même pas si mal. S’il vous arrive encore de vous amuser sur vos machines de la génération PS2, vous avalerez la pilule sans douleur. Il n’en demeure pas moins que l’on passe d’un jeu magnifique sur 3DS à un portage dépassé techniquement. L’optimisation n’est pas non plus irréprochable, puisque de petits temps de chargement interrompent l’action avant chaque cinématique. À ce propos, le lancement du jeu est lui aussi particulièrement pénible, avec une ribambelle de vérifications et de messages proprement insupportables. Bref, on n’attendait pas ce portage sur le terrain de la performance technique et on avait raison. Précisons tout de même que la partie sonore, quant à elle, n’a absolument pas à rougir face aux meilleures productions actuelles. Ah, qu’il peut être flippant d’entendre les monstres rugir au fond d’un couloir quand on n’a plus qu’une balle dans son chargeur…

Une dernière interrogation concernait le multijoueur qui devait légitimement profiter de ces nouvelles plateformes en ligne. La déception est grande sur ce point et procure la sensation désagréable de jouer à un titre 3DS porté à la va-vite. Quelques rares passionnés y trouveront un moyen de rester à bord du bateau, mais la plupart des autres resteront volontiers à quai, le multi s’apparentant à une punition. L’animation d’une ringardise ahurissante et le maigre intérêt de l’exercice ne sont absolument pas compensés par la possibilité de faire évoluer vos capacités ou d’interpréter des personnages différents. Le « new game + » en solo semble une meilleure option pour les plus acharnés.

[youtube]y8_xIaUf16A[/youtube]

ep10_2_002screenlg4

Réactions

  • Lionheart_mike le 28/06/2013

    J’ai tout simplement adoré faire l’aventure sur 3DS, je me suis réjouis quelques instants en découvrant un portage sur PS3 / Xbox / WII U. Je m’attendais donc à ce que les maigres défauts du volet 3DS soient balayés par la puissance de nos machines actuelles.

    Malheureusement c’est pas le cas, et c’est vraiment triste…

    Mais si on a pas touché à la version 3DS, cet épisode vaut vraiment le détour, le scénario (bien qu’en peu bateau :-D) reste vraiment agréable à parcourir. Mais il est tout de même un peu compliqué de l’insérer dans la chronologie Résident Evil !

    Répondre
  • Cyborgjeff le 28/06/2013

    Bref, j’ai encore du zombie en stock jusque Noël 🙂

    Répondre

Répondre à Lionheart_mike

* champs obligatoires