Castlevania Lords of Shadow – Mirror of Fate

Castlevania Lords of Shadow – Mirror of Fate

Entre deux épisodes sur consoles de salon, Castlevania Lords of shadow fait une pause sur 3DS. Aux manettes, on retrouve le studio espagnol Mercury Steam qui a donné un bon coup de fouet à la série. Mirror of Fate enfoncera-t-il le clou aussi profondément qu’un pieu dans le cœur d’un vampire ?

Le miroir (déformant) du destin

Moi qui lis des magazines de jeux vidéo depuis les premiers Joystick/Joypad et Player One, je sais que les captures d’écran sont de sales petites menteuses. Combien de jeux pourris ne m’ont-elles pas vendus ! Combien de fausses attentes n’ont-elles pas fait naître en moi ! Après tant de désillusions, je pourrais avoir la faiblesse de me croire désormais immunisé contre ces screenshots trompeurs. Non, je suis lucide: je suis resté le petit gosse qui se pâme devant quelques pixels immobiles. Balancez-moi de la photo retouchée, et je tombe dans le panneau à tous les coups.

Mirror of Fate n’a eu aucun mal à me rouler dans la farine. Pourquoi ? Parce que j’avais tellement envie de croire à un nouveau Castlevania de la branche classique. De la bonne 2D bio bien linéaire, je ne rêvais pas, c’est ce que je voyais sur les captures d’écran. Mais il n’est pire aveugle que celui qui trop espère. Car cette représentation 2D ne garantissait en rien le retour aux sources tant souhaité. Ah, la fourberie que je voyais désormais dans les vidéos de présentation ! Mais on ne m’induira pas en erreur aussi facilement ; je sais bien que des litres de Canada Dry n’ont jamais fait danser personne sur les tables.

Avant que vous ne me traitiez de « vieux con » dans les commentaires, laissez-moi mettre les choses au clair. Déjà, j’suis pas vieux (quoiqu’on soit vite vieux dans l’espace-temps du jeu vidéo…). Ensuite, l’insulte de « pauvre imbécile » me semble plus juste pour injurier la personne qui achète un jeu en se fiant à son illustre pedigree. C’est précisément ce que j’ai fait, même en sachant que Mirror of Fate ne correspondait pas au modèle que je recherchais. Vous trouvez ça stupide ? Moi aussi. Toutefois, j’avais tellement eu envie de ce jeu que je ne voulais pas lâcher l’affaire. Et en fin de compte, je remercie les commerciaux d’avoir ouvert mon appétit par des moyens fallacieux.

Dracula peut pleurer

Apparemment, la formule « Metroidvania » n’est pas encore assez hybride pour les développeurs de Mercury Steam. Pour aller jusqu’au bout de la mutation vidéoludique, ils ont ainsi ajouté un soupçon de beat´em all tendance Devil may cry. Cet adjuvant inattendu change drastiquement la nature des combats. Aucun – j’ai bien dit aucun – ennemi ne peut être vaincu d’un seul coup de fouet. Même le plus minable des adversaires résiste à plusieurs attaques, voire à plusieurs combos. Il s’agit donc d’enchaîner les combinaisons simples, au sol comme dans les airs, en esquivant la riposte ennemie.

0004381533706579622393Croyez-le ou non, ce système de combat moderne a convaincu le vieux briscard que je suis, adepte réactionnaire du tandem original (coup de fouet + arme secondaire). J’ai été séduit par la finesse accessible de ce gameplay qui s’apparente moins au matraquage à la God of War qu’au combat rythmé à la Devil may cry. Cette maniabilité moderne s’avère parfaitement adaptée au plan en 2,5D avec des ennemis en nombre limité. Il m’a fallu très peu de temps pour apprivoiser les mécanismes simples et pour déjà m’amuser à corriger les vilains avec une rafale de coups de fouet suivie à l’occasion d’un mouvement de finition rageur. La possibilité de jongler dans les airs avec les ennemis donne aussi un agréable sentiment de domination. J’ai donc été emballé par le système de combat fondé sur des techniques que l’on débloque à chaque montée de niveau. Une belle mécanique que Mercury Steam a encore enrichie par divers pouvoirs en fonction du personnage.

The Belmont’s family

Le premier Lords of shadow a réinterprété l’histoire de Castlevania. À partir de cette nouvelle base, le scénario de Mirror of Fate se présente comme une épopée qui s’étale sur plusieurs générations de la fameuse famille Belmont. Après un prologue très court consacré aux aventures de Gabriel, c’est ce bon vieux Simon Belmont que l’on dirige. Au son du fouet qui claque, on découvre l’endroit abritant l’aventure: le château de Dracula. Une bâtisse de taille respectable dont on visitera aussi bien les catacombes que les toits et les fortifications. Mais pas dans une liberté totale, comme il se doit dans la formule « Metroidvania ». La tradition veut que certaines zones soient inaccessibles avant de découvrir un objet ou de développer une compétence. Ainsi, lorsque Simon Belmont obtiendra un fouet qui s’accroche à des points d’attache, de nouveaux horizons s’ouvriront à lui. De même, l’un des deux pouvoirs qu’il apprendra lui permettra de passer des pièges mortels sans ressentir aucune douleur.

Telle est la dose d’exploration dont ont besoin les admirateurs de Symphony of the night. Mais que ceux-ci calment leurs ardeurs, car l’exploration est nettement plus linéaire ici et ne présente aucune difficulté. En fin de compte, elle ne contrarie jamais l’action et sert plutôt à renforcer la mise en scène. La volonté de ne jamais ralentir le rythme est assumée et parfaitement mise en œuvre. Le spectacle peut commencer !

0001468411228612279262On sait que la 3DS est techniquement capable de proposer des phases spectaculaires. Mais qu’elle le fasse tout au long d’une aventure, on n’en a pas l’habitude. Dix heures durant, Mirror of Fate en met plein la vue au joueur et se hisse au niveau de Resident Evil Revelations, ma référence du support en termes de réalisation. Cette réussite est due aux qualités presque cinématographiques du jeu. Premièrement, la vue en 2,5D est remarquablement exploitée avec des angles de caméra qui soulignent l’ambiance, à la manière des anciens Resident Evil ou de Devil may cry. Deuxièmement, la mise en scène est fantastique, en particulier lors de l’apparition des boss qui sont tous superbement mis en valeur. Troisièmement, les musiques d’ambiance accentuent le caractère hostile des lieux sans être trop pompeuses. Quatrièmement, enfin, l’effet de relief est plus agréable que jamais sur 3DS. Les différents plans dans le décor ainsi que le surgissement d’objets en direction du « spectateur » montrent à nouveau que cette vision en relief apporte une valeur ajoutée. En conclusion, le spectacle à l’écran serait parfait si la fluidité était constante. Or, ce n’est pas le cas du tout. Malgré tout, je me suis accommodé du framerate faiblard et je suis devenu bien plus conciliant que je le pensais après la démo. Défaut, il y a, mais pas rédhibitoire de mon point de vue. Prévenons aussi les allergiques aux temps de chargement qui devront souvent prendre leur mal en patience.

Unité de lieu. Et de maniabilité ?

Après le premier acte, Simon passe la main au charismatique Alucard. Ce dernier, même si sa nature est différente de celle de Simon Belmont, adoptera pourtant un style de combat identique. Il en va d’ailleurs de même pour le dernier combattant, Trévor Belmont. Alucard et Trévor entament d’ailleurs leur quête au niveau auquel leur prédécesseur a terminé la sienne. Les trois protagonistes se battent donc tous de la même manière, à ceci près qu’ils détiennent chacun des pouvoirs spécifiques. Alucard acquerra notamment la capacité de planer dans les airs, tandis que Trévor sera en mesure d’invoquer le pouvoir de l’ombre et de la lumière. En usant de ce pouvoir, Trévor sera soumis à des mécaniques semblables à celles du récent et génial Outland, lui-même inspiré du respecté Ikaruga. Hélas, cette propriété est sous-exploitée et sera seulement mise en exergue au cours du combat final, excellent comme toutes les autres rencontres avec les boss.

0002434425436065606327Si impressionnants soient-ils, les boss révèlent pourtant une carence de gameplay, ou plutôt un parti pris problématique. Prenons l’exemple de l’affrontement magistral contre la « dame de la crypte ». Alucard aperçoit cette femme éplorée très tôt dans sa partie. Celle-ci l’entraîne par ses pleurs vers un combat surprenant dont je ne dévoilerai rien ici. Le souci est que, comme pour les autres boss, son attaque surprise vous terrassera immanquablement à la première tentative. Moi, en tout cas, je ne suis pas parvenu à détruire le moindre boss du premier coup. La difficulté serait-elle alors trop élevée ? Pas du tout, puisque le jeu vous ramène instantanément au début du combat. De surcroît, des points de contrôle intermédiaires sont insérés à chaque phase du duel. On échoue donc plusieurs fois lors du même combat, avant de réussir à triompher… à force. Cet équilibrage de la difficulté enlève une bonne partie de la satisfaction de la victoire, surtout lorsque vous devez vous y reprendre à plusieurs fois pour réussir un QTE de finition.

Dans le château de Draculaaaa, on y saute, on y saute

La série Castlevania a toujours eu un atout majeur : son ambiance lugubre. Cet aspect n’a pas été négligé dans Mirror of Fate. Il est bien présent dans les environnements que traverse la famille Belmont, tantôt au sol, tantôt dans les airs. Restons en suspension pour voir tout l’attirail de la plateforme qui est représenté: (double) saut classique, balancement au bout du fouet, vol plané, course d’élan, etc. Malgré sa plus grande permissivité que dans les Castlevania d’origine, cette haute voltige réserve de bons moments… et quelques morts stupides. Elle est aussi l’occasion d’admirer les décors gothiques, irréprochables dans les fondamentaux que sont les vitraux, les statues monumentales, les cavernes malfamées, etc.

000695856190579623212La visite des lieux est, dès lors, un vrai plaisir. Naturellement, elle est souvent interrompue par des adversaires bien dans le ton. Chauves-souris, squelettes, iguanes géants et livres ensorcelés ont tous bien reçus leur carton d’invitation. En revanche, des marionnettes se sont manifestement trompées de fête. À moins qu’elles ne servent à appuyer la référence à Devil may cry. Ne chipotons pas, ces ennemis sont à leur place dans le jeu, et cela vaut aussi pour les petites touches d’humour inattendues. Voyez-vous, nos anciens compagnons de la Confrérie de la Lumière qui sont morts au combat, nous ont laissé des petits mots d’encouragement à côté de leur dépouille. Généralement, ces dignes combattants arrivés au crépuscule de leur existence n’ont pas envie de rigoler et écrivent un dernier message de nature morbide. Cependant, certains prennent la mort avec rigolade et nous divertissent avec un petit mot d’humour, parfois en référence avec l’univers Nintendo. Bravo aux concepteurs du jeu qui ne sont pas trop pris au sérieux !

La conclusion subjective de spacecowboy

Trahi dans mes attentes, j’ai découvert un excellent jeu d’action qui m’a tenu en haleine pendant une dizaine d’heures. Je compte d’ailleurs lui consacrer encore quelques instants supplémentaires pour dénicher tous les secrets cachés dans le château. Pourtant, la simple cinématique promise au score de 100 % n’est pas la carotte la plus alléchante qui soit. Ma volonté de poursuivre l’aventure prouve donc bien que le voyage fut agréable. J’ai même l’intention désormais d’enchaîner avec Lords of Shadow sur console de salon, lequel me semblait pourtant trop éloigné de mes goûts. C’est dire si Mirror of Fate m’a démontré le potentiel de la formule imaginée par Mercury Steam.

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Réactions

  • Trunks le 12/04/2013

    Un ptit commentaire car le test est très agréable à lire.

    Par contre pour ce qui est du jeu, je suis vraiment déçu. Un beat’em all, sous version des épisodes HD sur 360 et PS3.

    On est loin de l’excellence et de la profondeur des opus portables GBA et DS.

    Vraiment dommage, pour moi d’avoir pris cette direction mais c’est l’époque qui veut ça, des éléments clignotants de partout qui te disent quoi faire et ou… Après on pourrait dire que c’est dans la continuité des épisodes Snes et megadrive mais le jeu n’a pas du tout l’aura de ces dernier. Ce n’est que mon avis mais je pense que ce n’est pas cet épisode qui va déchainer les passions!

    Je retourne finir les épisodes GBA tiens ^^

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  • spacecowboy le 12/04/2013

    Merci d’avoir lu le test et d’y avoir réagi !

    Je comprends ta déception. Moi-même, je partais avec un a priori négatif sur la direction prise par le jeu. Néanmoins, comme je le dis dans le test, je me suis surpris à apprécier ce Castlevania, et même à l’apprécier fortement.

    Après avoir fait mon deuil d’un Castlevania pur race, je me suis vraiment amusé à parcourir le jeu. Je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il n’ait pas la même aura que les épisodes SNES, PC Engine et NES (Megadrive, ça se discute). Toutefois, honnêtement, je n’attendais pas qu’il atteigne ce même niveau de charisme. Et en l’état, j’ai trouvé que cet épisode était très plaisant et finalement moins orgueilleux que certains de ses prédécesseurs.

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  • Trunks le 12/04/2013

    SI je le trouve pas trop cher, je le ferai à l’occaz 😉

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    • spacecowboy le 13/04/2013

      (Message personnel à Trunks) Si tu passes chez moi à Mons, je te le prête avec plaisir.

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  • Trunks le 14/04/2013

    Merci mister F ^^ Faudra se revoir de tte façon à l’occaz, on est voisin après tout!

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